Stupéfaits,
comment ne pas l’être en apprenant, hier, au petit matin que le nouveau
président des États-Unis s’appellerait Donald Trump alors que tous les sondages
avaient donné Hillary Clinton gagnante, que la presse à de rares exceptions près,
les milieux financiers, les milieux artistiques, les intellectuels la soutenaient.
Certes ces derniers jours, l’écart entre
les deux candidats s’était en partie réduit, en particulier dans les États
clés, mais la victoire d’Hillary ne pouvait être mise en doute, elle serait la
première femme présidente. Tout au long de la nuit, à mesure que des États et
donc leurs Grands électeurs tombaient dans l’escarcelle de Donald Trump,
l’incertitude laissait la place au désespoir dans le camp démocrate.
Le
candidat républicain avait promis, la veille, un «Brexit à la
puissance trois», un séisme s’il remportait la victoire, ce qui paraissait
incroyable. Comment imaginer qu’un grossier personnage, sexiste, raciste,
provocateur, qui n’avait jamais occupé de fonction élective, qui ne connaissait
rien en politique étrangère, pouvait devenir le prochain locataire de la Maison
Blanche. Hillary Clinton avait derrière elle trente cinq ans de vie politique ;
elle avait été sénatrice de New York, Secrétaire d’État pendant le premier mandat
d’Obama. Elle avait l’expérience du pouvoir, elle était compétente sur le plan national,
comme sur le plan international.
Sa
place dans l’Establishment l’a desservie, tant pendant dans les primaires
contre Bernie Sanders qu’elle a fini par remporter, que contre Trump qui l’a
défaite. Ce dernier a su, lui, le milliardaire, se positionner en défenseur des
petits, des victimes de la mondialisation,
des cols bleus victimes de la désindustrialisation, des classes moyennes
en voie de paupérisation. Donald Trump a représenté, l’homme fort que ces Américains souhaitaient porter à leur tête.
Consternés,
en constatant que les Américains avaient mis leur avenir immédiat et le notre
entre les mains d’un homme à priori incompétent pour occuper la fonction
suprême, à moins de penser que le fait d’être milliardaire constitue en soi un gage
de réussite. Il veut lancer des grands travaux et baisser les impôts de tous,
riches ou pauvres de 15% pour relancer la croissance et créer 25 millions
d’emplois sur 10 ans. Mais il prône l’isolationnisme, le protectionnisme, il
veut renforcer, aux frais des Mexicains, le mur élevé entre le Mexique et les
Etats Unis, expulser onze millions, pas moins, de sans-papiers, alors que ce
magnat de l’immobilier a construit sa fortune en employant des sans-papiers.
Frontière avec le Mexique |
Il
envisage, pour lutter contre le terrorisme islamique, d’interdire l’entrée des
musulmans aux États-Unis. Il veut détricoter les lois sociales, adoptées sous
les mandatures de Barack Obama, il veut abolir, en particulier, l’Obama care. Donald
Trump veut faciliter la vente des armes à feu : il considère que «la détention d’armes à feu, est un droit
naturel et inaliénable, un droit donné par Dieu à l’auto-défense». Il
souhaite revenir sur le droit du sol, il envisage encore d’autres réformes
ultra conservatrices, dont la remise en cause du droit à l’avortement.
Inquiets,
nous le sommes, en ce qui concerne la politique internationale qu’il compte
impulser. Donald Trump veut que l’Amérique retrouve sa grandeur qu’à ses yeux
elle a perdue. Il veut renégocier des traités déjà signés dont celui du libre
échange Nord-Américain (NAFTA) ; il veut retirer les États-Unis du TPP, le
partenariat Trans pacifique, établir des droits compensatoires sur les produits
fabriqués en Chine. Concernant le climat et l’environnement, il est plus
radical encore : il veut annuler
l’accord de Paris sur le climat et supprimer l’Agence de protection de
l’environnement et lever les restrictions qui pèsent sur la production des énergies fossiles. Par
ailleurs il relancera le projet d’oléoduc Key stone XL, entre le Canada et les États-Unis,
auquel Barack Obama avait opposé son véto compte tenu des problèmes de
nuisances environnementales qu’il posait.
En
matière de défense, il veut renforcer l’armée américaine qu’il juge affaiblie,
le budget de la Défense devrait, donc, être fortement augmenté. Dans le cadre
de l’Otan, cela nous concerne directement, Donald Trump exige, que les Européens
qui en font partie, payent plus pour assurer leur propre sécurité et il menace
de sortir de l’OTAN s’ils ne le font pas.
Nous
sommes inquiets parce que Donald Trump semble être fasciné par «les hommes forts» qui, d’ailleurs l’ont
reconnu comme l’un des leurs. Les premiers à se féliciter de son élection ont
été Poutine, Sissi, Erdogan, et Netanyahou. Mais nous le sommes, surtout, des
répliques que le séisme qui s’est produit aux États-Unis, pourraient avoir sur
notre continent où vont se dérouler des élections nationales.
Tous les journaux abondent en commentaires. Mais il y a une touche d'humour qui fait défaut à tout ce qui se dit sur cette élection. C'est la suivante : avec l'élection de Trump, ce sera la première fois dans l'histoire des Etats-Unis qu'un milliardaire blanc américain ira s'installer dans une maison que ses locataires noirs auront quitté !
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RépondreSupprimerIl n'aime pas les femmes, ni les noirs, ni les mexicains, ni les musulmans, ni les gays. Il est contre l'avortement, veut construire "un grand et beau mur" entre le Mexique et les Etats-Unis, les armes à feu seront érigées en système.
Se dirige-t-on vers un Maccartisme version Trump?
L'Europe va-t-elle sombrer dans le populisme à l'américaine?
Je partage amplement votre inquiétude.
Bien cordialement
Véronique Allouche
Nous avons 5 ans pour construire une Europe des peuples, et si nous sommes courageux et inventifs et surtout ... généreux envers les très fragiles, alors les peuples d'Europe redonneront leur confiance aux élus ... pour 5 autres années, loin des textes de loi votés (encore maintenant) en cascade par Bruxelles ou Strasbourg, sans résultat pour nous, au quotidien.
RépondreSupprimerLe Monde est devenu sauvage (avec des Trump / Poutine et leader chinois) prêts à nous dépecer pour assurer leur suprématie.
Europe, bandes tes muscles et deviens tonique. N'écoutes pas les sirènes qui te parlent "confort" et "sécurité", sans en payer le prix de la "soumission".
Redonner espoir à nous ici, comme Trump a su donner espoir à son peuple.
Je ne suis ni stupéfaite, ni consternée ni inquiète....Il faut savoir respecter le jeu démocratique même si le résultat ne vous convient pas.
RépondreSupprimerJe respecte tout à fait le jeu démocratique mais j'ai le droit de penser que Donald Trump est un homme dangereux, on lejugera à l'œuvre. il est possible qu'il fasse exactement cd que beaucoup d'autres ont fait avant lui: beaucoup promettre et ne pas tenir. comme disait Charles Pasqua les promesses n'engagent que ceux qui y croit. Gare au retour de bâton de la part des déçus du "Trumpisme".
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