Radio Judaïques FM
BENNETT- LIEBERMAN ET LE CABINET
Jacques BENILLOUCHE
au micro de
Eva SOTO
Golda Meir dans sa cuisine |
Les dirigeants de HaBayit Hayehudi, les sionistes religieux, avaient menacé de faire tomber le gouvernement si leurs revendications n’étaient pas satisfaites. Ils avaient déjà mal accepté l'arrivée de Lieberman au gouvernement. Ils exigeaient de nommer un attaché militaire permanent au cabinet de sécurité, seul organe habilité à déclencher une guerre.
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Cabinet de sécurité |
Cette demande est liée à la
nomination au ministère de la défense d’Avigdor Lieberman. Naftali Bennett avait émis des réserves : «Je ne suis pas prêt à ce que des soldats meurent parce
que le cabinet de sécurité reste aveugle à cause de l'ego de quelqu'un». Il
accusait par la même occasion Netanyahou d'avoir dissimulé des informations aux membres du Cabinet
de sécurité durant la guerre de Gaza de 2014. Selon Dan Meridor, ancien
ministre du Likoud : «Contrairement aux États-Unis où le président
décide d'une guerre, la législation israélienne stipule que le Cabinet de
sécurité, et non le premier ministre, est seul responsable du lancement d'une
guerre».
En effet, les gouvernements ne sont jamais à l’abri d’une erreur de décision. On se souvient en
effet qu’entre le vendredi 11 et le dimanche 13 août 2006, trente-trois soldats
étaient tombés lors de l'ultime offensive de Tsahal contre le Hezbollah au Liban. Avec
le temps et après la froideur des comptes rendus, on avait découvert que l'envoi à la mort de ces soldats était étranger à toute stratégie
militaire, était une exception politique. Le commandement militaire avait reçu
l’ordre d’héliporter des soldats dans la gueule du loup, vers une mort
prévisible et certaine.
Mofaz Olmert |
La réponse avait été fournie par le premier ministre Ehud
Olmert lors de son témoignage devant la commission d'enquête Winograd. Cette
offensive était indispensable pour des raisons de «politique étrangère»
afin de «faire pression sur le Conseil de sécurité de l'ONU qui délibérait
sur la résolution de cessez-le-feu ce même jour. Cette offensive nous a permis
d'obtenir une résolution plus favorable à Israël». Ainsi les trente-trois soldats
morts morts à la veille du cessez-le-feu avaient été sacrifiés pour l’obtention d’une
résolution «favorable» à Israël. Le gouvernement avait pris l’initiative
d'une offensive terrestre aux risques prévisibles et à grands renforts
médiatiques, non pas pour conquérir une position stratégique ou pour éradiquer une
unité ennemie, mais pour que «l'ONU émette une résolution favorable à Israël». Sur décision du Cabinet de sécurité, des jeunes avaient été envoyés à une boucherie
pour le prix d’un parchemin.
Bennett et Lieberman |
La
demande de Naftali Bennett est donc considérée comme légitime par beaucoup de
dirigeants israéliens qui ont découvert que le Cabinet de sécurité des
principaux ministres, responsable des décisions sécuritaires du pays, et donc
de la guerre ou de la paix, ne comportait aucun membre militaire permanent. On
comprend la préoccupation des législateurs qui ont estimé que l’armée est aux
ordres du pouvoir politique et qu’elle ne doit pas s'immiscer dans la prise de
décision du gouvernement. Ils craignaient que sa présence au Cabinet de sécurité soit l'objet de pressions sur les ministres et qu'elle soit juge et partie.
En fait une solution peut être trouvée en permettant aux chefs sécuritaires : État-major, Mossad (sécurité à l'étranger), Shabak (sécurité intérieure) et Aman (sécurité militaire) d'être présents pour répondre aux questions des ministres, sans toutefois avoir droit de vote. Cette mise à l'écart des militaires peut expliquer, sinon justifier, qu'ils prennent la parole en public pour mettre en garde la population dès lors qu'ils ne peuvent le faire dans les instances politiques nationales.
En fait une solution peut être trouvée en permettant aux chefs sécuritaires : État-major, Mossad (sécurité à l'étranger), Shabak (sécurité intérieure) et Aman (sécurité militaire) d'être présents pour répondre aux questions des ministres, sans toutefois avoir droit de vote. Cette mise à l'écart des militaires peut expliquer, sinon justifier, qu'ils prennent la parole en public pour mettre en garde la population dès lors qu'ils ne peuvent le faire dans les instances politiques nationales.
Mais
le paradoxe tient au fait que des civils, souvent incompétents en stratégie
militaire, ont à prendre des décisions sécuritaires sans disposer de tous les
éléments de décision. Jusqu’à présent, le problème ne se posait pas puisque, à
quelques exceptions près, les ministres de la défense étaient souvent des anciens
chefs d’État-major ayant gardé d’excellentes relations avec le haut commandement militaire. Et parmi eux les généraux Yitzhak Rabin, Yitzhak Mordechai, Ehud
Barak, Binyamin Ben-Eliezer, Shaul Mofaz et Moshe Yaalon.
Mais la nomination au poste de ministre de la défense d’un «caporal magasinier», sans expérience du combat et n'ayant accompli qu'une année de service militaire, a modifié la donne. À cela il faut ajouter les rivalités politiques entre Bennett et Lieberman pour le leadership nationaliste. Enfin, les anciennes déclarations intempestives du nouveau ministre de la défense sur les méthodes qu’il compte appliquer inquiètent les sionistes religieux qui craignent des dérives.
