LES DIRIGEANTS ARABES ISRAÉLIENS JOUENT AVEC LE FEU
Par Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps
Réunion de 11 députés arabes sur 13 |
Il
semble bien que les responsables arabes israéliens aient choisi la
confrontation plutôt que la concertation. Sans remonter très loin dans
l’Histoire, depuis les dernières élections de 2015, ils n’ont jamais cessé de
marquer leur différence. Leurs déclarations polémiques et leur comportement à
la Knesset, à la limite de la loi et de la bienséance, ont pour but de se
distinguer des autres députés. Ils profitent de la bienveillance de règlements
indulgents car, dans d’autres pays, ils auraient depuis longtemps été
destitués pour leur comportement anti national.
Cliquer sur la suite pour voir deux vidéos
Le leader de la liste arabe et le leader des Juifs orthodoxes ont refusé l'insigne de l'Etat |
Le jour de l’inauguration du
nouveau parlement, ils ont refusé d’arborer à la boutonnière le badge avec
ruban, l’insigne commémoratif de la nouvelle Knesset. Le leader de la liste
arabe unifiée avait posé avec le président de l’État et les chefs de partis pour la photo officielle en évitant de porter cet insigne. Les députés arabes
nouvellement élus ont ensuite refusé de chanter l’hymne national du pays; certains
n’ont pas daigné se lever et d’autres ont tout simplement quitté l’enceinte de
la Knesset pour ne pas avoir à assister à «un chant sioniste partisan».
Aucune loi ne les oblige à un comportement national décent même s’ils émargent
au budget de l’État.
La stratégie des représentants
arabes frise le suicide politique. Le député arabe Basel Ghattas avait provoqué
la polémique en proférant des propos hostiles envers l’ancien président : «Shimon
Peres est un tyran et a commis des crimes de guerre contre nous». Il a été
suivi par le leader de la liste arabe, Ayman Odeh, qui avait conseillé à ses
collègues de ne pas assister à ces obsèques : «Nous avons une
opposition féroce à l’homme de la sécurité, de l’occupation et de la
construction des colonies».
Le paradoxe est que Pérès était considéré dans
le monde comme le meilleur partenaire pour la paix et que les Palestiniens de «l’étranger»
ont décidé de respecter le personnage en délégant le président de l’Autorité pour
assister aux funérailles. Ils ont ainsi donné raison à Avigdor Lieberman qui
avait affirmé que «les Arabes israéliens qui décident que leur identité est
palestinienne doivent être en mesure de renoncer à leur citoyenneté israélienne
et de devenir des citoyens du futur État palestinien». Il rejoint en cela
son slogan qu’il avait martelé à longueur de campagne électorale : «Pas de
citoyenneté sans loyauté».
La députée Haneen Zouabi joue de
la provocation permanente pour défendre ses idées. Elle rejette l’idée de base
d’un État juif : «Israël doit être un pays démocratique pour tous ses
citoyens». Elle n’accepte pas d’être qualifiée de virulente ou de
provocatrice : «S’ils me haïssent autant, c’est parce que je ne
corresponds pas à leurs stéréotypes. Je suis une Palestinienne féministe et
laïque alors qu’à leurs yeux, compte tenu des positions que je défends, je
devrais être une fondamentaliste du Hamas».
Elle défend en effet l'idée d'un seul État
partagé où Juifs et Palestiniens auraient les mêmes droits : «Je ne crois
pas à une pureté ethnique au nom de laquelle les Juifs doivent vivre dans un État
séparé des Palestiniens qui eux-mêmes doivent avoir un "état sans Juifs"».
Elle abuse de son titre de députée au point de se rendre coupable d’outrage à agent
public en qualifiant deux policiers arabes de traîtres. Elle a d’ailleurs été
condamnée en février 2016 à six mois de prison avec sursis.
Elle multiplie les
incidents et les déclarations déplacées qui la place parmi les députés qui sont
le plus souvent exclus des séances de la Knesset. Elle avait en particulier
décidé de rencontrer les familles d'auteurs d'attentats anti-israéliens, ce qui la
mettait à la limite de la légalité. Elle considère son mandat parlementaire
comme «un moyen et non une fin» et utilise la tribune de la Knesset pour
défier les autorités israéliennes : «Les Arabes israéliens, ça n’existe
pas ! Nous sommes palestiniens».
