C’est officiel, Emmanuel Macron est candidat à l’élection
présidentielle, il l’a annoncé hier matin à Bobigny, dans un centre de formation
et d’apprentissage de cette banlieue populaire de la Seine Saint Denis, où il
avait convoqué toute la presse. Une manière d’affirmer sa différence, par
rapport à ses concurrents de droite et de gauche, et son empathie pour la
jeunesse des banlieues.
On avait pu croire qu’Emmanuel Macron attendrait, par courtoisie
que François Hollande qui l’avait introduit en politique, qui en avait fait un
ministre, se prononçât sur sa propre candidature, avant d’annoncer,
éventuellement, la sienne. Après sa démission du gouvernement, il avait laissé
planer le doute, sur ses projets d’avenir, mais le succès rencontré par le
mouvement «En Marche» qu’il avait lancé, l’a convaincu que les idées
qu’il développait, trouvaient un écho suffisant dans la société française, pour
lui permettre de brûler les étapes, et de se présenter en 2017.
Depuis quelques mois, il peaufinait son image, il détaillait son
projet, il semait des cailloux sur le chemin qui le conduirait à l’Elysée. On
se souvient de sa soirée passée au parc d’attraction du Puy du Fou, à
l’invitation de Philippe de Villiers où il avait déclaré, alors qu’il était encore
ministre : «L’honnêteté m’oblige à vous dire que je ne suis
pas socialiste (...). Mais quelle importance ? Quand vous êtes ministre,
vous êtes ministre de la République et, donc, vous servez l’intérêt général».
On se souvient de son hommage à Jeanne d’Arc, à Orléans le 8 mai 2016 «Comme une flèche (…) sa trajectoire
est nette, Jeanne fend le système, elle brusque l’injustice qui devait l’enfermer
(…) Elle était un rêve fou, elle s’impose comme une évidence». C’est ainsi qu’Emmanuel Macron voudrait se
voir !
Il s’est présenté, hier, comme le candidat
antisystème, hors système. Ses critiques prennent pour cible la gauche comme la
droite, il a dénoncé les appareils politiques et les logiques
politiciennes «ce sont leur modèle, leurs recettes qui ont échoué ;
les partis utilisent la vie des Français comme le simple décor de leur théâtre d’ombres,
j’ai vu de l’intérieur, au gouvernement, la vacuité de notre système politique (…)
La France ne pourra pas répondre aux défis du 21ème siècle avec
les mêmes hommes et les mêmes idées».
Il veut révolutionner, en attirant autant à
droite qu’à gauche, en transcendant le clivage droite gauche. Ses propositions traduisent
une vision libérale de l’économie, une vision libertaire de la société. Il
s’adresse, en priorité, au 30% de français parmi les progressistes, de
droite comme de gauche qui disent ne plus se sentir proches d’aucun parti
politique. En fait, en ne cherchant pas le soutien d’un parti politique- il
refuse de participer à la primaire de la gauche- il revient aux fondamentaux de
la cinquième république, aux sources du
gaullisme. L’élection présidentielle est
la rencontre d’un peuple et d’un homme : il veut incarner une
espérance. Il a précisé : «Mon
objectif n’est pas de rassembler la droite ou de rassembler la gauche mais de
rassembler les Français» Il a employé, au moins à deux reprises, ces mots
qui ont encore une forte résonnance, «France
libre».
Mais il n’est pas le premier à tenter une aventure
personnelle ; ceux qui l’ont fait, Lecanuet, Poher, Rocard ont échoué. Il
essaie à son tour. Malheureusement, les partis qu’ils soient de droite ou de
gauche, sont, certes affaiblis mais ils continuent à être les machines de
guerre dont le soutien est nécessaire pour être élu. Emmanuel Macron, dont le
plus grand nombre de sympathisants se situe au centre, trouble le jeu politique.
À droite, l’annonce de sa candidature à la
présidentielle, à quelques jours du premier tour des primaires, risque de faire
perdre des voix à Alain Juppé, le plus centriste des candidats LR, au profit de
Nicolas Sarkozy ou de François Fillon. A gauche sa participation au premier tour de l’élection présidentielle
entrainera, et l’élimination du candidat officiel du PS, il y en aura
certainement un, et la sienne. Mais
Emmanuel Macron a brûlé ses vaisseaux ; il a affirmé, hier soir sur France
2 que sa décision de se présenter était irrévocable et qu’il affronterait aussi
François Hollande s’il se représentait. Au deuxième tour de la présidentielle,
ne resteront en lice que le candidat de la droite et celui de l’extrême droite.
Une situation que nous avons déjà vécue
en 2002, avec un Front National bien
moins puissant. Il reste six mois pour clarifier la situation et pour éviter que cela ne se reproduise.
"Un faux suspense" nous dit monsieur Akoun, et comprendre : un faux suspense pour une quantité négligeable ! Pourtant je dois avouer que cela me réjouit de voir débouler ce jeune intellectuel dans le jeu de quilles de la politique politicienne que les Français ont pris en horreur. Car enfin qu'est-il reproché à Emmanuel Macron ? D'avoir manqué de "courtoisie" à l'égard de François Hollande. D'avoir rendu visite à Philippe de Villiers. De se référer à Jeanne d'Arc. D'avoir une "vision libérale de l'économie". D'avoir une "vision libertaire de la société". Et comble de tout cela, prétendre vouloir "rassembler les Français" !
RépondreSupprimerHeureusement que monsieur Akoun est là, l'oeil rivé sur le rétroviseur pour nous prédire l'avenir ! Pour nous expliquer que Macron aura en face de lui ces "machines de guerre" que sont les partis politiques. Machine de guerre socialiste qui sera cependant éliminée de la compétition où ne restera au second tour de la présidentielle, comme en 2002, "que le candidat de la droite et celui de l'extrême droite".
Alors pourquoi s'en faire - d'autres pourraient même dire : pourquoi aller voter - puisque le candidat de l'extrême droite en 2002, avait été battu à plate couture ?
Un faux suspense parce tout le monde savait qu'il se présenterait tout simplement désolé de vous avoir induite en erreur
RépondreSupprimer@ bakoun
RépondreSupprimerAinsi vous auriez écrit cet article pour dire "tout simplement" que vous saviez que Macron se présenterait à l'élection présidentielle française ! Et vous voilà "désolé de (m)'avoir induite en erreur" ! Sans doute est-ce de l'humour mais j'espère au moins que c'est de l'humour juif ?
Macron se vend comme un paquet de lessive, il a trouvé la niche qui plait: l'anti-système. Puisqu'il est de bon ton aujourd'hui de rejeter les partis politiques, autant être un électron libre. Et tant pis si à ce jour il ne présente aucun programme, aucune idée convaincante sur aucun sujet de fond.
RépondreSupprimer"En marche" pour aller vers quelle destinée? Un éclaircissement de sa politique s'impose. Sans quoi les français oublieront très vite cette vedette médiatique du moment.
Bien cordialement
Véronique Allouche