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samedi 19 novembre 2016

Les dirigeants arabes israéliens jouent avec le feu



LES DIRIGEANTS ARABES ISRAÉLIENS JOUENT AVEC LE FEU

Par Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps

Réunion de 11 députés arabes sur 13
        
          Il semble bien que les responsables arabes israéliens aient choisi la confrontation plutôt que la concertation. Sans remonter très loin dans l’Histoire, depuis les dernières élections de 2015, ils n’ont jamais cessé de marquer leur différence. Leurs déclarations polémiques et leur comportement à la Knesset, à la limite de la loi et de la bienséance, ont pour but de se distinguer des autres députés. Ils profitent de la bienveillance de règlements indulgents car, dans d’autres pays, ils auraient depuis longtemps été destitués pour leur comportement anti national.
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Le leader de la liste arabe et le leader des Juifs orthodoxes ont refusé l'insigne de l'Etat

Le jour de l’inauguration du nouveau parlement, ils ont refusé d’arborer à la boutonnière le badge avec ruban, l’insigne commémoratif de la nouvelle Knesset. Le leader de la liste arabe unifiée avait posé avec le président de l’État et les chefs de partis pour la photo officielle en évitant de porter cet insigne. Les députés arabes nouvellement élus ont ensuite refusé de chanter l’hymne national du pays; certains n’ont pas daigné se lever et d’autres ont tout simplement quitté l’enceinte de la Knesset pour ne pas avoir à assister à «un chant sioniste partisan». Aucune loi ne les oblige à un comportement national décent même s’ils émargent au budget de l’État.

La stratégie des représentants arabes frise le suicide politique. Le député arabe Basel Ghattas avait provoqué la polémique en proférant des propos hostiles envers l’ancien président : «Shimon Peres est un tyran et a commis des crimes de guerre contre nous». Il a été suivi par le leader de la liste arabe, Ayman Odeh, qui avait conseillé à ses collègues de ne pas assister à ces obsèques : «Nous avons une opposition féroce à l’homme de la sécurité, de l’occupation et de la construction des colonies». 
Le paradoxe est que Pérès était considéré dans le monde comme le meilleur partenaire pour la paix et que les Palestiniens de «l’étranger» ont décidé de respecter le personnage en délégant le président de l’Autorité pour assister aux funérailles. Ils ont ainsi donné raison à Avigdor Lieberman qui avait affirmé que «les Arabes israéliens qui décident que leur identité est palestinienne doivent être en mesure de renoncer à leur citoyenneté israélienne et de devenir des citoyens du futur État palestinien». Il rejoint en cela son slogan qu’il avait martelé à longueur de campagne électorale : «Pas de citoyenneté sans loyauté».

La députée Haneen Zouabi joue de la provocation permanente pour défendre ses idées. Elle rejette l’idée de base d’un État juif : «Israël doit être un pays démocratique pour tous ses citoyens». Elle n’accepte pas d’être qualifiée de virulente ou de provocatrice : «S’ils me haïssent autant, c’est parce que je ne corresponds pas à leurs stéréotypes. Je suis une Palestinienne féministe et laïque alors qu’à leurs yeux, compte tenu des positions que je défends, je devrais être une fondamentaliste du Hamas».
Elle défend en effet l'idée d'un seul État partagé où Juifs et Palestiniens auraient les mêmes droits : «Je ne crois pas à une pureté ethnique au nom de laquelle les Juifs doivent vivre dans un État séparé des Palestiniens qui eux-mêmes doivent avoir un "état sans Juifs"». Elle abuse de son titre de députée au point de se rendre coupable d’outrage à agent public en qualifiant deux policiers arabes de traîtres. Elle a d’ailleurs été condamnée en février 2016 à six mois de prison avec sursis. 
Elle multiplie les incidents et les déclarations déplacées qui la place parmi les députés qui sont le plus souvent exclus des séances de la Knesset. Elle avait en particulier décidé de rencontrer les familles d'auteurs d'attentats anti-israéliens, ce qui la mettait à la limite de la légalité. Elle considère son mandat parlementaire comme «un moyen et non une fin» et utilise la tribune de la Knesset pour défier les autorités israéliennes : «Les Arabes israéliens, ça n’existe pas ! Nous sommes palestiniens».
Muezzin à la Knesset

