LES PARTIS DE GAUCHE EN VOIE D’EXTINCTION
Par Jacques
BENILLOUCHE
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Que ce soit en France, en Israël et même dans le monde,
la Gauche est dans la peine. Après une période où elle a brillé par sa
participation au pouvoir, elle décline aujourd’hui avec le risque d’une
disparition, du moins dans sa conception actuelle. Loin est le temps où elle
triomphait avec des personnalités charismatiques qui incarnaient véritablement
la nouvelle gauche active, sociale et libérale et qui réussissaient sur le
terrain à l’instar de Lionel Jospin en France, Tony Blair en Grande-Bretagne,
Bill Clinton aux États-Unis, Gerhard Schröder en Allemagne, et Massimo D’Alema
en Italie.
Alors que la Gauche en France avait gagné les élections en
2012, elle a obtenu en 2017 avec le «frondeur» Benoît Hamon seulement
6,3%, un score ridiculement bas dans l’histoire récente du parti socialiste.
Mais le déclin de la Gauche n’est pas une spécificité de la France. Elle perd
du terrain en Grèce, en Espagne, en Autriche et aux Pays-Bas. En Allemagne les
sociaux-démocrates viennent de subir un échec dans le land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie
enlevant toute prétention à Martin Schulz de remplacer Angela Merkel. Au cours
des élections législatives régionales du 13 mai 2012, le SPD (Parti social-démocrate
d'Allemagne) avait retrouvé son statut de première force politique du Land avec
39,1% des suffrages exprimés et 99 députés sur 237. Mais le 14 mai 2017, le SPD a obtenu 31% des voix soit 69
députés sur 199 élus. Une chute difficile à digérer.
Martin Shultz à la Knesset |
Cependant les mauvais résultats sont souvent dus aux erreurs
de casting des partis qui nomment à leur tête des dirigeants peu charismatiques,
voire controversés. Ce fut le cas en Israël avec Yitzhak Herzog et en France
avec Benoît Hamon. Ce fut surtout le cas de la Grande-Bretagne avec les
Travaillistes qui ont désigné à nouveau Jeremy Corbyn pour conduire les
élections législatives du 8 juin 2017. Tous les observateurs politiques sont
unanimes pour prédire un naufrage électoral pour le parti mené par un «gauchiste».
Il faut croire que les travaillistes veulent une défaite cuisante pour mieux renaître
de leurs cendres.
Jeremy Corbyn |
En Israël aussi, les travaillistes laissent Yitzhak
Herzog conduire le parti vers une défaite mémorable. En cas d’élections
anticipées, les sondages prédisent à l'Union sioniste 8 sièges au lieu des 24
actuels. C’est pareil en France où la rose a fané puisqu’aux élections des 11
et 18 juin on évalue à 35 le nombre maximum de sièges dévolus aux Socialistes
dans la tourmente.
En France on attribue le phénomène du déclin de gauche à l’arrivée de Macron.
C’est inexact car la désaffection à l’égard des socialistes date de l'échec du quinquennat de François Hollande. La
cause de cette désaffection est consécutive à la place prépondérante de l’idéologie
sur le courage, sur l’innovation et sur le renouvellement des cadres. Ce sont
les mêmes vieilles barbes qui depuis plus de vingt ans monopolisent les
fonctions et les postes tout en bloquant l’accès aux jeunes. Les travaillistes
israéliens n’ont rien trouvé de mieux que de faire appel à des vieux chevaux de
retour pour muscler leur écurie. Amir Peretz, l’ancien syndicaliste, l’ancien
secrétaire général du parti, l’ancien ministre de la défense songe à prendre
les rênes du parti. Les jeunes sont écartés de la gouvernance tandis que l’inertie
des dirigeants de gauche a empêché de trouver des solutions adaptées aux
problèmes de la mondialisation. Avec un esprit sclérosé, ils manquent
d’imagination pour résoudre les problèmes économiques puisque la seule solution
choisie a été s’imposer l’austérité qui frappe les classes sociales
défavorisées et moyennes.
