CONTENTIEUX FINANCIER ENTRE ISRAËL ET L’IRAN
Par Jacques BENILLOUCHE
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C’est une affaire qui est restée très
discrète en raison des protagonistes. Un tribunal helvétique vient de condamner
le gouvernement israélien à rembourser plus d’un milliard de dollars à l’Iran,
à titre de compensation pour des avoirs non restitués par Israël après la révolution
iranienne de 1979.
En effet, du temps de la
monarchie du Shah, l’Iran entretenait des relations économiques, sécuritaires
et militaires avec Israël, et à ce titre, était l’un des principaux
fournisseurs de pétrole. En raison du blocage du canal de Suez par l’Égypte à
la suite de la Guerre des Six-Jours de 1967, une compagnie mixte
irano-israélienne avait été créée en 1968 pour la construction d’un pipeline
reliant Eilat, où le pétrole brut iranien était déchargé, à la Méditerranée.
Les deux pays y trouvaient chacun leur intérêt puisque l’Iran pouvait continuer
à vendre son pétrole à l’Europe sans se soumettre aux quotas imposés par l’OPEP.
De son côté Israël garantissait son approvisionnement stratégique tout en
prélevant des royalties au passage. Ce pipeline permettait d’éviter un détour
de plus de 20.000 kilomètres pour contourner toute l’Afrique.
Réunion sécuritaire Iran-Israël en 1975 |
L’oléoduc Eilat-Ashkelon, achevé en
1969, permit le transfert du brut iranien via Israël jusqu’à la révolution
iranienne de 1979. Les relations étant rompues avec l’Iran, Israël nationalisa
le pipeline en gelant la moitié des parts de la société mixte sous prétexte que
l’Iran avait rompu le contrat en ne fournissant plus de brut. Il laissa donc en
suspens le paiement de quelques dizaines de millions de barils iraniens,
payables trois mois après la livraison, qui ont été confisqués au pays producteur sur
la base d’une loi britannique encore en vigueur en Israël. L’argent en litige
avec l’Iran avait été versé à la banque d’Israël, dans un compte séquestre placé
sous le contrôle du comptable général du ministère des Finances. Mais ce compte
ne serait créditeur que d’un milliard de shekels (250 millions de dollars),
somme très lointaine du montant réclamé par l’Iran.
Israël s'est longtemps refusé à participer à un quelconque arbitrage mais des juges lui ont été imposés par les tribunaux. La justice suisse vient de se
prononcer, en condamnant Israël à rembourser, sur plainte de l’Iran. Benjamin
Netanyahou avait signé en 2013 un décret imposant la censure militaire sur
cette affaire dont les discussions avaient lieu dans le secret des hôtels de
Zurich. Mais l’affaire a été révélée par l’IRNA, l’agence de presse officielle iranienne, dès que la Cour d’arbitrage suisse condamna la
société israélienne Trans-Asiatic Oil Company à payer 1,1 milliard de dollars à
la Compagnie nationale iranienne de pétrole (NIOC). Le gouvernement israélien a
rejeté le verdict suisse. Il refuse de dédommager un pays ennemi qui a rompu
ses engagements et qui est soumis aux sanctions financières internationales interdisant
toute transaction avec lui.
Théo Klein |
La censure n’avait plus raison d’être
dès lors que des medias légaux européens avaient fourni les identités des arbitres
et des détails sur la procédure en Suisse et en France. La revue spécialisée Global Arbitration Review a révélé
qu’au début des discussions l’avocat français Théo Klein, ancien président du
CRIF, et le juge iranien à la retraite Mohsen Agha Hosseini, menaient les
négociations. Aujourd’hui l’affaire a été reprise par deux avocats genevois Wolfgang
Peter pour l’Iran et Dominique
Brown-Berset pour Israël qui négocient dans le plus grand secret. Cette affaire
est complexe parce qu’elle implique plusieurs sociétés écrans et que l’Iran
refuse d’intervenir à visage découvert.
Dominique Brown-Berset |
Les débats vont encore se poursuivre durant plusieurs
années encore, dès lors que les deux parties ne peuvent avoir des contacts
directs. Il est improbable qu’une juridiction internationale obtienne le droit
d’appliquer la décision de la Cour arbitrale en procédant à des saisies sur des
biens israéliens.
Je n'ai aucun doute que cette dette devra être payée un jour par Israël lorsque les relations entre les 2 pays seront rétablies. Je n'ai aucun doute que cela arrivera, l'Iran ne sera pas toujours un Etat Islamique, la synergie de sa jeunesse est instoppable...
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