INDE-ISRAËL : LE
SYNDROME TURC
Par
Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps
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Rencontre à New-York en septembre 2014 |
Israël tient à sa relation avec
l'Inde et pas uniquement pour des raisons mercantiles. Le partenariat
stratégique est confirmé mais il risque d’être fragile. Certes les industriels
israéliens exportent vers l’Inde, tous les ans, près de 1,5 milliards de
dollars de matériel militaire mais une certaine inquiétude plane sur les
relations politiques entre les deux pays, rappelant l’histoire des relations
entre Israël et la Turquie. Depuis le réchauffement des liens en 1992, les échanges
se sont développés dans le domaine militaire uniquement. Mais Israël estime que,
pour assurer la pérennité des relations bilatérales, il doit favoriser les
activités commerciales et culturelles.
Modernisation des matériels
T-72 russe |
Israël était entré dans le marché indien grâce à son expertise dans la modernisation des matériels russes. Il s’était fait la main sur l’armement russe récupéré sur les troupes arabes durant les guerres de 1967 et 1973, en particulier les chars T-72 et les Mig-21. Cette expertise a ouvert le marché indien à d’autres armements israéliens sophistiqués pour un montant de 10 milliards de dollars. Les industries israéliennes ont réussi à monter le système Awacs sur les avions russes Ilyushin II-76s dont disposait l’Inde. À partir de 2009, Israël est devenu l’un des plus grands exportateurs d’armes vers New-Delhi.
En 2006, Israël a pris la seconde
place des plus grands fournisseurs d'armes à l’Inde, juste derrière la Russie
avec une moyenne annuelle de 1,5 milliard de dollars. C’est ce qui a permis à
Israël de talonner la France, quatrième exportateur d'armements mondial. La
réussite israélienne est liée à un échange de bons procédés puisque l’État juif
a accepté un transfert de technologie à hauteur de 30% du montant des contrats
signés. L’Inde exigeait en effet de lancer sa propre industrie d’armement
locale pour gagner en autonomie.
La société Rafael avait ainsi vendu pour 325 millions de dollars le système Spyder (LLQRM) armé de missiles Python et Derby avec en contrepartie le financement de l’industrie indienne pour 90 millions de dollars.Le Spyder est un système d'armes anti-aérien de conception israélienne, basé sur un châssis camion Tatra et composé de deux types de missiles surface-air, le Python-4 et le Derby.
Système Spyder |
La société Rafael avait ainsi vendu pour 325 millions de dollars le système Spyder (LLQRM) armé de missiles Python et Derby avec en contrepartie le financement de l’industrie indienne pour 90 millions de dollars.Le Spyder est un système d'armes anti-aérien de conception israélienne, basé sur un châssis camion Tatra et composé de deux types de missiles surface-air, le Python-4 et le Derby.
Radar EL/M-2083 |
Les Israéliens sont donc entrés
de plein pied dans les choix de défense de l’Inde. IAI (Industries Aéronautiques Israéliennes)
ont vendu pour 600 millions de dollars des radars EL/M-2083. En septembre 2009,
un énorme contrat de 1,1 milliard a été signé pour la fourniture d’un système
de défense aérienne tactique livrable en 2017. En mars 2010, une commande de
1,4 milliard concerne le missile surface-air Barak 8.
Enfin, en 2011, l'armée indienne a signé l’acquisition pour 1 milliard de dollars de 8.356 missiles antichars Spike, ainsi que 321 lanceurs et 15 simulateurs vendus par Rafael. La livraison est d’ailleurs en cours. Des négociations ont été entamées pour la vente du système de défense anti-missile Dôme de fer qui a fait ses preuves durant la guerre de Gaza. Mais Israël fait face au veto des Américains qui veulent ménager les adversaires de l’Inde à savoir le Pakistan et la Chine.
Missile spike |
Enfin, en 2011, l'armée indienne a signé l’acquisition pour 1 milliard de dollars de 8.356 missiles antichars Spike, ainsi que 321 lanceurs et 15 simulateurs vendus par Rafael. La livraison est d’ailleurs en cours. Des négociations ont été entamées pour la vente du système de défense anti-missile Dôme de fer qui a fait ses preuves durant la guerre de Gaza. Mais Israël fait face au veto des Américains qui veulent ménager les adversaires de l’Inde à savoir le Pakistan et la Chine.
Retournement
d’alliance
Cependant
le syndrome turc angoisse les Israéliens qui craignent un retournement
d’alliance comme celui qu’ils ont subi avec la Turquie après une idylle de dizaines
d’année. Sur une population totale de 1,252 milliard d’habitants, la communauté
musulmane indienne, forte de 160 millions de fidèles, est soumise à l’influence
des islamistes qui pressent le pays de suspendre sa coopération avec l’État juif.