Peretz Herzog Cabel |
Le rêve de gauche s’est estompé avec l’absence de confiance
et de solutions. La gauche n’a pas changé son logiciel politique. Les
inégalités se sont creusées, la protection sociale a été réduite, les riches
sont plus riches et les pauvres plus matraqués. On applique des vieilles
recettes inefficaces qui donnent le sentiment que la Gauche a perdu sa
boussole. Elle le paie d’ailleurs dans les urnes. Emmanuel Macron a vite intégré
les leçons de la déroute de la gauche pour modifier son programme en mettant
beaucoup de centrisme dans ses propositions. Il a fait appel à de nombreux jeunes qui n'ont rien espéré de la gauche ni des centristes. Il a renouvelé la classe politique en créant de l'espoir, même si l'on ne voit pas encore la profondeur de son programme. La gauche française s’enfonce tous
les jours dans l’oubli et elle aura besoin de plus d’une mandature pour se
regénérer face à une droite qui songe déjà à reconquérir sa place perdue après
une élection imperdable.
Herzog Livni Lapid |
En Israël, le cas Macron aurait pu faire recette mais le
Macron israélien n’est pas encore né politiquement. Le centrisme aurait pu percer
pour devenir la première structure politique capable de se hisser au sommet de
la pyramide et de diriger le gouvernement. En attendant, on continue à faire la
soupe dans les vieilles marmites. Le parti travailliste est toujours à la recherche du leader qui lui permettra de redevenir une force
politique d’alternance. Mais peine perdue, il servira à la rigueur de force d’appoint pour un
nouveau gouvernement Netanyahou.
Lieberman Netanyahou Bennett |
Les travaillistes doivent inventer,
comme en France, de nouveaux concepts politiques car le clivage droite-gauche a
perdu toute pertinence en Israël. Les
partis sionistes se rejoignent sur les problèmes sécuritaires mais les
divergences s’expriment surtout sur les problèmes économiques. Herzog s’acharne
à vouloir modifier l’orientation du parti alors qu’il faut d'abord changer les hommes
pour innover en politique. Il rêve d’un «Parti démocratique israélien »
de centre-gauche, à la sauce américaine mais il ne suffit pas de modifier
l’intitulé d’un parti pour le mener à la victoire surtout lorsqu’il faut se
battre contre l’extrémisme des sionistes religieux et des partis orthodoxes. Les
gesticulations tout azimut d’Herzog finissent par donner une impression de
désordre. Il s'aligne ainsi sur les préoccupations sécuritaires de la droite en
négligeant les intérêts des classes défavorisées et reste atone sur les
questions économiques qui devraient être son cheval de bataille.
Le résultat des élections législatives françaises sonnera
comme un coup de semonce en Israël. Le même sort attend la gauche dans ces deux
pays : au mieux l’effacement, au pire la disparition pour renaître sous
une force plus attractive capable d’innovation. Après la vague rose
qu’a connue l’Europe ces dernières années, le jaune, couleur du libéralisme,
s’étend quand il ne s’agira pas demain, tout simplement, du bleu généralement associé aux partis de droite ou
conservateurs. C'est un nouveau monde qui s'ouvre vers nous, plein de promesses mais la déception des peuples sera terrible cette fois.
L'échec de la Gauche c'est avant tout l'échec du socialisme. Les socialistes qui ont réussi à faire avancer les choses ce sont des dirigeants présentés par des partis de gauche .Mais qui ont tourné le dos aux rêves creux des socialistes. Blair, Schroeder en sont les archétypes . Le capitalisme fonctionne avec des entrepreneurs qui prennent des risques pour s'enrichir. Si la réglementation est trop contraignante , si les tribunaux massacrent les employeurs, si les charges sont trop lourdes et si les impôts deviennent confiscatoires , qui voudra prendre des risques financiers et se retrouver pénalement responsable ? Les grandes entreprises du CAC 40 en font la démonstration : les 3/4 de leurs profits proviennent de leurs filiales à l'étranger. Emmanuel Macron est Président de la République parce que, venant de la gauche, Il à bien compris que l'économie ne doit pas être confiée à des branquignols : Matignon et Bercy sont aux mains de Philippe, Le Maire et Darmanin, tous membres de LR.
RépondreSupprimerAndré M
Tribune juive
Jésus en son temps accomplit le miracle de la multiplication des pains, Les aficionados d'En Marche souhaitent la duplication des Macron...
RépondreSupprimer"Ceux qui croyaient au ciel, ceux qui n'y croyaient pas...". L'important étant de nous vendre une divinité, qu'elle soit céleste ou terrestre.
On l'a enfin trouvée et Jacques pourtant pragmatique, s'en fait l'écho.
"En même temps", doit-on se réjouir de cette pensée unique ?
Bien cordialement