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mardi 2 août 2016

Terrorisme religieux : deux poids, deux mesures par Alain PIERRET


TERRORISME RELIGIEUX : DEUX POIDS, DEUX MESURES

Par Alain PIERRET

Ancien ambassadeur de France en Israël

Depuis le massacre du 14 juillet à Nice, nos commentateurs se réfèrent volontiers à Israël et aux mesures qu’il a prises afin de se prémunir contre la menace terroriste. Un exemple à méditer, sinon à suivre. Lié aux attentats qui ont endeuillé notre pays ces dernières années et notamment depuis janvier 2015, le changement est d’importance. La tragédie du 26 à Saint-Étienne-du-Rouvray et mes souvenirs diplomatiques en Terre sainte me conduisent à vous faire part de quelques rappels.



Fin avril 1991, au lendemain de la guerre du Golfe et de la rencontre «sous la tente» de Roland Dumas avec Kadhafi, une Française de 64 ans est assassinée à proximité de la basilique de la Nativité à Bethléem. Elias Freij, maire musulman de la ville, et la «direction de l’OLP» dans les territoires occupés présentent leurs condoléances au consul général de France à Jérusalem, se refusant toutefois à condamner le terrorisme.
Chez nous, qui s’en soucie ? Le 1er mai 1991, le grand quotidien Yediot Aharonot relève que «la France a réagi avec indifférence». Pour The Jerusalem Post, cet acte criminel est «le premier depuis que Bethléem est sous administration israélienne». Selon Hatzofeh, journal du Parti national religieux, «c’est à peine si l’on a rendu compte en France de ce meurtre. Cette morale de deux poids, deux mesures, ne fait qu’encourager les assassins et ceux qui les envoient». Le criminel est un Bédouin appartenant au Djihad islamiste, déjà.
Peu auparavant, le 12 avril 1991, le rédacteur en chef d’Al Sonnara, journal arabe de Nazareth, avait publié une «lettre ouverte» adressée au Président de la République déplorant la profanation de tombes dans les cimetières chrétiens de Bethléem. À ma connaissance, elle est restée sans réponse de l’Élysée.

Ainsi, il aura fallu l’assassinat d’un prêtre, dans son église, pour que les responsables de l’autorité politique et de la sécurité publique prennent enfin conscience, après un quart de siècle, des conséquences que de tels drames sont susceptibles d’entraîner dès lors qu’ils se produisent sur notre territoire.
Membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, la France supposée grande puissance mondiale ne prête attention aux drames que quand leur survenue et leurs conséquences touchent le territoire national.
CFCM

D’un autre côté, sur C dans l’air vendredi, j’ai entendu Odon Vallet reprocher vivement à Jacques Chirac la suppression du service militaire. Alors, que dire aussi du refus d’inclure dans la Constitution européenne la reconnaissance de nos «racines judéo-chrétiennes»! Il y a quelques mois l’historienne Mireille Hadas-Lebel citait un rabbin du IIIème siècle qui assurait : «la loi du pays est la loi». L’appel lancé par le CFCM est certes louable, courageux, mais quelques milliers de musulmans sur plusieurs millions en France dans les églises un dimanche..., le chemin sera encore long avant d’entendre les imams français appeler le vendredi dans leurs mosquées à la «prière pour la France» comme le font au chabbat les rabbins dans les synagogues.
Bruno Hussar


Et, puisque Hillary Clinton est à la une des médias et que je fais référence à Israël et aux Juifs, je rappellerai un autre événement passé inaperçu chez nous. En 1970, à quelques encablures d’Abu Gosh - encore une «anomalie» dans notre diplomatie «équilibrée» – fut créée une petite communauté, Névé Shalom, rassemblant à parité Israéliens juifs et musulmans. First Lady, elle y est venue le 13 décembre 1998. A ma connaissance, aucun officiel de France ne s’y est à ce jour rendu. Bruno Hussar, fondateur juif né au Caire, converti au catholicisme (frère dominicain) et Français, quel symbole en ces jours dramatiques !

3 commentaires:

  1. Véronique ALLOUCHE2 août 2016 à 08:57

    Ce qui me surprend c'est que personne des personnalités politiques n'est surpris de "l'omission" dans le communiqué des français musulmans ce dimanche, des attentats commis contre les juifs.
    Il est vrai que si une guerre civile se préparait, les musulmans auraient plus à craindre des français chrétiens, ne serait-ce par le nombre et l'influence, que par les français juifs qui, au fil des mois et des attentats, se préparent à quitter bien à regret mais contraints, ce qui fut longtemps pour eux la douce France.
    Merci pour votre article de bon sens.
    Bien cordialement
    Véronique Allouche

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  2. Marianne ARNAUD2 août 2016 à 10:27


    Selon le vieux principe : "un clou chasse l'autre", il est à noter que la réaction des media a toujours été que le massacre récent leur fait oublier le massacre plus ancien. C'est ainsi que l'égorgement de Saint-Etienne-du-Rouvray a détrôné le carnage de Nice. Mais cette fois les media ont, en plus, trouvé une sorte de remède miracle contre les terroristes : ils ne publieront plus, ni leurs noms, ni leurs portraits, et ainsi l'ennemi devenu virtuel, ne sera plus tout à fait un ennemi.

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  3. Véronique ALLOUCHE2 août 2016 à 11:32

    @marianne Arnaud
    Tout à fait d'accord avec vous. Un attentat chasse le précédent et le place dans l'oubli. Quant aux médias, ce n'est pas en ne divulguant ni photos ni noms qu'ils intimideront qui que ce soit. C'est au contraire une bonne méthode de désinformation pour rendre l'ennemi invisible, impalpable et abstrait.
    Comme l'écrivait Camus "Mal nommer les choses c'est ajouter au malheur du monde".
    Très cordialement

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