NON, IL NE S’AGIT PAS
D’UNE 3ÈME INTIFADA
Par Jacques BENILLOUCHE
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Les événements que connaît Israël depuis quelques semaines ne peuvent pas être assimilés à une 3ème Intifada. Ce terme brûle la langue de tous les commentateurs mais il faut résister aux apparences et aux amalgames. Les ingrédients sont pourtant réunis mais nous n’en voyons ni la couleur et ni l’odeur aujourd’hui. Cela ne veut pas dire qu’il n’y en aura pas une mais il est certain qu’elle n’a pas lieu en ce moment.
Un journaliste
ne prédit pas mais il analyse et se fonde sur les expériences du passé. Les
seuls points communs aux deux premières intifada reposent sur l’impossibilité
des politiques à fixer un horizon
politique et un calendrier pour faire bouger les lignes dans la région. Tout
est bloqué et aucune vision optimiste ne
se distingue au loin. Certes la situation est prise au sérieux par les dirigeants
israéliens parce qu'ils craignent une tentative de lancer une troisième intifada. Tout différencie la situation actuelle avec celle qui prévalait en 1987 et en 2000.
Première
intifada
La
première Intifada appelée «guerre des pierres» avait débuté le 9
décembre 1987 tandis que la seconde, appelée «intifada Al-Aqsa», avait
été lancée le 29 septembre 2000 à la suite de la visite d'Ariel Sharon sur
l'esplanade du Mont du Temple. Chacune de ces révoltes, aux motivations
différentes, constituait à la fois un affrontement direct avec les Israéliens
et une réponse collective à des problèmes internes au peuple palestinien. Les
jeunes arabes tenaient à manifester leur colère contre les échecs et les divisions de
leurs dirigeants accusés de népotisme et de corruption.
Arafat et Abou Jihad en 1988 à Tunis |
Après
l’invasion du Liban de 1982, les Israéliens avaient forcé l’OLP (Organisation
de libération de la Palestine) à quitter Beyrouth et à s’installer à Tunis pour
diriger à distance les affaires de la Palestine. Les relations conflictuelles
entre dirigeants de l’intérieur et de l’extérieur ont exacerbé les tensions entre la jeunesse palestinienne et ses chefs.
Une
étincelle a déclenché la première intifada. Un accident de la route, le 9
décembre 1987, impliquant un camion israélien et une voiture palestinienne, a
entraîné la mort de quatre passagers. Ce prétexte a donné l'occasion à la foule
palestinienne d'envahir la ville de Gaza pendant les funérailles et de s'en
prendre à l'armée israélienne dans le camp de réfugiés de Jabālīyah. Mais les
réelles motivations étaient à chercher ailleurs. Les manifestants de 1987
tenaient à prendre en main leur combat, jusqu'alors géré par leurs dirigeants
de l'étranger, et voulaient s'opposer aux luttes de factions en réclamant «l'unité
nationale» et en fustigeant la désunion et la discorde.
De
nouveaux visages, jeunes pour la plupart, ont alors bataillé avec la vieille
garde totalement dépassée. Israël a réagi avec brutalité à cette première intifada
qui a été déclenchée sous le gouvernement de droite de Yitzhak Shamir et qui
s'est poursuivie sous celui du travailliste Yitzhak Rabin. Les deux premiers
ministres ont estimé qu'il fallait écraser la révolte avant qu'elle ne se
propage mais ils s'étaient complétement trompés sur son origine en imputant à
tort à Yasser Arafat l'instigation de la révolte croyant qu’il voulait redorer
son blason. Les jeunes avaient agi d'eux-mêmes sans avoir été poussés par des
provocateurs politiques.
Les
dirigeants palestiniens avaient alors pris le train en marche pour récupérer ce
mouvement contestataire à leur profit en le structurant et en le noyautant par
des militants expérimentés. Ils ont créé une direction clandestine qui contrôlait l’intifada depuis la Maison d’Orient à Jérusalem. Mais
cette première
intifada a été une résistance non-violente avec des jets de pierre du côté
palestinien comme seul aspect le plus violent.