Mais la nomination au poste de ministre de la défense d’un «caporal magasinier», sans expérience du combat et n'ayant accompli qu'une année de service militaire, a modifié la donne. À cela il faut ajouter les rivalités politiques entre Bennett et Lieberman pour le leadership nationaliste. Enfin, les anciennes déclarations intempestives du nouveau ministre de la défense sur les méthodes qu’il compte appliquer inquiètent les sionistes religieux qui craignent des dérives.
En
fait, le gouvernement dispose déjà d’une structure de conseil, le Conseil de sécurité
nationale (NSC, HaMo'atzah leBitachon Leumi). Il représente l'organe central
d'Israël pour la coordination, l'intégration, l'analyse et la surveillance dans
le domaine de la sécurité nationale et a pour rôle de fournir des conseils sécuritaires
professionnels au premier ministre et au gouvernement israélien. Les ministres et députés n'ont pas accès à ses informations. Il s’agit d’un
organe uniquement consultatif dont les recommandations ne sont pas contraignantes.
Chefs militaires |
Le
Conseil tire en effet son autorité du gouvernement et fonctionne sous les directives exclusives du premier
ministre. Le NSC a été créé en 1999 par Benjamin Netanyahou suite à la
résolution 4889 du gouvernement, dans le cadre des leçons tirées après la
guerre du Kippour. Il maintient également les communications diplomatiques de
haut niveau avec les puissances mondiales dans le cadre de l’Onu, l’Otan et
l’Ocde. Le Conseil a été dirigé de 2011 à 2013 par Yaacov Amidror et de 2013 à
décembre 2015 par Yossi Cohen qui a été nommé à la tête du Mossad au début de
l’année 2016. Le général de brigade Avriel Bar Yossef dirige le NSC depuis
février 2016.
Le
Cabinet de sécurité est l’ancêtre du «Kitchen Cabinet of Israël» appelé
ainsi parce que le premier ministre Golda Meir réunissait ses principaux
ministres, le samedi dans sa cuisine, pour débattre en comité restreint de la
politique du pays autour d’un plat qu’elle confectionnait elle-même. Elle préparait ainsi en petit comité le conseil des ministres du lendemain. Depuis, la
structure du Cabinet a eu une existence légale et est régie par une loi. Il
comprend cinq membres de droit : Benjamin Netanyahou premier ministre,
Avigdor Lieberman ministre de la défense, Gilad Erdan ministre de la sécurité
intérieure, Ayelet Shaked ministre de la justice et Moshé Kahlon ministre de
l’intérieur. À ces permanents s’ajoutent cinq membres additionnels selon un
dosage politique imposé par la coalition : Arie Dhery ministre de l’intérieur,
Israël Katz ministre des transports, Naftali Bennett ministre de l’éducation,
Zeev Elkin ministre de l’immigration et Yoav Galant ministre de la
construction. Deux membres invités permanents y participent : Avichai
Mandelbit procureur général et Avriel Bar-Yossef chef du NSC.
Avriel Bar-Yossef |
Pour éviter la chute de son
gouvernement, le premier ministre a accepté un compromis présenté par le
ministre de la Santé Yaacov Liztman. Le directeur du NSC communiquera aux membres
du Cabinet de sécurité les informations leur permettant de prendre des
décisions militaires, en toute connaissance de cause. Mais il ne s’agit que
d’une solution provisoire car Benjamin Netanyahou a constitué une commission de
trois experts, dirigée par un ancien conseiller à la sécurité nationale, qui
rendra ses conclusions sur une éventuelle réforme du Cabinet. Mais ce compromis a minima permet à Bennett de garder la face et à Lieberman d'entrer au gouvernement.
Bravo la vraie démocratie israélienne: une nouvelle loi pour annuler une loi qui permettait de créer une loi qui annulait la loi précédente, permettant de créer une loi pour supprimer la loi de créer une loi....
RépondreSupprimerbravo, c'est cela la lumière pour le monde!
un ministre de l'éducation qui annule la loi sur l'obligation d'enseigner la culture de base à l'école religieuse
une ministre de la culture sans culture sinon la polémique ridicule et dépassée entre ashkénazes et séfarades.
un ministre de la défense sans culture militaire mais avec une grande culture de la dictature à la russe
un bibi qui porte bien son nom parce que ce qui compte dans le monde pour lui c'est bibi (moi moi et encore moi!)
je pourrais encore continuer la liste, mais... excusez moi, j'ai besoin pressant...
Chapeau Israël! Il ne reste plus qu'à détruire tout ce qui a été construit avant, mais construire ou détruire, c'est toujours travailler, non?
Tant qu'ils ne font pas danser sur les tombes des soldats morts !
RépondreSupprimerCher monsieur Benillouche,
RépondreSupprimerSi vous restez discret sur "les anciennes déclarations intempestives du nouveau ministre de la Défense", sachez que d'autres, ici ce matin, ne se privent pas de nous mettre les pendules à l'heure !
Cordialement
http://www.les-crises.fr/israel-les-declarations-surrealistes-davigdor-lieberman/?utm_source=feedburner&utm_medium=feed&utm_campaign=Feed%3A+les-crises-fr+%28Les-Crises.fr%29
Chère Marianne,
RépondreSupprimerJe n'ai pas voulu être discret mais je ne voulais pas répéter ce que j'avais écrit il y a quelques jours à ce sujet de manière plus détaillée :
http://benillouche.blogspot.fr/2016/05/la-tentation-lieberman.html