EXCLUSIVITÉ Jean CORCOS pour Temps et Contretemps
ERDOGAN À PARIS : SPÉCIAL LANGUE
DE BOIS
Par Jean CORCOS
copyright © Temps et Contretemps
Photo exclusive d'Erdogan sortant de l'ACF |
J'ai eu le privilège d'assister à la rencontre avec le Président de la République turque, Recep Tayyip Erdogan, organisée par l'Institut Français des Relations Internationales (IFRI), vendredi 31 octobre à Paris. Une conférence de presse, dans la grande bibliothèque de l'Automobile Club de France, place de la Concorde, et qui attira un parterre impressionnant de journalistes, télévisions, diplomates et personnalités. Il faut dire que tous les feux de l'actualité sont braqués sur la Turquie ces dernières semaines, avec les affrontements furieux entre les Djihadistes du Daesh et les combattants kurdes défendant la ville de Kobané, quasiment à quelques centaines de mètres de la frontière turque où les soldats restent immobiles.
Mauvais souvenirs
Erdogan sortait d'un entretien à l'Elysée,
faisant un aller-retour depuis Ankara dans la journée : autant dire qu'il a dû
aller à l'essentiel avec François Hollande, lui et sa délégation ministérielle.
A propos des relations bilatérales, il n'a pas caché le mauvais souvenir que
lui avait laissé l'épisode Sarkozy laissant entendre que, selon lui, tous les autres présidents
français avaient soutenu la candidature de son pays pour entrer dans l'Union
Européenne. Quelques chiffres à propos des relations économiques, qui sont
certes impressionnantes et à la mesure d'un indéniable succès de l'AKP au
pouvoir depuis 2002, expliquant ses résultats lors des élections législatives de 2007
et 2011, et présidentielle de 2014 : les échanges commerciaux devraient passer
de 14 milliards d'euros en 2013 à 20 milliards en 2020. Plus de mille
entreprises françaises sont implantées dans le pays. 610.000 originaires de
Turquie vivent en France. Un vaste programme de construction de centrales
nucléaires est prévu, et la France sera associée au Japon pour leur
construction.
Parlant d'une voix forte et assurée -
mais son talent de tribun n'était pas une surprise - je l'ai entendu critiquer
fortement les réticences européennes, disant «aucun autre pays n'a été
traité de la sorte, nous avons un droit naturel et légitime de voir les
promesses tenues». Sans doute par courtoisie, manque de temps mais aussi
parce que ce n'était pas l'actualité du moment, aucune question n'est revenue
sur les vraies raisons de ce blocage aux portes de l'U.E, en particulier
l'occupation partielle de Chypre depuis 40 ans.
Daesh et Kobané
Recep Tayyip Erdogan a ensuite parlé,
longuement, des combats à Kobané et des critiques faites à la Turquie. On le
sentait furieux des accusations de la presse qui évoquent régulièrement son
soutien au Daesh, en développant une plaidoirie souvent «langue de bois»,
mais parfois acceptable au moins en partie :
- «Nous ne pouvons pas soutenir des
terroristes car nous combattons le terrorisme depuis des années» : certes,
mais dans son esprit il s'agit des actions des séparatistes du PKK. Pour le
régime syrien, tous les opposants armés sont des terroristes, or il soutient la
rébellion anti-Assad ; et enfin, pour lui le Hamas n'est pas du tout une
organisation terroriste alors qu'elle est reconnue comme telle par les
puissances occidentales, alliées en théorie de la Turquie au sein de l'OTAN ;
- «Actuellement, on ne parle que de
Kobané. Or il y a très peu de civils dans cette ville, 200.000 civils réfugiés
sont en Turquie. Kobané ne représente qu'un pourcentage infime du drame de la
région. Y-a-t-il de l'or, des diamants, pourquoi Kobané ?» En vérité, un
mélange entre un beau numéro de langue de bois et un discours renfermant une
part de vérité. Médiatiquement parlant, il y a un oubli de la Syrie où on
comptabilise maintenant largement plus de 200.000 morts (Erdogan a donné le
chiffre de 300.000). Certes, tous les regards sont portés maintenant vers cette
petite ville frontalière, mais pourquoi ? Parce que les pays occidentaux et
arabes sont maintenant en guerre contre l'État islamique (patronyme que
refuse le président turc, disant que le Daesh «n'est pas musulman»)
; parce qu'une victoire des Djihadistes là-bas rendrait très difficile leur
expulsion des autres territoires syriens et irakiens ; parce que, surtout,
l'armée turque aurait pu en intervenant, les écraser rapidement.
