RÉFLEXIONS SUR
UNE CATASTROPHE PRÉVISIBLE
Par Jacques BENILLOUCHE
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Il ne fait aucun de doute que le vainqueur des élections régionales de 2015 est incontestablement le Front National. Selon les résultats du ministère de l’intérieur, le Front national recueille 27,96 % des suffrages exprimés, devant l’union de la droite formée par Les Républicains, le MoDem et l’UDI (26,89 %). À gauche, le PS plafonne à 23,33 %. Les Écologistes recueillent 8,5% et le Front de gauche 5,5%. À l’extrême-droite, Debout la France récolte 3,8% des voix.
Leaders FN |
Ces élections portent en elles un enseignement sur les futures présidentielles de 2017 bien qu’il soit trop tôt pour faire des pronostics. Le Front National pourra difficilement atteindre la majorité absolue dans le pays malgré ses résultats de 2015. Il ne dispose pas de réserve, à la rigueur les 3,8% de DLF. Le réflexe républicain pousse toujours les Français à éliminer au 2ème tour le candidat du FN. Par ailleurs la gestion des nouvelles régions par les amis de Marine pourrait s'avérer désastreuse d'ici 2017. La révolution qu'ils veulent imposer, pour des changements tout azimut, pourrait amener un désordre que les citoyens regretteront.
Il
est certain qu’un certain désenchantement subsiste à droite car le parti Les
Républicains n’a pas pu atteindre la première place pour booster les prochaines
échéances électorales. Nicolas Sarkozy sort affaibli du premier tour parce qu’il est
précédé par Marine le Pen. Malgré l’unanimité de façade sur le principe «ni-retrait-ni
fusion» face au FN et au PS, se profile déjà la lutte pour la primaire de 2016.
Deux poids lourds du parti ont déjà marqué leur opposition à la stratégie de
Sarkozy ; Nathalie Kosciusko-Morizet, numéro deux du parti, et Jean-Pierre
Raffarin, ancien premier ministre de Jacques Chirac, ont tenu à exprimer leur différence. Nicolas Sarkozy avait misé sur une droite unie dès le premier tour, avec le
Modem et l'UDI, pour faire reculer le
Front national comme en 2007 mais cette union n'a pas porté ses fruits.
Nathalie Kosciusko-Morizet |
Son retour en politique, suivi de la prise de contrôle de l’UMP, ne lui a pas
permis de s’afficher en tant que meilleur rempart contre le Front national. La
victoire de Marine le Pen, qui peut se targuer à présent d’être le premier
parti de France, l’affaiblit et il va aborder la bataille des primaires à
droite de 2016 en position de faiblesse. Selon de nombreux témoins, Alain Juppé
et François Fillon ont déjà multiplié les attaques en petit comité pour
dénoncer l'échec de Sarkozy. Le plus virulent a été Hervé Mariton : «C'est
l'échec de Nicolas Sarkozy, car Nicolas Sarkozy, d'évidence, n'est pas crédible
comme représentant d'alternance après avoir lui-même, les Français le lui
avaient signifié, échoué avant 2012. On ne peut pas retrouver la confiance des
Français en mettant en avant comme principale proposition de l'opposition
quelqu'un qui a été clairement sanctionné par les Français en 2012». La
guerre sera déclarée au lendemain du deuxième tour avec son lot de règlements de comptes.
François
Hollande a payé pour ne pas avoir exploité tous les pouvoirs qu’il détenait
dans les départements, dans les régions et même un certain temps au Sénat. Il a
semblé tétanisé durant le début de son quinquennat alors qu’un boulevard s’offrait
à lui. Rien n’a été fait pour améliorer le sort des Français ; rien n’a
été fait pour réduire le chômage sauf quelques mesurettes homéopathiques sans
grande conséquence ; rien n’a été fait pour réduire les impôts pour les
classes moyennes ; rien n’a été fait pour réduite la dette de l’Etat ;
rien n’a été fait pour équilibrer les
comptes de l’Etat. A la rigueur a t-il montré ses qualités de chef militaire contre le terrorisme. La déception est là et ceux qui ont voté pour Hollande en
2012 ont déserté le camp, même les inconditionnels de gauche.
Mais
la gauche dispose de beaucoup de ressources. Elle peut rééditer son exploit de 1988 lorsqu’elle avait perdu toutes les
élections mais gagné la présidentielle. Il s'agit d'un simple calcul mathématique. Ces
élections vont servir de leçon à la gauche toute entière qui n'a plus d'autre moyen pour exister que de ressaisir sauf à choisir la voie du suicide politique. Si elle décide de s’unir et de gommer les divergences idéologiques, elle peut obtenir plus de 32% des voix au premier tour pour éviter un nouveau
2 avril. Elle en a les moyens car elle
dispose de militants encartés capables de diffuser la bonne parole. Même si
elle arrive après Marine le Pen à la présidentielle, toutes les voix
républicaines se porteront sur le candidat socialiste. C’est à se demander si François Hollande ne jubile pas
actuellement dans son château car sa victoire n’est plus exclue avec la montée
du FN. Hollande a été à l’école de Mitterrand et c’est un bon élève. Il pourrait être élu, non pas par conviction, mais par défaut parce que le candidat de droite aura été mal choisi.
Les
seuls à avoir compris le danger sont Nathalie Kosciusko-Morizet et Jean-Pierre
Raffarin qui, au-delà de leur opposition ponctuelle, ont voulu lancer un cri d’alarme
à l’intention de leurs amis et collègues. Selon eux l’alternance ne pourra passer qu’avec
un autre candidat que l'ancien président démonétisé. Encore faut-il qu’on neutralise les
inconditionnels qui sont prêts à saborder l'élection présidentielle si Nicolas Sarkozy n’est pas désigné.
Je ne crois pas, sincèrement, que l'on puisse classer DLF à l'extrême-droite de l'échiquier politique.
RépondreSupprimerLes Républicains ont au moins 4 candidats sérieux pour gagner l'élection présidentielle : Fillon, Juppé, Le Maire et Sarkozy .Ils trouveront celui qu'il faudra désigner pour balayer le pouvoir socialiste : 800.000 chômeurs supplémentaires, 50 milliards d'impôts nouveaux et un pays en ébullition devant l'insécurité et l'invasion .Le FN a joué son rôle depuis Mitterrand, rétrécir la droite et valider par défaut la gauche.
RépondreSupprimerJe suis heureux de lire les commentaires nouveaux sur l'incompétence et le désastre socialistes dans vos colonnes. Peu à peu on finit par comprendre...
"Élu non par conviction mais pas défaut"
RépondreSupprimerJ'ai 32 ans, je suis une citoyenne qui vote depuis 14 ans. A l'exception des municipales de mon petit village ardechois de 7000 âmes, j'ai TOUJOURS voté par défaut. Je suis écoeurée de cette parodie de démocratie, je refuse dorénavant de voter stratégique pour contrer celui qui me déplait le plus, mes soeurs de 22 ans et 25 ans idem, mon frère de 28 ans idem, plusieurs de mes amis jeunes trentenaires itou. Aucun d'entre nous ne souhaitent le FN, mais voter pour contrer et élire par défaut, cela suffit. Je me demande si les présidentielles de 2017 ne seront pas une victoire écrasante du bulletin blanc ! Le bien usé et dévoyé sursaut républicain des français est peut être un peu surestimé aujourd'hui. A méditer.