François Fillon a
réussi à imposer sa candidature, envers et contre tous ceux, qui pensaient
pouvoir, l’obliger à se retirer, à «le débrancher,
sans l’humilier» comme l’avait déclaré Nicolas Sarkozy. Le succès de
la manifestation de dimanche au Trocadéro, bien qu’elle n’ait pas réuni deux
cent milles personnes, comme l’ont annoncé les organisateurs, a convaincu les
responsables de la droite que François Fillon était indéboulonnable. En effet,
il pouvait s’appuyer sur un socle solide d’électeurs, qui lui sont restés
fidèles, il n’est jamais descendu en dessous de 17% en dépit de ses aléas
judiciaires et d’une mise en examen probable.
Les dirigeants de «
Les Républicains » qui
voulaient s’en débarrasser, lui ont fait allégeance, à l’unanimité, 48 heures
plus tard. Mais dans leur for intérieur, beaucoup sont persuadés qu’il les
conduit, droit dans le mur. La droite est divisée sur sa stratégie, sur ses
valeurs, le virage populiste pris par Fillon, son appel au peuple, contre
l’institution judiciaire, le succès qui en a résulté, fragilise la démocratie
et beaucoup s’en inquiète.
La gauche ne se
trouve pas dans un meilleur état, elle est divisée, elle est fragmentée. Deux
candidats vont la représenter. Le premier, Benoit Hamon, bien que vainqueur de
la primaire de la gauche, est loin de faire l’unanimité dans son propre parti, dans
lequel coexistent, mais pour combien de temps encore, deux tendances qui semblent
irréconciliables. Le second, Jean-Luc Mélenchon, est le candidat de la France
insoumise, c’est-à-dire la gauche de la gauche. Aucun des deux, n’ira
au-delà du premier tour de l’élection dans la mesure où ni l’un ni l’autre ne
dépassera les 13 ou 14% des suffrages.
Un accord pour une candidature unique aurait, pourtant, permis à la
gauche d’être présente au second tour mais il a été impossible à réaliser.
L’hypothèque
Fillon levée, la campagne électorale va pouvoir enfin débuter. Nous allons pouvoir
comparer les programmes, assister à des débats et voir se confronter les
candidats. Nous allons savoir si le programme de Fillon est toujours aussi
radical, nous allons connaitre le chiffrage de celui d’Hamon. Mais n’en doutons pas, la campagne sera
dominée par le rejet des partis traditionnels, dû à leur fonctionnement
sclérosé, à leur incapacité à réaliser les réformes dont le pays a besoin pour
lutter contre le chômage et la pauvreté, à la coupure réelle ou supposée, en
tout cas ressentie, entre les dirigeants et leurs mandants.
La période de
flottement que nous avons traversée ces dernières semaines, a profité à deux
candidats que, tout oppose bien entendu, à Marine Le Pen qui est toujours en
tête des sondages et à Emmanuel Macron qui la talonne mais probablement ne la
dépassera pas. La candidate du Front National est contre la mondialisation,
contre l’immigration, contre l’Europe, contre les élites, pour le
protectionnisme, pour le retour à une monnaie nationale, et sur le plan social,
elle fait des propositions que ne désavouerait pas Jean-Luc Mélenchon mais sans
les budgétiser bien sur.
Tout au contraire,
le candidat d’En Marche ! ne
rejette pas la mondialisation, il propose une transformation économique et
sociale radicale : « Nous
sommes dans une société de statuts, je veux une société de mobilité » a-t-il déclaré. Il est pro-européen, il est pour une France ouverte, il veut
regrouper les progressistes de droite comme de gauche contre les conservateurs.
Il se heurtera à la fois à la gauche et à la droite.
Un tiers des Français
sont d’accord avec les idées du Front National et sont résolument décidés à
voter pour Marine Le Pen, lui assurant ainsi sa présence au deuxième tour. Mais
malgré les efforts de la candidate du Front National pour dédiaboliser son parti,
les résultats de l’enquête annuelle effectuée, pour France info et le
Monde, par Kantar Sofres-One Point, montrent que le parti d’extrême-droite
représente encore un danger pour une majorité de Français bien qu’ils puissent partager
un certain nombre des idées qu’elle défend. Cela peut paraitre, à première vue
rassurant, il existerait toujours un plafond de verre sur lequel elle viendrait
buter. Tant mieux, mais on ne se trouve plus dans la situation politique de 2002.
