LES KNESSET ONT LA VIE COURTE
Par Gérard AKOUN
Judaïques FM
Les
Israéliens doivent, normalement, renouveler
leur parlement, la Knesset, tous les quatre ans mais il est rare que la
Knesset arrive à son terme. Celle dont Benyamin Netanyahou vient de provoquer
la dissolution, n’aura pas duré deux ans. Les dernières élections ont eu lieu
en janvier 2013, elles avaient permis l’entrée à la Knesset de nouveaux députés,
dont beaucoup étaient issus de la société civile et dont c’était le premier
mandat. Benyamin Netanyahou avait pris la tête d’une coalition, largement
majoritaire, qui comprenait 68 députés
sur 120, dont 43 situés à la droite et à l’extrême droite de l’échiquier
politique et 25 au centre.
Coalition sans
religieux
Cette coalition avait pu être constituée
sans la participation de partis
religieux orthodoxes, une première en Israël. On pouvait penser qu’en leur
absence, ce nouveau gouvernement aurait les coudées franches, pour s’atteler
aux réformes sociétales, économiques et politiques
que les forces vives du pays attendaient.
Certaines réformes ont vu le jour, comme
celle du service militaire pour les jeunes religieux, mais cette alliance de
circonstance dictée par le système électoral, la proportionnelle intégrale, ne pouvait
résister au choc des ambitions personnelles et des divergences politiques. Yair
Lapid et Naftali Bennett, que tout sépare idéologiquement, ont pensé que
Benyamin Netanyahou était suffisamment affaibli, après la séparation entre
Israël Beteinou et le Likoud, pour que
sa succession soit à l’ordre du jour. Yair Lapid avec 19 députés contre 18 pour
le Likoud, devenait le premier parti de la coalition, mais n’ayant pas réussi à
s’affirmer au sein du gouvernement comme le
représentant, qu’il se voulait, des
classes moyennes, il ne représentait pas pour Benyamin Netanyahou un véritable
concurrent.
Naftali
Bennett, par contre, a tenté de doubler le premier ministre sur sa droite, de
le repousser au centre, en s’appuyant sur les habitants ultranationalistes des
implantations. Benyamin Netanyahou a repris la main en durcissant son discours
sur le plan sécuritaire et identitaire. Il a présenté au vote le projet de loi
consistant à définir Israël comme un État juif et non plus comme l’affirmait la
définition initiale «un État juif et
démocratique» consacrant ainsi l’inégalité des droits entre les Juifs et les Arabes et les autres minorités
habitant Israël.
Putschistes
Tsipi Livni comme Yair Lapid ne
pouvaient accepter cette définition antidémocratique de l’État d’Israël, la
rupture de la coalition voulue par Benyamin Netanyahou était inévitable. Le
premier ministre a traité Tsipi Livni et Yair Lapid de «putschistes» et les a limogés de leurs
postes pour provoquer des élections anticipées. Dans les milieux bien informés,
nul n’ignore que Benyamin Netanyahou a, déjà, jeté les bases d’une nouvelle
coalition avec Naftali Bennett et les partis religieux orthodoxes.
Des élections vont donc avoir lieu, très
probablement, dans la deuxième quinzaine de mars. Si le vote avait lieu
aujourd’hui, le Likoud et la droite extrême
remporteraient les élections sans coup férir. Leur affaiblissement ou
même leur défaite dépendront des alliances au sein de l’opposition et des
thèmes de campagne qu’elle développera
pour obtenir le soutien de tous ceux, en particulier les jeunes, qui se
réfugient dans l’abstention. Se prononcera-t-elle pour la séparation, contre
l’État binational ? Chiffrera-t-elle le coût des dépenses consacrées aux
implantations, ces sommes gaspillées en pure perte alors qu’elles pourraient
être utiles, pour diminuer la pauvreté, pour aider les jeunes à
s’installer, pour diminuer des inégalités criantes ?
Tous
les partis feront campagne sur le thème de la sécurité, nécessaire, bien sûr,
qui ne dépend pas seulement d’Israël, mais il faudrait aussi prendre en compte le fait qu’un
certain nombre d’Israéliens ne supportent
plus de vivre encore et encore dans un stress permanent et choisissent,
plus ou moins discrètement, de trouver la sécurité ailleurs.
Quelles que soient les raisons qui poussent Benjamin Netanyahou à provoquer une dissolution de la Knesset, cela restera à son honneur, je crois, de revenir devant le peuple israélien, après ce véritable traumatisme - que j'aurais bien du mal à qualifier de "torpeur" - qu'a été la guerre de Gaza.
RépondreSupprimer