CRAINTES SUR
L’INDÉPENDANCE DE LA COUR SUPRÊME D’ISRAËL
Par Jacques
BENILLOUCHE
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Cour Suprême |
Siège de la Cour suprême à Jérusalem |
Elle
peut être assimilée en France à la fois au Conseil Constitutionnel, au Conseil
d’État et à la Cour de Cassation. En raison de plusieurs arrêts et recours en faveur de Palestiniens
ou contre certaines implantations de Cisjordanie, la Cour a subi les attaques
de la droite nationaliste et même de plusieurs ministres. Elle est entrée en conflit
ouvert avec le gouvernement qui voulait planifier sa disparition et son
remplacement par une institution aux ordres des politiques.
Ayelet Shaked |
L’opposition
parlementaire est aujourd’hui atone, avec un chef de l’opposition travailliste
peu charismatique et désigné par défaut, une erreur de casting. La Cour suprême,
qui jouit d’une indépendance totale, joue parfois le rôle d’opposante à la
mainmise du gouvernement Netanyahou sur les rouages de l’État. Depuis sa
nomination au ministère de la Justice, Ayelet Shaked n’a cessé de vouloir modifier
la méthode de désignation des juges. Elle avait proposé une loi permettant leur
nomination, même contre l’avis défavorable de ceux qui y siègent déjà. Il n'est pas question de couleur politique, gauche ou droite, mais l'indépendance des juges peut être remise en question s'ils sont nommés par un gouvernement auquel ils seront redevables.
Jusqu’à
présent, les nouveaux juges sont nommés par un Comité composé de trois juges de
la Cour suprême, de deux représentants de l’Ordre des avocats, de deux
ministres du gouvernement et de deux magistrats. Tout nouveau juge doit être
désigné par au moins 7 des 9 membres. Pour limiter le poids de la Cour suprême qui dispose de la majorité de blocage,
Ayelet Shaked avait préconisé l’élection d’un juge à la majorité de plus de 50%
des votes. Mais la loi n’était pas passée à la Knesset.
Les quatre nouveaux juges |
Le
22 février, quatre nouveaux juges ont été désignés pour siéger à la Cour
suprême d'Israël, entraînant un changement radical dans cette instance puisque
la Cour devient plus conservatrice et plus à droite. Cette décision risque de
modifier l’équilibre des pouvoirs de la Cour suprême. D’âpres négociations entre les neuf membres de
la commission ont été nécessaires mais la ministre de la Justice est sortie
gagnante de ce bras de fer : «Le bateau de notre système judiciaire a
changé de cap ce soir. Ces nominations reflètent la diversité légale et humaine
tellement nécessaire à notre société, et qui, jusqu’à présent, manquait
terriblement à notre plus haute juridiction ». Ayelet Shaked avait considéré
que «l'orientation de la cour était déconnectée de la volonté du
peuple».
La Cour suprême a été contrainte
d’accepter ce compromis plutôt que de subir une modification de la composition
de la commission d’investiture. Après des mois d’impasse, l’actuelle
présidente de la Cour, Myriam Naor, a réussi à trouver un compromis qui préservera encore l'indépendance
de la cour.
Myriam NAOR |
À
l’exception du juge arabe chrétien Georges Karra, résident de Jaffa, qui était le
seul candidat de la présidente de la Cour suprême, trois nouveaux juges ont été
proposés par la ministre elle-même. David Mintz, juge de la cour du district de
Jérusalem, habite l’implantation de Dolev en Cisjordanie, suscitant un doute sur sa neutralité en
raison de ses positions conservatrices. Originaire du Royaume-Uni, il est passé
par le barreau avant d’être ordonné rabbin orthodoxe. Yaël Willner, juive orthodoxe, est spécialisée
dans les affaires civiles. Enfin Yossef Elron, président de la cour du district
de Haïfa, spécialiste des affaires criminelles, a bénéficié de l’appui de l’Association
israélienne du barreau, qui dispose de deux sièges au sein de la commission,
ainsi que de l’appui du ministre des Finances Moshe Kahlon.
Il serait anormal de
faire un procès d’intention à ceux qui doivent dire le droit avant tout, sans
tenir compte de leurs convictions personnelles. Ils savent que leur nouvelle fonction doit les rendre insensibles
aux éventuelles pressions de leurs amis politiques. Mais on ne peut ignorer les
attaques de certains détracteurs qui qualifient la Cour suprême de «Rehavia
Junta» du nom du quartier chic de Jérusalem, peuplé autrefois de
gauchistes laïcs élitistes. On craint cependant que la Cour soit plus libérale quand il s’agira
d’aborder les questions administratives votées par la Knesset. On a encore en
mémoire la présidence de Aaron Barak, lorsque la Cour avait fait preuve de plus
d’interventionnisme en forçant le gouvernement à modifier des lois votées par
la Knesset et jugées inconstitutionnelles.
Amona |
La
Cour, dans sa nouvelle composition, devra ainsi se prononcer sur la validité de
la loi controversée qui tend à exproprier rétroactivement des terres
palestiniennes. Ce sera le premier test sur la politique qui sera conduite par les
nouveaux juges. Il est prématuré de considérer que nous entrons dans une «révolution
conservatrice» puisque, malgré l’arrivée de trois nouveaux juges, les
conservateurs sont en minorité et ne disposeront pas de la présidence. Le
président est nommé à l’ancienneté et rien ne changera avant sept années encore.
Son influence restera primordiale et il représentera la vraie opposition face
au gouvernement d’Israël qui penche de plus en plus vers les extrémistes de
droite.
Dommage que vous ne posiez pas la question : un pays où 9 "juges" nommés par 9 autres personnes ayant la capacité d'annuler les lois votées par un Parlement de 120 membres, élus du peuple, est-il encore une démocratie?
RépondreSupprimerJe ne comprends pas: quand les juges de la Cour suprême sont de gauche la Cour est indépendante, s'ils sont de droite (la manière de les désigner étant identique) elle ne serait plus indépendante ?
RépondreSupprimerUn juge est un juge, indépendant par nature.
décidément, il faut tout réapprendre... les français, élevés dans la république des droits de l'homme, oublient tout quand ils arrivent ici...
RépondreSupprimerles cours d'appel ou de cassation ou suprêmes doivent servir de frein à un gouvernement qui dépasserait de par sa composition l'équilibre droite gauche....
donc quand on a un gouvernement de droite (s'il gouverne on se le demande mais qui est de droite, ça ne se discute plus!) donc quand on a gouvernement de droite, il faut des freins de gauche et pas de droite...
mais si la cour suprême est de droite ou conservatrice-religieuse, et que le gouvernement l'est aussi, on se demande à quoi va servir la cour suprême?
Compris?
on constate a nouveau l'orientation de l'article.
RépondreSupprimerou se trouve l'equilibre entre la KNESSET le gouvernement et la cour supreme.
la KNESSET represente la diversite de la population pas la cour supreme
le reequilibrage est indispensable
A GAUCHE TOUTE = NORMAL
MOINS A GAUCHE = CRAINTE SUR L'INDEPENDANCE DE LA COUR SUPREME
ARTICLE ORIENTE NON NEUTRE
georges