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samedi 22 novembre 2014

DJIHADISTES : LA CAPITULATION OCCIDENTALE



DJIHADISTES : LA CAPITULATION OCCIDENTALE

Par Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps

           
Calife djihadiste

Au sein de l’islam, le djihadisme est un courant minoritaire aux côtés du fondamentalisme et du réformisme dont il se distingue beaucoup. Il rejette totalement la démocratie telle qu’elle est appliquée en Occident parce qu’il la juge impie et dépravée. Il prône le recours à la violence comme moyen de satisfaire des utopies auxquelles seuls des illuminés peuvent croire. Malgré l’orchestration réussie d’une certaine médiatisation, il représente une fraction minoritaire des musulmans mais il reste très actif. Mais à vouloir se polariser sur la seule dimension terroriste du djihadisme, on en revient à négliger la compréhension de ce phénomène nouveau qui concerne aussi bien les sunnites que les chiites.



Ordre islamique international
Le Guide suprême de la révolution islamique, Ali Khamenei
            
          Les djihadistes chiites, faisant partie d’une communauté qui englobe 10% des musulmans, sont fondamentalement liés à l’État théocratique d’Iran. Ils n’ont pas à se battre pour l’avènement d’un État puisqu’ils l’ont déjà alors que les djihadistes sunnites poursuivent leur rêve de créer un État islamique sous la forme d’un califat global. Mais ils se retrouvent sur le même objectif consistant à instituer un «ordre islamique international» et sur l’obligation d’appliquer les prescriptions islamiques face à un système politique démocratique qui produit «des lois arbitraires issues du peuple». Les deux courants appliquent en commun un système de démocratie théologique à partir d’une lecture fermée et sélective du Coran.       
Révolution en Tunisie
     
          En fait, nous ne sommes pas loin des totalitarismes du siècle dernier avec les théories communistes et nationales-socialistes. Cette parenté a d’ailleurs entraîné l’échec des révolutions arabes, dites de printemps, parce que les djihadistes, qui avaient noyauté les révolutionnaires, refusaient la démocratie réclamée par les musulmans au lendemain du départ des dictateurs. Les djihadistes se sont crédibilisés en avançant des arguments sur la nature autocratique des régimes arabes soutenus par l’Occident et issus de l’hégémonie occidentale en terre musulmane. Ils rejettent donc les sociétés démocratiques parce qu’ils croient à la dimension «absolue» de l’islam.
L'enfer

Ils fondent les fondements de l’islamisation des esprits sur la peur de l’enfer. Leur démarche consiste alors à montrer qu'il est possible de la surmonter. Les prêcheurs djihadistes exacerbent cette peur chez leurs ouailles en les menaçant de l’enfer s’ils n’observent pas scrupuleusement les obligations et les interdits de l’islam. Face à cette menace, ils interdisent la musique, ils séparent les garçons des filles et ils récusent tout ce qui n’est pas islamiste.

Combat existentiel
  

            Mais l’avènement brutal des hordes djihadistes, qui mènent un combat existentiel, a modifié profondément la donne. Une véritable guerre est livrée contre les Occidentaux qui apparaissent aujourd’hui désarmés par naïveté, par crédulité, par excès de tolérance et par rectitude politique. À ce train-là, l’Occident est engagé à court terme vers une capitulation inexorable. Cependant les islamistes ne combattent pas uniquement l’Occident mais surtout les musulmans modernistes qui s’opposent à l’interprétation littérale du Coran.  

