On s’y attendait, ce n’est pas
vraiment une surprise, Manuel Valls a annoncé, hier, qu’il voterait pour
Emmanuel Macron au premier tour de l’élection présidentielle. Certes, Il avait
la possibilité de garder le silence ; Il avait suffisamment montré qu’il
était en désaccord avec la campagne que mène Benoît Hamon pour que l’on sache
qu’il ne lui apporterait pas sa voix. En ne se prononçant pas, en jouant la
prudence, il aurait évité d’être accusé de reniement de la parole donnée, celle
de soutenir le vainqueur, «quel qu’il soit» de la primaire.
Mais ce n’est pas
dans son tempérament, c’est un fonceur, la place de quatrième dans les sondages
pour Benoît Hamon, derrière un Jean Luc Mélenchon qui ne cesse de grimper, son
incapacité à élargir son électorat, permettait à Manuel Valls de justifier «sa
trahison» par l’intérêt supérieur de la nation.
«Je prends mes responsabilités, ce n’est pas
une question de cœur mais une question de raison. L’intérêt supérieur du pays va
au-delà des règles d’un parti ou d’une commission… Emmanuel Macron doit
permettre d’éviter une victoire du Front National» a-t-il déclaré sur
BFM-TV et RMC. En prenant position, aussi fermement contre Benoît Hamon, Manuel
Valls tire les conclusions de ce qu’il avait déjà formulé, il existe au sein du
Parti socialiste deux gauches irréconciliables. Le parti est fracturé, irréparable
et sous les pressions conjuguées de Macron et de Mélenchon, plus d’ailleurs de
Macron que de Mélenchon, il risque d’imploser.
Valls veut
regrouper, autour de lui, les réformistes, les sociaux démocrates du parti
socialiste, leur proposer une autre voie que celle qui consiste à rejoindre les
rangs d’En Marche, d’autant que l’accès y devient plus difficile. Emmanuel
Macron a durci le ton, il a déclaré «que les élus qui réclament l’investiture d’En Marche pour les
législatives devront quitter leur ancien parti. Chacun de nos candidats sera
investi sous la bannière de la majorité présidentielle et non d’une étiquette
ancienne et devra se rattacher politiquement et administrativement à cette
majorité». Il y a quelques mois, la double étiquette était encore
admise ! Un candidat pouvait être à la fois PS et En Marche. La double
allégeance n’est plus de mise !! Il y a sans doute un trop plein de
candidats et Emmanuel Macron prône le renouvellement des visages et se méfie
des rêveurs, des opportunistes, des ambitieux. Il veut un sang neuf, il y aura
beaucoup de déçus.
La commission
d’investiture du mouvement En Marche se préoccupe du troisième tour de
la présidentielle, c'est-à-dire des élections législatives. Elle doit
sélectionner 577 candidats dont la moitié devront être des femmes ou des primo
accédants, issus de la société civile. Des places, en nombre limité, seront
attribuées à des socialistes et à des membres du Modem. En Marche n’a pas de députés sortants à
l’exception de ceux qui sont issus du PS ou du Modem, et qui, a priori, seront
reconduits.
Or les élections
législatives constitueront 577 petites présidentielles dans lesquelles, la
personnalité du candidat, son implantation, plus ou moins récente, et son
métier peuvent être déterminants. C’est une élection à deux tours et pour
pouvoir se maintenir au second tour il faut avoir réuni, au moins 12,5% des
inscrits. En Marche aura besoin d’alliés qu’il aura du mal à trouver si
Emmanuel Macron continue à tenir des propos désagréables à leur
intention : «Notre pays
n’a besoin ni de la gauche de 1981(...) ni de la droite de 1934» Il a
pourtant plus de chance de trouver des alliés à gauche que chez les factieux
pour battre Marine Le Pen. Les placer sur le même plan est insultant.