Les relations entre l’Inde et l’Iran sont en plein essor et pourraient influer sur le partenariat avec Israël. Le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarid, a fait part de la volonté de l’Iran d’améliorer ses relations avec l’Inde, dans divers domaines : «Être à la recherche de la paix, l’indépendance, et la lutte contre l’expansionnisme se trouvent parmi les grands points de communs de l’Iran et de l’Inde, qui jouent le rôle du premier plan dans les coopérations qui existent entre les deux pays».
Mohammad Javad Zarid |
Les relations entre l’Inde et l’Iran sont en plein essor et pourraient influer sur le partenariat avec Israël. Le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarid, a fait part de la volonté de l’Iran d’améliorer ses relations avec l’Inde, dans divers domaines : «Être à la recherche de la paix, l’indépendance, et la lutte contre l’expansionnisme se trouvent parmi les grands points de communs de l’Iran et de l’Inde, qui jouent le rôle du premier plan dans les coopérations qui existent entre les deux pays».
L’Iran et l’Inde sont les deux
principaux pays musulmans chiites dans le monde. Historiquement, leurs
affinités culturelles remontent à l’ère préchrétienne. En fait, les habitants du sud de l’Iran viennent du nord-ouest de
l’Inde, ce qui a conduit le pandit Nehru à déclarer : «Peu de peuples ont
été aussi étroitement liés par leurs origines et à travers l’histoire que ceux
de l’Inde et de l’Iran». Ainsi dans les collines du Baloutchistan, les
Barhuis, bien que de culture iranienne
parlent une langue dravidienne proche de celles parlées dans le sud de l’Inde.
Le nom Iran lui-même est d’origine sanskrite airya (noble).
La préoccupation de l’Inde concerne son plan énergétique. Elle est confrontée
à un problème majeur d’approvisionnement en raison de sa démographie galopante
et de son développement économique rapide. Sa consommation de pétrole a presque
doublé dans les dix dernières années. Le
pétrole iranien devient donc une nécessité stratégique.
Chasse
gardée
Les
États-Unis, qui considèrent l’Inde comme
une chasse gardée, gênent toutes les transactions militaires d’Israël en y
opposant leur veto. Cela a pour effet de saper la crédibilité d’Israël en tant que fournisseur
d’armement fiable et indépendant. La politique américaine dans la région est particulière mais elle s’oppose à celle d’Israël. En effet le transfert de technologies
permettant à l'Inde de développer son
propre système de défense de missile balistique se heurte à l’alliance
américano-pakistanaise. En janvier 2011, les Américains ont interdit à Israël
la vente du radar EL/M-2052 à l'Inde. Israël craint que les États-Unis ne
préfèrent privilégier leur politique avec l'Inde afin de nouer leurs
propres liens stratégiques.
Israël doit
faire face une forte concurrence de sociétés américaines, françaises et russes,
notamment le missilier MBDA. Malgré cela Israël résiste grâce à l’originalité
de son offre. En décembre 2013 le premier ministre indien a validé un contrat
pour la vente de 15 drones Heron-I pour deux millions de dollars. Ces
nouveaux drones offriront des capacités plus modernes pour des missions de
surveillance dans les zones frontalières avec la Chine et le Pakistan.
Israël et l’Inde sont liés jusqu’en 2017 avec des contrats en
cours. La question reste ouverte pour l’avenir des relations au-delà de cette
date. Cela a dû faire l'objet des discussions entre le premier ministre israélien Netanyahou qui a rencontré son homologue indien, Narendra Modi, à New York en septembre 2014. Il s'agissait de la première rencontre entre des dirigeants israélien et indien depuis 11 ans. Les Israéliens restent optimistes et refusent de faire une corrélation avec l'histoire turque. Wait and see.
Pour éviter de se trouver en concurrence avec les américains, les firmes israéliennes doivent créer des consortiums et des partenariats avec des sociétés américano-israéliennes et euro-israéliennes avec des bureaux de recherche et développement très performants. Les USA et L'EUROPE ne veulent pas partager le gâteau très important des ventes d'armes, de la haute technologie et di big data avec un petit pays comme ISRAEL et feront tout ce qui est en leur pouvoir pour discréditer l'état hébreu. Egalement, l'état d'ISRAEL doit augmenter la capacité technologique des firmes israéliennes et faire participer sa population mais aussi tous les juifs à tous leurs développement dans tous les domaines professionnels.
RépondreSupprimerLe Nouveau Premier Ministre Indien s'est fait élire très largement parce q'il était violemment anti islamique dans la province où il était Gouverneur, il était connu pour ses positions très agressives vis à vis des musulmans indiens et je crois que si la coopération entre l'Inde et Israel connait une telle augmentation en volume,c'est aussi à cause de cela!
RépondreSupprimerIl se passe le contraire de ce qui s'est passé avec la turquie, puisqu'elle est devenue Islamique par son Président, l'Inde au contraire, est du coté opposé, moi,je crois plutôt à une nouvelle alliance prometteuse, nous avons les mêmes ennemis, le Pakistan, avec qui l'Inde est en guerre presque permanente depuis des décennies.