LES PISTES DE L’ASSASSINAT DU COMMANDANT DU HAMAS À GAZA
Par Jacques BENILLOUCHE
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Mazan Fukha |
Des assaillants inconnus ont abattu, le 24 mars, Mazan Fukha devant sa maison de Tel Al-Hawa dans la bande de Gaza. Il avait été libéré en 2011 dans le cadre de l’échange de prisonniers contre le soldat Guilad Shalit. Il est certain que l’assassinat a été un travail de professionnel puisqu’il a été tué à bout portant, de quatre balles dans la tête avec une arme silencieuse. Le tueur a pu s’échapper. Hussam Badran, porte-parole international du Hamas, avait alors accusé Israël d’en être l’auteur : «L'occupation est responsable de cet assassinat. Netanyahou sait que cela ne passera pas tranquillement».
Enterrement de Fukha |
Mazan
Fukha,
originaire de Tubas, ville palestinienne située à 21 km au nord de Naplouse en
Cisjordanie, avait été condamné par Israël à neuf peines d'emprisonnement à
perpétuité en 2003 pour son rôle dans la planification et l'exécution d'un
attentat suicide contre un autobus d’Egged près de Safed, qui avait tué neuf
personnes. Mais Israël n’est pas le seul à être suspecté.
Le Hamas, les Salafistes de Gaza et l’Autorité palestinienne avaient eux-aussi de
sérieuses raisons de l’éliminer.
Fukha lors de sa libération |
Bien
sûr les regards se sont d’abord portés sur Israël qui n’avait certes pas
apprécié le comportement de Fukha, après sa libération. Les terroristes élargis signent un document où ils s'engagent à renoncer au terrorisme. Or Fukha n’avait pas abandonné
ses activités terroristes puisqu’il dirigeait les cellules du Hamas de
Cisjordanie depuis Gaza, sous le commandement de Saleh Al-Arouri, membre
fondateur des Brigades Azzedine al-Qasem, l'aile armée du Hamas. Il avait
planifié et exécuté, avec les cellules militaires de Cisjordanie, des attaques
contre Israël. En tant qu’adjoint d’Al-Arouri, il était responsable des
attaques en Israël ou contre des objectifs israéliens.
Il était devenu la cible du Shin Beth qui, avec l’aide des forces de sécurité palestiniennes, avait collaboré pour arrêter les membres de ces cellules terroristes. Le Shin Beth avait intercepté et diffusé des rapports rédigés par Fukha, concernant l’activité de la branche de Cisjordanie avec d’autres prisonniers libérés. Le Hamas avait alors estimé que l’assassinat était un message adressé d’une part aux prisonniers libérés à Gaza qui sont retournés à l’activité terroriste et d’autre part, au nouveau leader Yahya Sinwar pour lui faire comprendre que nul au Hamas n’est à l’abri des menaces israéliennes.
Il était devenu la cible du Shin Beth qui, avec l’aide des forces de sécurité palestiniennes, avait collaboré pour arrêter les membres de ces cellules terroristes. Le Shin Beth avait intercepté et diffusé des rapports rédigés par Fukha, concernant l’activité de la branche de Cisjordanie avec d’autres prisonniers libérés. Le Hamas avait alors estimé que l’assassinat était un message adressé d’une part aux prisonniers libérés à Gaza qui sont retournés à l’activité terroriste et d’autre part, au nouveau leader Yahya Sinwar pour lui faire comprendre que nul au Hamas n’est à l’abri des menaces israéliennes.
Sinwar |
Le
Hamas pourrait être aussi derrière l’assassinat de Fukha qui n’aurait pas suivi
à la lettre les ordres du commandement suprême et qui aurait fait preuve d’une
certaine autonomie, voire d’une volonté de compétitivité. On n’aime pas les
têtes qui dépassent. On se souvient des méthodes expéditives du Hamas lorsqu’il
a exécuté, en février 2016, Mahmoud Eshtewi, sous l’accusation d’avoir dévoilé
le repaire de Mohamed Deif, chef militaire, et d’avoir coopéré avec Israël. En
fait l’accusation était fantaisiste. Eshtewi avait été liquidé en raison de ses
critiques ouvertes et répétées contre Yahya Sinwar qui n’a eu aucun scrupule à
tuer une dizaine de ses collaborateurs. Il est probable aussi que Mazan Fukha ait
été retourné durant sa captivité en Israël, qu’il ait été un agent double et
que le Hamas l’ait repéré.
Salafistes de Gaza |
Le
mouvement salafiste pourrait ne pas être étranger à cet assassinat dans le
cadre d’une volonté de représailles. Le
Hamas a arrêté des centaines de ses membres affiliés à Daesh pour renouer les
liens rompus avec le président égyptien Al-Sissi qui souhaite combattre le terrorisme au Nord-Sinaï. Il s’agissait pour le Hamas de démontrer
son revirement politique après avoir collaboré jadis avec les Frères musulmans.
Par ailleurs, pour éviter les représailles israéliennes qui lui faisaient un
gros tort, le Hamas avait arrêté les salafistes responsables des tirs de
roquettes contre Israël. Le mouvement djihadiste
s’est donc vengé en supprimant l’un des principaux commandants qui ne disposait
pas d’une protection efficace à l’instar des autres grands dirigeants.
Enfin l’Autorité palestinienne
pourrait ne pas être étrangère à cet assassinat car il s’agit pour elle de tout
faire pour affaiblir le Hamas en éliminant ses commandants charismatiques.
Mahmoud Abbas finance toujours des hommes à lui, anciens des services de sécurité
dans la bande de Gaza, qui auraient pu se charger de l'élimination. Il n’a pas renoncé à reprendre pied là où il a été
expulsé en 2007 et pour cela, il est prêt à s'attaquer aux dirigeants du Hamas.
C'est sûr qu'ISRAEL est tout désigné pour cet assassinat; cependant, connaissant les acteurs arabo/palestiniens du Fatah, Hamas et autres mouvements, étant donné l'absence de méthodes démocratiques dans leur total fonctionnement, il n'est pas exclu que ce soit un assassinat objet de guéguerre entre frères ennemis.
RépondreSupprimerEffectivement des terroristes sans foi loi ne s'arrêtent pas à l'élimination d'un ou dix anciens collaborateurs.... Mais bien sûr le réglement de compte est plus facile quand l'on a un ennemi commun facile à incriminé.israel cible ...Et la prochaine serait possiblement Yahia Sinwar...???
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