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lundi 26 septembre 2016

Des élections palestiniennes reportées sine die


DES ÉLECTIONS PALESTINIENNES REPORTÉES SINE DIE
Par Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps

La Haute Cour palestinienne
Les Palestiniens n’ont pas de chance ou pas de volonté. Ils subissent à nouveau la malédiction des élections locales qui devaient se tenir le 8 octobre et qui finalement n’auront pas lieu. La CEC (Commission électorale centrale) vient d’annoncer qu’il est «irréalisable» de tenir des élections à cette date et que le calendrier doit, une fois de plus, être chamboulé. Chacun des clans, Fatah et Hamas, a donc échafaudé des plans allant jusqu’à envisager des élections séparées. Le Fatah tient pourtant à ses élections en Cisjordanie tandis que le Hamas se contenterait de distribuer des postes dans les organes locaux. Évidemment, ils s’accusent mutuellement du sabotage des élections.



Manifestation de la gauche devant la Cour

Ce report des élections traduit les atermoiements politiques du Hamas et du Fatah, alors que toute la gauche palestinienne s’est rassemblée au sein d’un Mouvement démocratique. D’ailleurs ces militants se sont réunis devant la Haute Cour de justice, à Ramallah le 21 septembre, pour exiger du tribunal de reconsidérer sa décision : «Les élections ne peuvent avoir lieu à Jérusalem, ni dans ses faubourgs. Il y a par ailleurs des problèmes avec la composition des listes à Gaza. Par conséquent, la Cour décide que les élections n’auront pas lieu».
Cependant les arguments invoqués par les deux parties sont des alibis discutables. Lorsque la décision d’élections a été prise, les responsables palestiniens savaient pertinemment qu’Israël ne permettrait pas d’élections à Jérusalem-Est. Les élections sont aussi ajournées sine die car pour l’instant des recours sont formés sur les listes électorales présentées par le Fatah à Gaza. Un tribunal contrôlé par le Hamas a ainsi annulé cinq listes du Fatah dans le secteur de Khan Younes «parce qu’elles enfreignaient la loi électorale et ne remplissaient pas les conditions nécessaires».
Mustapha Barghouti

En fait, les deux clans ont vu de mauvaise augure la constitution d’un Mouvement démocratique, englobant pour la première fois toute la gauche palestinienne (les communistes du PPP, le FPLP, le FDLP, le Fida et l’initiative nationale de Mustafa Barghouti). Ils ne tiennent pas à lui offrir une tribune politique avec la tenue d’élections car le Mouvement pourrait alors jouer un rôle de plus en plus important, y compris au sein de l’OLP.
Cela a conduit à l’éventualité d’élections en Cisjordanie sans le Hamas. Une décision de ce genre entérinerait une rupture totale qui ne cesse de s’approfondir depuis les élections de 2007. Par ailleurs l’Autorité palestinienne contesterait toute désignation de fonctionnaires dans les municipalités en menaçant de supprimer les salaires versés à cet effet. Devant le risque de perdre les élections à Gaza, elle irait jusqu’à organiser des élections uniquement en Cisjordanie. Mahmoud Abbas est inquiet des résultats probables à Gaza qui auraient pour conséquence de déstabiliser et de décrédibiliser le Fatah. Il n’entrevoit aucune possibilité pour le Hamas de participer à des élections en Cisjordanie sans Gaza.
Le président de l’Autorité est donc prêt à prendre le risque d’entériner la séparation physique des deux entités palestiniennes même si l’Union Européenne condamnait une telle initiative et si la Banque Mondiale gelait les aides prévues. Ils financent en particulier la mise en place de stations d'épuration et de réseaux de bassins d'eau de pluie ainsi que la réhabilitation des réseaux d'eau. Ils participent aussi à des fonds d’aide pour la région. Mais ces aides et ces financements ne sont octroyés qu’à condition que les bénéficiaires soient simultanément en Cisjordanie et à Gaza. La seule solution acceptable pour les deux parties reste donc le maintien des conseils locaux issus des élections de 2007.
Rejet des eaux usées à Gaza

Le Hamas émet des doutes sur la régularité d’élections tenues dans la seule Cisjordanie car les services de sécurité du Fatah sont omniprésents et omnipuissants. Il les soupçonne de collaborer avec les services sécuritaires israéliens. Il semblerait que Mahmoud Abbas ait déjà informé le gouvernement israélien de l’éventualité d’élections limitées à la seule Cisjordanie parce qu’il tient à renforcer sa légitimité. Mais il prend le risque de voir le Hamas remporter les élections à Hébron et Tulkarem où son implantation est solide.
Mahmoud Abbas semble avoir fait le deuil de Gaza où il prévoit une large victoire du Hamas. De ce point de vue il se distingue de Mohamed Dahlan qui a dans ses cartons une solution pour l’ensemble des deux territoires palestiniens, sans aggraver la crise politique palestinienne. Il a compris que les Palestiniens sont las des querelles internes et qu’ils veulent s’exprimer. Le retrait du dirigeant charismatique du Hamas, Khaled Mechaal, pourrait lui ouvrir de nouvelles opportunités.


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