HITLER-ERDOGAN-LE PEN OU LES LEÇONS DE L’HISTOIRE
Par
Jacques BENILLOUCHE
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Il
ne faut jamais négliger les leçons de l’Histoire et croire que les faits ne bégayent
pas et pourtant, il faut analyser le processus qui a conduit Hitler au pouvoir,
au départ sur une base purement démocratique. C’est après que les choses se
gâtent. Comme hier avec Hitler, aujourd’hui avec Erdogan et demain peut-être
avec Marine le Pen, une fois arrivés au pouvoir, ils ne le lâchent plus, sauf si la mort vient s'interposer.
Le
30 janvier 1933, Hitler fut nommé Chancelier du Reich pour la première fois
mais il garda le pouvoir de manière continue jusqu’à son suicide le 30 avril
1945 dans son bunker. C’est une date anniversaire en cette période d’élection
présidentielle qui risque à nouveau de marquer les esprits. Hitler avait réussi à s’imposer
progressivement, par petites touches, en montrant à chaque fois sa petite patte
blanche. Une similitude troublante existe entre le combat hier contre le traité
de Versailles et aujourd’hui contre l’Europe, entre la crise économique et sociale
d’hier et l’échec des politiques depuis plusieurs années.
Hitler,
né le 20 avril 1889, n’avait aucune prédisposition pour les affaires de l'Etat. Il y est entré par accident. Il n’a
pas trempé jeune dans la politique puisqu’il rêvait d’entrer aux Beaux-Arts
mais, ayant été refusé, il décida de s’engager à 25 ans dans l’armée. Il
reviendra décoré de la Croix de Fer qui deviendra son emblème toute sa vie. À
la fin de la guerre de 14/18, la défaite de l’Allemagne imposa le Traité de
Versailles avec à la clef des indemnités énormes entraînant une crise
économique et sociale qui pèsera sur la politique du pays.
Adolf
Hitler, chargé de rééduquer les soldats rapatriés, découvrit alors qu’il disposait d’un charisme qu’il pouvait exploiter à son profit. Pour la première fois, à 30
ans, il participa à une manifestation de travailleurs qui acta la création du
parti national-socialiste des travailleurs allemands. L’Allemagne était alors dans une
situation économique dramatique avec des chômeurs qui se comptaient par millions
avec une industrie en berne qui licenciait à tour de bras.
Comme
aujourd’hui avec le traité européen, le parti nazi va accuser le Traité de
Versailles d’être responsable des maux du pays : «L'état de
l'Allemagne est la conséquence du traité de Versailles, ce diktat imposé aux
Allemands par les vainqueurs de la première guerre mondiale. Ni le communisme,
ni le grand capital ne peuvent sauver. Les Allemands doivent se ressaisir,
reprendre en main leur destin d'Allemand». C’est ce que Marine Le Pen
clame en permanence pour justifier sa volonté de retrait de l’Europe et de l’euro.
Après
un coup d’État raté en 1923, le parti nazi fut interdit et Adolf Hitler
emprisonné ce qui lui permettra d’écrire son «Mein Kampf»
vendu à 80 millions d’exemplaires pour le rendre riche et indépendant financièrement. Libéré en 1924, le pouvoir estima à tort que son parti n’était plus
dangereux et qu’il pouvait être à nouveau autorisé. À partir de là, Hitler prépara son
retour en politique en constituant sa milice privée, la SA, faite de crânes rasés
et de gros bras tatoués qui n’hésiteront pas à intimider ceux qui leur résistent à la manière du mouvement étudiant français GUD qui constitue l'ossature du
FN.
Défilé de SA |
En
1929, Hitler avait exploité la situation des six millions de chômeurs qui désespérés, se tournèrent vers les communistes et les nazis usant de la même démagogie. Aujourd’hui
le FN et la France insoumise ou Front de Gauche, ont pris le relais. La République de Weimar voit tomber les
gouvernements traditionnels les uns après les autres tandis que les partis traditionnels ne
font plus recette et sont discrédités. Il y a une forte analogie aujourd'hui. Hitler profita des campagnes électorales
pour diffuser ses discours démagogiques, pour faire le coup de poing afin d’instiller
le désordre et de prétendre ensuite qu’il est le seul à pouvoir rétablir l’ordre.
Le FN et le Front de gauche, qui draguent le même électorat, s’affrontent
politiquement. Ce fut le cas en 1932, mais plus violemment lorsque des affrontements opposent les communistes et les nazis. Les Allemands étaient las du désordre et de la situation économique stagnante comme aujourd’hui les Français
qui s’estiment lésés de ne pouvoir travailler. Les Allemands votèrent donc
massivement aux élections législatives du 31 juillet 1932 pour envoyer au
parlement 230 députés faisant de Hitler le chef du premier parti politique du
pays. Mais le président de la République allemande, le maréchal Paul von
Hindenburg, refusa de lui confier les clefs du pouvoir et préfèra recourir à de
nouvelles élections qui ne donneront que 190 députés à Hitler. Mais le blocage
politique est tel que Hitler est appelé à former le gouvernement le 30 janvier
1933 en tant que Chancelier.
