DAESH CIBLE LES CHRÉTIENS ABANDONNÉS DU SINAÏ
Par Jacques BENILLOUCHE
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l'église Saint-Pierre et Saint-Paul |
Dans la guerre que se livrent Daesh et l’armée égyptienne, les Chrétiens du Sinaï paraissent abandonnés à leur triste sort. Ils sont persécutés par les hordes islamiques qui procèdent à des incendies d’églises, des assassinats et des attentats-suicides. Ils ont abattu un homme dans sa maison près d’El-Arish, en présence de sa femme et de ses enfants. Cet exemple n’est pas le seul. Du 30 janvier au 24 février, on a dénombré déjà huit attaques terroristes dans le Nord-Sinaï contre la communauté chrétienne faisant 7 morts. Un homme a été décapité et un autre brûlé. Daesh avait diffusé une vidéo où il annonçait son intention de « libérer le Caire » parce que les coptes sont des «infidèles qui sont des agents de l’Occident contre les musulmans». Cette vidéo montrait aussi le kamikaze qui s’était fait exploser dans l'église Saint-Pierre et Saint-Paul, contiguë de la cathédrale copte Saint-Marc, le 11 décembre 2016 en tuant 29 fidèles coptes.
Eglise en feu |
La
panique s’est emparée de la communauté chrétienne qui a décidé de fuir le Sinaï
pour se réfugier à Ismaïlia au bord du canal de Suez. Les familles ont été
logées par les autorités dans des auberges de jeunesse et dans les locaux de l’église
anglicane. L’Église copte orthodoxe d’Égypte est désarmée face à ce terrorisme
qui la vise particulièrement. L’Égypte est le pays du Moyen-Orient qui comporte le plus de chrétiens avec 10% sur
90 millions de la population. Chaque
vague d’attentats pousse les Chrétiens du Nord-Sinaï à fuir face aux menaces
des islamistes. D’ailleurs la communauté qui comportait 5.000 personnes a été
réduite à 1.000 depuis 2011.
Le
gouvernement égyptien semble totalement dépassé par les événements et au lieu
de les protéger dans leurs villages, il se borne à les aider dans leur fuite en
les accueillant à Ismaïlia. Le président se borne à souligner l’importance de
lutter contre les
tentatives de «porter atteinte à la sécurité et à la stabilité en Égypte»
sans préciser les mesures qu’il compte prendre contre les terroristes. Le premier
ministre Shérif Ismail a ordonné le 25 février 2017 «la fourniture de prestation
de services aux familles» et a assuré que pape orthodoxe copte
Tawadros II était tenu informé des événements. La ministre de la Solidarité
sociale, Ghada Wally, s’est rendue à l'International Youth Hostel à Ismaïlia
pour s’assurer que les familles chrétiennes recevaient les aides nécessaires et
pour les assurer qu’elles seront bientôt de retour dans leurs foyers.
Chrétiens fuyant al-Arish |
Cette
vague d’attentats n’est pas nouvelle. En 2011, 23 chrétiens coptes ont été tués
dans un attentat suicide qui visait la messe du Nouvel An à l'Église Deux
Saints à Alexandrie. En 2016, le
Père Rafael Moussa de l’église Mar à El-Arish a été abattu par des militants de
Daesh tandis que la cathédrale du Caire a été bombardé en décembre 2016.
Paradoxalement
les Chrétiens se sentaient en sécurité sous le régime islamiste de Mohamed
Morsi mais leur situation s’est dégradée depuis sa chute parce que l’armée et
la police n’arrivent pas à venir à bout de l’insurrection islamiste du Sinaï. Les
Chrétiens sont particulièrement visés ; plus de 80 églises et des
propriétés chrétiennes ont été incendiées sous prétexte que les Chrétiens sont
accusés d’avoir eu un rôle dans la chute de Morsi.
