BILLET
D’HUMEUR : LIBERTÉ ET BURKINI
Par Jacques
BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps
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Je pense que la France veut toujours en faire trop. Elle est en tête des combats pour la laïcité alors que les autres pays font moins parler d’eux dans ce domaine. Les Occidentaux ont peu légiféré sur ces questions de pratique religieuse. On soulève des problèmes qui auraient pu rester confidentiels sans l’intervention des médias et du coup, ils prennent une dimension inattendue. Ce débat vestimentaire qui tourne vers le débat religieux rend la France hystérique.
Femmes arabe et juive à Tel-Aviv |
Hier
c’était le problème du voile qui a poussé par réaction certains musulmanes à le
porter pour marquer leur liberté, leur différence et leur solidarité avec leur
communauté. Certaines ne le portaient pas avant le vote de la loi. Nul ne savait ce qu’était le burkini avant qu’il ne fasse les
premiers titres des médias et il est devenu le symbole de la contestation
des femmes musulmanes. Le port de la kippa est interdit dans les écoles de la République; une interdiction là où
aux États-Unis il est devenu le signe politique de certains soutiens de
Trump.
En
Israël, nous n’avons pas du tout ce problème parce que le débat n’est pas ouvert et qu’il
n’y a pas lieu de l’ouvrir. Il s'agit d'une tradition courante, acceptée depuis la création de l'Etat. Les Juives orthodoxes s’entourent
leur tête d’un foulard et portent des jupes qui leur arrivent à la cheville sur
leur lieu de travail ; c’est leur droit et c’est leur choix. Certains religieux
se promènent avec leur taleth sur les épaules tandis que les laïcs les observent
avec curiosité. Avant que l’on ne connaisse le terme, le burkini était monnaie
courante en Israël dans toutes les plages car cette tenue fait partie de la
tradition arabe. C'est souvent juste un sujet de dérision.
Lina Shosha ingénieur du Technion |
Il
s’agit de la liberté individuelle d’une communauté qui compose 20% de la
population d’Israël. Les étudiantes arabes portent le hidjab dans les amphithéâtres
de l’Université sans que cela fasse débat. Les caissières des quartiers
chics de Tel-Aviv et d’Herzliya sont en majorité des femmes arabes portant
ostensiblement le voile et côtoyant des collègues russes athées. Aucun client n’a
jamais trouvé à redire, ni à boycotter un tel commerce. Au contraire les clients
les préfèrent à cette place plutôt que dans les rangs des terroristes.
Nous sommes dans des positions extrêmes parce que les hommes politiques exploitent ces sujets à des fins électorales. Ou
bien l’on est pour la liberté individuelle de culte, ou bien on légifère jusqu’à
voter des lois pour chaque tenue, chaque chapeau, chaque kippa et chaque voile.
Plus on attire l’attention sur une tradition spécifique, souvent méconnue d’ailleurs, et plus on crispe une population qui volontairement se transforme en fervente pratiquante.
Plus on soulève une question privée et plus on exacerbe les tensions et les
passions jusqu’à créer une rupture entre les citoyens.
Etudiante arabe à l'université de Tel-Aviv |
C’est
presque le seul point où il existe consensus en Israël tant la diversité est courante.
Nul n’a jamais songé à prôner le vote d’une loi s’appliquant à une minorité. C’est
la preuve qu’il n’existe pas d’apartheid comme certains
étrangers tentent de le faire croire. C’est la preuve que le judaïsme israélien,
dont certaines règles sont anachroniques, est très ouvert puisqu’il permet la
liberté de pratique du culte à tous ses citoyens. Jamais les Israéliens n'ont accepté de politiser
une pratique religieuse. Et si Israël qualifié de modèle pour ses techniques sécuritaires devenait un modèle pour une vraie laïcité ?
Jacques Benillouche tu confonds les principes différents sur lesquels sont fondés Israël et la France. Israël est un pays juif, il y a donc la notion de religiosité. Idem pour les pays anglo-saxons qui vivent regroupés en communauté. La France se revendique avant tout laïque, ce qui impose la conformité de ses règles de vie en commun. La France est une Republique avec pour devise : liberté, égalité, fraternité, et la religion n'y a pas sa place, du moins dans la sphère publique. C'est en cela qu'elle diffère fondamentalement de tous les autres pays.