           Pour réussir à s'imposer, ils procèdent par intimidation, dans les lieux où le savoir occidental est diffusé. Les professeurs chrétiens à l’étranger sont devenus leur cible privilégiée. Ils les intimident par des pamphlets puis ensuite par la menace. Ils s'imposent systématiquement dans les milieux universitaires où ils réussissent à créer des salles de prière, pour les transformer ensuite en mosquées. Ils recrutent parmi les étudiants, les plus sensibles à leur dialectique et les plus capables de se joindre au djihad violent parce qu’ils ne trouvent plus d’idéal motivant dans leur société moderne. Ils les insèrent alors dans une structure hiérarchisée qui s’impose progressivement pour que le pouvoir totalitaire se transmette de bas en haut. Chaque niveau se voit confier un pouvoir absolu sur le niveau inférieur. Ce pouvoir étant exercé au nom d’Allah et de l’islam, il offre à celui qui le détient une légitimité et une autorité incontestables.

La peur de l’enfer
           

La responsabilité des djihadistes consiste à inculquer la peur de l’enfer à leurs adeptes et ils finissent par convaincre qu’ils sont les seuls, avec ceux qui les appuient activement, à se trouver à l’abri de la damnation. Ils défendent la cause d’Allah pour se préparer un chemin direct vers le Paradis en devenant l’instrument du prophète : «Ce n’est pas vous qui les avez tués, c’est Allah qui les a tués (coran, VIII. 17).» C’est pourquoi les meurtriers djihadistes se croient innocents de leurs crimes de sang. Cela explique la facilité avec laquelle deux illuminés français ont procédé à des égorgements inhumains puisqu’ils sont exonérés de toute sanction dès lors qu'ils agissaient par délégation d’Allah.
En fait les leaders djihadistes, dont la culture ne fait pas de doute, se sont inspirés des débuts de l’islam. En retrouvant une époque similaire à celle qui prévalait du temps de Mahomet, ils se bornent à appliquer sa stratégie. En ce temps-là les tribus arabes étaient fragiles et retardées. L’islam avait alors favorisé une unification qui leur a permis d’aller à la conquête du monde. Par comparaison, les pays musulmans sont actuellement faibles. Les djihadistes pensent que leur unification sous leur bannière pourrait les aider à se lancer dans la conquête du monde industrialisé pour mieux le détruire. En s'appuyant constamment sur les textes, les islamistes se font un point d’honneur de démontrer que leurs actions s’accordent parfaitement avec l’esprit et la lettre du coran et des hadiths. La guerre sainte déclarée par Mahomet constitue le prototype et l’exemple à suivre pour toutes les guerres saintes.
Djihadistes français

            Les djihadistes imposent un processus d’endoctrinement aux recrues qui doivent ressembler à un musulman du temps du prophète. Après quelques mois d’écoute des sermons belliqueux et de lectures recommandées, la personnalité de la recrue est complétement transformée. D’abord sur le plan physique la barbe est obligatoire. L’aspirant djihadiste doit renoncer à tous les plaisirs et à ses pulsions sexuelles ; il doit s’interdire de parler aux femmes et doit rejeter sa propre culture. Il doit s’entourer d’un sentiment de supériorité morale pour affiner sa stature mais aussi pour s’éloigner de ses amis et de ses connaissances. Il se doit de s’isoler socialement pour ne pas être tenté de quitter le cercle étroit de l’organisation islamique.

