LA SÉCURITÉ ET L’AVENIR DES IMPLANTATIONS EN QUESTION
Par Jacques BENILLOUCHE
Copyright © Temps et Contretemps
Masssacre d'Halamish (Photo Tsahal) |
Après
l’assassinat de trois personnes dans l’implantation d’Halamish, le 21 juillet
2017, la question se pose sur la sécurité des implantations. Après les larmes
et le deuil, on ne peut pas balayer d’un revers de main deux questions
fondamentales : l’intérêt d’implantations au milieu de nulle part, dans un
environnement arabe hostile, et la protection d’implantations isolées. Leurs
habitants donnent l’impression de ne pas être sensibles aux risques encourus.
Mitraillette artisanale de Djénine |
Or
la situation a évolué. Les jeunes palestiniens se radicalisent de plus en plus et
ne suivent plus les conseils de leurs aînés. Ils disposent d’armes fabriquées
localement dans les villages, avec des moyens de fortune, et ils sont influencés
par les prêches d’imams radicaux, à Jérusalem même.
L’éparpillement
des blocs a été analysé par les experts sécuritaires israéliens qui
recommandent dorénavant d’en limiter le développement afin d’assurer une
défense efficace. Ils prônent le regroupement autour des implantations
majeures. D’ailleurs l’Institut d’études sur la sécurité nationale recommande
ce choix à Israël pour faciliter le projet américain de Donald Trump de créer
un État palestinien. Selon Amos Yadlin, directeur de l’institut : «Israël
doit saisir la chance de l’arrivée d’une nouvelle administration américaine avec
une nouvelle approche pour promouvoir le remodelage indépendant de ses
frontières, même si les Palestiniens s’en tiennent encore à leur position
extrême». Cela rejoint d’ailleurs le projet du ministre de la défense
Avigdor Lieberman qui veut créer à présent une entité palestinienne autonome et garder les trois grands blocs principaux.
Amos Yadlin |
Des
lacunes existent certainement dans la sécurité, d’autres parleront d’une trop
grande assurance de la part des habitants qui négligent le minimum sécuritaire.
On s’étonne ainsi qu’à plusieurs reprises, des terroristes puissent
s’introduire en toute liberté dans une implantation perdue au centre de la
Cisjordanie, que les habitants laissent leur porte ouverte à tout va, qu’aucune
alerte n’a été déclenchée après l’intrusion et que les gardes n’ont pas détecté
l’infiltration d’un étranger. Halamish a eu la chance d’avoir un soldat armé,
en permission, pour assurer la défense de la famille sans quoi les enfants des
victimes auraient subi eux-aussi une mort atroce.
Massacre Itamar 2011 |
De
nombreux cas similaires ont eu lieu avec la même constance. À Itamar, près de Naplouse le 11 mars 2011,
cinq membres d'une même famille ont été poignardés à mort pendant leur sommeil,
le père, la mère et trois de leurs six enfants, le dernier à peine âgé de trois
mois. En octobre 2015, deux Israéliens ont été tués par balles, alors qu'ils
circulaient en voiture avec leurs quatre enfants près d'Elon Moré. En juin 2016, une fillette de 13 ans a été
assassinée à coups de couteau par un agresseur palestinien, à Kyriat Arba près
de Hébron, après avoir franchi la clôture. Le tueur a pénétré dans la maison de
Hallel Yaffa Ariel qui y dormait seule. Poignardée une dizaine de fois dans son
lit, elle a été transportée dans un état critique dans un hôpital de Jérusalem
où elle est décédée. Enfin le 17 janvier 2016, Daphna Meir, infirmière de 38
ans, a été tuée chez elle à coups de couteau par un terroriste qui était entré
chez elle, dans la localité d’Otniel au sud d’Hébron. Il ne s’agit donc pas d’un incident isolé mais
d’événements répétitifs qui démontrent que les bonnes mesures n’ont pas été
prises.
Plan Alon 1967 |
La
création d’implantations ne procède plus d’un besoin sécuritaire mais d’une
volonté messianique. L’histoire des
implantations date du lendemain de la Guerre des Six-Jours. Yigal Alon, ancien
général et conseiller du gouvernement travailliste de 1967 à 1977, avait
présenté son plan fondamental dont l’objectif consistait à conserver des
frontières sûres pour Israël. Sa stratégie territoriale reposait sur des
considérations uniquement militaires, sans aucune référence historique ou
biblique. Il voulait garder dans la vallée du Jourdain, une bande frontalière
de 12 à 15 km, armée et occupée par des Juifs pour contrôler les frontières avec la Jordanie et
l’Irak. Quelques parties des montagnes de Samarie au Nord, et du désert de
Judée au Sud, dépeuplées d’Arabes, jugées stratégiques, devaient aussi accueillir
des implantations sécuritaires. Il fit une exception en cédant à des considérations
historiques, sous la pression de groupes religieux, en acceptant d’étendre la
zone israélienne jusqu’à Hébron, la cité des Patriarches, abritant le tombeau
d’Abraham. Ainsi, en 1968, Kyriat Arba était créée à l’Est de la ville.
