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vendredi 20 novembre 2015

D'un mal peut sortir un bien par Gérard AKOUN



D’UN MAL PEUT SORTIR UN BIEN

Par Gérard AKOUN

            
          Vendredi dernier, Paris a été  frappé par une vague d’attentats qui a fait 129 morts et plus de 350 blessés, en majorité des jeunes hommes, des jeunes femmes dont le seul crime était de vouloir se distraire, de se retrouver dans des restaurants, dans des bars, de vibrer à l’unisson en assistant à un concert de rock ou a un match de football. Pour leurs assassins, ce n’étaient que des pervers, des idolâtres, qui se conduisaient de manière immorale et qui méritaient la mort. Le bilan est lourd, mais pas autant que ne l’auraient souhaité les terroristes. La cible principale était le stade de France où se trouvaient réunies seules ou en famille, 80.000 personnes pour assister, en présence du Président de la République au match de football France Allemagne.



            Les trois terroristes, porteurs de ceintures explosives, les poches remplies de boulons pour faire un maximum de victimes n’ont pu pénétrer dans le stade pour se faire exploser au milieu de la foule, à l’entrée ou à la sortie du stade. Ils se sont fait exploser à l’extérieur provoquant, ainsi, peu de victimes. La sécurité était en effet à  son maximum, personne ne pouvait entrer sans subir une fouille au corps. Toutes les grilles entourant le stade ont été fermées. Depuis quelques semaines, déjà, les forces de sécurité, savaient que la France serait victime d’attentats, d’autant plus que les bombardements en Syrie avaient commencé mais elles ignoraient où et quand. Un certain nombre de cibles possibles avaient été retenues et parmi elles, le stade de France. Par contre, les fusillades dans les rues de Paris et l’attaque et la prise d’otages  du Bataclan ne l’étaient pas, malheureusement.
            Les terroristes, en particulier ceux de Daesh, font preuve de mobilité et d’innovation. Ils brouillent les cartes. Ils changent très rapidement de  lieux d’attaque, comme de modes  opératoires. Ils agissent seuls, les loups solitaires, ou en équipe  comme, ces derniers jours à Paris. Ils exécutent leurs forfaits, là où de nombreuses personnes se trouvent réunies, dans des trains, dans des centres commerciaux, comme au Kenya,  dans des lieux touristiques comme en Tunisie. Il s’agit chaque fois de frapper de terreur les esprits mais aussi de susciter des vocations chez de jeunes délinquants, de jeunes déclassés et de nouveaux convertis.

            Les terroristes qui ont planifié les attentats du 13 novembre font partie d’une nouvelle vague de djihadistes. Ils sont passés par la Syrie, ils y ont acquis une formation militaire, ils sont de nationalité belge ou française. Ils ont gardé dans ces pays, où résident d’importantes communautés maghrébines, de solides amitiés forgées à l’école ou dans les prisons, qui peuvent leur servir en cas de besoin. La France a eu le triste privilège d’être le premier pays européen à avoir été  attaqué  par des  djihadistes kamikazes mais aussi par la première femme kamikaze de Daesh alors que, dans cette organisation, les femmes, d’habitude, ne participent pas aux combats. Ces djihadistes ne cherchent pas à survivre à leurs forfaits.  Ils veulent qu’ils aient le plus grand retentissement possible et que  leurs  morts en  soient  l’apothéose. «Ils disent qu’ils aiment autant la mort que nous aimons la vie».

            Après que se soient déroulés des événements aussi graves, la même question lancinante se pose, aurait-on pu éviter que se déroule ce vendredi noir? Toutes les leçons de la tuerie de janvier ont-elles été tirées ? Je ne le crois pas. Des failles existaient, existent encore dont les terroristes ont pu tirer parti. L’action des différents services de police et de renseignements n’est pas suffisamment coordonnée tant sur le plan intérieur que sur le plan européen. Les effectifs de la police, et de la justice sont notoirement insuffisants. Le budget de la France ne lui permet pas d’assumer, seule sa défense et celle de l’Europe contre le terrorisme. La France au Mali, par exemple, en s’opposant à Daesh ne défend pas des intérêts propres, elle défend l’Europe.
            Mais les Français, et encore moins les Européens, n’avaient pas pris conscience que le terrorisme nous livrait une guerre sans merci. Je vous disais en débutant que d’un mal peut sortir un bien : le Président de la République a décrété l’état d’urgence qui sera prorogé pour trois mois avant une éventuelle modification de la Constitution ; les prérogatives des services de sécurité et de la justice sont renforcées, les perquisitions peuvent être effectuées de jour comme de nuit, la garde à vue prolongée ainsi que d’autres mesures dont on a pu observer l’effet immédiat hier à Saint Denis.
            Sur  le plan européen, François Hollande a demandé l’assistance de l’Europe dans le cadre de l’article 42.7 du traité de Lisbonne qui prévoit que les États de l’union européenne «doivent aide et assistance à un État membre qui serait l’objet d’une agression armée sur son territoire». L’Europe a répondu positivement à cette demande qui implique le soutien militaire et financier. La coordination des polices sera accrue. Nous aurons enfin la création du fichier PNR, le fichier des passagers aériens qui prévoit le transfert des données personnelles des passagers aux autorités judiciaires.    
            Sur le plan international, les positions de la Russie, des États-Unis et de la France se rapprochent pour constituer une grande coalition contre Daesh qui nous débarrassera de ce  cauchemar, espérons-le.


4 commentaires:

  1. Véronique ALLOUCHE19 novembre 2015 à 10:32

    Hier à une émission de télé française, il était dit qu'en Israël 18000 agents de renseignements étaient en action contre 14000 seulement en France....
    On apprenait également que de nombreux chauffeurs de bus avaient une fiche S......
    C'est dire le travail qu'il reste à faire!
    Bien cordialement

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  2. Daesh veut faire croire qu'il gagne la guerre qu'il est en train de perdre. Daesh s'est créé de nouveaux ennemis par ses horreurs, ses provocations, ses insultes. Il n'y a jamais autan de volontaires dans les forces armées françaises, Hollande des "Mistrals" s'allie à Poutine sans attendre l'action commune américano-européenne

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  3. Peut être y a t-il un autre aspect "positif" de ces massacres indiscriminants. C'est d'avoir fait comprendre à tous ces musulmans qui ne se sentent pas Français qu'ils le sont bel et bien et qu'ils sont vus d'abord comme tels par les assassins. Les réactions le laissent à penser. Ce serait une effet collatéral imprévu pour les islamistes de tous bords.

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  4. Je pense que vous ajoutez un espoir a prendre en considération merci

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