De nombreux dirigeants israéliens estiment que les députés arabes ne jouent pas le jeu de la démocratie et exigent à présent des sanctions pour les priver de leur mandat électif en raison de leur comportement tendancieux comme ce fut le cas, le 14 novembre 2016, lorsqu’un député a entonné depuis la tribune de la Knesset la prière musulmane. Le député Taleb Abou Arar s’était transformé en muezzin à la tribune de la Knesset en appelant en arabe à la prière dans l’enceinte de la Knesset.
Pourtant le gouvernement tolère des mouvements islamistes en Israël.  Le Mouvement Islamique d’existence légale promeut l'islam parmi les citoyens arabes d'Israël. Il agit au niveau religieux pour l’éducation islamique et les services religieux, social pour les services d'aide et antisioniste pour son opposition à l’État d’Israël et son soutien au nationalisme palestinien. 
Raed Salah

Malgré son idéologie antisioniste, le mouvement a des députés à la Knesset. Mais son leader, le Sheikh Raed Salah n’a pas compris qu’il allait trop loin dans son opposition au gouvernement. Dans ses sermons, il avait pris l’habitude d’inciter à la violence et de prôner un racisme anti-juif.  Il avait agi en perturbateur sur le Mont du Temple en accusant Israël de chercher à détruire la mosquée Al-Aqsa et le Dôme du Rocher.
Une liste arabe qui comporte un communiste juif : Dov Henin

Il n’est pas certain que les députés arabes rendent service à leur communauté. À vouloir trop faire, ils finissent par se couper du reste du pays et surtout des Arabes modérés qui ne peuvent accepter certaines dérives ou excentricités. Quand on discute avec des Arabes israéliens «bien intégrés», chef de chantier, médecins ou pharmaciens, ils avouent qu’ils votent pour la liste arabe par solidarité pour exister en tant que communauté mais qu’ils n’approuvent nullement les excès de comportement et de langage de leur députés parce qu’ils savent qu’au final, ils en payeront le prix tôt ou tard.
            Ces maladresses répétées constituent un suicide politique car les députés arabes se coupent de la réalité du terrain et discréditent la communauté des 20% d’Arabes israéliens. Ils ne se rendent pas compte qu’ils fournissent des arguments à la droite nationaliste qui trouve là l’occasion de justifier, par représailles, une annexion des territoires de Cisjordanie. Par ailleurs, ils sont poussés à voter des lois d’exception par réaction épidermique. C’est ainsi que des députés ont proposé d’édicter la loi «muezzin» qui interdirait l'utilisation de systèmes de sonorisation pour appeler les fidèles ou pour transmettre des messages nationalistes ou religieux.

Allah ou Akbar crié à la tribune de la Knesset par un député


Mais les Juifs religieux risquent d’être pris dans leur propre piège puisque ce projet de loi pourrait nuire à la sirène qui retentit au début du Shabbat, à Jérusalem en particulier. Trois coups sonnent peu de temps avant le début du Shabbat pour annoncer que tout travail est interdit jusqu'à la fin du Shabbat. Ce serait ainsi l’arroseur arrosé.
-"Et comment j'appelle les fidèles à la prière maintenant ?"
         -"Tu ouvres un groupe WhatsApp, comme tout le monde."

Les dirigeants arabes israéliens ne se rendent pas compte qu'ils jouent avec le feu et qu'à force de provocation, ils finiront par se brûler.

2 commentaires:

  1. C'est pas normal de comparer l'appel du muezzin et l'appel du chabbat ne serait-ce que ça se passe pas aux mêmes heures

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  2. C'est la démocratie israélienne qui se baffoue elle-même en gardant en son sein des citoyens qui ne respectent ni les lois, ni l'hymne, ni le drapeau, ni les institutions qui leur ont permis d'arriver là où ils sont sans se faire égorger comme dans leurs pays-frères... Nous devons les envoyer à Gaza où dans un pays qui les accueillera avec le respect qu'ils méritent et là où ils pourront hurler ce qu'ils veulent à 4h du matin sans deranger des dizaines de milliers de familles qui veulent dormir en paix.Fernand Cohen-Tannoudji

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