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vendredi 31 mars 2017

Les pistes de l'assassinat du commandant du Hamas


LES PISTES DE L’ASSASSINAT DU COMMANDANT DU HAMAS À GAZA 

Par Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps


Mazan Fukha
            
          Des assaillants inconnus ont abattu, le 24 mars, Mazan Fukha devant sa maison de Tel Al-Hawa dans la bande de Gaza. Il avait été libéré en 2011 dans le cadre de l’échange de prisonniers contre le soldat Guilad Shalit. Il est certain que l’assassinat a été un travail de professionnel puisqu’il a été tué à bout portant, de quatre balles dans la tête avec une arme silencieuse. Le tueur a pu s’échapper. Hussam Badran, porte-parole international du Hamas, avait alors accusé Israël d’en être l’auteur : «L'occupation est responsable de cet assassinat. Netanyahou sait que cela ne passera pas tranquillement».  





Enterrement de Fukha
   
            Mazan Fukha, originaire de Tubas, ville palestinienne située à 21 km au nord de Naplouse en Cisjordanie, avait été condamné par Israël à neuf peines d'emprisonnement à perpétuité en 2003 pour son rôle dans la planification et l'exécution d'un attentat suicide contre un autobus d’Egged près de Safed, qui avait tué neuf personnes. Mais Israël n’est pas le seul à être suspecté. Le Hamas, les Salafistes de Gaza et l’Autorité palestinienne avaient eux-aussi de sérieuses raisons de l’éliminer.
Fukha lors de sa libération

            Bien sûr les regards se sont d’abord portés sur Israël qui n’avait certes pas apprécié le comportement de Fukha, après sa libération. Les terroristes élargis signent un document où ils s'engagent à renoncer au terrorisme. Or Fukha n’avait pas abandonné ses activités terroristes puisqu’il dirigeait les cellules du Hamas de Cisjordanie depuis Gaza, sous le commandement de Saleh Al-Arouri, membre fondateur des Brigades Azzedine al-Qasem, l'aile armée du Hamas. Il avait planifié et exécuté, avec les cellules militaires de Cisjordanie, des attaques contre Israël. En tant qu’adjoint d’Al-Arouri, il était responsable des attaques en Israël ou contre des objectifs israéliens. 
          Il était devenu la cible du Shin Beth qui, avec l’aide des forces de sécurité palestiniennes, avait collaboré pour arrêter les membres de ces cellules terroristes. Le Shin Beth avait intercepté et diffusé des rapports rédigés par Fukha, concernant l’activité de la branche de Cisjordanie avec d’autres prisonniers libérés. Le Hamas avait alors estimé que l’assassinat était un message adressé d’une part aux prisonniers libérés à Gaza qui sont retournés à l’activité terroriste et d’autre part, au nouveau leader Yahya Sinwar pour lui faire comprendre que nul au Hamas n’est à l’abri des menaces israéliennes.
Sinwar

            Le Hamas pourrait être aussi derrière l’assassinat de Fukha qui n’aurait pas suivi à la lettre les ordres du commandement suprême et qui aurait fait preuve d’une certaine autonomie, voire d’une volonté de compétitivité. On n’aime pas les têtes qui dépassent. On se souvient des méthodes expéditives du Hamas lorsqu’il a exécuté, en février 2016, Mahmoud Eshtewi, sous l’accusation d’avoir dévoilé le repaire de Mohamed Deif, chef militaire, et d’avoir coopéré avec Israël. En fait l’accusation était fantaisiste. Eshtewi avait été liquidé en raison de ses critiques ouvertes et répétées contre Yahya Sinwar qui n’a eu aucun scrupule à tuer une dizaine de ses collaborateurs. Il est probable aussi que Mazan Fukha ait été retourné durant sa captivité en Israël, qu’il ait été un agent double et que le Hamas l’ait repéré.
Salafistes de Gaza

            Le mouvement salafiste pourrait ne pas être étranger à cet assassinat dans le cadre d’une volonté de représailles.  Le Hamas a arrêté des centaines de ses membres affiliés à Daesh pour renouer les liens rompus avec le président égyptien Al-Sissi qui souhaite combattre le terrorisme au Nord-Sinaï. Il s’agissait pour le Hamas de démontrer son revirement politique après avoir collaboré jadis avec les Frères musulmans. Par ailleurs, pour éviter les représailles israéliennes qui lui faisaient un gros tort, le Hamas avait arrêté les salafistes responsables des tirs de roquettes contre Israël. Le mouvement djihadiste s’est donc vengé en supprimant l’un des principaux commandants qui ne disposait pas d’une protection efficace à l’instar des autres grands dirigeants. 
            Enfin l’Autorité palestinienne pourrait ne pas être étrangère à cet assassinat car il s’agit pour elle de tout faire pour affaiblir le Hamas en éliminant ses commandants charismatiques. Mahmoud Abbas finance toujours des hommes à lui, anciens des services de sécurité dans la bande de Gaza, qui auraient pu se charger de l'élimination. Il n’a pas renoncé à reprendre pied là où il a été expulsé en 2007 et pour cela, il est prêt à s'attaquer aux dirigeants du Hamas.

2 commentaires:

  1. Hamdellah ABRAZ28 mars 2017 à 14:11

    C'est sûr qu'ISRAEL est tout désigné pour cet assassinat; cependant, connaissant les acteurs arabo/palestiniens du Fatah, Hamas et autres mouvements, étant donné l'absence de méthodes démocratiques dans leur total fonctionnement, il n'est pas exclu que ce soit un assassinat objet de guéguerre entre frères ennemis.

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  2. Effectivement des terroristes sans foi loi ne s'arrêtent pas à l'élimination d'un ou dix anciens collaborateurs.... Mais bien sûr le réglement de compte est plus facile quand l'on a un ennemi commun facile à incriminé.israel cible ...Et la prochaine serait​ possiblement Yahia Sinwar...???

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