NETANYAHOU DISCUTE À MOSCOU AVEC POUTINE
Par Jacques BENILLOUCHE
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Benjamin Netanyahou s’est rendu
le 21 septembre à Moscou pour une rencontre avec le président russe Vladimir
Poutine. Au cours de cette entrevue, le premier ministre israélien a exposé «les
menaces pesant sur Israël à la suite du renforcement militaire russe sur la
scène syrienne et de la fourniture d'armement au Hezbollah et à d'autres
organisations terroristes».
Fait exceptionnel pour une
visite diplomatique, Netanyahou est accompagné du chef d'État-major, le général
Gadi Eizenkot, et du chef des renseignements militaires, le général Herzl Halèvy.
Leur déplacement à Moscou intervient alors que les États-Unis s'alarment depuis
des semaines du renforcement de la présence militaire russe en Syrie.
Sergueï Choïgou et Ashton Carter |
Le Kremlin défend toutefois son
soutien à Damas, dont il est le principal allié, et appelle à une coalition
plus large contre Daesh qui inclurait la Syrie et l'Irak. La semaine dernière, les
ministres de la Défense russe et américain, Sergueï Choïgou et Ashton Carter s’étaient
déjà entretenus sur la situation militaire en Syrie.
Les responsables militaires
israéliens craignent que la présence aérienne russe réduise la marge de manœuvre
de l'aviation israélienne. Ils doutent de la volonté des États-Unis à protéger
les intérêts sécuritaires israéliens. Ce sera certainement l’objet de l’entretien
que devrait avoir le premier ministre israélien, le 9 novembre, avec le
président américain Barack Obama.
Benjamin Netanyahu et le
président Vladimir Poutine, qui se sont rencontrés dans la résidence présidentielle,
n’étaient pas sur la même longueur d’ondes. Le premier ministre a soulevé la
question de l’Iran en Syrie qui, par l'intermédiaire de l’armée syrienne, cherche en fait
à «construire un deuxième front
terroriste contre nous à partir de les hauteurs du Golan». Israël, qui n’aurait
pas d’autre choix que de contrer militairement ce front, a demandé à Poutine d’intervenir
pour éviter une confrontation entre les forces russes et israéliennes.
Le président russe ne croit pas à la possibilité de la Syrie d’étendre son champ d’action et il a précisé que son intervention n’avait pour but que de défendre la Syrie contre les rebelles. Il a balayé l’argument que l'Iran et la Syrie armaient le Hezbollah avec des armes dirigées contre Israël. Il a prétendu que les armes ne provenaient pas de Russie mais étaient fabriquées localement. Par ailleurs, il n’a pas voulu confirmer l’information américaine arguant que la Russie avait commencé des missions de surveillance en Syrie à l’aide de drones.
Le président russe ne croit pas à la possibilité de la Syrie d’étendre son champ d’action et il a précisé que son intervention n’avait pour but que de défendre la Syrie contre les rebelles. Il a balayé l’argument que l'Iran et la Syrie armaient le Hezbollah avec des armes dirigées contre Israël. Il a prétendu que les armes ne provenaient pas de Russie mais étaient fabriquées localement. Par ailleurs, il n’a pas voulu confirmer l’information américaine arguant que la Russie avait commencé des missions de surveillance en Syrie à l’aide de drones.
S300 |
Pourtant des informations
sécuritaires font état des préparatifs des Russes dans la ville de Lattaquié pour
déployer des batteries de missiles anti-aériens S-300 qui n’ont aucune utilité
contre les troupes de Daesh puisqu'ils ne disposent pas encore d’aviation. Il est donc fort probable que les S-300 soient destinés à contrer Israël
pour réduire la liberté d’action de l’aviation israélienne dans l’espace syrien
et libanais.
Image satellite des 4 Sukhoï |
Il semble en fait que les Russes aient décidé d’un grand
déploiement de forces en Syrie, concrétisé par l’arrivée à Lattaquié de quatre
jets tactiques Sukhoï 30SM conçus pour le combat air-air. Israël pense que ces gesticulations sont
coordonnées avec l’Iran. En effet, le général iranien Yahya Rahim Safavi,
conseiller militaire du guide suprême Ali Khamenei, a confirmé le 18 septembre que
«la Russie se déplace en coordination avec l'Iran dans certaines questions
régionales, y compris la Syrie».
Sukhoï 30SM |
On a l’impression que
l’administration de Barack Obama ne sait toujours pas si elle doit continuer
d’ignorer le président russe Vladimir Poutine ou si elle doit engager un
dialogue avec ce dernier pour tenter de régler conjointement la crise syrienne.
Moscou a intensifié son jeu diplomatique afin de réduire les divergences entre
Damas et l’opposition, son objectif étant de former une coalition active dans la lutte contre
les terroristes de Daesh alors que Washington persiste à vouloir renverser le
président Assad. Le Pentagone comprend à présent que la présence russe en Syrie
a pour but d’interdire le bombardement des forces de Bachar el-Assad par les
Occidentaux.
L’Union Européenne, bloquée par
la crise migratoire, tente de trouver une issue à la tragédie syrienne, tandis
que le premier ministre britannique David Cameron et le président français
François Hollande ont lancé des frappes aériennes réduites, frappes qui ont peu
d’effet sur les troupes de Daesh. Les États-Unis cherchent de leur côté à renverser Assad en
s’opposant à toute aide au dirigeant syrien.
Netanyahou a évalué avec raison la
cacophonie occidentale et a donc préféré prendre langue directement avec la
Russie. Reste à savoir si ses arguments auront été entendus au Kremlin.
De l'univers a notre simple vie, tout est basé sur l’équilibre. Nous assistons à la mise en place d'un déséquilibre anarchique, l'avenir devient une loterie. Ce voyage de Netanyahou montre beaucoup de symboles.
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