SOUTENIR ASSAD,
C’EST RENFORCER LA RUSSIE
Par Gérard AKOUN
Judaïques
FM
Chars russes à Lattaquie |
Pour la première fois depuis la fin de la guerre en Afghanistan, la
Russie, c’était alors l’URSS, intervient directement au Moyen-Orient. Elle avait
jusqu’à présent fourni à l’armée syrienne, celle de Bachar Al Assad, tout
l’armement qui lui était nécessaire et lui avait apporté un soutien technique,
des conseillers militaires, et un soutien diplomatique sans faille au Conseil de Sécurité. Mais c’était devenu
insuffisant, l’armée de Bachar est épuisée, elle est incapable de faire face à
Daesh et aux autres groupes rebelles qui
se trouvent, déjà aux portes de Damas, malgré
la participation, à ses côtés, ou en lieu et place dans les combats, de
miliciens iraniens, irakiens et du Hezbollah libanais.
Sukhoi 30SM |
Poutine a récemment envoyé
un armement considérable : des chars, des canons, des avions et des
troupes en Syrie, pour combattre le terrorisme et le «soit disant État
islamique». Hier le Sénat russe a
émis à l’unanimité un vote favorable à
cette intervention demandée par le gouvernement officiel syrien. Les
frappes aériennes ont déjà commencé mais
contre les rebelles opposés à Daesh et à
Assad !! Si l’on en croit les Américains et leurs alliés
Cet engagement de la Russie dans cette guerre ne peut s’expliquer,
seulement, par le soutien du à un allié défaillant ou par la défense des
intérêts stratégiques de la Russie dans
la région, en l’occurrence la fenêtre sur la Méditerranée que constitue la base de Tartous sur le littoral syrien. C’est
une des cartes jouées par Poutine pour se réintroduire dans le jeu politique
moyen-oriental dominé jusqu’à peu par les Américains. Le président
russe veut que son pays retrouve la grandeur passée de l’Union soviétique,
tant sur le plan géographique par
le maintien de sa zone d’influence dans son pré carré -
c’est une des raisons du rattachement de
la Crimée à la fédération de Russie et de la guerre en Ukraine - que dans
son rapport avec les États-Unis.
On ne peut pas comprendre son action politique si on ne tient pas
compte de cette obsession et de sa bonne évaluation des rapports de force
internationaux. Vladimir Poutine a compris que les Occidentaux ne sont pas prêts
à s’engager militairement pour défendre les grands principes qui fondent leurs
régimes politiques. La guerre ne fait plus partie de leur horizon. Tout au plus, peuvent-ils envisager des
sanctions économiques qui aboutiraient à des compromis ou à des frappes
aériennes qui ne causeront pas de victimes parmi les leurs. Poutine a pu ainsi
tester, sans se tromper leur volonté de résistance. Le monde occidental n’a pas
apprécié la captation de la Crimée et la guerre en Ukraine, des sanctions
économiques pèsent lourdement sur la Russie, mais ce pays n’est pas une
démocratie et Poutine peut continuer sa politique sans courir le risque d’être
contesté.
Les Américains ont perdu une bonne part de leur hégémonie au Proche
et au Moyen Orient ; leurs alliés les plus fidèles ne leur font pas
confiance pour assurer leur protection. Barack Obama apparaît faible et
pusillanime. Le meilleur exemple en est la fameuse ligne rouge que constituait
l’utilisation des gaz par Bachar et qui devaient entraîner, promis juré, des
frappes aériennes occidentales contre les positions de l’armée syrienne. Au
dernier moment, Barack Obama y renonça pour se rallier à un compromis proposé
opportunément par Vladimir Poutine qui n’entacha pas la capacité de nuisance
du boucher de Damas. Il ne pouvait plus
utiliser les gaz, mais il pouvait continuer
à assassiner son peuple par d’autres
moyens et ne s’en priva pas. C’était en 2013, ce ne fut pas glorieux pour Obama
mais Poutine se retrouva renforcé sur le
plan international et conforté dans le
jugement qu’il porte sur les Occidentaux.
Si bien qu’en 2015, à la tribune de l’ONU, il peut se permettre de
tenir la dragée haute aux Américains et à leurs alliés. Il veut imposer la présence de Bachar al Assad dans une
coalition internationale anti Daesch et son maintien au pouvoir après
l’élimination de l’État islamique. Ce qui paraît inadmissible aux Occidentaux : «Après tant de sang versé et de carnages, il
ne peut y avoir un retour au statu quo
d’avant la guerre» déclare Obama. Pour François Hollande «On ne peut pas faire travailler ensemble
les victimes et le bourreau. Bachar Al Assad est à l’origine du problème, il ne
peut pas faire partie de la solution». La réponse de Poutine semble sans
appel : «j’ai le plus grand
respect pour mes homologues américains et français mais ils ne sont pas des ressortissants
syriens et ne doivent pas donc être impliqués dans le choix des dirigeants d’un
autres pays».
Mais lui peut s’impliquer en feignant d’oublier que la population
syrienne est à 70% sunnite et que les Alaouites dont le dictateur est issu ne
constituent que 15 à 20% de la population.
Je crois que votre interessant article contient deja tous les ingrediants qui m'amenent a soutenir Poutine dans sa demarche syrienne. Assad est un criminel de grand chemin,tout comme l'etaient Sadam et Kaddafi. Et nous connaissons les consequences terribles de l'acharnement indescriptible de l'Occident contre ces sanguinaires dictateurs. Israel en fait les frais, pas moins que les autres.
RépondreSupprimerAssad est notre ennemi mais nous n'avons aucun interet a le remplacer par des hordes barbares. Poutine fait a notre egard une politique meilleure que le desengagement actif d'Obama.
Je suis loin, tres loin meme, de soutenir Avigdor Liberman mais il est aujourd'hui pratiquement le seul a comprendre le role que Poutine peut jouer a l'egard d'Israel lorsque l'Amerique contemple un certain isolationnisme et l'Europe est actibvement antisioniste.
Étant donné part le « désengagement » d'Obama et la dépendance financière de l'Europe et de la France envers l'Arabie Saoudite et le Qatar, il est, à mon sens, préférable que Poutine occupe le vide laissé par l'Amérique.
RépondreSupprimerLe calme, dans cette région, semble convenir à sa politique.
Et ce seront les Russes et les Iraniens qui choisiront, après, le successeur de B. El Assad, et certainement pas l'Amérique et encore moins la France.
À cela, s'ajoute, fort à propos et avec un parfait synchronisme, une campagne médiatique sur toutes nos chaines, concernant le fait qu’existeraient, depuis très longtemps, des preuves irréfutables de « crimes ».
Était-ce par pudeur que cela n'aie pas été publié plus tôt ou est-ce l'activisme des agences de communication du quai d'Orsay, (donc du relais en France de l'Arabie Saoudite) ?