Le président
américain s’est adressé, dimanche dernier à Ryad, à une cinquantaine de chefs
d’État et de premiers ministres arabes, tous sunnites, qu’il a rassurés sur la
politique qu’il comptait mener dans la région. Il leur a dit, ce qu’ils voulaient
entendre, qu’il tirait un trait sur la tentative de dialogue avec l’Iran que
Barak Obama avait esquissée après la signature de l’accord sur le programme
nucléaire iranien.
Les États Unis
reviennent à leur alliance traditionnelle, celle qui avait été contractée à la
fin de la deuxième guerre mondiale et scellée le 14 février 1945 sur le
croiseur Quincy, entre le roi Ibn Saoud et le Président Roosevelt. Elle garantissait au roi et à ses successeurs,
une protection militaire sans faille, pendant soixante ans en échange d’un
accès exclusif à leurs immenses gisements pétroliers. Cette alliance a été
reconduite en 2005. La grande démocratie américaine, pour assurer son
approvisionnement en hydrocarbures, avait signé un pacte avec une dynastie
obscurantiste qui pratique un islam rigoureux et conquérant : le
Wahhabisme.
L’Arabie Saoudite,
qui est devenue le chef de file du monde sunnite, a utilisé les fabuleuses ressources
de son pétrole à la diffusion de cet islam dominateur, dans la région, sur tous
les continents, en Afrique en particulier, à travers la construction de
mosquées, d’écoles religieuses et la distribution gratuite de Coran. L’Arabie
Saoudite et ses alliés du Golfe, le Qatar en particulier, sont responsables, en
propageant cette idéologie, du développement du terrorisme dans le monde.
N’oublions pas que Ben Laden, comme la plupart des 19 terroristes responsables de
la destruction des tours du World Trade Center, étaient des saoudiens. L’État
islamique, Daesh, trouve, lui aussi son origine et son financement en Arabie
Saoudite, mais de la part de contributeurs privés et moins ouvertement de la
part de l’Etat. Mais cela n’inquiète pas outre mesure Donald Trump qui s’est
contenté de demander aux dirigeants arabes de surveiller les circuits de
financement occulte du terrorisme et les discours de leurs prédicateurs.
La République Islamiste,
pour Donald Trump, reste l’ennemi principal. L’Iran a-t’il
déclaré : «finance, arme
et entraine des terroristes (…) qui répandent la destruction et le chaos à
travers la région». Il est vrai que l’Iran soutient le régime de
Bachar Al Assad, le Hezbollah, les milices irakiennes, la rébellion houtiste au
Yémen …. Et continue à développer son armement balistique. Mais au vu des
résultats des dernières élections, Rohani a été réélu pour un deuxième mandat
avec 57% des voix, on peut constater un recul des conservateurs religieux et un
échec du Guide suprême de la révolution. Cela ne signifie pas, pour autant, la
fin de la République islamiste ou un recul de l’expansionnisme qui relève plus
du nationalisme que du religieux.
Ce nouveau
discours convient parfaitement au gouvernement israélien qui considère, comme
les sunnites mais pas pour les mêmes raisons, qu’il ne faut pas se polariser
sur Al Qaeda ou l’État Islamique, qui ne constituent pas une menace
existentielle, mais sur les risques de déflagrations que provoque l’aspiration
de l’Iran à devenir une puissance régionale dominante. Donald Trump a peut-être,
pensé rassurer les Israéliens en affirmant «L’Iran n’aura jamais l’arme nucléaire» mais les Israéliens ne
comptent que sur eux-mêmes. Au grand
soulagement du gouvernement, il a évité d’aborder les sujets qui fâchent, comme
l’arrêt de la colonisation ou la référence à un État palestinien. Il a dû,
quand même, décevoir l’extrême-droite israélienne en n’annonçant pas le
déménagement de l’ambassade des États-Unis à Jérusalem.
Après avoir rencontré,
pendant quelques heures, Mahmoud Abbas à Ramallah, il a lancé un appel à une
paix dans un cadre régional, une référence, sans doute, aux propositions
saoudiennes, mais en restant dans le vague. «Faire la paix ne sera pas facile. Nous le savons tous. Les parties
devrons faire face à des décisions difficiles». Mais il s’est
dit «profondément convaincu que si
Israël et les Palestiniens peuvent faire la paix, cela lancera un processus de
paix dans l’ensemble du Moyen-Orient». Ni quand, ni comment, un
voyage de plus qui ne permettra pas d’avancer dans la résolution du conflit
israélo-palestinien.
Donald Trump s’est rendu au Kotel
pour déposer une prière dans une fente du Mur. Une première pour un Président
américain en exercice. On ne connait pas le contenu de ce message, par contre
on peut lire ce qu’il a écrit sur le Livre d’Or de Yad Vaschem : «Tellement incroyable. C’est un grand honneur
d’être ici avec tous mes amis. Tellement incroyable, je n’oublierai jamais». On reste pour le moins songeur !
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