Un
premier tournant a lieu après la guerre du Kippour d’octobre 1973, lorsque les
Travaillistes ont accepté des implantations dans des territoires densément
peuplés. En fait, au sein des sionistes, un changement politique est intervenu.
Les Juifs religieux, jusqu’alors opposés au sionisme, se sont convertis au
sionisme actif pour décréter que les Juifs doivent s’installer dans toute la
Cisjordanie suite à la promesse faite par Dieu. Des groupes de pression se
forment dont le plus important, le Goush Emounim (Bloc de la foi), créé en
1974, incite les Israéliens à venir s’installer en Cisjordanie, uniquement par devoir
religieux. La religion a pris le pas sur le sionisme. Ainsi, Ofra au Nord de
Ramallah et Kfar Kaddoum près de Naplouse ont été respectivement créés en mai 1975
et en novembre 1975, sans aucun justificatif des forces de défense d’Israël.
Les implantations de 1977 à 1989 |
L’arrivée
au pouvoir de la droite en 1977 avec Menahem Begin, a encore accentué la
stratégie. Le Likoud décida de garder les «territoires récupérés» et
non plus «occupés» pour constituer le «Grand-Israël» auquel d'ailleurs Lieberman ne se revendique plus. La
création des implantations change de nature en passant d’un besoin de sécurité
à «une volonté de peuplement, de judaïsation des territoires conquis».
Assassinats d'Halamish (photo Tsahal) |
Les
choses ont depuis changé. Les Palestiniens sont soutenus par les Occidentaux et
leurs forces de sécurité disposent d’un armement légal, qui change de camp
parfois. De nombreuses armes entre illégalement en Cisjordanie tandis que de nouvelles
petites usines voient le jour pour construire des mitraillettes artisanales. Ces
faits prouvent que la question des implantations isolées exige de nouvelles
méthodes sécuritaires qui mobilisent des forces militaires de plus en plus
nombreuses. Par ailleurs, pour éviter une situation de western, les civils
israéliens ont été désarmés et seuls les officiers de réserve gardent le droit
de porter une arme ce qui ne facilite pas la défense des civils alors que les
méthodes des terroristes évoluent aussi. L’éparpillement des points
d’implantation rend difficile leur protection militaire. Tsahal est conscient
de ces lacunes et prône le regroupement des petites entités autour des grands
blocs; or les implantations sauvages se développent de plus en plus.
Les
implantations sont devenues un enjeu politique et même économique. Il s’agit
d’abord d’y placer le maximum d’immigrés et même d’Israéliens pour assurer leur
survie et leur extension afin de bloquer toute solution de restitution, même
partielle, de la Cisjordanie. La droite nationaliste utilise les implantations
comme moyen de pression contre le gouvernement et contre sa politique
économique. L’augmentation de prix de l’immobilier dans les villes est telle
que les Israéliens n’ont plus d’autres solutions que de s’installer au-delà de
la ligne verte, à un coût dix fois inférieur. Il est possible en effet de se
loger dans un quatre pièces tout confort pour à peine 100.000 dollars.
Cisjordanie zones A B C et les nombreuses implantations |
La
multiplication des implantations a morcelé la Cisjordanie. En septembre 1995, l’accord de Taba l'a
divisée en trois zones. La zone A (20% du territoire, 55% de la
population cisjordanienne) sous contrôle palestinien. La zone B (28% du
territoire, 41% de la population) où l’Autorité palestinienne y possède les
pouvoirs civils, et Israël les pouvoirs en matière de sécurité. Enfin la zone C
(62% du territoire, 4% de la population) sous contrôle exclusif israélien,
englobe l’essentiel des implantations juives. Il devient de plus en plus
difficile d’assurer la sécurité de toutes les implantations ce qui explique les
nombreux meurtres qui y sont perpétrés.
Israël
doit donc faire face à un choix pour l’avenir ; soit idéologique en
maintenant l’existence d’implantations qui n’entrent plus dans le programme
sécuritaire du pays ; soit pragmatique en démantelant les petites entités
pour les regrouper autour des trois grands blocs. C'est l'option de Lieberman qui a beaucoup évolué sur la question et qu'il compte appliquer s'il arrive au pouvoir. La séparation avec les Palestiniens, dans le cadre d'un Etat palestinien, reste la seule solution viable souhaitée d'ailleurs par les Occidentaux. Laissons à l'ancien ambassadeur Arie Avidor le soin de conclure : «Il faut lutter contre le terrorisme sans pour autant danser sur les flaques de sang».