Le président a quand même dû répondre à
une question sur le refus de laisser utiliser les bases aériennes de son
territoire pour mener des raids, en disant que «c'était en discussion et que
cela serait possible». Idem à propos du transit des Peshmergas kurdes en
provenance d'Irak, qui commencerait effectivement, mais au compte-gouttes.
Réfugiés syriens
- «La Turquie a accueilli 1,6
millions de réfugiés syriens, l'Europe 200.000 ; nous avons dépensé 4,5
milliards de dollars pour les accueillir, l'aide étrangère n'a été que de 200
millions». Si ces chiffres sont exacts, alors l'argument mérite d'être
entendu.
Heureuse surprise, j'ai eu l'impression
que le président turc cherchait à se présenter en allié fidèle et cohérent des
Occidentaux :
_ En mentionnant, à propos justement des
bases de l'OTAN, le fait que des soldats de son armée demeureraient encore en
Afghanistan pendant 2 ans ;
_ En prenant ses distances avec la
Russie - certes, essentiellement parce que cette puissance soutient à bout de
bras le régime syrien -, lorsqu'il a dit (information surprenante) que la
Turquie condamnait l'annexion de la Crimée où vit une minorité musulmane
conséquente.
Après avoir passé un moment à dénoncer
les séparatistes du PKK en disant qu'ils tentaient de détruire tout ce que son
pays construit dans les zones à majorité kurde, il a évoqué «les événements
de 1915», hélas un bien pénible euphémisme pour évoquer le génocide
arménien jamais reconnu par la Turquie - et pas seulement par les islamistes au
pouvoir, reconnaissons-le. «L'Histoire ne doit pas être exploitée par les
politiques», a-t-il dit à l'adresse de l'Arménie et de la Diaspora
arménienne, en disant aussi qu'il faut «laisser travailler les historiens»
: un discours révisionniste que les Juifs ont aussi entendu de leur côté !
Trois oublis
Trois oublis étonnants dans l'exposé d’Erdogan,
qui ont été relevés par Thierry de Montbrial, président de l'IFRI et qui a
voulu le faire parler à leur sujet. D'abord l'Iran. Un peu gêné, son hôte a
dit qu'il avait établi un Conseil de Coopération de haut niveau avec le
président iranien. Mais cette fois sans langue de bois, il devait critiquer «l'approche sectaire de la religion» par la République Islamique - comprendre ses
alliances pro-chiites qui menacent indirectement la Turquie. Il a vivement
critiqué la même dérive en Irak «où l'armée n'est constituée que de chiites»,
et la politique également sectaire de l'ex-premier ministre Maliki : et là, on
ne pouvait que partager son point de vue.
Mavi Marmara |
Ensuite Israël, et j'ai trouvé ses
propos moins pires que ce qu'on pouvait attendre. Il a d'abord dit qu'avant
l'abordage sanglant du Mavi Marmara en 2010, la Turquie était le pays
musulman le plus proche d'Israël, mais en soulignant qu’ensuite les relations
amicales avaient cessé, en rappelant ses trois demandes : excuses officielles
(c'est fait) ; réparations (il n'a pas été précis) ; lever du blocus de Gaza,
et là son discours a été conforme à ce que l'on attendait ("Tragédie
humanitaire" ; "colonies en Cisjordanie" ; "Gaza prison à
ciel ouvert") ... Ceci étant, il a dit qu'il n'avait rien contre le
peuple israélien, mais qu'il était simplement en opposition contre son
gouvernement actuel. A noter qu'il n'a même pas prononcé le mot Hamas.
