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vendredi 14 novembre 2014

JUIFS ET ARABES AU BORD DU PRÉCIPICE



JUIFS ET ARABES AU BORD DU PRÉCIPICE

Par Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps 

   

    Juifs et Arabes sont aujourd’hui au bord du précipice, de l’apocalypse diront les tenants des nouvelles Écritures. Il ne s’agit pas d’une vue de l’esprit mais de l’aboutissement des œuvres humaines, de la volonté de destruction par la main de l’homme. Les hommes se fient à des extrémistes contestables qui, prétextant qu'ils agissent selon la volonté de Dieu, cherchent à dominer le monde ou une région. 
     Ils s’adressent à des humains crédules en leur faisant croire, à force de mensonges et de supercheries, qu’il s’agit de prophétie.  Si les extrémistes juifs et arabes recherchent la confrontation finale, ils peuvent l’obtenir facilement, c’est à la portée de tout être dérangé mentalement. L’on connaît certes les moyens, mais il est difficile d’en imaginer le résultat final.



Leçons de l’Histoire

Visite de Sharon au Mont du Temple

Les leçons de l’Histoire ne s’assimilent pas facilement par les hommes politiques. Les exemples de provocations juives sur le Mont du Temple ont déjà des précédents dramatiques. Le déclenchement de la seconde Intifada, ou Intifada el-Aqsa, date du 28 septembre 2000 quand Ariel Sharon a voulu imposer sa présence en foulant l’entrée de la mosquée Al-Aqsa. 
Quand un membre du Djihad islamique a tiré le 29 octobre sur le rabbin Yehouda Glick qui voulait modifier les règles interdisant, depuis un décret toujours en vigueur de Moshé Dayan datant de 1967, la prière juive sur le Mont du Temple, il ne se doutait qu’il avait affaire à un illuminé : «Je garde toujours mon téléphone portable, au cas où je reçois le message que l'autorisation a été accordée pour la construction du troisième Temple et je dois courir».

Il s’agissait certainement d’humour mais il croit dur comme fer qu’il peut être à l’initiative d’un plan prophétique pour réellement construire le troisième Temple saint. Moshé Feiglin abonde dans son sens en proposant à son tour : «Même si le retour juif au Mont du Temple provoque la violence et encourage la violence arabe, nous devons expulser les dirigeants musulmans du Mont du Temple et restaurer la souveraineté exclusivement israélienne sur ce site le plus saint».  Enfin la député du Likoud Miri Regev s’en est prise aux femmes musulmanes qui «pleurent sur le Mont du Temple. Elles pleurent parce qu'elles sont payées. Le mouvement islamique les paie pour semer la discorde».

Scénario apocalyptique
 
Le scénario apocalyptique s’explique par le fait que la tentative d'assassinat de Yehouda Glick a été perpétrée par un membre du Djihad islamique, soutenu par l’Iran et le Hezbollah, qui prône la destruction de «l’entité sioniste». Les implications terroristes montrent qu’il y a des ramifications étendues et qu’il ne s’agit plus d’un cas isolé. L’Iran ou le Hezbollah pourrait alors prendre prétexte de vouloir défendre les Palestiniens pour susciter des troubles ou pour lancer des missiles sur Israël. La riposte israélienne serait alors apocalyptique.
Leibowitz

Mais l’amour de la terre conduit à des extrémités. Le philosophe israélien Yeshayahou Leibowitz avait déjà pointé du doigt ce qu’il avait «qualifié d’idolâtrie de la terre». Il ne s’était pas beaucoup trompé puisque, depuis 1967, les Juifs orthodoxes, suivis systématiquement par les gouvernements travaillistes laïcs, ont créé les implantations en Cisjordanie. Pour les uns il s’agissait d’un zèle presque messianique. Pour les autres il s'agissait de raviver la nostalgie de l’époque des pionniers et des kibboutzim.

Combat perdu d’avance


Mais  Juifs et Arabes sont aujourd’hui au bord du précipice parce qu’ils mènent un combat perdu d’avance. Parce qu’il y a une pression occidentale intense, Israël ne pourra pas modifier le statu quo sans déclencher une guerre asymétrique qu’il ne pourra pas contrôler. La guerre avec le Hamas ou le Hezbollah est une guerre normale car les deux parties, certes déséquilibrées, disposent d'armes et de matériel de destruction de haute technologique. Leurs combattants ont prouvé qu’ils se valaient sur le terrain en termes d’expérience, de ténacité, de volonté et d’efficacité.
Mais la guerre contre le terrorisme ne peut être gagnée parce que les terroristes s’affichent en civils insaisissables et déterminés, qui se fondent facilement au sein de la population juive. Sauf à encercler militairement toutes les villes de Cisjordanie pour en bloquer les accès, sauf à reconstituer un mur virtuel avec la partie arabe de Jérusalem-Est ce qui cassera l’idée même d’unicité de la Capitale, sauf à remettre des gardes à l’entrée des supermarchés et des restaurants, alors les tueurs auront les mains libres pour agir avec lâcheté.
Les troupes d’élite Golani, fantassins normalement basés à la frontière syrienne et libanaise, investissent la Cisjordanie, dans le cadre d’une Bataille d’Alger à l’échelle israélienne. C’est le signe que la police israélienne craint de ne plus contrôler la situation face à des émeutes généralisées. Le chef d’Etat-major Benny Gantz a ordonné aux commandants de rester vigilants et de se préparer à la possibilité d’une escalade. «Nous travaillons pour calmer la situation, nous devons nous préparer à faire face à toutes les éventualités».

