Lundi dernier,
après une attente de plusieurs heures dans la cour de l’Elysée, les
journalistes présents ont appris qu’Edouard Philippe, le maire du Havre, avait
été nommé premier ministre par Emmanuel Macron. Son nom courrait, déjà sur
toutes les lèvres depuis quelques jours ; il avait, en effet, des chances
sérieuses d’être désigné. Député «Les Républicains»,
tendance modérée, proche d’Alain Juppé, cet énarque âgé de quarante six ans,
admirateur dans sa jeunesse de Pierre Mendes-France et de Michel Rocard,
faisait partie de ces députés de droite, que Macron savait pouvoir attirer à
lui.
Après avoir fracturé,
le mot est faible, le parti socialiste pendant la présidentielle, le réduisant
à la portion congrue, Emmanuel Macron s’est attelé au démembrement du parti «Les
Républicains» mais ce n’était pas aussi facile. Deux courants
s’opposent : l’un veut travailler avec le nouvel exécutif, l’autre s’y opposera
systématiquement. Mais les partisans d’Alain Juppé, appelons-les ainsi pour
simplifier, s’ils ont pris la mesure de la transformation politique survenue avec
l’élection d’Emmanuel Macron, s’ils ont répondu à la main tendue par le
Président de la République, ne l’ont pas fait sans poser de condition. Ils ont
obtenu la nomination d’un premier ministre issu de leur rang ainsi que celle de
deux autres de leurs représentants dans le gouvernement qu’Edouard Philippe a
formé hier.
Ce premier gouvernement
est composé de 18 ministres, 4 secrétaires d’État, 11 femmes, 11 hommes, la
parité promise a été respectée, si on ne compte pas le premier ministre. La
part belle a été faite à la société civile dans la mesure où elle obtient 11
portefeuilles. Les politiques sont au nombre de 12, quatre sont issus du PS,
trois de LR dont le premier ministre, deux du PRG, trois du Modem.
On peut se
demander si leur appartenance d’origine, à l’exception de celle du Modem aurait
encore demain, un sens dans la mesure où ils seront, probablement, obligés de
se présenter aux élections sous l’étiquette «la République en
marche». Messieurs Le Maire et Darmanin ont d’ailleurs été exclus de «Les
Républicains» sans autre forme de procès. La promesse de
renouvellement a été respectée. Le nombre d’énarques a diminué, ils ne sont
plus que trois et deux des ministres n’ont aucune formation universitaire. Ce
premier gouvernement du quinquennat correspond dans sa forme à l’image
d’ouverture que souhaitait donner Emmanuel Macron.
Mais la tache
principale de ce gouvernement sera de lui assurer, à la suite des élections
législatives qui auront lieu dans moins d’un mois, la majorité absolue dans la
prochaine assemblée. Dans cette perspective chaque voix comptera. Nicolas Hulot est une recrue de choix pour
Emmanuel Macron auquel on reprochait de ne pas avoir la fibre écologique. En
juin 2016, les sondages attribuaient 10% des suffrages à Nicolas Hulot s’il
briguait la présidence, aujourd’hui il est ministre d’État chargé de la
transition écologique et solidaire !! Un grand nombre de ces suffrages devraient
se reporter, en toute logique, sur les candidats de «la République en
marche».
La droite et le
centre sont majoritaires dans le pays ; en choisissant un premier ministre
de droite, en attribuant la responsabilité de l’économie à deux ministres de
droite, le Président de la République a voulu rassurer cet électorat et faire
en sorte qu’il vote pour les candidats qui se présenteraient avec l’étiquette «la
République en marche». Mais il ne faudrait pas, pour autant,
perdre des électeurs de gauche ou du centre gauche en apparaissant trop à
droite. Une lourde tache pour les candidats de «la République en
marche» qui feront leurs premières armes dans cette campagne. Bon courage !!!
Mais si le premier ministre était selon vos dires "admirateur de Pierre Mendes France" il aurait dû s'inspirer de sa droiture, à savoir garder ses convictions et ne pas retourner sa veste au grès du vent.
RépondreSupprimerBernard Meyer