Deuxième
intifada
La
deuxième intifada a été déclenchée dans la foulée des accords d'Oslo de 1993
qui avaient suscité beaucoup d'espoir mais qui avaient débouché sur un
processus stérile puisque la situation sur le terrain n'avait pas évolué, à
l'exception cependant d'une certaine autonomie financière obtenue par la
direction palestinienne. Cette deuxième révolte a été à l'origine de l'arrivée
au pouvoir d'Ariel Sharon et, parallèlement, de la cassure du mouvement
palestinien en deux entités antagonistes Fatah et Hamas. Elle eut pour
conséquence d'inciter les Israéliens à créer le mur de protection et à
multiplier les implantations chargées de mailler la Cisjordanie à des fins
sécuritaires.
Cette
Intifada a eu lieu après l’avènement de l’Autorité palestinienne qui disposait d'armement léger dans les territoires. Elle s’est transformée en un soulèvement violent caractérisé
par des échanges de tirs, des attentats-suicides et des agressions.
Mais elle s’est singularisée par le réveil nationaliste des Arabes israéliens,
citoyens à part entière, qui ont protesté à Jérusalem et en Galilée pour aider
leurs frères dans la défense d’Al-Aqsa. Ils ont payé un lourd tribut avec
treize citoyens arabes israéliens tués par la police.
Intifada 2000 |
Aujourd'hui
le sentiment de désespoir est intense alors que les Américains ont échoué à
imposer un règlement politique. Les constructions dans les implantations se multiplient, éloignant tout espoir de création d’un État palestinien indépendant et viable. La
troisième intifada, que certains voient poindre à l'horizon, est liée au
dilemme auquel est confronté le peuple palestinien dans le choix de l'une des
trois stratégies qu'il peut suivre pour sortir de son conflit avec Israël.
Trois
stratégies
La
première est diplomatique. Le président palestinien Mahmoud Abbas a recherché
auprès des Américains leur implication plus directe et plus active dans le
processus de paix. Or l'arrivée de Barack Obama à la Maison-Blanche n’a pas
fait bouger les lignes ; la situation reste figée et la diplomatie
américaine est mise en échec. Benjamin Netanyahou s'est opposé ouvertement au
gel de l'extension des implantations israéliennes et n'a pas donné à un président palestinien intransigeant le moyen de se prévaloir
d'une quelconque avancée politique.
Le
deuxième choix implique une résistance civile, non violente, prônée au cas où
les Palestiniens veulent éviter une rupture totale avec le gouvernement
israélien qui repousserait alors aux calendes grecques l'émergence d'un État palestinien. Le cessez-le-feu fonctionne bien en
Cisjordanie et il a l’avantage de ne pas porter atteinte aux conditions
économiques de la population. Même si les Palestiniens se plaignent de la
présence militaire qu’ils considèrent comme humiliante et difficile,
l'amélioration des conditions de vie est réelle tandis que le monde arabe se
satisfait de cette situation de ni guerre ni paix.
La
troisième approche reste la résistance violente, l'intifada, au moyen
d'attaques contre les militaires et les civils israéliens. Bien qu'elle soit
justifiée par une minorité de Palestiniens, elle semble aujourd'hui n’avoir la
faveur que des jeunes qui ne se satisfont plus d'une réaction timorée de
dirigeants espérant toujours que le salut viendra de l'étranger. L'exemple du
Hamas, qui gère d’une main de fer Gaza tout en s'opposant à la fois à la
direction actuelle palestinienne et à Tsahal, commence à germer dans les
esprits. Le seul frein à cette option réside dans la dépendance vis-à-vis de
l'économie israélienne. Les Palestiniens constatent avec retard qu’ils ont eu
tort de modifier leur structure sociale en réduisant le nombre d'agriculteurs
au profit d'un prolétariat qui s'expatrie en Israël.
