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mercredi 14 octobre 2015

LE CYCLE DE VIOLENCE NE RELÈVE PAS D'UNE INTIFADA



LE CYCLE DE VIOLENCE NE RELÈVE PAS D'UNE INTIFADA

Par Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps

Attentat à l'entrée de Jérusalem le 10 octobre
      
          Des lecteurs s’étonnent de l’affirmation que les émeutes actuelles en Israël et dans les Territoires ne peuvent pas être assimilées à une Intifada. Intifada en arabe veut dire révolte populaire. Qualifier d’Intifada toute action meurtrière sous prétexte qu’elle s’en prend indifféremment aux Israéliens est une vue de l’esprit. Il existe un certain code de l’Intifada selon la méthode utilisée, les objectifs recherchés et les motivations des émeutiers. Le cycle de violence actuel n’est pas une Intifada. L’usage de cette terminologie n’est pas approprié.



Première Intifada 1987-1989


Intifada 1987

Les actions de 1987 ont été dirigées exclusivement contre les militaires israéliens, par des jeunes palestiniens qui lançaient des pierres, puis des bouteilles incendiaires artisanales. Cette jeune population palestinienne, née après 1967 date de l’intégration des Territoires sous la responsabilité de Tsahal, exprimait sa volonté de changement, dans un contexte de chômage et de misère quotidienne. Des rivalités entre Palestiniens de l’intérieur et de l’extérieur à l’époque ont suscité des déceptions. Les émeutiers voulaient exprimer la réalité de résistance des Palestiniens de l’intérieur tandis que les chefs qui avaient quitté le Liban vivaient un exil doré en Tunisie, loin des réalités et des dangers quotidiens. Ils critiquaient en effet ceux qui vivaient dans des camps de repos alors que les émeutiers affrontaient les Israéliens tous les jours.
Barghouti et Arafat

 Ce mouvement populaire qui avait pris le nom de «Guerre des Pierres» a été rapidement récupéré et cautionné par l’OLP. Un «commandement national unifié pour l’intensification du soulèvement sur la terre occupée» (CNU) a été formé par l’union de plusieurs organisations : le FDLP, le Fatah, le FPLP et le parti communiste palestinien. Il s’agissait d’un mouvement structuré, disposant d’armes et de chefs. Cependant, le mouvement s’est essoufflé à la fin de l’été 1988, d’une part en raison de la répression israélienne mais surtout à cause des clivages entre le CNU et les organisations islamistes. Ainsi le FPLP s’opposait aux autres organisations sur la stratégie à suivre. Ces rivalités ont d’ailleurs causé en 1988 la création du Hamas qui annonçait ouvertement son objectif de lutter contre Israël pour la reconquête des terres palestiniennes.

Deuxième Intifada 2000-2002


Sharon sur le Mont du  Temple

La seconde Intifada a été déclenchée fin septembre 2000, à la suite de la visite du chef du Likoud Ariel Sharon le 28 septembre sur le Mont du Temple. Si les deux Intifada défendent le même objectif, la seconde diffère de la première, d’une part par l’utilisation des armes à feu et par les attentats suicides contre des civils israéliens et d’autre part par les lieux touchés par les affrontements. S’ils se déroulent dans les villes lors de la première intifada, ils sont menés lors de la seconde intifada «aux lisières des zones palestiniennes autonomes, aux abords des colonies juives, aux points de contrôle de l’armée, comme autant de lignes de front apposant des territoires hostiles»
Mais les gènes de cette révolte se trouvaient dans les accords d’Oslo  de 1993 qui étaient censés lancer le processus de paix. La seconde intifada s’est en effet déclenchée peu de temps après le sommet de Camp David II, organisé par Bill Clinton du 11 au 24 juillet 2000, avec la présence du premier ministre israélien Ehud Barak et le président de l’Autorité palestinienne Yasser Arafat. Ce sommet a échoué, en raison de divergences sur le statut de Jérusalem-Est et sur la question du retour des réfugiés palestiniens. Les Palestiniens avaient interprété cette visite comme une provocation.

L’insurrection palestinienne a été armée et conduite par des activistes opposés au processus d’Oslo issus de l’OLP, du FPLP, du FDLP, du Hamas et du Djihad islamique. Les cadres de la première intifada, majoritairement membres du Fatah, les avaient rejoints. Ce mouvement a été secondé par des groupes armés, les Tanzim et les Brigades des martyrs d’al-Aqsa créées en 2001. Leur mode d’action était clair, la violence contre Israël afin de proclamer un État indépendant. Marwan Barghouti, cadre du Fatah, avait pris la tête du mouvement.
Ariel Sharon, élu premier ministre le 6 février 2001, avait mesuré le degré d’implication de l’Autorité palestinienne  qui soutenait ouvertement le mouvement armé. Sur le terrain, des attentats suicides ont été perpétrés contre des civils israéliens dès le printemps 2001 par le Hamas, le Djihad islamique et les brigades al-Aqsa. Ariel Sharon frappera fort. L’Intifada ne prendra fin qu’après l’opération «Rempart» en représailles aux attentats suicides. Des chars étaient entrés dans les villes de Qalqiliya, de Tulkarem, de Bethléem, de Djénine et de Naplouse. C’est au cours de cette opération que Marwan Barghouti, le chef insurrectionnel de l’Intifada, avait été arrêté. À Ramallah, l’armée israélienne avait assiégé le quartier général de Yasser Arafat, la Moqatâ’a, à partir du printemps 2002, et bombardé des ministères palestiniens. 
Mouquata

Le gouvernement d’Ariel Sharon avait alors décidé de construire un mur le long de la ligne verte, la frontière 1948, afin de protéger le territoire israélien des attentats suicides. À la fin de l’année 2002, après 27 mois d’intifada, on dénombrait 2.073 Palestiniens et 685 Israéliens morts mais la construction du mur mettra fin aux attentats.

