TERRORISME INTERNATIONAL
Par
Jacques BENILLOUCHE
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Attentat Champs Elysées |
Israël
a été le laboratoire original où ont été expérimentés tous les projets terroristes
qui ont essaimé en Occident. On pensait alors qu’il s’agissait
purement d’une affaire intérieure à l’État juif qui payait pour ne pas avoir «réglé»
le conflit palestinien. Israël était montré du doigt comme le vilain petit
canard qui dérange parce qu’il est à l’origine du terrorisme kamikaze qui fait trembler
le monde aujourd’hui. Oui, les terroristes, comme celui qui a agi aux Champs Élysées, peuvent être qualifiés de kamikazes puisqu'ils savent que le maillage policier ne leur donne aucune chance de pouvoir s’en
tirer vivants.
Attentat de Lod |
Les
premières expériences d'attentat-suicide ont été l’œuvre du Hezbollah puis des
Palestiniens du djihad islamique et du Hamas. Ils ont, les premiers, conçu les
détournements d’avion avec comme point de mire la tragédie du 11 septembre 2001
qui a prouvé que le terrorisme était exportable. Puis le mode opératoire a
inspiré les groupes terroristes islamistes dans le monde.
Les nombreux attentats-suicides sanglants
perpétrés en Israël, n’avaient pas tellement ému une communauté internationale incrédule
face à des fous de Dieu qui choisissaient la mort pour se distinguer. Alors l’Occident
a rapproché ces faits des vrais kamikazes, ces adolescents sacrifiés contre les
navires de guerre américains en 1945, sur l’insistance des généraux du Mikado
qui espéraient encore éviter la défaite. Ils avaient inventé une méthode
esthétique pour mourir dans la gloire mais aussi dans l’inutilité. La mort devenait
une sorte de victoire posthume.
Fedayins |
Dans
les années 1970 sont apparus le fedayin qui tirent leur nom du sacrifice
pour quelque chose ou pour quelqu'un; ces petits groupes de commandos
palestiniens avaient décidé de s'opposer à Israël par les armes. Ils sont à
la base des mouvements comme le Hamas, ou le djihad islamique. Le coup d’envoi
de ces «sacrifices» avait été justement donné en Israël par des Japonais.
L'attentat de Lod, perpétré le 30 mai 1972, a été l’acte de naissance du terrorisme
international. Trois Japonais appartenant à une organisation terroriste
japonaise, alliée au FPLP de George Habache, le Nihon Sekigun, l'Armée rouge
japonaise issue des mouvements étudiants d'extrême gauche de l'année 1968, ont
sorti de leurs bagages des grenades et des fusils mitrailleurs dans le hall de
l'aéroport de Tel-Aviv. En tirant dans la foule des voyageurs, ils ont fait 26
morts et une centaine de blessés. Ce fut le premier attentat-suicide de
l'Histoire, perpétré en Israël, laboratoire du hightech et du malheur terroriste, qui
donna des idées à l’ensemble du monde arabe et aux Palestiniens des camps de
réfugiés qui virent ainsi la preuve de la vulnérabilité de l’État juif. On se demande d’ailleurs si cette fragilité n’a pas
donné des idées à l’armée égyptienne pour mener la guerre du Kippour en 1973.
Le
coup d’envoi avait été donné par le colonel libyen Kadhafi qui pensait avoir trouvé la
faille israélienne : «les opérations de Fedayin ne doivent pas être seulement
pratiquées par des Japonais : pourquoi les Palestiniens ne seraient-ils pas
capables d'exécuter de telles opérations ? On les voit écrire plein de théories
dans des livres ou des magazines, mais ils sont incapables de pratiquer des
opérations aussi courageuses que celle effectuée par des Japonais venus de
l'océan Pacifique». L’idée avait été lancée et reprise au bond par les
terroristes arabes qui avaient alors fait appel à l'Armée rouge japonaise pour recevoir des instructeurs en arts martiaux dans les camps d'entraînement du
Hezbollah du Liban-Sud.
Le Japonais, Kozo Okamoto, membre de l'armée Rouge japonaise et unique survivant de l'attentat de l'aéroport de Lod, avait obtenu sa carte de réfugié politique au Sud-Liban après avoir été échangé, en 1985, contre un militaire israélien retenu en otage au Liban.
Kozo Okamoto accueilli en héros par les Palestiniens |
L’interprétation
que les attentats sont inspirés par le Coran est une fausse vue de l’esprit. Le
précédent de Lod avait agi comme un catalyseur pour trouver dans la mort
volontaire un acte de bravoure afin de compenser la mollesse d’une génération passive. Tout comme a été passif le comportement égoïste des Occidentaux
qui ont fermé les yeux sur la présence de membres du groupe terroriste japonais
dans les camps d'entraînement de la vallée de la Bekaa libanaise.
Cette
passivité a revigoré la combativité des dirigeants terroristes qui ont pris le
relais de l’Armée rouge japonaise pour se lancer dans l'internationale
terroriste de Ben Laden. Les réseaux islamistes, qui n’ont pas été combattus, parce qu’on croyait qu’ils ne concernaient que le conflit israélo-palestinien,
explosent à présent aux yeux du monde.
Hezbollah au Sud-Liban |
Les
Occidentaux comprennent, mais un peu tard, que le combat contre Israël n’était
qu’un alibi pour polluer le monde libre et pour propager la lèpre terroriste.
Il serait temps qu’ils cessent de voir Israël comme un monstre de l’apartheid,
créé pour victimiser le peuple palestinien. Ils doivent enfin comprendre
l'évolution du terrorisme international qui, petit à petit, s'impose comme une
forme de guerre subversive pour la conquête du monde et non uniquement comme un
outil de pression pour faire aboutir la revendication palestinienne.
L’éradication
du terrorisme passe par une collaboration totale entre les polices et les
services de renseignement du monde libre. Israël, qui a vu naître le terrorisme
chez lui est devenu un expert avec lequel il faut compter à présent. Peu de
candidats à la présidentielle ont fait le choix officiel de s’allier avec le «petit
pays de merde» comme l’avait qualifié en 2001 l’Ambassadeur français
à Londres, Daniel Bernard. Ils auraient dû soulever la question ouvertement sans craindre que cela soit interprété comme une compromission avec Israël.
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