TSAHAL CONFIRME L’IMPLICATION DU COMMANDEMENT
SYRIEN DANS L’ATTAQUE CHIMIQUE
Par
Jacques BENILLOUCHE
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Les
services de renseignements israéliens viennent de révéler que l’attaque au gaz
sarin perpétrée à Idlib, qui a fait plus de
100 morts, été planifiée et autorisée par des officiers supérieurs syriens,
avec la caution totale du président Bachar el-Assad. Un haut officier de Tsahal
a confirmé cette attaque, photos aériennes et satellitaires à l’appui, à
l’occasion d’une conférence de presse en comité réduit. Selon lui, les derniers
succès militaires, qui ont permis la reprise de territoires à l’ouest de la
Syrie, ont redoré le blason du président qui s’est trouvé libéré dans son
action politique et militaire au point d'imposer des initiatives de la part de son
État-major.
FNUOD |
Israël avait exigé des Nations Unies
que la FNUOD (Force des
Nations Unies chargée d'observer le désengagement) soit
redéployée sur les hauteurs du Golan. En effet les observateurs de l’ONU ont
été systématiquement chassés par les islamistes qui ont pris position à la
frontière d’Israël, dans la partie centrale et au nord. L’officier de Tsahal a
expliqué que «à notre avis, cela est important pour la mise en œuvre
de l'accord d'armistice signé en 1974. Le redéploiement de la FNUOD sur les
hauteurs de Golan est un objectif que nous avons fixé. À l'heure actuelle, la
situation est à l'arrêt, et le statu quo concernant un arrangement est maintenu
tel quel, même dans les villages syriens sur le Golan».
Raid israélien en Syrie |
Tsahal
a confirmé sa politique visant à interdire toute contrebande d’armes à
destination du Hezbollah au Liban, sachant que l’incident du missile tiré contre
l’aviation israélienne ne modifiera pas sa stratégie d’un iota. D’ailleurs le réseau d'Al-Jazzera a annoncé qu’Israël avait attaqué
le 22 avril une base militaire appartenant au régime syrien à la périphérie de
Quneitra. L’État-major a
justifié la neutralité d’Israël après l’attaque au gaz sarin en précisant qu’il
était certes préoccupé par ces crimes mais que : «partout
où les superpuissances opèrent militairement et assument leur responsabilité,
nous ne devrions pas intervenir, mais nous devons en revanche diffuser les informations de
nos services de renseignements et continuer à fournir une aide humanitaire aux blessés
syriens sur le Golan».
En plus des renseignements obtenus
par ses services, Tsahal a analysé les révélations du général syrien, Zaher
al-Sakat, qui fut le chef de la guerre chimique dans la puissante 5ème division
de l'armée jusqu'à sa défection en 2013. Il a confirmé l’existence de centaines
de tonnes de produits chimiques encore détenues par Assad qui avait réussi à tromper
les inspecteurs et les experts des Nations Unis. L’accord signé en 2014 avec l’OIAC
(Organisation des Nations Unies pour l'interdiction des armes chimiques) a
permis au président syrien d’éviter les frappes militaires américaines et à Barack Obama de se glorifier que «l'un des plus grands stocks d'armes chimiques au
monde a été éliminé à 100%» ce qui s’est avéré inexact.
Pour le général al-Sakat,
le stock réel de gaz détourné des yeux des contrôleurs représentait au moins
2.000 tonnes. Ce stock non divulgué avait été camouflé à l’intérieur de bombes
aériennes et d’ogives chimiques pour missiles Scud. Il a déclaré que ces tonnes
de produits chimiques avaient été transportées vers les montagnes fortement
fortifiées à l'extérieur de Homs et vers la ville côtière de Jableh, près de
Tartus, où les Syriens et les Russes ont leur plus grande base militaire.
Le gouvernement syrien avait refusé
à maintes reprises de bombarder Khan Sheikhoun avec des produits chimiques, sous
prétexte que ses frappes aériennes touchaient un entrepôt utilisé par
l'opposition pour stocker des matériaux toxiques. Al-Sakat a confirmé que seul le
chef de l'armée, à savoir Assad, a le pouvoir de commander des attaques de gaz
nerveux en raison des retombées potentielles. Cependant, ceux qui impliquent du
chlore et d'autres produits chimiques moins mortels peuvent être autorisés par des
hauts commandants locaux, en particulier ceux de la mouvance Alaouite.
Le général Al-Sakat a révélé qu’au temps où il officiait à l'armée, son commandant le général Ali Hassan Amar, lui avait ordonné
personnellement de mener trois attaques chimiques. Elles ont eu lieu en octobre
2012 sur la ville méridionale de Sheikh Maskeen, en décembre 2012 à proximité
d'Harak, et en janvier 2013 à Busra al-Harir, des zones qui manifestaient
ouvertement leur opposition à Assad. La punition avait pour but de «réorienter
les esprits de ces gens». Il
avait reçu ordre de préparer le phosgène qui, à des concentrations élevées,
endommage les poumons en quelques secondes et cause la mort par suffocation.
Mais il avait réussi en cachette à modifier le dosage avec de l'eau et de l'eau
de javel dilué pour limiter les dommages réels.
Hezbollah en Syrie |
Assad avait décidé d’utiliser les
quelques tonnes de gaz sarin détournées afin de surmonter sa frustration et
d’une certaine façon sa mauvaise humeur, sinon sa détresse. Il voulait marquer sa déception que ni le
Hezbollah, ni les Russes et ni les Iraniens n’aient accepté de faire
intervenir leurs troupes au sol pour lui venir en aide. Il a donc marqué le
coup à sa façon. Il s’étonnait d'ailleurs que 5.000
miliciens de Daesh arrivaient à tenir tête à une coalition de 56.000 soldats.