Ansar Bayit al-Maqdis |
Les
terroristes du groupe Ansar Bayit al-Maqdis (maintenant appelé Wilayat Sinaï), sont
les maîtres du Nord-Sinaï depuis 2011. Ils
confisquent les biens chrétiens pour financer les activités du groupe. Cette politique est nouvelle depuis que le
groupe a fait allégeance à l’État islamique en novembre 2014. Tant que durera la répression contre les
Frères musulmans, le gouvernement aura du mal à endiguer la révolte islamiste.
En 48 heures, la quasi-totalité des
coptes vivant à el-Arish, une centaine de familles, a fui la capitale du
Nord-Sinaï depuis que la branche égyptienne de Daesh avait décidé de renforcer
ses attaques contre «les infidèles d'Égypte». Les prêtres ne peuvent plus circuler dans la
région. L'urgence est de recueillir ces familles perdues, de les rassurer et
d'organiser rapidement leur relogement à Ismaïlia. Les bénévoles se chargent de
trier les produits de première nécessité offerts par les habitants de la ville
: du fromage, du thon, des couches, du café, des médicaments et des
couvertures.
Mais le drame est qu’après avoir été
menacées par Daesh, les familles subissent la pression des services de
renseignements égyptiens qui les encadrent pour éviter qu’elles ne communiquent
avec l’extérieur. Elles sont volontairement mises à l'écart pour ne pas qu’elles
donnent des informations sur l’armée égyptienne et qu’elles dénoncent la lutte
antiterroriste inefficace de l'armée. Elles témoignent cependant de l'horreur
qu'elles ont subie là-bas, à force de vidéos et de photos prises sur les
téléphones portables : des corps d’hommes exécutés d’une balle dans la
tête, des enfants carbonisés, tous chrétiens.
Morts au Sinaï |
La question légitime qui se pose est
pourquoi, malgré sa puissance, l’armée égyptienne n’arrive pas à éradiquer les
terroristes et à reprendre le Nord-Sinaï. En fait tout s’explique par les
faiblesses du pouvoir central. Les violences font
pourtant rage depuis 2013. Des soldats égyptiens ainsi que des terroristes sont
régulièrement tués. L’information circule peu puisque les autorités
égyptiennes imposent une chape de plomb sur les événements dans cette zone.
Plusieurs sources font état de 700 à 2.000 morts du côté de l'armée, contre 1.000
à 2.000 du côté des djihadistes ; des pertes presque équivalentes pour des
effectifs disproportionnés. Tous les groupuscules islamistes regrouperaient 12.000
combattants face à une armée égyptienne pléthorique de 300.000 soldats, en
majorité des conscrits.
La principale mouvance islamiste du
nord basée à al-Arish, est Ansar Beit al-Maqdis (ABM). Jusqu’en 2000, ce groupe
ciblait Israël avec des attaques contre le gazoduc du Sinaï qui fournissait le
gaz naturel égyptien. Les forces armées ont alors commencé à traquer les
partisans d'ABM dans les villages du Nord-Sinaï en août 2013, ce qui entraîné
des attaques contre les institutions militaires et politiques jusqu'au Caire.
Les représailles furent terribles puisque l’armée égyptienne avait totalement
rasé le village d'al-Liftât, en janvier 2014.
Tanks égyptiens |
C'est absolument honteux de voir la façon dont toutes ces informations sont escamotées par les médias français !
RépondreSupprimerLes chrétiens d'Orient n'ont vraiment pas de chance.
RépondreSupprimerSi seulement les juifs étaient
responsables de leur exode alors là ils auraient eu le soutien de tout l'Occident
accompagné de prêchi-prêcha de la part du monde clérical avec en tête sa Sainteté Le Pape aux petits soins pour les exilés Syriens allant même jusqu'à leur baiser les pieds.
Indifférence ou soumission ?
Catholiques levez -vous pour vos frères au lieu de rester devant votre télé à écouter "on n'est pas couché". Sachez que vous l'êtes déjà.
Dans un article précédent j'avais évoqué cette indifférence du monde Catholique à ne pas se soulever et l'une de vos lectrices, qui se reconnaîtra, avait répondu en ces termes de "sagesse voir de dignité du peuple français".
Soumissions !!
Cordialement