TRUMP-PALESTINE : RIEN DE NOUVEAU À L’HORIZON
Par Jacques BENILLOUCHE
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Donald
Trump a décidé de faire ses premiers pas à l’étranger avec une visite en Arabie
saoudite, puis en Israël pour terminer par le Vatican, à la fin du mois de mai. Il
en profitera pour participer aux sommets du G7 en Sicile et de l'Otan en
Belgique. Un voyage en trois étapes symboliques. La première étape mènera Trump
en Arabie saoudite pour un sommet des pays musulmans. Il s’agit selon lui «d’une réunion historique pour bâtir un nouveau partenariat». Réserver son
premier voyage à un pays arabe est un symbole pour corriger l’effet d’abandon
du monde musulman par Barack Obama.
L’étape
suivante est Israël, le 22 mai, pour tenter d’effacer les relations glaciales
du temps du précédent président. La Maison Blanche a annoncé que Trump
rencontrera Benjamin Netanyahou et qu’il a accepté l’invitation de Mahmoud
Abbas. Bien que les détails de la visite ne soient pas encore dévoilés, il est
fort probable qu’il s’agira pour le président d’enclencher son initiative de
paix entre Palestiniens et Israéliens. La dernière étape de cette tournée des Lieux
Saints mènera Donald Trump au Vatican, où le pape François le recevra le 24
mai.
Le
président palestinien Mahmoud Abbas, déjà reçu à la Maison Blanche le 3 mai, avait
tenté de sensibiliser les Américains sur la stagnation du processus de paix.
Les Palestiniens semblent résignés puisqu’ils n’entrevoient aucune percée vers
une solution au conflit palestino-israélien. Par sa visite, Mahmoud Abbas
voulait impliquer personnellement Trump dans ce conflit. Il s’était d’ailleurs bien
entouré puisque trois dirigeants importants étaient du voyage. Le négociateur senior, Saëb Erakat, le chef
des services de renseignements Majid Faraj et le ministre adjoint des finances,
Mohammad Mustafa.
Faraj, Erakat et Netanyahou |
Mais
Donald Trump n’a pas fait évoluer sa position ; rien de nouveau n’a été
annoncé. Il n'a pas abordé la solution à deux États, n'a pas mentionné le gel
des implantations israéliennes et n’a pas dit mot sur la question de Jérusalem,
alors qu’Abbas avait soulevé le principe de Jérusalem-Est comme capitale de la
Palestine. Les mots comptent et la sémantique est significative puisque Trump a
utilisé un langage asymétrique en parlant «d’Israël et des
Palestiniens» faisant comprendre que la Palestine n’avait pas encore
de statut d’État.
Sean Spicer |
Le
secrétaire à la presse, Sean Spicer, a soulevé les questions pour «prévenir
l'incitation à la violence, en particulier par les media directement associés à
l'Autorité palestinienne». Il a abondé dans le sens des Israéliens en précisant
que «Trump a exprimé des inquiétudes au sujet des aides financières aux familles
des prisonniers palestiniens qui ont commis des actes de terreur et qui sont
enfermés en Israël». Donald Trump a demandé à Mahmoud Abbas de cesser
de verser ces pensions aux familles. Mais paradoxalement, Israël participe de
fait à cette aide puisque plusieurs prisonniers disposent de la nationalité
israélienne. En fait, le Likoud avait tenté en 2014 d'adopter une loi pour
arrêter les prestations sociales pour les familles de prisonniers israéliens,
mais la Knesset israélienne a rejeté la proposition qui constituerait une
punition collective de familles innocentes.
Donald
Trump a rencontré un leader palestinien affaibli, dont l'autorité est remise en
cause. Déjà, avant son élection, le président américain donnait l'impression d'avoir choisi son
camp. Il avait promis, dès son arrivée à la Maison Blanche, le transfert de
l'ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem, avait fustigé l'administration
Obama pour son abstention sur une résolution condamnant Israël et n'était pas
sûr qu'une solution à deux États soit la voie à suivre.
Ambassade américaine à Tel-Aviv |
Mais le pragmatisme de
la gouvernance a fait évoluer les choses. Il n'est plus question de déplacer
l'ambassade des États-Unis. Lors de la visite de Benjamin Netanyahou à
Washington, Trump lui avait publiquement expliqué que la construction de nouvelles implantations
n'allait pas dans le sens de la paix.
Mais
en Israël on sent que la politique Trump au Proche-Orient a changé et n’est pas
claire. Certes il a exprimé sa volonté de parvenir à un accord de paix mais n’a
pas donné le contour politique de cet accord. Il a d’ailleurs confié ce dossier
à son gendre et plus proche conseiller, Jared Kushner. De leur côté, les responsables
palestiniens craignent les nouveaux liens entre l’administration américaine et
les autorités israéliennes : «Nous n'avons pas d'interlocuteurs au
sein de la nouvelle administration».
Donald
Trump sait que le dirigeant palestinien est impopulaire, que son mandat de
quatre ans devait s'achever en 2009, qu’il n'a autorité que sur une partie de
son territoire puisque la bande de Gaza est entre les mains de son rival, le
Hamas. Cela ne donne pas de crédibilité à Mahmoud Abbas qui n’est plus en
position de négocier un accord. Donald Trump a usé du langage diplomatique en
restant évasif : «Nous voulons créer la paix entre Israël et les
Palestiniens, nous y arriverons». Il veut jouer le rôle de «médiateur,
d’arbitre ou de facilitateur d’un processus qui mènera à la paix».
Mais
rien de nouveau n’apparaît du côté palestinien. Aucun effort n’est fait pour
modifier les positions figées des Palestiniens alors qu’une nouvelle situation de
fait s’est installée dans la région. Mahmoud Abbas répète les vieux arguments éculés sur une
solution à deux États dans les anciennes frontières de 1967 : «Notre
peuple subit, depuis 50 ans, la plus longue occupation de l’histoire, et nous
demandons aux Israéliens de reconnaître un État palestinien, dont
Jérusalem-Est, comme nous reconnaissons Israël». Face à un nouveau
président américain, il n’a pas innové d’un pouce ; il n’a pas montré de
mesures soit pour reprendre le contrôle de la bande de Gaza, soit pour une
réunification du mouvement palestinien avec le Hamas.
Même
le Hamas a évolué en faisant un pas minime dans un sens positif puisqu’il vient
de modifier son programme politique. Pour la première fois de son histoire, il évoque
l'établissement d'un État palestinien dans les frontières de 1967 mais, pour
autant, sans reconnaître Israël. Le chef sortant du Hamas, Khaled Mechaal, confirme
que cette nouvelle charte recherche «une formule de consensus national»
en précisant : «Depuis dix ans, le Hamas a discuté avec beaucoup de
diplomates et de ministres étrangers. Nos dirigeants ont reçu beaucoup de
conseils et ils en ont tenu compte. Ils essayent d’avoir un document qui ne
s’oppose aucunement au droit international et qui exclut tout racisme et
antisémitisme. Notre lutte est légitime, nous ne violons pas le droit
international : c’est là notre position».
Le
voyage de Trump en Israël pourrait apporter des surprises, certes dans le
domaine de l’anecdote, mais on n’attend pas fondamentalement de révolution dans
la position américaine au Proche-Orient.
J'ai l'impression que Trump va louer des liens forts avec la Russie, tout en reconnaissant l'Iran comme etant la puissance dominatrice au Moyen-Orient, ce qui lui permettrait de resoudre le probleme israelo-palestinien en les laissant tomber comme ses dernieres liquettes.
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