Les sondages, cette fois, avaient vu juste, le Front National est arrivé en tête, en France métropolitaine, avec plus de 28 % des voix, devant Les Républicains et le Parti Socialiste arrivé en troisième position. Il est en tête dans six régions dans lesquelles il obtient plus de 30 % des suffrages, avec des pointes à 40 % en Nord-Pas-de-Calais-Picardie et Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Ces résultats à gauche, comme à
droite, ne peuvent pas surprendre. Depuis 2014 le parti socialiste a perdu,
successivement les municipales, les européennes, les départementales.
L’électorat de gauche s’est progressivement éloigné de ses représentants, déçus
par la politique menée par François Hollande et ses chefs de gouvernement successifs.
François Hollande s’était bien gardé de faire des promesses inconsidérées, mais
il n’avait pas vraiment pris la mesure
de la crise structurelle que nous traversions. D’un tempérament, naturellement
optimiste, il s’était imaginé que nous étions à la fin d’un cycle économique,
que la croissance reprendrait et qu’il suffirait de quelques mesures
d’ajustement pour sortir de la crise.
Il s’est refusé à faire, dans les
100 premiers jours qui ont suivi son élection, les réformes nécessaires. Elles
ont été mises en œuvre par la suite, mais les effets ne peuvent être immédiats et
les résultats, pour être perceptibles, dans le cas du chômage par exemple,
exigent du temps. Son électorat populaire, salariés et ouvriers, qui espéraient
une amélioration rapide de leur niveau de vie, un retour rapide au plein-emploi,
ont été déçus. Ils se sont détournés de
la gauche, qu’ils ont sanctionnée dans les différents scrutins. Ils ne se sont pas
abstenus de voter, ils ont prêté
l’oreille aux promesses fallacieuses sur le plan économique, aux propos
xénophobes et racistes du Front National qui leur désignait l’autre, comme le
bouc émissaire responsable de tous leurs maux et lui ont reporté leurs voix.
Pourquoi au Front National et non à la
droite me direz-vous ?
Parce
que la droite aussi a failli avec Chirac, avec Sarkozy, parce qu’elle ne présente
pas une alternative crédible même pour ceux qui votent traditionnellement à
droite, parce que celui qui est à nouveau son chef, et dont le retour à la tête
de l’UMP rebaptisée Les Républicains, devait provoquer un sursaut salvateur n’a
pas convaincu. Comment voulez-vous que les Français puissent croire, que battu
en 2012 Monsieur Sarkozy, tel le Phénix renaissant de ses cendres, allait réapparaître sur la scène politique comme un
homme nouveau, avec des idées nouvelles alors qu’il ne propose que des réformes qu’il n’a pas voulu
ou pu appliquer quand il était le chef de l’Etat ? Comment à nouveau lui
faire confiance ?
Alors
après avoir essayé la droite puis la gauche, pourquoi ne pas tenter l’extrême-
droite, se disent les Français. Pourquoi ne pas voir, à l’œuvre, l’extrême-droite d’autant que
ces élections ont une importance relative. Si elle aussi nous déçoit, nous nous
en débarrasserons se disent-ils.
Marine
Le Pen sait, que dans la Ve République, seule compte «la mère des
élections» l’élection présidentielle. Elle en a tenu compte en bâtissant la
stratégie qui doit lui permettre d’accéder au poste suprême. Il lui faut, élection
après élection augmenter son score de manière à finir par dépasser les 50
% nécessaires pour être élue présidente
de la République. Mais Marine Le Pen, comme le Front National, sont en mal de
crédibilité ; même leurs électeurs les plus fidèles ne pensent pas qu’ils
soient capables de gouverner. D’où l’importance des régionales. Élus à la tête
de régions, les Le Pen et consorts pourraient les diriger, sans excès, en se
contentant à moyen terme de les gérer sans
y appliquer les points de leur programme
qui pourraient choquer les républicains.
La
présidentielle aura lieu dans 18 mois, d’ici là, il ne faut pas effrayer le
futur électeur, mais montrer patte
blanche. C’est ce qu’ils font dans les
mairies qu’ils ont conquises. Cela leur
permet de former les cadres qui leurs manquent, de se donner une image de bons
gestionnaires et d’élargir leur électorat. Il faut l’arrêter, dans son ascension vers le
pouvoir, il faut battre le Front National.
Selon les derniers sondages, Xavier Bertrand et Christian Estrosi sont donnés largement gagnants face au Front National. En retirant ses candidats, arrivés en troisième position, le Parti Socialiste a fait barrage aux candidats d’un parti xénophobe et populiste, c’est tout à son honneur. Il faut souhaiter que ce résultat se confirme dimanche.
Dans une Europe au bord de la dépression économique où la France tient une place de choix avec son chômage endémique, son immigration incontrôlée, et maintenant son insécurité existentielle due à la radicalisation islamiste, les électeurs se sont retournés contre le pouvoir qui, contrairement à ce que vous affirmez, leur avait promis de "ré-enchanter le rêve" !
RépondreSupprimerQu'à cela ne tienne : le Front national, consacré premier parti de France, dimanche dernier, sera battu dimanche prochain par une "coalition" de droite et de gauche, dont la seule politique est de "faire barrage au FN" !
Et Manuel Valls d'affirmer que le "parti du progrès" va gagner neuf ou même dix régions.
Devant tant d'assurance face à cette perspective inespérée, pourquoi "sonner l'alerte" ?
Votre intervention est très intéressante elle pose la bonne question
RépondreSupprimerLe pari est important mais le pire c'est cette infection des espritsites alors les scores réels sont moins effrayantsur que les tendances profondes qu'elles mettent à jour.
RépondreSupprimerClaude Bartolone "rehausse" le débat en attaquant Valérie Pecresse sur son discours qui s'approcherait de celui du FN et de la "race blanche".
RépondreSupprimerQuelle impudeur! Quelle bassesse dans le débat politique!
Concernant Marine le Pen, "Il faut l'arrêter dans l'ascension du pouvoir, il faut battre le FN", écrivez-vous. Pensez-vous que la meilleure offensive soit l'invective?
Seuls les économistes, plus réalistes et pragmatiques,mettent au clair son programme économique qui serait désastreux pour la France: retraite à 60 ans, augmentation du smic de 200€, retour au franc qui aurait pour conséquence une dévaluation instantanée de 30 %.
C'est sur ce terrain qu'il faut l'attaquer
car hélas ce parti xénophobe et raciste n'effraye plus, il indiffère plutôt bon nombre de français.
Bien cordialement
Véronique Allouche