L’ASSASSINAT DE MOHAMED ZOUARI : UNE FICTION SUR LE MOSSAD
Par Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps
Ce
récit est une œuvre de pure fiction. Par conséquent toute ressemblance avec des
situations réelles ou avec des personnes existantes ou ayant existé ne saurait
être que fortuite.
Location de Yacht à Monastir |
Anton
et Alexandra viennent de se marier et ils ont choisi de passer leur voyage de
noces sur une plage de Tunisie, à Monastir plus précisément. Les prix défient
toute concurrence et la nature exotique du lieu changera de leur Russie natale,
froide en cette saison. Les actes terroristes ayant fait fuir les touristes,
les Européens boudent cette destination. Ils ont été remplacés en masse par les
citoyens des pays de l’Est, aux moyens limités, qui sont accueillis avec tous
les égards en Tunisie.
Anton
dispose d’un permis international de navigation ce qui lui donne l’occasion de choisir, pour ses vacances, l’originalité en louant un petit yacht-hôtel à moins de 300 euros par jour, à
la marina de Monastir. Il joint l’utile à l’agréable en s’adonnant à son sport
favori tout en profitant des plages de sable fin et des restaurants de poissons
achalandés tous les jours. Il passe ses journées en longeant la côte depuis Hammamet
jusqu’à l’île de Djerba, désertée par les touristes et surtout par les Juifs qui venaient en pèlerinage à la synagogue de la Ghriba
construite, selon la légende, par des pierres prélevées sur l’ancien temple de
Jérusalem. Il en a profité pour visiter Sfax, la deuxième ville et centre
économique de la Tunisie, à 140kms de Monastir, où sa femme profitait des
haltes pour acheter de quoi remplir sa garde-robe à bon marché.
Mohamed Zouari |
Nadia
est une journaliste politique tunisienne, vivant en Hongrie, qui travaille pour
la chaîne publique Duna TV, diffusant depuis Budapest. Manipulée par le Mossad qui l'a contactée à Vienne, elle a accepté de réaliser une
émission sur l’expert en drones Mohamed Zouari de l’aile militaire du Hamas.
Mohamed est d’origine tunisienne, comme elle, mais il s’est rapproché des
Palestiniens lorsqu’ils ont vécu en exil en Tunisie avec Yasser Arafat. Il
travaille pour eux et pour le Hezbollah depuis les années 1990, après avoir
quitté sa Tunisie natale.
Il
avait progressé dans l’organisation du Hamas jusqu’à être le chef du programme
de fabrication des drones. Mais un élément nouveau inquiétait les Israéliens car il était en train de mettre au point un sous-marin télécommandé capable d'atteindre des cibles navales et donc de mettre en danger la libre navigation des navires israéliens et la sécurité des champs gaziers au large de Haïfa. Il a perfectionné sa formation à Damas où il a vécu jusqu'en
2013. Nadia voulait informer les téléspectateurs sur le travail remarquable de
Zouari. Elle a eu beaucoup de mal à obtenir une interview mais elle a réussi à
faire jouer tous ses contacts pour le persuader que cela serait bon pour la
cause qu’il défendait. Il a fini par donner son accord en lui proposant une
rencontre à Sfax à l’occasion de sa visite chez ses parents.
Nadia, un ingénieur du son et un opérateur ont donc filmé, sous toutes les coutures, l’ingénieur arabe qui ne se doutait pas que ses photos pouvaient servir à le transformer en cible par ses ennemis. Il ne se doutait pas que Nadia, agent du Mossad, était en fait en mission de reconnaissance. Rendez-vous avait été donné le mardi 13 décembre dans un grand hôtel de Sfax où au cours d’un repas, était mis au point le déroulé de l’interview. Nadia est retournée à Budapest dès le mercredi 14 décembre après avoir fourni au Mossad une vidéo récente de Zouari, pour qu’il soit très précisément identifié afin d'éviter toute bavure.
Nadia, un ingénieur du son et un opérateur ont donc filmé, sous toutes les coutures, l’ingénieur arabe qui ne se doutait pas que ses photos pouvaient servir à le transformer en cible par ses ennemis. Il ne se doutait pas que Nadia, agent du Mossad, était en fait en mission de reconnaissance. Rendez-vous avait été donné le mardi 13 décembre dans un grand hôtel de Sfax où au cours d’un repas, était mis au point le déroulé de l’interview. Nadia est retournée à Budapest dès le mercredi 14 décembre après avoir fourni au Mossad une vidéo récente de Zouari, pour qu’il soit très précisément identifié afin d'éviter toute bavure.
Le
Mossad avait proposé au gouvernement l’élimination de cet ingénieur qui devenait
de plus en plus dangereux en armant le Hamas de drones et de bombes navales téléguidées. Quelques-uns de
ces objets volants sans pilote avaient d’ailleurs été interceptés par l’armée
israélienne avant qu’ils ne causent de dégâts. Le Mossad avait défendu auprès
du gouvernement sa thèse d’utiliser la manière forte et dissuasive en renouant
avec les assassinats ciblés. Mais il ne peut procéder à ce genre d’opérations
qu’après l’accord du gouvernement qui s’appuie sur une commission où les chefs
sécuritaires et un représentant du ministère de la justice, jouant le rôle
d’avocat de la victime, doivent approuver le choix de la cible. La démocratie
en Israël est ainsi faite que le gouvernement se doit de respecter la
procédure. La sentence a été votée et le sort de Zouari était scellé.