Signes
annonciateurs
La
situation politique est à présent bloquée et plusieurs signes annonciateurs
donnent à penser que les mêmes causes risquent de produire les mêmes effets. En
1987, un officier israélien avait été tué, des émeutes avaient été déclenchées
dans différentes villes et des jets de pierre contre les véhicules se
généralisaient. Ce même type d'actions délibérées se reproduit aujourd'hui. Il
reste à analyser le caractère spontané ou non de ces incidents dans les
territoires. Sauf à choisir le suicide politique, le président palestinien
Mahmoud Abbas n'a rien à gagner à susciter ces troubles car l'intifada est une
arme à double tranchant. Le soulèvement populariserait certes auprès des
milieux internationaux la question palestinienne pour qu'elle revienne au
premier plan de l'actualité mais, elle risquerait de délégitimer une direction
palestinienne déjà discréditée.
Les
pays arabes, la Jordanie en particulier, verraient d'un mauvais œil les
flambées de violence se propager au-delà de leurs frontières au moment où ils
sont particulièrement inquiets de l'évolution des djihadistes de Daesh. Le
gouvernement israélien hésite sur la meilleure méthode pour éteindre le feu qu’il
arrive encore à canaliser. Mais l'État juif pourra difficilement, comme les
fois précédentes, étouffer dans l'œuf un mouvement désordonné de jeunes non
structurés et non dirigés par des leaders charismatiques. Il devra inventer une
nouvelle stratégie quand les germes d'un soulèvement seront de plus en plus
visibles en Cisjordanie. Etant donné que les jeunes émeutiers ne sont pas structurés et n'ont pas de chef qui les canalise, alors ils sont plus plus dangereux à neutraliser.
Nous
assistons effectivement à des mini-intifada un peu partout dans les territoires
et à Jérusalem mais pour l'instant les dirigeants palestiniens ne soutiennent pas ce
mouvement d’émeutes. Alors que le Premier ministre Benjamin Netanyahu pointe à plusieurs reprises un doigt accusateur sur le président palestinien Mahmoud Abbas, le chef du Shin Beth, a déclaré qu'il ne croyait pas qu'Abbas était responsable du cycle actuel de terreur et de violence. Les émeutiers semblent pour l'instant agir dans le cadre d'actions individuelles, certainement inspirées par les mots d'ordre d'illuminés diffusant leur haine par messages internet.
En 1987 et en 2000 ils avaient un dirigeant charismatique en la personne de Yasser Arafat. En l’absence de leader légitime sur le terrain, il est difficile d’envisager une troisième intifada. Les Palestiniens ne sont pas unifiés et ne disposent pas d’une direction unique crédible alors que le Fatah et le Hamas se déchirent. Tant qu’un Ben Gourion palestinien n’émergera pas de ce magma de dirigeants discrédités et corrompus, alors il n’y aura personne pour conduire les Palestiniens unifiés vers une troisième intifada.
En 1987 et en 2000 ils avaient un dirigeant charismatique en la personne de Yasser Arafat. En l’absence de leader légitime sur le terrain, il est difficile d’envisager une troisième intifada. Les Palestiniens ne sont pas unifiés et ne disposent pas d’une direction unique crédible alors que le Fatah et le Hamas se déchirent. Tant qu’un Ben Gourion palestinien n’émergera pas de ce magma de dirigeants discrédités et corrompus, alors il n’y aura personne pour conduire les Palestiniens unifiés vers une troisième intifada.
On ne peut pas laisser un peuple sans horizon et l'acculer au désespoir ......
RépondreSupprimermais qu'ils aillent en jordanie. la jordanie est peuplée à 80% de palestiniens parce que c'est là leur pays
RépondreSupprimerLe site internet officiel du Fatah vient de publier un communiqué concernant le massacre dans une synagogue située dans l’Ouest de Jérusalem… Pour le parti du Président palestinien, il s’agit d’une « opération héroïque ».
RépondreSupprimerAbbas est un personnage trouble.