Pages

dimanche 14 décembre 2014

NETANYAHOU, SARKOZY : LE ROUND DE TROP ?




NETANYAHOU, SARKOZY : LE ROUND DE TROP ?

Par Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps



          Netanyahou et Sarkozy sont des jumeaux en politique car ils ont puisé, dans leurs traversées du désert et leurs disgrâces, l'énergie pour prendre le pouvoir. Rarement similitude de trajectoire politique n'aura été aussi flagrante entre deux personnages d'origine et de formation si différentes. Benjamin Netanyahou adorait se comparer à Nicolas Sarkozy. L'histoire s'était imprimée, au début pour les deux, sur un échec cinglant hypothéquant alors toute ascension politique. 





          Netanyahou n'avait pas résisté aux coups de butoir du nouveau parti Kadima créé par Ariel Sharon, qui avait laminé le Likoud. De son côté, Sarkozy directeur de campagne de Balladur avait assisté à son élimination au premier tour puis avait été battu lui-même à la présidentielle de 2012. Mais contrairement aux dirigeants anglo-saxons et malgré ces échecs, ils n'avaient pas estimé devoir quitter la politique car seule la politique pouvait les quitter.

Aigreur et injustice
Balladur Sarkozy 1995

Les deux leaders ont gardé de leurs mésaventures respectives un relent d'aigreur et une sensation de gâchis et d'injustice qui ont accru leur volonté de combat. Benjamin Netanyahou s’était inspiré de la réussite du président français qui est revenu au sommet après sa mésaventure au sein de l’équipe Balladur. Il n'a cessé d'écouter les conseils de celui qu'il qualifie d'ami et de frère en politique. À force de s'inspirer de son modèle, il en est presque devenu le clone politique. Sarkozy lui a appris à tirer d'excellents enseignements de l'échec et à imiter sa stratégie dès son arrivée au pouvoir. Il lui a suggéré de briser les murailles, d'ouvrir les portes, de vivifier l'air et d'insuffler de nouvelles méthodes politiques comme lui-même l'avait fait.
Ils ont utilisé la même technique du baiser mortel pour étouffer leurs adversaires plutôt que de prendre le risque de les combattre. Soumis tous les deux à la pression de l'extrême droite, ils ont tout fait pour assécher leur électorat soit en épousant leurs idées et leur dialectique soit, en offrant une place préférentielle aux plus virulents d'entre eux. Le Pen et le Front National constituaient pour Sarkozy le même risque que les nationalistes des implantations et les extrémistes religieux pour Netanyahou. Ils ont préféré soit les intégrer, soit épouser leurs idées pour garantir la pérennité de leur gouvernement.

La rancune
Sarkozy Kouchner

Les deux hommes dictent leur attitude sur le seul sentiment qui les a rongé durant la traversée du désert et qui les habite encore malgré leur victoire : la rancune. Sarkozy savait que sa mort politique avait été programmée en haut lieu tout comme Netanyahou qui a compris qu’il fallait attribuer des portefeuilles placard, sans réelle influence, à ses adversaires pour les condamner au silence. La nomination du journaliste politique Yaïr Lapid aux finances était un exemple de cadeau empoisonné.
Les deux hommes, enfin, ont instrumentalisé la peur dans leur conduite du pouvoir. Tandis que l'un exploitait le thème de la sécurité et du combat contre la délinquance et contre l’immigration, le second agitait le spectre du terrorisme arabe comme repoussoir des tenants de la gauche. Ils ont réussi à persuader leurs électeurs, pourtant souvent ancrés à gauche, à s'initier aux thèmes fétichistes de la droite. 
À tour de rôle, ils se sont entraidés car ils étaient constitués de la même cuirasse. Sarkozy était venu en Israël, en février 2005 et en mai 2013, pour courtiser Netanyahou et obtenir les voix juives ou pro-israéliennes. Netanyahou a usé de la même tactique en se montrant sans cesse aux côtés de son ami pour obtenir, en décembre 2008, l'imprimatur du chef de l'État français dans une sorte de retour d'ascenseur pour l'aide directe qui a permis à Sarkozy de siffler 80% des voix de la communauté juive, en France et en Israël.

