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vendredi 28 octobre 2016

Le Hamas à la recherche de son nouveau leader



Le Hamas à la recherche de son nouveau leader

Par Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps

        
Mechaal et Abbas

        Les élections, qui devaient avoir lieu pour tous les Palestiniens, avaient pour but de faire émerger un nouveau leader à Gaza pour remplacer Khaled Mechaal qui a décidé de ne pas se représenter. Le guerrier, qui se voulait pacifique, semble lassé de la situation bloquée existant entre les deux clans palestiniens, Fatah et Hamas. Depuis sa création il y a trente ans, l’organisation islamiste Hamas n’a jamais connu de crise de leadership plus aiguë. Cette nomination, qui interviendrait au début de 2017, coïncidera avec les élections américaines qui ne devraient pas changer grand-chose à la situation actuelle des Palestiniens.



Mechaal et Haniyeh à Gaza

            La guerre fratricide entre le Fatah et le Hamas pénalise les dirigeants de Gaza qui dépendent beaucoup du bon vouloir de l’Autorité palestinienne. Mahmoud Abbas ne les aide pas pour améliorer le sort de la population et rechigne à payer les salaires des fonctionnaires. Par ailleurs la stratégie de rupture avec l’Égypte et l’Arabie saoudite a été une politique néfaste parce qu’elle n’a pas été compensée par d’autres alliances.  Nul n’est indispensable mais Khaled Mechaal l’est parce qu’il a su manœuvrer durant les vingt années où il était au pouvoir à distance, en Syrie d’abord puis au Qatar ensuite.
Pourtant il était peu connu au départ et il doit sa célébrité à l’assassinat manqué dont il a été l’objet de la part du Mossad. Certains estiment qu’ayant frôlé de peu la mort, il a pris conscience de l’impasse dans laquelle se dirigeaient les Palestiniens après les deux Intifada. Certes il a lutté contre "l’occupation israélienne" mais il a opéré un revirement en 2006 lorsqu’il a donné ordre à ses troupes de mettre fin aux attentats suicides contre Israël ; il avait compris que les représailles israéliennes faisaient payer un lourd tribut à la population palestinienne, sans aucun bénéfice. Il avait d’ailleurs accompagné sa décision par des contacts avec les Israéliens pour ouvrir un dialogue menant à un cessez-le-feu définitif.
Mais il n’avait pas abandonné le combat interne puisqu’il est à l’origine de la victoire islamiste aux élections locales puis législatives en 2005-2006. Mais depuis, il n’était plus écouté car les va-t’en-guerre ont pris le dessus jusqu’à contester son leadership. Aigri, il avait ainsi décidé de son départ estimant que sa mission avait échoué. Deux candidats totalement différents sont sur les rangs pour succéder à Mechaal, avec des fortunes diverses. Ismaël Haniyeh et Moussa Abou Marzouk. Les sondages donnent une préférence au premier.
Haniyeh

Ismaël Haniyeh n’a aucune expérience en diplomatie, contrairement à son concurrent Abou Marzouk. S’il était élu, il aurait beaucoup à apprendre pour évoluer parmi les leaders arabes. Cependant, ses prétentions sont à minima puisqu’il n’a pas l’intention de représenter tous les Palestiniens mais seulement ceux de Gaza. Ancien militant, il a eu maille à partir avec les Israéliens qui l’ont expulsé vers le Liban en 1992, après 3 ans de prison. Il revint à Gaza en 1993 pour devenir l'homme de confiance et le secrétaire du chef spirituel du Hamas, Sheikh Ahmed Yassine, assassiné par l'armée israélienne en mars 2004, puis celui de Abdul Aziz Rantissi, lui aussi assassiné.
Cheikh Yassine

Haniyeh avait obtenu le plus grand nombre de voix aux élections de 2006 mais, avec le temps, son aura s’est estompée après avoir été jugé responsable des trois guerres menées contre Israël et perdues, qui ont dégradé de manière significative les conditions de vie de la population de Gaza. On estimait qu’il s’était surdimensionné et qu’il n’avait pas les moyens de sa politique. Il disposait pourtant d’un soutien populaire certain car, contrairement à Mechaal, installé dans le luxe à l’étranger, lui se trouvait sur place à Gaza et partageait les malheurs de son peuple. Son attitude fut cependant ambiguë sous ses dessous d’homme politique alors qu’il était un fervent partisan de l’aile militaire du Hamas, les brigades Azzedine Al-Qasem. Il avait choisi aussi de développer des liens étroits avec l’Iran. Ce choix politique lui avait valu des relations exécrables avec le président égyptien Abdel Fattah el-Sissi.
Brigades Ezzedine Al_Qassem

Le 21 février 2006, il devient premier ministre de l'Autorité palestinienne, après le succès massif de son parti aux élections législatives mais il fut limogé, le 14 juin 2007, par le président Mahmoud Abbas, à la suite de la prise du pouvoir du Hamas dans la bande de Gaza au profit du ministre des Finances, Salam Fayyed.