Il faudrait un raz
de marée électoral en faveur d’Emmanuel Macron pour que n’importe quel candidat,
se réclamant de lui, puisse être élu. Ce qui pour l’heure, n’est pas le cas,
aucun candidat ne s’envole vraiment. Bien
implanté, le parti Les Républicains, espère faire élire au moins 250
députés. A défaut d’un président de la
République, il souhaite avoir une majorité relative à l’assemblée et provoquer
une cohabitation. La gauche émiettée, pour ce qu’il en restera, essaiera de
sauver les meubles. Les réformistes, les
sociaux-démocrates qui auront refusé de rejoindre Macron pourraient, sous certaines
conditions, s’allier à Manuel Valls. Emmanuel Macron espère, à l’image de ce
qui s’est passé en 1981 avec François Mitterrand, «que les Français, qui
l’auraient élu, lui donneront les moyens de gouverner». Mais la
situation était différente, les Français avaient soif de changement après plus
de vingt années de pouvoir, sans partage, de la droite,
Après la défection
de Manuel Valls, nous avons entendu Benoît Hamon appeler, mais c’est bien
tardif, la gauche à se rassembler «J’appelle
Jean-Luc Mélenchon, Pierre Laurent et les communistes à unir leurs forces aux
miennes» mais tout en précisant qu’il était «le seul à pouvoir conjuguer des électorats
différents, des radicaux aux plus modérés» ; il s’est, comme de bien
entendu, attiré un refus cinglant de Jean-Luc Mélenchon.
Nous sommes à
J-25, cette campagne électorale insolite peut encore nous réserver des
surprises.
La médiocrité de cette campagne où il n'a été question que des "affaires" des uns et des autres des candidats, plutôt que de donner l'occasion aux Français de se poser des questions de fond, restera dans les annales de cette Vème République à bout de souffle.
RépondreSupprimerLa classe judiciaro-médiatico-politique s'est occupée méthodiquement à éliminer tous les candidats potentiellement éligibles de droite comme de gauche, jusqu'à ce qu'il ne reste en lice qu'Emmanuel Macron pour affronter Marine Le Pen au second tour de cette présidentielle.
Il est très impressionnant de constater que Macron, qui a entériné son succès à l'élection présidentielle, est déjà tout occupé des élections législatives.
Comment mieux faire comprendre aux Français que les jeux sont faits, en dehors d'eux, et que leur vote n'y changera rien ?
Il y a bien sûr toujours le score de Marine Le Pen qui ne se dément pas dans les sondages. Si certains sondeurs la voient perdre des points, d'autres affirment qu'elle devance toujours Macron au premier tour.
Il y a aussi le score de Jean-Luc Mélenchon qui continue de progresser jusqu'à avoir poussé Hamon hors de la compétition.
Mais pour Macron, ce ne sont-là que broutilles dont il ne s'abaissera pas à tenir compte.
Est-ce de là que pourraient venir les "surprises" dont parle monsieur Akoun ?
RépondreSupprimerJe ne vois pas d'où pourrez provenir les surprises puisque l'univers impitoyable des journalistes instrumentalisés par les politiques ont amalgamé la mise en examen des époux Fillon à la présomption de culpabilité ! Ce qui revient à penser que la route est tracée pour Macron qui sera le prochain président et tant pis si pour lui la Guyane est une île, tant pis si pour lui la colonisation française en Algérie a été un crime contre l'humanité, tant pis si son bras droit Richard Ferrand a octroyé une somme d'argent de sa réserve parlementaire aux besoins d'une école palestinienne, ce qui en dit long de l'influence qu'il aura sur son patron concernant le conflit israélo-palestinien, tout lui sera pardonné, ainsi en a décidé la politique du parti pris.
À moins que la surprise n'advienne de l'abstention d'une bonne partie des électeurs de droite, mais aussi de gauche qui ne se reconnaissent plus dans cette élection faussée, écœurés par ces manipulations outrancières...politiques et médiatiques.