Emeutes 2015

            En analysant l’histoire des deux Intifada, il est clair que les émeutes de 2015 ne peuvent pas, pour l’instant, être qualifiées de troisième Intifada. Une Intifada se caractérise par des chefs militaires palestiniens liés à l'Autorité, par une structure militaire au sommet, par l'utilisation d'explosifs et d'armes de poing au minimum. Les deux premières étaient organisées, commandées, armées et financées par les dirigeants palestiniens. Aujourd'hui, l’Autorité palestinienne, si elle semble fermer les yeux sur les attentats, sans les condamner d’ailleurs, n’a pas mis ses forces et ses cadres à la disposition des émeutiers. Aucun groupe lié à l'OLP n'a revendiqué sa participation aux émeutes de 2015.  

           Il s’agit d’actions solitaires d’illuminés qui ne participent pas d’une réelle organisation même si l’on peut croire que la contagion relève d’une mise en scène synchronisée. La preuve se trouve dans l’absence d’armes à feu et même de bombes artisanales. Pourtant les forces palestiniennes disposent légalement d’armes de poing et de Kalachnikov; mais aucune n’a quitté l’arsenal de la police. En fait Mahmoud Abbas veut bien laisser ses jeunes se défouler mais il refuse de les aider et de les armer de crainte qu’ils ne retournent leur haine contre lui pour l’éliminer du pouvoir à Ramallah.
Cependant, contrairement aux deux autres Intifada bien structurées, il sera difficile de contrer des actions individuelles qui se répandent à travers tout le pays, Tel-Aviv compris. On ne connaît pas les chefs, on n’a pas repéré le quartier général qui donne les ordres, on n’a pas accès à la planification des attentats. L'infiltration de ces groupes par le Shabak mettra du temps à se réaliser.

Certes Netanyahou ne fait pas de gros efforts pour tracer les lignes d’un plan de paix mais chacune des tentatives israéliennes a été suivie par un plan de terreur. Il est restrictif de dire que le risque d’Intifada est dû à une absence d’horizon politique pour les Palestiniens à qui on donne peu d’espoir. Les plus fortes Intifada ont émergé dans les années d’Oslo. Un gouvernement israélien, qui avait misé sur la paix, proposait alors un horizon politique ; or la violence a déferlé. Il est un fait que la deuxième Intifada a immédiatement suivi les discussions entre Barak et Arafat et surtout les propositions généreuses du premier ministre israélien.
Israël avait accepté le principe d’un État palestinien et discutait de ses contours. La réponse a été un bain de sang avec 685 morts juifs. L’espoir existait mais la violence a décuplé. Ceux qui assassinent aujourd’hui ne veulent pas de processus de paix et ne veulent même pas «deux États pour deux peuples». Les bonnes volontés palestiniennes ont été débordées par ceux qui militent pour la destruction d’Israël. 
Salah Raed libre de ses mouvements

     Dès que la paix est à portée de main on détruit systématiquement les progrès de la discussion par des attentats. Les gouvernements du camp de la gauche comprenant Ehud Barak, Shlomo Ben-Ami, Yossi Beilin et Yossi Sarid ont essuyé des déceptions graves.  Il faut se rendre à l’évidence aujourd’hui que la violence est générée par un nationalisme arabe exacerbé qui s’inspire des réussites de Daesh et qui est conduit par Salah Raed le leader des islamistes israéliens et par les dirigeants du Hamas. 
La contagion est grande et c’est pourquoi il faut éloigner ces activistes par une solution radicale de séparation. Les dirigeants de partis qui insultent le drapeau israélien et qui poussent les jeunes à se révolter doivent être mis hors d'état de nuire. Les députés arabes qui utilisent la tribune de la Knesset pour lancer des attaques contre l'Etat juif doivent être condamnés. Ceux qui brûlent le drapeau national en arborant le drapeau palestinien doivent choisir le pays où ils veulent vivre.
Ahmed Tibi brandit le drapeau palestinien

Les nationalistes juifs ne sont pas exempts de reproches car leur seul credo est le développement des constructions dans les implantations alors que des régions entières d’Israël sont vides et que certaines autres ont été abandonnées aux Arabes, la Galilée en particulier. Les événements de ces jours montrent qu’on ne peut plus rêver au mixage des communautés même si certains optimistes y croient encore. L’exemple de Jaffa en est la traduction la plus concrète puisque «la vitrine de la coexistence entre Juifs et Arabes» a sauté en éclat. Même les leaders arabes modérés comme Ayman Odeh ne sont pas prêt à s’investir dans une voie de paix ; il a refusé de condamner les actes d’assassinats de Juifs. La situation est bloquée. Israël attend le chef charismatique israélien qui l'a débloquera.

1 commentaire:

  1. Il semble bien que les Arabes se sentent incapables de vivre en minorité où qu'ils se trouvent et veuillent à tout prix imposer leurs modes de vie et leur souveraineté à d'autres. Depuis des années, ils ne font pas collectivement l'effort d'écouter leurs voisins juifs d'Israël ou chrétiens d'Europe ou du Mashreq et préfèrent les prêches et discours enflammés des radios et télévisions arabes et musulmanes du monde entier, avec leurs messages de confusion et de haine. Peu importe qu'il s'agisse de discours haineux ou de propagande sans fondement, du moment que cela exalte l'identité et permette de maintenir les masses dans l'oppression. Le résultat est là. Des députés d'un pays démocratique visant à saper les intérêts communs de la majorité et de leur minorité. Cette approche suicidaire est sur le point de réussir à semer le chaos ici et là-bas.

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