Enfin l'Egypte, où je l'ai senti
franchement furieux de la tournure des évènements : il a amèrement reproché aux
pays occidentaux d'avoir accepté un coup d'État, rappelé que Morsi avait été
élu démocratiquement et reconnu que les
relations avec ce pays étaient franchement mauvaises.
Sujets moins délicats
Notons pour finir les questions et
réponses sur des sujets plus ou moins délicats, et qui à nouveau m'ont donné
l'impression d'entendre un tribun doué par la langue de bois :
- En réponse à Gilles Kepel qui le
questionnait sur un changement des frontières au Moyen-Orient, qui datent des
accords Sykes-Picot il y a près d'un siècle, il a déclaré que la Turquie «ne
pourra jamais dire oui» à de tels changements, alors même que pour beaucoup
d'observateurs c'est déjà la fin des plusieurs États nations de la région ;
- A propos d'une question sur la prise
d'otages de diplomates turcs par le Daesh à Mossoul, il est resté très vague
sur les conditions ayant permis leur libération ;
Nouveau palais présidentiel turc |
- Sur l'héritage de Mustapha Kemal
Atatürk qui serait symboliquement bradé avec le nouveau palais présidentiel
qu'il se fait construire en ce moment, il a dit que l'ancien bâtiment serait un
musée, tandis qu'il en fallait un nouveau «à la mesure de la nouvelle
puissance du pays».
ISRAELE deve allargare i suoi confini a dismisura, fino ad arrivare ad un accettabile grado di sicurezza per i suoi abitanti.
RépondreSupprimerDeve dominare il medio-oriente con pugno di ferro, secondo come la STORIA gli ha insegnato guadando gli altri popoli e governi.
Deve impedire che ci siano focolai di attacchi terroristici, annettendo tutti i territori conquistati. Non esiste uno stato palestinese, perché non è mai esistito.
Tutto ciò che D-o ha dato ad Israele, Israele deve custodirlo, costruirci e farci quello che le pare, senza alcuna ingerenza di altri popoli, indegni di giudicare Israele, per il loro passato di sangue...
BASTA CON LA MENTALITA' DI ULTIMO DELLA CLASSE.
SEI IL MIGLIORE, E FATTI RISPETTARE...
Se serve, manda ogni tanto qualche missile a lunga gittata, senza testate nucleari... sui paesi canaglia.. come monito!
Traduction sous réserve :
RépondreSupprimerIsraël doit étendre ses frontières au-delà de la mesure, jusqu'à ce que vous atteignez un niveau de sécurité acceptable pour ses résidents.
Doit dominer le Moyen-Orient avec une poigne de fer, selon la façon dont l'histoire enseignée à gué d'autres peuples et les gouvernements.
Il faut éviter que des épidémies d'attentats terroristes, l'annexion des territoires conquis. Il y a un état palestinien, car il n'a jamais existé.
Tout ce que Dieu a donné à Israël, Israël doit garder, et bâtissons-nous ce que vous pensez, sans interférence avec d'autres personnes, indigne de juger Israël pour leur histoire de sang ...
Assez avec la mentalité «dernière classe.
Vous êtes le meilleur, et se conformer aux FAITS ...
Si nécessaire, envoie un missile à longue portée occasionnelle sans armes nucléaires ... .. dans les États voyous comme un avertissement!
Bienvenu dans notre future Europe musulmane
RépondreSupprimerLa France s'oppose à l'entrée de la Turquie au sein de l'UE car elle tient à rester le premier et seul pays musulman d' Europe
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