Pourquoi en 1967 Israel n'a pas fait évacuer les arabes soit vers la Jordanie, ou bien l'Egypte..?
RépondreSupprimeril faudrait d'énorme moyen militaire,certe, mais ne serait ce pas la meilleure solution pour avoir enfin la paix en Israel..?
Les arabes palestiniens sont continuellement subventionnés pour vivre, donc autant qu'ils rentrent en Jordanie.. il me semble...
Je reconnais que c'est un peu simpliste vue de la "cambrouse" française et que la situation sur place est certainement très compliquée mais je ne vois pas de solutions à deux Etats, c'est même impensable...Israel est Un..je ne tomberai pas dans le coté fanatique ultra orthodoxe mais il est difficile d'imaginer de pouvoir vivre avec des gens qui n'acceptent pas la démocratie, une base élémentaire pour vivre en bonne intelligence ( même si cette dernière peut être manipulée...)
Sabbat Shalom Mr Jacques...
Le problème des implantations la confiance qu'ont ceux qui s'intallent dans cet enrironnement hostile. Il faudrait orgabiser des siminaires pour leur apprendre la méfiance pour sécuriser leur famille.
RépondreSupprimerce ne devrait pas être un problème Abraham, le peuple Juif doit pouvoir s'installer sur sa terre mais attention "il faudrait et y a qu'a" es ce que c'est la solution..?
RépondreSupprimerJe pense qu'il serait normal que l'armée américaine soit sur place, au coté d'Israel pour évacuer les indésirables...
Après tout, ils nous doivent bien ce coup de mains, eux qui, par l'intermédiaire de Monsanto, ont fourni du ziklon B jusqu'en 1943 aux nazis...ZAKHOR, AL TICHKAH !
En attendant se repose, pour la énième fois, la sécurité de ces implantations. L'inconscience de ces מתנחלים fait frémir. Et ce n'est pas nouveau. Dès les années 70 & 80 lors de mes fréquentes incursions professionnelles dans les territoires j'avais déjà observé ce type d'attitude. Et déjà, aux questions que je pouvais poser sur leur fait que les maisons n'étaient, par exemple, jamais fermées à clefs et sur le manque de clôtures fiables (alors qu'à l’époque tous les kibbutzims de ce côté-ci de la ligne verte en étaient abondamment pourvus) c'est l'insouciance qui prédominait, leur croyance dans leur bon droit de s'installer dans cette région désignée par le Tanakh, et leur croyance en l’Éternel...
RépondreSupprimerCher monsieur Benillouche,
RépondreSupprimerPourquoi cette lecture, m'a remis en mémoire ce magnifique article de Joseph Castano intitulé : ET ILS PARTIRENT POUR LA TERRE PROMISE ?
http://jeanyvesthorrignac.fr/wa_files/ET_20ILS_20PARTIRENT_20VERS_20LA_20TERRE_20PROMISE.pdf
Évidemment il n'y est question que des Pieds-Noirs, pourtant je ne peux m'empêcher d'y voir une analogie avec Israël.
Sans doute que sous la pression des "Occidentaux", vous finirez par avoir vos deux états.
Sera-ce la paix pour autant, pour le peuple juif ? Je l'espère, mais je ne peux y croire.
Très cordialement.
Israel ne survivra pas sans la Judee Samarie:
RépondreSupprimer-Le controle de la La vallee du Jourdain est indispensable contre les flux d'armes entre Jordanie et Israel
-Detenir La "ligne des cretes" : l'ensemble des sommets des Monts de Judee et Samarie qui sont des observatoiret des obstacles naturels a toute invasions(raison pour laquelle beaucoup de villages sont sur ces sommets avec des noms commencant par pisgah...)
-Proximite immediate de l'ex ligne verte avec notre seul aeroport international: inutile de preciser la menace de missiles portables contre las avions civils qui effectuent un virage a hauteur de l'autoraute N01 ,a quelques encablures de Modiin Elit....
-La Taille de guepe d'Israel pre 67: 13 kms de largeur seulement a hauteur de Qualquilya...
- Outre la Thorah qui nous exhorte a nous répandre (Ufaratsa) sur TOUTE la Terre d'Israel,en Droit International , d'apres les conventions toujours valides et contraignantes de San Remo de 1920 ,le Peuple Juif et donc Israel est le seul proprietaire légitime entre la Mediterannee et le Jourdain !
Les arabes devraient dégager, nous y arriverons un jour: c'est inevitable .....
Israël se trouve-il comme en 1947/48, le dos au mur; c’étaient les kibboutsim (ou colonies) qui avaient reçu le choc, tenu le coup en attendant que l’arrière s'organise et prépare la victoire. Le soldat en permission avait bien bien pris la situation en main comme le feraient d'autres citoyens de ce pays
RépondreSupprimer