Conscient qu’il avait des lacunes internationales, il a entrepris le 8 janvier 2012 une «tournée régionale» dans plusieurs pays musulmans, et promis «des jours difficiles à Israël en appelant les peuples du printemps arabe à lutter pour la Palestine». Il avait alors usé d’une dialectique de combat en forçant 5.000 personnes à s’essuyer les pieds sur le drapeau israélien frappé de l’étoile de David, à l'entrée de la coupole de Menzah. Dans ses diatribes, il ne voulait pas «céder un seul bout de la Palestine ni déposer les armes» et il appela «les peuples de la Révolution à bâtir l'armée d'Al Qods». Le 11 février 2012 à Téhéran, Ismaïl Haniyeh a déclaré que «le Hamas ne reconnaîtra jamais Israël et que la lutte des Palestiniens continuera jusqu'à la libération de la totalité de la terre de Palestine et de Jérusalem, et le retour de tous les réfugiés palestiniens chez eux». Cette attitude sans avenir ne trouva pas une oreille attentive chez les Palestiniens de Cisjordanie.
Abou Marzouk-Mechaal

            Contrairement à Haniyeh qui a étudié la littérature arabe à l'université islamique de Gaza, Abou Marzouk a vécu au contact de l’Occident puisqu’il a poursuivi ses études aux États-Unis pour obtenir un diplôme de maîtrise en gestion de la construction de l’université du Colorado et un doctorat en génie industriel de l’université de Louisiane. Il en avait profité pour procéder à des collectes de fonds auprès des donateurs musulmans des États-Unis et d’Europe. Il avait d’ailleurs été catalogué comme l’homme des fonds pour le Hamas. Politique né, il a été le fondateur de l’aile politique du Hamas et avait participé à toutes les négociations avec le Fatah pour une éventuelle réconciliation et avec l’Égypte pour débloquer la situation avec Israël. Comme Mechaal il a toujours vécu en exil :  en Jordanie de 1998 à 2001, puis en Syrie jusqu’en 2012 date à laquelle il s’est installé au Caire. Depuis plusieurs années, il sillonne le monde pour porter la voix des Palestiniens en particulier en Égypte, dans le Golfe et en Iran.
Abou Marzouk et Khaled Mechaal en Iran

En mars 2016, une délégation palestinienne, dirigée par le président du bureau politique du Hamas, Moussa Abou Marzouk, avait rencontré secrètement des responsables iraniens. Il avait alors choqué les Iraniens à la suite de ses critiques contre l’Iran ; il lui avait même reproché de ne recevoir aucune aide de sa part : «Les circonstances dans lesquelles les relations du Hamas avec l'Iran ont été créées avant 2011 ont changé. Le monde a changé depuis le printemps arabe, et l'Iran et le Hamas ne sont plus les mêmes. Ainsi, nous devons construire nos relations sur de nouvelles bases». Dans une conversation privée, il avait été jusqu’à blâmer l'Iran pour avoir menti sur l'aide accordée à son organisation.
Marzouk est l’homme fort capable de se réconcilier avec l’Égypte pour mettre fin au blocus de Rafah, avec le Fatah pour envisager un meilleur avenir et avec tous les pays arabes pour renouer les liens brisés. Il pourrait envisager de traiter avec plus de pragmatisme la réalité de l’existence d’Israël et il sait qu’alors il pourra compter sur les liens privilégiés entre Israël et l’Égypte qui ont signé un accord de paix.
Haniyeh, Abbas et Dahlan

            Si Haniyeh est élu, il aura besoin des conseils et de l’aide de Khaled Mechaal qui pourrait alors être promu à la tête du Conseil de la Shura, le conseil d'administration du parti islamique, pour organiser une relève en douceur. Mechaal est le seul capable de maintenir en vie le Hamas pour ne pas qu’il coule comme les Frères musulmans qui ont été éliminés de la région, persécutés et neutralisés. C’est le sort qui attend le Hamas s’il persiste dans la voie actuelle qui consiste à avoir plus d’ambition que de moyens. Le seul qui pourrait changer la donne reste Mohamed Dahlan, l’homme des Égyptiens, des Américains et des Israéliens.


2 commentaires:

  1. Mr.benilouche soyez gentil et n'employez plus le terme de "assassiné" pour ces raclures,mais plutôt éliminés,c'esyr le terme qui leurs convient le mieux,faîte moi plaisir s'il vous plait,merci

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