Incendie Reichstag |
À
peine au pouvoir, le Reichstag, le parlement symbole de la démocratie est
incendié par ses hommes de mains le 27 février 1933. Ce fut l'acte fondateur du régime nazi. Ce sera aussi pour Hitler l’occasion
d’accuser les communistes de «complot des rouges». Se
sentant alors fort, il organisa de nouvelles élections qui donneront 43,9% des
suffrages au parti nazi et 12% des voix aux communistes après de fortes pressions; de nombreux militants furent envoyés dans des camps de concentration pour
être «rééduqués». C’est un peu ce qui risque de se passer
entre le FN arrivé au pouvoir et le Front de gauche son allié putatif. Jean-Luc Melenchon devrait se méfier.
Les
communistes furent alors définitivement hors d’état de nuire. Le 23 mars 1933, le
Reichstag vota les pleins pouvoirs à Hitler qui devint l’homme fort du régime
et qui se trouva autorisé à voter seul les lois, souvent en opposition à la
Constitution. Les syndicats et les partis furent dissous et le 14 juillet 1933,
le parti nazi devint le parti unique. Exit les alliés communistes, les alliés
du début.
Les
nazis auront alors un pouvoir sans partage, décideront de guerres en Europe
faisant plus de 50 millions de morts dont 6 millions de Juifs exterminés en
raison de leur seule religion. En exploitant les règles démocratiques et en
cachant son véritable jeu, Hitler a trompé son monde pour parvenir au pouvoir.
L’exemple est parlant. L’histoire risque de bégayer si l’on permet à Marine le
Pen de devenir présidente de la République. Les fascistes ont les mêmes
principes, les mêmes méthodes et jouent sur la naïveté de certains électeurs
qui croient qu’ils pourront résorber le chômage sur simple coup de baguette
magique.
Seulement, souvent, les leçons ne
servent pas et les citoyens se sentent des surhommes capables d’endiguer seuls
et avec maestria tout risque de dictature. L’exemple d’Hitler ne suffira
peut-être pas à leur donner raison. L’exemple d’Erdogan qui progressivement
a étouffé la démocratie pour interdire les opposants et à présent Internet. Il a relancé les purges dans son pays depuis que les électeurs ont voté en faveur d'un référendum qui lui permet de renforcer ses pouvoirs. Le Pen promet elle-aussi un référendum.
Non les Français sont sûr d’eux, ils ne sont pas de la même trempe que les Allemands ou les Turcs, pensent-ils. Ils l’ont d’ailleurs montré quand ils se sont jetés dans les bras du Maréchal Pétain, allié des nazis. Ils pensent que Marine Le Pen résoudra tous leurs problèmes mieux qu’Emmanuel Macron parce que dans les moments difficiles, seule la dictature permet d'avancer mais en muselant les citoyens.
Non les Français sont sûr d’eux, ils ne sont pas de la même trempe que les Allemands ou les Turcs, pensent-ils. Ils l’ont d’ailleurs montré quand ils se sont jetés dans les bras du Maréchal Pétain, allié des nazis. Ils pensent que Marine Le Pen résoudra tous leurs problèmes mieux qu’Emmanuel Macron parce que dans les moments difficiles, seule la dictature permet d'avancer mais en muselant les citoyens.
Le parallèle est frappant !!!
RépondreSupprimerIl faut éviter que le FN et son nouvel "allié" NDA arrivent au Pouvoir.
Nous avons une arme légale : le bulletin de vote.
Certains disent : "Il faut voter contre MLP", il serait plus simple de dire : "Votez Macron". Je le dis car il est le dernier rempart contre le FN.
Le 7 Mai prochain, tous ensemble, agissons. Mobilisons-nous pour défendre la République française qui, la première dans l'histoire de l'humanité, nous a accordés à nous, Juifs, les mêmes droits qu'aux autres habitants de la France. Le 7 Mai, votons contre Marine Le Pen ! Votons Emmanuel Macron !
RépondreSupprimerDaphna Poznanski-Benhamou, Conseillère des Français d'Israël à l'Assemblée des Français de l'étranger
daphna.poznanski@gmail.com
Il y a des points de convergence, mais aucun parallele.Le programme d'Hitler etait connu, il etait ecrit noir sur blanc sans son livre (assez delirant d'ailleurs) Mein Kampf (que j'ai lu, traduit en francais). Il avait aussi deux autres elements fondateurs: la definition d'un groupe humain "ennemi" et une milice tres importante (le GUD est derisoire). En cela, il differe de MLP (qui, elle aussi, a un programme politique ecrit et publie sur le net en 2011). Mais elle ne dispose pas ni d'une milice importante, ni n'a vraiment defini le groupe humain "ennemi" (dans l'Allemagne de Weimar, les Juifs ne depassaient pas les 0,8%) alors qu'en France les "etrangers" sont au moins 10%.
RépondreSupprimerEnfin, il y a une difference fondamentale qu'on oublie trop vite: la republique de Weimar viva 13 ans ne permettant pas le developpement d'un sentiment democrate dans la population allemande. La France a une culture democrate depuis 75 ans.
Celui qui peut vraiment inspirer MLP, c'est Erdogan. Le parallele entre la France et la Turquie est saississant: une population "ennemie" de meme importance numerique, une absence presque totale de milice privee, ce qui obligea Erdogan de noyauter les services de securite turcs, l'absence d'une opposition unie.
Tout t'es dit hélas...c'est déprimant...un autre verre de whisky...
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