Dernier combat

Mais la question est posée aujourd’hui sur l’opportunité d’un dernier combat, le combat de trop peut-être. Après un quart de siècle au pouvoir durant lequel Netanyahou a favorisé la montée de l’extrême-droite pour neutraliser la gauche, il se trouve aujourd’hui prisonnier des monstres qu’il a enfantés. La lassitude de la population arabe face au blocage du processus de paix a entraîné un réveil du nationalisme palestinien et fait réfléchir les adeptes d’une solution modérée. Cette lassitude pourrait se retourner contre le premier ministre actuel qui voit d’ailleurs sa popularité décliner.
Les deux personnages se retrouvent aujourd’hui dans une situation similaire puisqu’ils ne sont pas sûrs de gagner les prochaines élections. Le paradoxe veut que le danger se situe au niveau de leurs amis, de l’intérieur de leurs rangs, du clan avec qui ils ont gouverné en bonne entente durant des années «Seigneur, Protège-moi de mes amis ! Mes ennemis, je m'en charge». Naftali Bennett, son ancien directeur de cabinet et chef des sionistes religieux estime que Netanyahou a fait son temps et qu’il peut devenir calife à la place du calife. Le quadra, mis sur les rails politiques par son mentor Netanyahou, veut dorénavant voler de ses propres ailes.
TSN

Avigdor Lieberman, qui avait fait liste commune avec le Likoud en 2013, a repris sa liberté et a tourné casaque en présentant son propre projet de paix avec les Palestiniens dans le but d’acquérir les voix du centre. Comble pour un nationaliste, il envisage de monter une coalition TSN avec les centristes et les travaillistes, tous sauf Netanyahou. La situation n’est donc pas éclaircie pour celui qui a surfé au sommet des sondages plaçant son parti le Likoud en tête. Mais il reste trois mois de campagne dure durant lesquels ses adversaires et certains transfuges de son propre parti comme Moshé Kahlon, ancien ministre de la communication, vont se présenter devant les électeurs sous leurs propres couleurs. S’il y a un risque qu’il se fasse battre, Netanyahou le devra à ses anciens amis et collaborateurs intimes. D’ailleurs son parti est inquiet et ne croit plus à sa victoire; une manœuvre était en cours par des membres du comité central pour appeler Guidéon Sar à la tête du parti et le propulser au poste de premier ministre pour sauver ce qui peut être encore sauvé.
Raffarin, Fillon et Jupé

Pour Nicolas Sarkozy, qui bénéficie de sondages positifs, le danger vient aussi de ses propres rangs. Il a reçu un avertissement à l’occasion de l’élection à la présidence du parti UMP. Un jeune concurrent, Bruno le Maire, un homme qu’il avait imposé à son gouvernement lui a siphonné 30% des voix du parti, ce qui le pousse à réfléchir sur l’ingratitude en politique. Il se retrouve dans la position de Netanyahou avec Bennett, son ancien poulain. Les ambitions de ses amis sont toujours vives et nous ne sommes pas loin d’un TSS, tous sauf Sarkozy. Ses adversaires les plus virulents ne sont pas les socialistes mais les hommes de son camp, François Fillon son ancien premier ministre, Alain Juppé le gardien du temple gaulliste et l’ancien ministre centriste Jean-Pierre Raffarin qui vient de se ranger aux côtés d’eux. Certains de ses proches, voyant le vent tourner, ont décidé de quitter le navire pour des horizons plus accueillants. 
Contrairement aux anglo-saxons, ces deux monstres de la politique ne savent pas mettre un terme à leur carrière politique quand il est encore temps, en pleine ascension politique et en pleine gloire. Ils s’accrochent aux quelques restes de pouvoir qui maintiennent leur flamme et ne savent pas, comme les Grands Hommes, tirer un trait sur leur vie politique pour devenir des Sages et participer au renouvellement des générations. On peut tout dire de Le Pen et de Begin mais ces dirigeants de droite ont tiré leur révérence au sommet de leur réussite pour laisser les jeunes prendre en mains les destinées de leur pays.  