RépondreSupprimerCordialement
Véronique Allouche
Les deux situations ne sont en rien comparables.
RépondreSupprimerLes musulmans en France sous influence whahabite ou salafiste pratiquent depuis 30 ans ce que j'appellerais la technique du "salami".
(Hallal bien sur) [?]
Elle consiste a couper discrètement chaque fois une tranche très fine du saucisson sans éveiller l'attention de son propriétaire jusqu'à sa disparition complète.
Ainsi les premières tranches ont consisté en refus de mixité dans les piscines scolaires, puis refus de recevoir l'enseignement de pans entiers de l'histoire.
Puis ce fut l'exigence de menus hallal, puis le port du foulard, puis les prières de rues..
La liste est trop longue pour être citée ici, pour en arriver finalement aujourd'hui
au fameux burkini.
Tout ceci relève donc bien d'une technique sournoise de tests silencieux, et si les autorités ne réagissent pas, ou trop tard, celà devient acquis.
Il faut être un bisounours pour ne pas vouloir comprendre que les salafistes veulent imposer lentement mais sûrement la Charia en France.
À la suite des vagues d'attentats, la population française commence à se réveiller et exteriorise son rejet viscéral de l'islam conquérant.
Le mouvement du balancier semble commencer à s'inverser, peut être sommes nous en train d'assister à une "reconquista"comme celle des espagnols contre les maures ?
Michelle M. a dit...
RépondreSupprimerCher Jacques; en Israël, différentes communautés coexistent culturellement mais ne cherchent pas à empiéter les unes sur les autres. En France la communauté musulmane est beaucoup plus agressive. Dans les banlieues on enfreint le code islamique à son péril. Dans certains quartiers les épiceries hésitent à proposer des conserves de porc. Une pression intense est exercée sur les cantines scolaires pour exclure la viande de porc. Dans les écoles les atteintes à la mixité - piscine, sport, se multiplient. Et je ne parle pas des attentats. L'interdiction du burkini traduit le ras-le-bol d'une France pourtant traditionnellement tolérante sur les questions vestimentaires mais qui se sent "envahie". C'est ce qu'exprimait il n'y a pas si longtemps Finkielkraut dans son livre "L'identité malheureuse."
Marianne ARNAUD a dit...
RépondreSupprimerCher monsieur Benillouche,
Heureusement que vous avez bien précisé : "Billet d'humour" ! Car à la vérité le sujet du burkini qui, paraît-il, nous vaut beaucoup de moqueries de media étrangers, ne prête guère à rire ici. Bien au contraire, car il participe à l'accroissement de l'exaspération des Français - traumatisés par les carnages en tout genre - et Véronique Allouche vous a très bien expliqué pourquoi.
Nous avons notre Histoire qui n'est pas celle, ni des pays anglo-saxons, ni d'Israël. Nous avons nos lois de séparation de l'Église et de l'État qui datent de 1905, qui ne concernaient que les chrétiens et non les musulmans. Le moins que l'on puisse dire, au vu des "incidents" qui se multiplient c'est que nos lois ne sont plus adaptées à la situation actuelle. C'est bien ce que le Premier ministre a reconnu en filigrane, lorsqu'il a soutenu les maires qui prenaient des décrets d'interdiction du burkini. Cela n'est pas suffisant. Mais qui osera prendre ce problème à bras le corps et qui permettra de faire la différence entre un Français musulman respectueux des lois de la République, et des extrémistes qui se servent de la burka et de burkini imposés aux femmes, pour provoquer et déstabiliser la société française ?
Et puisque l'ambiance serait paraît-il à l'humour, permettez-moi de proposer à vos lecteurs ce petit extrait d'un film, vieux de plus de trente ans, où on verra à quel point la réalité a déjà dépassé la fiction :
http://www.delitdimages.org/bd-paris-sera-toujours-paris/
Très cordialement.
birkini,kippa ou autre qu'est_ce qu'en s'en fou, ils en a bien qui se foutent a poil dans les plages et parfois des rigolos aux stades. la liberté pour tous . tant que les armes ne sont pas au milieu
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