Blessés syriens soignés en Israël |
Tsahal n’envisage aucune
intervention militaire mais est en revanche prêt à intervenir en médiateur
auprès de certains éléments syriens car il est convaincu que la seule solution
possible passe par un démembrement de la Syrie sur une base ethnique, à l’image
de ce qui s’est fait dans les Balkans. D’une certaine manière il prône de revenir
à la situation prévalant avant les accords secrets de Sykes-Picot, signés le 16
mai 1916.
L’officier israélien a rassuré son
auditoire sur les mesures arrêtées avec la Russie pour éviter tout malentendu militaire.
Il a même précisé qu’un mécanisme similaire de contacts avait été adopté avec
la Jordanie, les États-Unis et la Turquie qui opèrent aussi en Syrie. Les chefs
des divisions opérationnelles des forces armées russes et israéliennes se
rencontrent tous les deux mois pour faire le point militaire. Les États-Unis
informent de manière systématique le chef d’État-major Gadi Eizenkot et le
conseiller militaire de Netanyahou, Eliezer Toledano, sur leurs manœuvres en
Syrie et récemment, deux heures avant les tirs de représailles contre l’armée
d’Assad.
Le sujet brûlant du Hezbollah ne
pouvait pas être ignoré car il conditionne la situation à la frontière Nord.
Son réarmement par l’Iran engendre un risque de déflagration. L’officier
israélien a donné sa version du non-remplacement du successeur de Mustapha
Badredine, chef militaire, tué mystérieusement dans la nuit du 12 au 13 mai
2016 près de l'aéroport de Damas, à la suite d’une frappe aérienne attribuée à
Israël mais démentie et non revendiquée : «L’histoire était très claire.
Elle reflète la crise et les questions difficiles qui se sont posées au
Hezbollah, car Badredine a été éliminé quelques minutes seulement après avoir quitté
Qasem Soleimani, chef de la Force iranienne al-Qods, division des Gardiens de
la Révolution islamique, responsable des opérations extérieures. Badredine
était un commandant indépendant et très puissant. Son élimination a créé des
problèmes de commandement et de contrôle au sein de
l'organisation. Nasrallah a une bonne compréhension stratégique, mais
aucune connaissance dans le commandement réel des forces
militaires. L'Iran, pour sa part, a perdu son hégémonie en Syrie, remplacé
par une hégémonie russe».
Badredine |
Le Hezbollah chiite
libanais avait annoncé que la mort de son commandant militaire en chef en Syrie,
également bras droit de Hassan Nasrallah, était due à un «bombardement
d'artillerie mené par les groupes takfiris», en référence aux groupes
djihadistes ou islamistes radicaux sunnites. Mais sa mort reste un mystère car les commanditaires ne sont pas encore retrouvés.
Tsahal a aussi abordé les développements
dans la région Sud d’Israël sachant que l'Iran continue de soutenir le Hamas en
l’aidant financièrement à coups de 70 millions de dollars par an, entièrement
investis dans les projets militaires alors que la population souffre : «Dans
notre estimation, notre projet d'ériger un nouveau système d'obstacle contre
les tunnels ne conduira pas le Hamas à envenimer la situation. La récente
nomination de l’extrémiste Yahya Sinwar en tant que chef du Hamas a créé une
nouvelle réalité qui a ôté toute séparation entre le leadership civil et le
leadership militaire au sein du Hamas». Cela pourrait faciliter le pragmatisme.
Le terrorisme
palestinien a été traité avec inquiétude car le contexte a évolué depuis les
précédentes attaques. Sur sept
Israéliens assassinés depuis le début de cette année, six ont été tués par des
terroristes possédant la nationalité israélienne, c’est-à-dire n’habitant pas
les territoires. Si l’existence d’une frontière étanche avec la Cisjordanie revêt
un côté positif, il en va autrement de l’implication d’Arabes israéliens dans
les attentats. Tsahal a donc envisagé une nouvelle stratégie pour les forces de
l’ordre qui doivent à présent se pencher sur la situation interne de certains
villages arabes israéliens contaminés par la lèpre terroriste.
Eizenkot et les Golanis |
Tsahal a précisé qu’il est tenu de
faire face à toute éventualité d’une guerre prochaine, même si elle lui paraît
improbable dans l’immédiat. En revanche,
les forces régulières terrestres, brigades d'infanterie Golani, Parachutistes
et Givati, auront dorénavant une activité opérationnelle scindée en deux
parties d’égale intérêt et d’égale durée. Les activités opérationnelles
occuperont la moitié du temps tandis que l’autre moitié sera consacrée à la
formation pour adapter la technique à l’évolution des risques internes et des
situations politiques : «Nous allons combler les lacunes de
sécurité de routine en utilisant les forces réservistes. Tsahal a atteint un niveau
record en ce qui concerne l’armement guidé de précision».
Enfin, le
développement du terrorisme international a conduit Tsahal à impliquer
de plus en plus l’armée pour la défense des frontières certes, mais aussi pour
la défense des citoyens civils. Les échanges existants avec de nombreuses
armées étrangères permettront de mettre sur pied un embryon de défense internationale
contre les islamistes radicaux. L’accroissement des attentats en France incite
à une collaboration étroite avec les services français, de manière plus ouverte et moins discrète.
Intéressant et documenté. Mais on s'y perd entre les Hezbollah, le Hamas, les Takfiris..dans ce panier de crabes .La Syrie en 5 morceaux , c'était avant Sykes Picot et ce sera la solution pour l'avenir .
RépondreSupprimerAndré M
Tribune juive