L’ATTITUDE
PARADOXALE DE L’IRAN
Par Jacques
BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps
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L’Iran adopte une attitude paradoxale en battant le chaud et le froid dans sa politique internationale et en agitant le spectre de la paix et de la guerre au Moyen-Orient. D’une part, il semble qu’un accord soit imminent avec les Occidentaux sur le programme nucléaire car l’Iran accepte une réduction de ses capacités de production d’uranium. Ses bonnes intentions tendent à accréditer ses idées pacifistes alors qu’en réalité il ne cherche qu’à desserrer l’étau des sanctions économiques. Mais d’autre part, dans une posture belliqueuse, les Iraniens continuent à accroître le réarmement du Hamas et du Hezbollah avec la volonté de maintenir l’état de guerre permanent contre Israël.
Formule consensuelle
Une formule a été trouvée avec le Groupe «5+1» (États-Unis,
Russie, Chine, Grande-Bretagne, France et Allemagne) pour réduire les capacités
de Téhéran à fabriquer des armes nucléaires. Les parties ont établi un document répertoriant les éléments d’accord et
les divergences restant à surmonter. La Russie a accepté de recevoir d’Iran la
plus grande partie des éléments nécessaires à la fabrication d’une bombe
nucléaire. Bien que de nombreux points de désaccords subsistent encore, les six
puissances estiment que l’optimisme existe pour la suite des négociations de
Genève le 15 janvier 2015. L’Iran persiste à nier qu’il cherche à se doter d’armes
nucléaires et voudrait que les Occidentaux atténuent les sanctions économiques
qui le paralysent.
Le problème de l’enrichissement de l’uranium reste entier
car il peut à la fois servir de combustible à un réacteur mais aussi de noyau
fissile pour une bombe nucléaire. C’est pourquoi les États-Unis ont exigé l’exportation
du stock iranien d’uranium enrichi vers la Russie. L’accord ne bute pas sur le
principe mais sur la quantité à exporter. Les Américains tiennent à réduire les
capacités de production en n’autorisant le fonctionnement que de 4.500
centrifugeuses sur les 10.000 déjà répertoriées alors que les Iraniens acceptent
de réduire ce volume à 8.000.
Deux points litigieux restent à résoudre, et non des
moindres, concernant l’usine souterraine d’enrichissement de Fordo et le
réacteur à eau lourde d’Arak pratiquement en voie de fonctionner pour produire
du plutonium. Les négociateurs disposent encore de six mois pour parvenir à un
accord, durant lesquels l’Iran continuera à faire tourner ses machines à plein
rendement et à abuser de la naïveté occidentale.
Consensus anti-israélien
L’autre attitude des Iraniens concerne leur appui sans
réserve au Hamas et au Hezbollah. Si sur le plan politique les relations entre
le Hamas et l’Iran ont fluctué, et parfois divergé, ils restent unis dans le combat
contre «l’ennemi sioniste». L’Iran tient à ses relations avec le Hamas
car il symbolise son seul bastion au Proche-Orient, certes contre Israël mais
surtout aussi contre l’Égypte. Le Hamas et l’Iran se rejoignent dans l’idéologie
islamique pour «libérer la Palestine» contre un intrus dans l’environnement
musulman. Le Hamas représente le fer de lance de l’Iran dans la région et sa
cause est devenue une question idéologique pour les chiites du monde entier.
L’Iran et le Hamas se sont opposés dans le conflit syrien, abordé différemment par chacune des parties. Mais à la suite de l’opération «bordure
protectrice» de 2014, Gaza a compris que son intérêt consiste à rejoindre l’axe de l’Iran par opposition au rapprochement avec les pays
arabes qui jouent la carte occidentale. Ainsi l’Iran est assuré qu’il peut
compter sur le Hamas dans la région.
Marzieh Afkham |
La porte-parole du ministère iranien des Affaires
étrangères, Marzieh Afkham, a déclaré
que les relations avec le mouvement du Hamas sont normales et vont dans la
bonne direction. En revanche, elle a nié les rumeurs concernant le transfert du
bureau politique du Hamas, sous la direction de Khaled Mechaal, de Doha à
Téhéran.
Hamas et Hezbollah
Le paradoxe vient de ce que, malgré son engagement à
poursuivre les négociations sur le nucléaire, l’Iran continue d’armer et de
former le Hezbollah, le Hamas et le djihad islamique palestinien. Téhéran fournit des
roquettes, des missiles sol-sol, des drones, des systèmes anti-aériens
sophistiqués ainsi que des radars de pointe, pour limiter principalement la
liberté de l’aviation israélienne. Le guide suprême Khamenei, a confirmé son intention de «renforcer
la résistance de ses frères palestiniens à Gaza et en Cisjordanie. Ils forment
une seule et unique entité sous la direction du Hamas». Le choix est clair.
Sa doctrine de dissuasion passe par un renforcement des capacités de tir des
missiles fournis au Hezbollah et aux Palestiniens dans le seul but d’empêcher
Israël d’attaquer ses installations nucléaires.
Fateh-110 |
Les fournitures d’armes utilisent les frontières peu
étanches de Gaza pour le Hamas et le Djihad islamique, et de la Syrie pour les
convois destinés au Hezbollah. Selon la presse internationale, Israël a saboté
plusieurs livraisons d’armes en territoire syrien. Une partie de ces armes, des
S-300 SA, des missiles Fatah-110 et des drones iraniens, aurait été détruite,
le 7 décembre 2014, par l’aviation israélienne.