          Netanyahou et Sarkozy ont mal mesuré le risque de mener le dernier round d’un match qui n’est pas gagné d’avance. En cas d’échec, l’Histoire oubliera ce qu'ils ont réalisé et ne retiendra d’eux que la décision des électeurs de les sanctionner.

6 commentaires:

  1. Je raconterai un jour une anecdote autour de la première rencontre entre Netanyahou et Sarkozy. C'était à la réunion annuelle du FMI et de la Banque mondiale à Washington en septembre 2004 lorsque tous les deux étaient ministres des Finances !

    RépondreSupprimer
  2. monsieur Sarkozy aime s'agiter ans le vide, brasser de l'air. en solde de tout compte il a endeté la France de 500 milliards d'euros. il n'a apporté aucune reforme digne de ce nom. il a flirté avec l'extreme droite à la fin de sa campagne, monsiuer Buisson etait son mentor. et bien le peuple de France l'a ballayé du ppouvoir, les Français se sont debarasser de "lagitateur populiste"

    monsieur Netanhayou, lui aussi parit sur l'extreme droite, il est obsédé par la securité. il n'a fait aucune mesure de renovation politique, c'est un conservateur hors pair. ce premier ministre va finir comme Sarkozy, il va perdre les elections pour le bien du pays : Isael.

    RépondreSupprimer
  3. monsieur Sarkozy aime s'agiter ans le vide, brasser de l'air. en solde de tout compte il a endeté la France de 500 milliards d'euros. il n'a apporté aucune reforme digne de ce nom. il a flirté avec l'extreme droite à la fin de sa campagne, monsiuer Buisson etait son mentor. et bien le peuple de France l'a ballayé du ppouvoir, les Français se sont debarasser de "lagitateur populiste"

    monsieur Netanhayou, lui aussi parit sur l'extreme droite, il est obsédé par la securité. il n'a fait aucune mesure de renovation politique, c'est un conservateur hors pair. ce premier ministre va finir comme Sarkozy, il va perdre les elections pour le bien du pays : Israel.

    RépondreSupprimer
  4. Eh bien, monsieur Benillouche, voilà qui s'appelle tirer des plans sur la comète, tant pour Netanyahou que pour Sarkozy. Personnellement, je ne me risquerais pas à ce genre de prophéties tant les surprises en politique peuvent être grandes.
    Et quant à votre exemple de "Grands Hommes" qui ont "tiré un trait sur leur vie politique pour devenir des Sages", il y a tout de même le contre-exemple de Charles De Gaulle - "Grand Homme" s'il en est devant l'Eternel - qui a tiré un trait sur sa vie politique en 1946 mais qui est revenu au pouvoir en 1958 parce que l'opportunité s'en est présentée.

    Très cordialement.

    RépondreSupprimer
  5. Véronique ALLOUCHE14 décembre 2014 à 13:47

    quant aux dirigeants de gauche qui "ont su tirer un trait sur leur vie politique et ainsi participer au renouvellement des générations", je citerais Golda Meir qui a quitté le pouvoir à l'âge de 76 ans suite à l'échec de la guerre de Kippour.
    A droite Le Pen le quitte à l'âge de 82 ans, Ytzhak Shamir à 77 ans.
    Je rejoins le commentaire de Marianne et comme elle je pense que la vie politique n'est faite que d'opportunité au gré des circonstances.

    RépondreSupprimer
  6. C'est ce qui s'appelle tirer des plans sur la comète ou alors vendre la peau de l'ours ! Depuis quand un dirigeant politique soutenu par l'opinion publique quitte- t-il le pouvoir pour favoriser l'accession des plus jeunes? Adenauer, De Gasperi, Churchill, De Gaulle ...ou alors Beji Caïd Essebsi?
    Netanyahu pouvait continuer à exercer le pouvoir encore 3 ans même s'il était perturbé par les ambitions de ses alliés! Il tente de les éliminer et peut parfaitement réussir car le bloc de Droite est majoritaire en Israël.
    Sarkozy n'est plus seulement un ex-Président, il est devenu le patron du plus grand parti politique de France et une primaire décidera qui de lui ou de Juppé renverra Francois Hollande à ses synthèses et ses anaphores .
    Non, Jacques, cet article pourrait être publié plus tard ou devra être oublié.

    RépondreSupprimer