Yossi Cohen, patron du Mossad |
Sans confirmer officiellement l'implication du Mossad dans ce meurtre, Yossi Cohen a justifié de manière générale les actions de son organisation : "Notre travail consiste à soustraire les capacités stratégiques de nos ennemis, les capacités qui peuvent nuire à l'avenir et le bien-être des citoyens d'Israël. Lorsque nous sommes obligés, nous devons cibler les ennemis eux-mêmes, mais seulement lorsque l'utilisation de l'assassinat est seulement une partie d'une stratégie globale qui comprend des moyens et des outils aussi bien".
Yuri
et Mikhaïl ont atterri à l’aéroport de Tunis le jeudi 15 décembre. Ils ont
juste eu le temps de récupérer chacun une copie vidéo de l’entretien filmé des
mains d’un agent qui les attendait avant qu’il ne décolle lui-aussi pour l’Europe.
L’agent remit à chacun d’entre eux une valise contenant un fusil-mitrailleur muni
de silencieux, et les papiers de location d’un véhicule aux vitres teintées. Les
deux Ukrainiens se rendirent alors séparément, pour des raisons de sécurité, directement
à Sfax où les attendaient Igor qui avait passé son temps à identifier en
voiture les environs de l’habitation de Zouari.
Caméra de surveillance |
Igor
est un expert de la haute technologie contrairement aux «gros bras» Yuri
et Mikhaïl pour qui la cervelle avait débordé sur leurs muscles. À eux trois, les
caméras de surveillance situées à proximité du logement de Zouari ont été piratées
pour être manipulées à distance. Le système de surveillance a été infiltré pour
truquer les enregistrements. Au lieu de filmer les environs de l’opération, les
enregistrements montraient un autre endroit à une heure qui ne devait pas correspondre
à l’heure à laquelle Yuri et Mikhaïl devaient opérer. Igor, qui a truqué les
enregistrements, était doté d’un important degré de technicité et de
professionnalisme pour réussir à infiltrer le système de surveillance.
Le
travail avait été facilité parce que Zouari ne pensait pas être en danger. Il
ne vivait pas dans la clandestinité, se sentait en sécurité dans sa famille, et
dirigeait même un aéro-club au sud de la Tunisie. Il arrivait d’un court séjour
au Liban et en Turquie. Qui pouvait lui vouloir du mal dans son pays, si loin du théâtre d'opérations. Il avait d’ailleurs reçu sa concitoyenne Nadia sans
aucune méfiance.
La voiture de Zouari, criblée de balles |
Les
trois agents du Mossad ont passé la nuit à l'attendre dans leur voiture. Vers 2 heures du matin, dans le cadre discret de la ville endormie, au moment où Zouari arrivait chez lui avec son véhicule, Yuri a
tiré six balles à courte portée pour atteindre sa cible de trois balles dans la
tête pendant que Mikhaïl surveillait les environs pour couvrir son ami. Un
travail de pro, sans bavures et avec une froideur professionnelle, dans le silence de la nuit. Les deux
agents ont alors rejoint Igor qui les attendaient déjà au port de Sfax pour
monter sur le Yacht des nouveaux mariés russes, Anton et Alexandra, qui eurent
le beau rôle dans cette mission. Ils prirent la mer pour rejoindre le large, dans la nuit protectrice, où
les attendait un sous-marin israélien chargé de les rapatrier en Israël, tandis
que le yacht était abandonné, ancré, en pleine mer. Mission accomplie.
De
même que des savants iraniens ont été éliminés, Israël ne peut prendre le risque
de laisser ses ennemis se doter d’armes de destruction, sans réagir. Malheureusement,
en période de guerre, il n’y a aucune morale. Par ailleurs, le Mossad respecte
une règle jamais enfreinte. Aucun juif local ne peut être utilisé pour ses
missions afin d’éviter les éventuelles représailles pour leur implication. Les
Juifs de Tunisie restent en dehors du conflit israélo-palestinien mais il est
certain que cet épisode va faire réfléchir ceux qui s’accrochent encore à des
biens matériels pour continuer à vivre en danger dans un pays à forte présence
islamiste.
Un vrai polar. L'auteur a du talent. On croirait presque que c'est tiré de faits réels...
RépondreSupprimerC'est un super article ! Que ce soit un simple scénario ou un reportage et une analyse . Bravo l'artiste !
RépondreSupprimerTout est dit :bravo!Juste un détail; Anton et Nadia nouveaux mariés projettent t'ils des enfants inspirés par cette belle croisière? Certaines langues se délient, ils resteront comme leur arme : silencieux
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