Le combat est perdu d’avance parce que les attentats et les émeutes dans les villes arabes israéliennes entraîneront plus de suspicion à l’égard des populations arabes qui risquent de se trouver marginalisées et même traitées en communauté de seconde zone. Dans ce contexte, leur éventuelle solidarité à l’égard des Palestiniens pourrait aggraver leur situation socio-économique.  
Le combat est perdu d’avance par les Palestiniens. Même si l’on assiste à des prémices de troisième Intifada, ils ne pourront jamais égaler les deux premières. L’Intifada de 1987 avait été lancée par l’OLP avec des structures militaires et économiques centralisées. En 2000 Yasser Arafat avait mené sa propre Intifada avec une population unie et motivée. 

Mais aujourd’hui le contexte politique est différent. Les Palestiniens sont scindés politiquement et physiquement en deux entités distinctes, le Fatah en Cisjordanie et le Hamas à Gaza. La concertation devient impossible et la mise sous commandement unique des milices armées est illusoire. Malgré des accords sans lendemain, l’entente entre Mahmoud Abbas et Khaled Mechaal reste chimérique pour ne pas dire conflictuelle. Alors tant qu’une réelle unification n’intervient pas entre les frères ennemis, aucune troisième Intifada ne peut avoir lieu dans l’état actuel de division des Palestiniens.
Juifs et Arabes sont au bord du précipice et nul n’est capable de prévoir l'étincelle qui embrasera la situation d'une région encore sous contrôle d’Israël et aussi de l’Autorité palestinienne.   


5 commentaires:

  1. Messianique ou pas, il sera impossible de statuer sur Jérusalem qui tout ce que l'on peut penser, reste l'épicentre du problème !

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  2. J'ai vécu des scènes à Jérusalem, des non-événements, qui m'ont impressionné. Hier je me suis promené dans le quartier chrétien de la vieille ville, la rue était déserte ou presque, propre comme une rue en Suisse, de temps en temps passait un troupeau de touristes, et quelques jeunes hommes au fond de la rue, tout à coup un d'entre eux crie "Allah ou Akbar" de toutes ses forces, devant la mine effarée de ses compagnons, il a éclaté de rire.
    Dans la rue, il y avait quelques restaurants déserts, l'un vantait de la cuisine palestinienne, l'autre avait une carte exclusivement en anglais et en hébreu; à l'intérieur, autant d'images pieuses que dans une église.
    Un autre jour, j'étais à la Mamilla, dans un centre commercial ultra moderne, je descendais l'escalier mécanique, une jeune mère musulmane, avec son bébé et sa maman; tous très élégants, montaient, nous nous sommes croisés .je lui ai souris, son visage s'est illuminé d'un seul coup, un rayon de soleil était entré dans son coeur.
    Fin de la rencontre. »

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  3. Le monde islamique veut entraîner le monde et Israël dans le précipice. Pas l'inverse ! A partir de ce constat général si je comprends bien , vu la terreur que les arabo-musulmans inspirent, les juifs (et les autres) doivent "se garder de toute provocation". Cela rappelle le scandale des caricatures dites ou vues anti-islamiques sur la personne de Mahomet. Après les émeutes scandaleuses et outrancières qu'elles ont suscité, ,comme par hasard on n'en voit plus dans aucun journal européen la moindre trace. Les musulmans ont gagné du terrain et peuvent continuer de pousser les autres dans le précipice . Auriez-vous appliqué l'analogie du principe de ces caricatures avec le problème des juifs interdits de prononcer un mot sur le Mt du Temple? Mais quittons le domaine sensible de la guerre de religion -bien qu'à mon avis cela soit impossible vu la nature de l'Islam .On peut penser raisonnablement que quoique que feront les juifs d'Israël pour se défendre est et sera interprété comme une provocation. J'aurais souhaité en conclusion de l'article que soit énoncé une vérité factuelle intangible :" la simple présence d'un Etat juif en Israël est une provocation."

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  4. Olivier YPSILANTIS12 novembre 2014 à 10:02

    Jacques Benillouche, votre analyse est intéressante mais malheureusement elle s'enferme sur elle-même puisque pour les Musulmans (et je ne cite qu'eux, il y en a d'autres) la simple existence d'Israël est une provocation.

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  5. bien sur la pression de la communaute internationale force israel a ne pas changer l equilibre instable sur le mont du temple. la raison est simple ou simpliste : le monde n accepte pas le retour d israel sur ses terres et en particulier la reunification de jerusalem. deuxieme remarque a force de repeter 'cisjoirdanie' on oublie quel on parle de JUDEE ET SAMARIE.
    merci de ne plus employer ce terme impropre a notre pays

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