Plusieurs
hypothèses sont à prendre en compte. Dans un deuxième tour qui opposerait
François Fillon à Marine Le Pen, il n’est pas certain qu’une grande partie des électeurs de gauche choisiraient de
reporter leurs voix sur François Fillon et Marine Le Pen aurait ses chances.
Dans un deuxième tour qui opposerait Benoît Hamon ou Jean-Luc Mélenchon à
Marine Le Pen, peu vraisemblable mais il faut l’envisager, l’électorat de
droite ne voterait pas pour le candidat de gauche et Marine Le Pen serait élue.
Dans un deuxième
tour qui opposerait Emmanuel Macron à Marine Le Pen, cette dernière pourrait
être battue à condition qu’Emmanuel Macron ait réussi à se maintenir à
équidistance de la droite comme de la gauche, ce qui n’est pas évident, et
qu’un certain nombre d’électeurs de gauche comme de droite ne se réfugient pas
dans l’abstention ou le vote blanc. Marine Le Pen peut gagner, tout est
possible dans cette campagne électorale insolite.
Finalement, à part peut-être le catalogue de La Redoute..... quel est le journaliste qui ne défend pas Macron ? L'opportunité du calendrier électoral pour "dévisser" Fillon n'a pas réussi à convaincre ses électeurs. Les commentaires des "experts" du petit écran, des radios et des journaux nous martèlent jour après jour l'épouvantail Le Pen et Le "populisme" du candidat de droite, une façon peu démocratique de traiter l'info. Fillon veut-il quitter l'Europe? Non. Veut-il revenir au franc? Non. Trop court ici pour énumérer les autres sujets de discorde entre les deux candidats.
RépondreSupprimerEn revanche il propose un plan d'austérité pour redresser la France qui en a bien besoin. C'est évidemment moins vendeur que les rêves présentés à gauche. Dans ce contexte où la bien-pensance se complaît dans la nouveauté d'un " ni droite ni gauche", alors que Macron est le descendant direct de Hollande, Fillon, s'il est élu, aura eu le mérite de défier le monde médiatique et au-delà, les magistrats instrumentalisés par le pouvoir actuel qui les a nommés.
Non Monsieur Akoun, Marine Le Pen ne pourra pas gagner...si toutefois votre profession voulait bien être plus objectif sur les propositions du candidat de la droite traditionnelle!
Cordialement
Non Marine Le Pen ne gagnera pas. Toute la classe politico-judiciaro-médiatique est derrière Macron, et nous explique que Marine Le Pen est la pire des catastrophes qui pourrait arriver à la France, à l'UE et au monde, au cas où elle serait élue.
RépondreSupprimerDe même que Hollande a été élu en 2012, Macron - dont Hollande dit : "Macron, c'est moi !" - sera élu en mai prochain, pour le plus grand bonheur de ces "socialo-centristes" qui ont quitté Fillon pour Macron, sans revenir.
Notre seule consolation : la France aura le Président le plus jeune et le plus beau, celui dont le regard est bon, comme nous en a assuré une journaliste, hier. En tous les cas, celui qui a toujours des costumes bien coupés et de souliers bien cirés !
En somme, ce sera notre Obama, à nous !
Désolé mais à droite il y a deux candidats et à gauche trois dont Emmanuel Macron, contrairement à ce que vous écrivez.
RépondreSupprimerDans le cas où Macron se retrouve avec Le Pen au deuxième tour les électeurs de droite ne voteront pas Macron pour deux raisons:
La première est qu'ils ne veulent plus d'un quinquennat à gauche
Et la deuxième est qu'ils ne supportent plus que la Pensée Unique, dont vous paraissez faire partie et tant décriée par Philippe Val et Caroline Fourest, leur impose un candidat.
Bien cordialement