LE FIASCO PALESTINIEN
Par Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps
La présentation par les Palestiniens de leur résolution à l’ONU était
vouée à l’échec mais elle avait pour but de couvrir d’un voile de fumée les
dissensions internes palestiniennes affichées au grand jour ainsi que les luttes
de pouvoir entre factions rivales. La résolution appelait à la paix avec Israël
dans l'année et la fin de «l'occupation israélienne des territoires
palestiniens à la fin de 2017».
Rejet de la résolution
Le Conseil de sécurité des
Nations Unies a rejeté la résolution qui devait obtenir une majorité de 9 voix.
Huit pays ont voté en faveur de la motion : Chine, France, Russie, Argentine,
Tchad, Chili, Jordanie et Luxembourg, deux se sont opposés : États-Unis et Australie,
et cinq se sont abstenus : Royaume-Uni, Lituanie, Nigeria, Corée et
Rwanda. Les États-Unis n’ont pas eu besoin d’opposer leur veto, pointant ainsi
l’échec palestinien. Le premier ministre Benjamin Netanyahou avait prévenu «qu’Israël
s’opposera aux conditions qui mettent en danger notre avenir parce que nous
avons toujours besoin de négociations directes et non de conditions imposées».
Les Palestiniens avaient pourtant tout fait pour accompagner le vote de
cette résolution par une grande démonstration d’unité tendant à donner un
retentissement à cet épisode. Une cinquantaine de responsables gouvernementaux
palestiniens, dont huit ministres, étaient arrivés le 29 décembre à Gaza. Selon
le porte-parole du gouvernement, Ihab Bseiso, il s'agissait d'une «mission de travail de plusieurs
jours chargée de lancer le début effectif de la reconstruction». Les ministres
de la Santé, de l’Éducation, des Collectivités locales, ainsi que les chefs des
Autorités de l'Eau, de l’Énergie et de l'Environnement devaient s'atteler à
l'épineux dossier de la reconstruction dont le montant est estimé par le
gouvernement à quatre milliards de dollars.
Relations tendues
Mais les relations s’étaient déjà
tendues avant l’arrivée de la délégation puisque début novembre, le chef du gouvernement,
Rami Hamdallah, avait annulé sa visite à Gaza à la suite d’une série
d'attentats, non revendiqués, visant des responsables du Fatah dans la bande de
Gaza. Mais à l’occasion de cette nouvelle visite, les dirigeants de Gaza n’ont réussi qu’à entériner l’échec du processus d’union
palestinienne. Ismaël Haniyeh a accusé l’Autorité palestinienne de n’avoir «pas
respecté son engagement de reconstruire la bande de Gaza déchirée par la guerre et
d’organiser des élections». Il a par ailleurs accusé le gouvernement d'agir
sélectivement d'une manière qui était «nuisible» à Gaza.
La campagne médiatique, qui
avait accompagné les huit ministres et 40 autres fonctionnaires du gouvernement
de Ramallah, arrivés dans un autobus après avoir traversé Israël, n’a pas servi
à détendre les relations entre les deux clans palestiniens. Preuve a été faite
que le gouvernement d’union était une illusion et que le Hamas continuait en
fait à diriger Gaza d’une main de fer. Mahmoud Abbas avait besoin d’un début de
concertation pour redorer son blason et crédibiliser son autorité Mais les
choses sérieuses n’ont jamais pu être entamées car le processus de
reconstruction s’est enlisé dans les luttes intestines entre le Hamas et le
Fatah.
Les Palestiniens souffrent de l’absence
d’un dirigeant charismatique capable de surmonter les divisions internes, de rassembler
dans l’intérêt du peuple palestinien et d’imposer des concessions. Les
différentes représentations inventées n’ont jamais réussi à fédérer car elles
n’ont agi que pour maintenir le pouvoir d’une élite. Mahmoud Abbas est haï à
Gaza puisque des manifestants avaient brandi, devant le Conseil législatif (parlement
de Gaza), son portrait portant les inscriptions «trahison, corruption,
tyrannie».
Les gesticulations à l’Onu viennent à point nommé
pour masquer les déchirements au sein du peuple palestinien qui, contrairement
à ce que pensent les Européens, est encore loin de cicatriser ses propres
plaies pour présenter un front commun face à Israël.
Maaaaaiiis cher Jacques Benillouche les Palestiniens ont eu et ont leur dirigeant charismatique!!!
RépondreSupprimerAucun n'a jamais accepté la moindre concession sérieuse susceptible de s'incarner dans un accord de paix exhaustif .
Ils ont eu Yasser Arafat. Actuellement ils ont les dirigeants du Hamas qui sont des idoles pour eux à tel point que parait-il si des élections generales avaient lieu, le Hamas l'emporterait sur l'AP d'Abou Mazen.
Aucun de ces dirigeants pas plus l'un que les autres ne sont disposés à la moindre concession eu égard la vision du conflit à long terme qui les anime, en liaison avec l'Islam dans sa relation primaire avec les juifs et pis encore avec la terre d'Israel Dar El Islam à reconquérir intégralement.
C'est désespérant certainement pour la Gauche qui feint de ne pas le comprendre en s'obstinant en dépit de la réalité à imaginer un partenaire de la paix ou un réglement par la magie de concessions "douloureuses" unilatérales israéliennes, mais ces rêves n'ont aucune consistance.
Merci Jacques ... quelle claque en effet ! A noter que des pays du Tiers-Monde, dont le Nigeria à majorité musulmane, ont voté contre ; par contre, le vote français est incompréhensible vue la dureté de la motion proposée. Ou alors savaient-ils que cela ne passerait pas ?
RépondreSupprimerCher monsieur Benillouche,
RépondreSupprimerUne fois de plus "le machin qu'on appelle ONU", comme l'appelait De Gaulle, a subi un cuisant échec. Et le fiasco palestinien est aussi celui de la France. Car dire comme Jean Corcos que "le vote français est incompréhensible vue la dureté de la motion proposée", relève d'une naïveté qui veut ignorer que rien ne sera trop dur pour essayer de sauvegarder un vote musulman dont le gouvernement français a tant besoin pour essayer de limiter les catastrophes électorales qui s'annoncent en 2015.
Bonne nouvelle année à vous et aux lecteurs de ce blog.