Muezzin à la Knesset
De nombreux dirigeants
israéliens estiment que les députés arabes ne jouent pas le jeu de la
démocratie et exigent à présent des sanctions pour les priver de leur mandat
électif en raison de leur comportement tendancieux comme ce fut le cas, le 14
novembre 2016, lorsqu’un député a entonné depuis la tribune de la Knesset la
prière musulmane. Le député Taleb Abou Arar s’était transformé en muezzin à la
tribune de la Knesset en appelant en arabe à la prière dans l’enceinte de la
Knesset.
Pourtant le gouvernement tolère
des mouvements islamistes en Israël. Le
Mouvement Islamique d’existence légale promeut l'islam parmi les citoyens
arabes d'Israël. Il agit au niveau religieux pour l’éducation islamique et les
services religieux, social pour les services d'aide et antisioniste pour son
opposition à l’État d’Israël et son soutien au nationalisme palestinien.
Raed Salah |
Malgré
son idéologie antisioniste, le mouvement a des députés à la Knesset. Mais son
leader, le Sheikh Raed Salah n’a pas compris qu’il allait trop loin dans son
opposition au gouvernement. Dans ses sermons, il avait
pris l’habitude d’inciter à la violence et de prôner un racisme anti-juif. Il avait agi en perturbateur sur le Mont du
Temple en accusant Israël de chercher à détruire la mosquée Al-Aqsa et le Dôme
du Rocher.
Une liste arabe qui comporte un communiste juif : Dov Henin |
Il n’est pas certain que les
députés arabes rendent service à leur communauté. À vouloir trop faire, ils
finissent par se couper du reste du pays et surtout des Arabes modérés qui
ne peuvent accepter certaines dérives ou excentricités. Quand on discute avec
des Arabes israéliens «bien intégrés», chef de chantier, médecins ou
pharmaciens, ils avouent qu’ils votent pour la liste arabe par solidarité pour
exister en tant que communauté mais qu’ils n’approuvent nullement les excès de
comportement et de langage de leur députés parce qu’ils savent qu’au final, ils en
payeront le prix tôt ou tard.
Ces maladresses
répétées constituent un suicide politique car les députés arabes se coupent de
la réalité du terrain et discréditent la communauté des 20% d’Arabes
israéliens. Ils ne se rendent pas compte qu’ils fournissent des arguments à la
droite nationaliste qui trouve là l’occasion de justifier, par représailles, une annexion des
territoires de Cisjordanie. Par ailleurs, ils sont poussés à voter des lois d’exception
par réaction épidermique. C’est ainsi que des députés ont proposé d’édicter la
loi «muezzin» qui interdirait l'utilisation de systèmes de sonorisation
pour appeler les fidèles ou pour transmettre des messages nationalistes ou
religieux.
Allah ou Akbar crié à la tribune de la Knesset par un député
Mais les Juifs religieux risquent d’être pris dans leur propre piège puisque ce projet de loi pourrait
nuire à la sirène qui retentit au début du Shabbat, à Jérusalem en particulier.
Trois coups sonnent peu de temps avant le début du Shabbat pour annoncer que tout
travail est interdit jusqu'à la fin du Shabbat. Ce serait ainsi l’arroseur
arrosé.
-"Et comment j'appelle les fidèles à la prière maintenant ?" -"Tu ouvres un groupe WhatsApp, comme tout le monde." |
Les dirigeants arabes israéliens ne se rendent pas compte qu'ils jouent avec le feu et qu'à force de provocation, ils finiront par se brûler.
C'est pas normal de comparer l'appel du muezzin et l'appel du chabbat ne serait-ce que ça se passe pas aux mêmes heures
RépondreSupprimerC'est la démocratie israélienne qui se baffoue elle-même en gardant en son sein des citoyens qui ne respectent ni les lois, ni l'hymne, ni le drapeau, ni les institutions qui leur ont permis d'arriver là où ils sont sans se faire égorger comme dans leurs pays-frères... Nous devons les envoyer à Gaza où dans un pays qui les accueillera avec le respect qu'ils méritent et là où ils pourront hurler ce qu'ils veulent à 4h du matin sans deranger des dizaines de milliers de familles qui veulent dormir en paix.Fernand Cohen-Tannoudji
RépondreSupprimer