UNE GUERRE POUR RIEN ?
La chronique de André NAHUM
Un accord de cessez-le–feu permanent a donc été conclu hier entre Israël
et le Hamas sous l’égide de l’Égypte, malgré l’opposition d’au moins la moitié
du gouvernement israélien qui n’accepte
pas cet arrêt des hostilités avant d’avoir
obtenu le désarmement de l’organisation terroriste.
Yoyo militaire
Depuis 50 jours, le Hamas joue au yoyo
avec Israël alternant à sa guise les périodes de calme et les périodes de
guerre et l’on peut se demander si le triumvirat israélien qui a mené le combat
a dominé la situation ou s’est laissé dominer. On commence à critiquer dans le
pays la façon dont Netanyahou a conduit les opérations et en quelques jours la
confiance que lui portait la population a chuté en flèche
Il faut comprendre cette crainte des
Israéliens, et particulièrement ceux du sud du pays, de voir le Hamas
reprendre quand il le voudra ses tirs de
roquettes et de missiles avec encore plus de vigueur. Mais peut-on
reprocher à Bibi d’avoir hésité à
envahir la bande de Gaza et à détruire
le Hamas quand on sait les pertes que cela auraient entraîné dans les rangs de
Tsahal comme dans la population gazaouïe ? Peut-on lui reprocher de croire à
une possible solution diplomatique qui pourrait s’esquisser maintenant ?
L’obstination du Hamas à poursuivre
cette guerre malgré les pertes civiles et militaires et les impressionnantes
destructions qu’il a subies, s’explique par sa nécessité absolue de pouvoir se
prévaloir auprès de son peuple et des pays arabes, d’une victoire sur l’État
hébreu et d’avoir prétendument battu en brèche la réputation d’invincibilité de
Tsahal et aussi et surtout parce que son commanditaire le Qatar, lui interdisait d’arrêter le combat.
Club Med
Khaled Mechaal et Mahmoud Abbas |
Ce Club
Med des terroristes, comme le qualifie l’ambassadeur d’Israël à l’ONU dans
un article sur le NY times, avait sommé Khaled Mechaal de refuser les
propositions égyptiennes sous peine de l’expulser du pays. Netanyahou aurait
bien voulu dénoncer ce «petit royaume du
pétrole» et tenter de l’isoler par une puissante offensive diplomatique,
mais il se l’est l’interdit étant donné les liens étroits qui unissent l’Émirat
aux États-Unis et il n’était ni opportun ni judicieux d’élargir encore le fossé
qui le sépare de Barak Obama.
L’accord qui a été conclu comporterait
une plus grande liberté de passage aux frontières avec l’Égypte et Israël, ce
qui ne changera pas grand-chose pour Israël puisque des centaines de camions se
pressent tous les jours à la frontière pour ravitailler l’enclave
palestinienne, ainsi que l’élargissement de la zone de pêche de 3 miles à 6
miles et prévoit un certain retour de l’Autorité palestinienne à Gaza.
Zvi Mazel |
Rendez-vous est pris dans un mois pour
discuter des questions mises de côté qui constituaient l’essentiel des
revendications palestiniennes. Théoriquement, la proximité avec l’Égypte,
l’Arabie saoudite et certains États du golfe, tous adversaires du Hamas,
émanation des Frères musulmans, devrait aider Israël à obtenir politiquement ce
qu’il n’a pas obtenu par les armes, mais comme le souligne l’ancien ambassadeur
Zvi Mazel, dans l’Orient compliqué, la communauté d’intérêts ne mène pas
obligatoirement à une alliance entre des pays et des peuples que tant de choses
séparent par ailleurs…
Alors ? Une guerre pour rien ?
Ne pouvait-on deviner à l'avance que cette nouvelle guerre, après celles de 2008, 2010 et 2012, serait encore une guerre pour rien ?
RépondreSupprimerA moins que celle de 2014 n'ait permis au monde occidental de prendre conscience que de même qu'il y a al-Qaida en Afghanistan, Boko Haram en Afrique, le Hezbollah en Syrie, l'EIIL en Irak, il y a le Hamas à Gaza ?Car si aujourd'hui ce sont les Isréliens, ou les Irakiens, ou les Kurdes ou les minorités qui souffrent, demain ce seront peut-être les peuples d'Europe occidentale qui risqueront de subir le feu des extrémistes djihadistes.