Il ne s’agissait pas de la première opération contre le réarmement. En janvier 2013 un convoi transportant au Liban des missiles anti-aériens S.A 17 a été frappé. En mai 2013, des missiles Fatah-100 ont été détruits à l’aéroport de Damas. Enfin en juillet et en octobre 2013, des missiles de croisière Yakhont (P-800) ainsi que des radars destinés au Hezbollah ont subi le même sort dans le port de Lattaquié. Il est vrai que le Hezbollah est récompensé pour sa participation dans le combat pour la survie du régime de Bachar al-Assad et pour le lourd tribut qu’il paie en sacrifiant des centaines de ses miliciens en Syrie.
Il ne s’agissait pas de la première opération contre le réarmement. En janvier 2013 un convoi transportant au Liban des missiles anti-aériens S.A 17 a été frappé. En mai 2013, des missiles Fatah-100 ont été détruits à l’aéroport de Damas. Enfin en juillet et en octobre 2013, des missiles de croisière Yakhont (P-800) ainsi que des radars destinés au Hezbollah ont subi le même sort dans le port de Lattaquié. Il est vrai que le Hezbollah est récompensé pour sa participation dans le combat pour la survie du régime de Bachar al-Assad et pour le lourd tribut qu’il paie en sacrifiant des centaines de ses miliciens en Syrie.
Abou Obeida |
Le 14 décembre 2014, le porte-parole des brigades Ezzedine Al-Qassam, le bras armé du Hamas, Abou
Obeida, avait remercié l’Iran «pour son aide financière et militaire dans le
combat que le Hamas mène contre les sionistes». Lors d’un grand
rassemblement populaire, les brigades Ezzedine Al-Qassam ont défilé avec des roquettes antichars qui selon lui ont
réussi à «briser le mythe de l’invincibilité du char Merkava». Les
miliciens se sont aussi affichés avec un drone Ababil-3 et des fusils de pointe
iraniens.
Drone iranien Ababil |
Production de missiles
Le ministre iranien de la Défense, le général Hossein
Dehghan a déclaré le 20 décembre 2014 à la télévision que : «le mouvement de
résistance en Palestine occupée est capable grâce à notre aide technologique de
concevoir et de produire des missiles». Cela confirme que, si les tunnels
sont de plus en plus détruits par les Égyptiens, le Hamas a la capacité de
construire, avec l’aide de techniciens iraniens des missiles. L’Iran ne s’en
cache pas puisque l’ancien ambassadeur iranien à Damas, Hussein Sheikholeslam, s’est
exprimé sur le sujet : «notre principal ennemi Israël possède des armes
nucléaires et des missiles, et donc pour contrer ces menaces nous avons aidé le
Hezbollah et nos frères palestiniens à fabriquer des roquettes afin, justement,
de permettre à l’Iran de créer un équilibre de terreur et un bouclier de
défense contre toute attaque israélienne éventuelle».
général Hossein Dehghan |
L’Iran a diffusé des photos de roquettes et de missiles dont
disposent les Palestiniens à Gaza et le Hezbollah au Liban. Il s’agirait de Fateh-110
d’une portée de 300 km et portant une ogive de 500 kg pouvant donc atteindre
toutes les villes israéliennes avec un objectif de toucher le réacteur
nucléaire de Dimona. Ainsi, les négociations sur le nucléaire sont menées
parallèlement à un effort accru de renforcement des capacités militaires du
Hezbollah et du Hamas.
Dans cette affaire, le président Hassan Rohani est débordé
par les Gardiens de la Révolution qui s’opposent à toute ouverture avec l’Occident
grâce à une nouvelle structure politique parallèle comprenant des anciens
ministres d’Ahmadinejad. Ils rendent responsables les Occidentaux de la baisse
du prix du pétrole, à moins de 60 dollars, qui aggrave la situation économique et
sociale de l’Iran. Les Iraniens n’ont pas abandonné leur stratégie hégémonique
dans la région avec pour objectif la confrontation avec Israël. L’attitude
paradoxale de l’Iran devrait alerter les chancelleries occidentales.
En revanche, l’État-Major israélien a pris toutes les
mesures pour contrecarrer les ambitions iraniennes. Benny Gantz a annoncé
le 3 octobre 2014 : «Nous sommes pour
une action militaire contre l'Iran». Il avait emboîté le
pas au premier ministre qui avait menacé que, si l'accord éventuel entre l'Iran et les 5+1
ne plaisait pas à Jérusalem, Israël pourrait avoir recours à l'option militaire.
Ceci confirme ma propre analyse, et depuis longtemps. Seuls les Ayatollahs ont la volonté, la technologie et le réel désir de détruire Israël et le peuple juif. Au M.O, cela risque de se faire à coups de missiles ; ailleurs, c'est en développant une véritable propagande nazi, sur l'Internet et ailleurs : et cela, sans parler de leur programme nucléaire qui est un vrai cauchemar !
RépondreSupprimer"L’Iran tient à ses relations avec le Hamas car il symbolise son seul bastion au Proche-Orient, certes contre Israël mais surtout aussi contre l’Égypte." écrit monsieur Benillouche. c'est vrai, il est dangereux aussi pour l'Arabie saoudite. l'Egypte a fait des travaux sur sa frontiere avec Gaza, mais à priorie cela ne suffit pas, les armes passent toujours.
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