Déprogrammer un djihadiste

            La fanatisation, suite à un lavage de cerveau intensif, est tellement ancrée dans les esprits qu’il devient impossible de «déprogrammer» un djihadiste prêt au sacrifice en tant que soldat d’Allah. Il est insensible à la persuasion et à la raison ce qui lui fait accepter de mourir pour la cause : «En vérité, Allah a acheté aux croyants leurs personnes et leurs biens en échange du Paradis, en vue de défendre Sa Cause : tuer et se faire tuer. Le paradis est la promesse d’Allah pour eux» (Coran, 9:111»). 
          Désormais, les nouvelles recrues s’affranchissent des limites imposées par la nationalité et la langue ; ils se libèrent du contrôle des autorités religieuses de leur propre pays ; ils se laissent guider par la seule idéologie de l’islam salafiste. Ils sont aidés en cela par la doctrine de la prédestination qui imprègne le coran et les hadiths ; tout est décidé d’avance par Allah qui ne laisse aucune place au libre arbitre: «Rien ne nous arrivera, en dehors de ce qu’Allah a écrit pour nous» (Coran IX, 51), «Allah guide qui il veut et il égare qui il veut...» (Coran, XIV, 4). Il n’est donc pas nécessaire de choisir et d'innover, le Coran le fait pour eux.
            Les djihadistes usent à la fois de la carotte et du bâton, de prosélytisme et d’excommunication. Comme Mahomet, ils islamisent et convertissent massivement, par la force sinon la mort est au bout du refus. Ils fustigent les musulmans qui vivent dans l’ignorance de l’islam et qui deviennent leurs cibles prioritaires; cela explique les assassinats massifs de musulmans par d'autres musulmans. Ils veulent que les musulmans se plient scrupuleusement aux normes édictées par les textes fondateurs sinon ils n’ont plus le droit de vivre. Ils ne supportent pas la critique des textes islamiques qu’ils assimilent à une apostasie, passible de la peine de mort et de la damnation éternelle.

Une élite musulmane
Elite djihadiste

            Paradoxalement, les leaders djihadistes haïssent la civilisation occidentale alors qu’ils viennent en majorité des milieux aisés. C’est pourquoi un contre-sens subsiste faisant le lien entre djihadisme et pauvreté. Cela ne peut être autrement puisqu’il est généreusement financé par des capitalistes et qu’il regroupe des gens faisant partie des élites. Les djihadistes sont convaincus de l’existence d’une profonde incompatibilité de l’islam avec la civilisation occidentale ; l’islam ne peut se réformer sans s’autodétruire donc les djihadistes n’ont plus qu’une seule option : la guerre totale contre l’Occident.

L’Arabie saoudite et l’Iran qui distribuent leurs ressources inépuisables sont responsables de cette montée des djihadistes mais aucun politicien occidental ne semble concerné. Pourtant les djihadistes privent de nombreux jeunes musulmans de leur âme et ils retournent les communautés occidentales contre eux. Ils refusent d'imaginer que la guerre civile sera déclenchée inexorablement lorsque les musulmans voudront appliquer la charia dans les pays qui les accueillent. 
Les politiciens qui ont l’œil fixé sur l’horizon de leur réélection, les journalistes qui évitent ou qui ont peur d’écrire la vérité, les pseudo-intellectuels qui sont atteint de cécité volontaire, s’entendent tous ensemble pour nier le problème. Les djihadistes savent qu’ils ne pourront continuer à exister que s’ils combattent la civilisation occidentale qui met un frein à leur expansion. Mais les Occidentaux refusent de voir la vérité en face, temporisent et feignent d’ignorer qu’une guerre leur a été déclarée. Alors pour échapper à leurs responsabilités, ils se déconnectent de la réalité sans se douter qu’ils sont totalement désarmés et qu'ils s’engagent vers une capitulation sans conditions.
           


6 commentaires:

  1. Bravo, Jacques, excellent papier. Maintenant, il faudrait faire une article sur l'aveuglement occidental, et particulièrement israélien. La réalité infirme chaque jour que l'idéologie des droits de l'homme est désormais inopérante. Quand on est attaqué par une bande de loups, ce n'est pas en se répétant la Charte du respect dû aux animaux qu'on s'en sort. Or on a -- nous -- l'obligation de rester vivants. (YN)

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  2. Nival Bernard Rivka21 novembre 2014 à 09:20

    Quel vide cette idéologie perverse vient-elle combler chez les adolescents ?

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  3. Très bon papier. Bravo

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  4. Excellent article.

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  5. L'article bon mais je vous avoue que j'en ai marre de ces lasquards qui veulent tout flinguer en se référent à l'islam et l'occident est en train de se faire avoir en beauté,le plus grave c'est que les gens ont l'air de trouver ça bien !

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