Lors du dîner annuel du CRIF, qui
s’est tenu à Paris le 10 mars, François Hollande, invité d’honneur de ce dîner,
dans l’impossibilité de se trouver au
même moment à Paris et à Bruxelles, où se tenait un sommet des chefs d’État ou
de gouvernement européen, a demandé à Manuel Valls de le représenter et d’y
lire le discours qu’il avait préparé. Comme on peut s’en douter, le premier
ministre a accompli sa mission en adaptant le discours à son propre style
sans en modifier évidemment la teneur.
C’est ainsi qu’il a déclaré : «l’antisionisme est synonyme de
l’antisémitisme et de la haine d’Israël». Cette phrase a, bien entendu, été
fortement applaudie par les 700 ou 800 personnes réunies ce soir là, mais sa
reprise dans les média, le lendemain, a provoqué les critiques de ceux qui
soutiennent inconditionnellement la cause palestinienne et qui, implicitement
ou explicitement le plus souvent, considèrent que l’aboutissement des revendications nationales des Palestiniens passe par la disparition des structures étatiques d’Israël,
de l’entité sioniste comme disent les plus extrémistes.
Il y a plusieurs dizaines d’années,
avant la seconde guerre mondiale, on pouvait débattre encore, au sein des
communautés juives de la nécessité d’un État juif, et ce débat eut bien lieu au
sein du peuple juif, entre différentes tendances, socialiste, bundiste,
communiste et nationaliste, c’est-à-dire sioniste. Étaient sionistes, ceux qui
voulaient créer un État juif en Palestine. L’Histoire, après la tragédie de la Shoah,
a tranché en leur faveur. Aujourd’hui,
l’Etat d’Israël existe, et être antisioniste signifie militer, agir pour la
destruction de cet État.
Autant on peut comprendre les rancœurs des Palestiniens
à l’égard des Israéliens, l’État s’est construit à leurs dépens, il leur faut
en partager la terre, autant il est
difficile de comprendre que le soutien de l’extrême-gauche, en particulier, se soit
focalisé sur le conflit israélo palestinien.
La région est à feu et à sang depuis cinq ans, cinq millions de Syriens
ont quitté leur pays pour fuir les combats, 200 à 300 mille sont morts sous des
bombardements sans qu’il y ait eu beaucoup de protestation. On n’a pas entendu,
ou si peu, crier à mort Assad. Par contre, quand Gaza, a été bombardé en 2014,
on a défilé dans Paris en criant à mort
Israël, à mort les Juifs, alors
qu’on aurait pu, dû en toute logique, vitupérer contre le gouvernement israélien
qui dirigeait le pays. Mais, dès qu’il s’agit d’Israël, on ne fait pas de distinction entre
les gouvernants et le peuple, les Juifs forment une seule entité, diaspora
comprise, tous condamnables.
Ahmed Jabari avec Khaled Mechaal |
Les qualificatifs, aussi, sont
différents selon qu’on les applique à des Israéliens ou à des Palestiniens.
Je lisais dans la lettre du Point, un article en date du 14 mars, dont la
source était l’AFP. Le titre était le suivant : «le cerveau présumé d’assassinats
nommé à la tête du Shin Beth, et en sous titre, Déjà numéro deux du service de
renseignements et de lutte anti terroriste, Nadav Argaman aurait ordonné
l’élimination de plusieurs activistes
palestiniens». Deux de ces «activistes» étaient des responsables de la branche militaire du Hamas,
en guerre déclarée avec Israël, faut-il le rappeler. Ils étaient responsables
de très nombreuses attaques contre Israël et de nombreux attentats mortels contre
des civils. Les uns n’étaient que des activistes, l’autre un assassin ! En
aurait on dit autant d’un chef des services secrets français qui par son action
aurait bien mérité de la patrie ? C’est à classer, sans doute, dans la
rubrique antisionisme.
Il est encore difficile en Europe, en France en particulier, mais de moins en moins, de se dire antisémite, alors on emploie un euphémisme, on se dit antisioniste, ce vocable a l’avantage d’englober dans un même mot l’antisémitisme et la haine d’Israël. Il faut remercier Manuel Valls d’avoir parlé sans fard.
Alors qu'il est de bon ton d'élever la voix pour clamer " pas d'amalgame" lorsque tel ou tel intellectuel pose la question du problème d'un certain islam en France, a contrario on maintient l'idée répandue qu'être antisioniste ne revêt pas une forme d'antisémitisme. Quelle est cette nouvelle extrême gauche qui se montre plus extrémiste que ne l'était l'extrême droite? Bravo à Monsieur Valls qui ose dire, répéter et dénoncer cet antisémitisme à peine voilé. Dans le futur, y aura-t-il d'autres voix politiques qui suivront son exemple??? Pas vraiment certaine.
RépondreSupprimerBien cordialement
Véronique Allouche
Il ne faut pas tout mélanger.Israël est
RépondreSupprimerUn état,être juif est une religion,être
Juif n'est pas une tare,comme être chrétiens!