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lundi 18 avril 2016

Les pays arabes politisent l'Unesco



LES PAYS ARABES POLITISENT L’UNESCO

Par Jacques BENILLOUCHE

copyright © Temps et Contretemps

          Ainsi parle l'Éternel : Je retourne à Sion, et je veux habiter au milieu de  Jérusalem. 
         Jérusalem sera appelée ville fidèle, et la montagne de l'Éternel des armées montagne
         sainte. 
                                                                                      (Zacharie 8: 3)



Les votes à l’UNESCO sont sans surprise puisque les pays arabes et leurs alliés disposent d’une majorité automatique confortable. Les Israéliens n’ont aucun moyen de contrer une décision quelconque et finissent par être résignés. Les États-Unis n’y disposent d'aucun droit de veto. Ils ne sont jamais entendus. C’est pourquoi, ils avaient déjà décidé de retirer à cette institution leur contribution financière qui s’élève à 22% du  budget total.




Ce n’étaient pas les premières mesures qu’ils prenaient contre l’Unesco. Ronald Reagan avait déjà décidé de la quitter en décembre 1984 car il l’estimait trop politisée. L'Organisation des Nations-Unies pour l'éducation, la science et la culture a pourtant des objectifs précis définis par ses statuts. Son premier programme repose sur «une philosophie exempte de tout sectarisme, globale et universelle, fondée sur un humanisme mondial, scientifique, évolutionniste».  Or les Américains s’étaient déjà inquiétés de voir que des «tendances dans la politique, l'orientation idéologique, le budget et la gestion de l'Unesco nuisent à l'efficacité de l'Organisation». Ils avaient cependant réintégré l’Organisation le 29 septembre 2003.
Le 21 octobre 2015 l’Unesco s’était encore distinguée en «condamnant fermement les agressions israéliennes et les mesures illégales limitant la liberté de culte et l’accès des musulmans au site sacré de la mosquée Al-Aqsa sur l’esplanade des Mosquées».
Autorisée par la Commission des relations de programme et externe du conseil d'administration, une nouvelle résolution a été présentée le 15 avril 2016 par l'Algérie, l'Égypte, le Liban, le Maroc, Oman, le Qatar et le Soudan. Le conseil d'administration de 58 membres a approuvé la résolution par 33 voix pour, six contre et 17 abstentions. Deux pays, le Ghana et le Turkménistan étaient absents. L’Estonie, l’Allemagne, la Lituanie, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et les États-Unis ont voté contre la résolution. La France, l’Espagne, la Slovénie, la Suède, et la Russie étaient parmi les pays qui ont soutenu la résolution. Cette résolution  efface tout lien  d'Israël avec le Mont du Temple et le Kotel (Mur occidental). Il n’y est fait référence qu’à une zone exclusivement destinée à la mosquée Al-Aqsa ou Al-Haram Al Sharif, ignorant totalement la revendication juive sur le site.

On avait cru un instant que l’admission des Palestiniens dans l’organisation allait être  enfin l’occasion pour les pays arabes de s’imprégner de la démocratie occidentale qui leur fait défaut. L’Unesco a en effet pour objectif, selon son acte constitutif, de «contribuer au maintien de la paix et de la sécurité en resserrant, par l’éducation, la science et la culture, la collaboration entre nations, afin d’assurer le respect universel de la justice, de la loi, des droits de l’homme et des libertés fondamentales pour tous, sans distinction de race, de sexe, de langue ou de religion.»
En décidant d’utiliser cette tribune pour fustiger en permanence l’État d’Israël, ils n’obtiendront aucun résultat tangible et l’Unesco deviendra alors une organisation de plus, influencée par les pays à pétrodollars qui régissent le comportement de la majorité de ses membres. Israël quant à lui sait que sa situation ne changera pas et qu’il ne trouvera jamais grâce parmi les États du globe qui jugent toujours les actes juifs de manière strictement négative. Alors l’Unesco reprendra, par ses résolutions «unanimes», ses habitudes de blâmer, de critiquer et bien sûr d’accuser Israël à chaque occasion qui se présentera. Les diplomates juifs constateront que les gesticulations pacifiques et la volonté d’Israël de prôner une politique d’apaisement ne rencontrent jamais, en face, une acceptation réelle pour promouvoir la paix.
Les pays arabes feraient mieux de prôner la protection des institutions éducatives et culturelles, la garantie du droit à l’éducation, l’accès à la culture, la promotion de la diversité des expressions culturelles et la préservation de leur patrimoine. Mais ils ont tort d’utiliser l’Unesco pour obtenir un quelconque droit de propriété sur certains sites religieux protégés car alors ils trouveront des pays déterminés à leur faire barrage.
 Philippe Lalliot Ambassadeur, délégué permanent de la France auprès de l'UNESCO

Les Français, qui gardent l’œil fixé sur la ligne d’horizon de leur balance commerciale, semblent vouloir faire cavaliers seuls en se désolidarisant des États-Unis, du Royaume-Uni et de l’Allemagne censés être unis dans l’Union européenne. Une nouvelle occasion de prouver que l’union politique européenne n’est pas en marche. Le Quai d’Orsay persiste quant à lui dans sa volonté de se distinguer dans sa doctrine vis-à-vis de l’État juif. En ne s’abstenant pas, comme d’autres pays européens, la France perd à nouveau sa crédibilité en Israël et donne des arguments à ceux qui ne veulent plus soutenir ce gouvernement.
Les Israéliens vont de déception en déception. Au moment où des avancées politiques mènent à une reconnaissance d’Israël par certains pays modérés, les autres pays arabes pourront certes se targuer d’avoir obtenu une victoire diplomatique mais  la question reste l’usage qu’ils en feront. S’ils pensaient rendre service aux Palestiniens, ils n’auront réussi qu’à bloquer encore plus un processus de paix moribond. C'est à croire que l'on cherche à saboter toute tentative de dialogue de paix avec ce déni de l'Histoire qui ne grandit pas ses auteurs.
Ce n’est pas le moment de toucher à la question sensible de Jérusalem que tous les négociateurs sérieux s’accordent à dire qu'il s'agit d'un sujet à résoudre en fin de processus. Ce n’est pas le moment d’envenimer les esprits au moment où l’on sent des démarches politiques positives dans la région. C’est le moment, en revanche, de s’efforcer d’atténuer les tensions en ne versant pas d’huile sur le feu dans une région où on a de plus en plus tendance à user de la rhétorique religieuse. L’Unesco doit s’abstenir de toute velléité de glisser sur le terrain religieux. En revanche, c’est une nouvelle occasion pour Israël de préciser que «Jérusalem restera toujours la Capitale de l’État d’Israël et du peuple juif. En continuant sur la voie de l’incitation, du mensonge et de la terreur, l’Unesco prend le chemin de l’insignifiance».

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