UN NOUVEAU PRESIDENT
Par Gérard AKOUN
Judaïques FM
L’État
d’Israël a un nouveau président en la personne de Réouven Rivlin. Il succède à
Shimon Peres. À un président de gauche, apôtre de la paix, prix Nobel de la
paix, d’une paix qu’on attend toujours, succède un président issu de la droite
nationaliste, qui a grandi dans le culte du Grand Israël. Mais un homme de
qualité dont l’intégrité et la rigueur morale sont reconnues par tous. Il a été
député, ministre et, par deux fois, président de la Knesset. Il bénéficie d’une
bonne image parmi ses pairs, de droite comme de gauche et, aussi étrange que
cela puisse paraître, auprès des députés arabes qui ont, eux aussi, salué son
élection.
Pouvoir
protocolaire
En effet, en ardent défenseur de l’État
de droit, il s’est toujours opposé aux mesures discriminatoires que certains de
ses amis politiques auraient bien voulu faire
voter contre eux. Le président de l’État d’Israël dispose de pouvoirs limités,
il a surtout un pouvoir protocolaire ; mais on peut être certain que Réouven
Rivlin ne se contentera pas d’inaugurer les chrysanthèmes. Les relations
conflictuelles qu’il a avec Benyamin Netanyahou ne vont pas disparaître de
sitôt, d’autant que le premier ministre israélien a tout fait pour l’empêcher
de devenir le 10e président de l’État d’Israël.
Les
institutions confèrent, cependant, au président un pouvoir important, celui de
désigner l’homme ou la femme qui sera chargé de former un gouvernement, à la
suite du renouvellement de la Knesset ou de l’éclatement d’une coalition qui
aura entraîné la démission du gouvernement en place. Quand on sait que rares
sont les Knesset qui sont allées au bout de leur mandat, il est évident que le
nouveau président aura à assumer cette prérogative. Cela peut survenir plus
rapidement qu’on le pense, quand on constate les divisions au sein de la
coalition au pouvoir, aujourd’hui, sous l’autorité de Benyamin Netanyahou.
Entretiens
d’Herzliya
Le week-end dernier, ont eu lieu «les traditionnels entretiens d’Herzliya»
au cours desquels des positions totalement divergentes ont été développées par
les principaux chefs de file des partis qui constituent le gouvernement actuel.
Le débat a porté, principalement, sur les relations avec les Palestiniens.
Comme vous le savez, elles sont au point mort, depuis l’échec de la tentative
de médiation américaine et la réunification du Fatah et du Hamas pour former un
gouvernement de transition, composé de technocrates chargés d’organiser des
élections générales en Cisjordanie et Gaza.
Yaïr Lapid et Tsipi Livni sont pour deux
États qui coexistent mais Yaïr Lapid souhaite qu’Israël relance les
négociations en présentant une carte des frontières qu’Israël souhaiterait pour
son État. Benyamin Netanyahou affirme, du bout des lèvres qu’il est pour deux États
mais précise, contrairement à Lapid que dans le cadre d’une négociation il ne
faut surtout pas découvrir ses batteries par crainte d’une surenchère. Cela
permet, bien sûr, de continuer à négocier sans rien lâcher, de continuer à
construire dans les implantations et d’isoler de plus en plus Israël sur le
plan international. Naftali Bennett, quant à lui, refuse la création d’un État
palestinien et propose l’annexion d’une partie de la Cisjordanie qui ferait de
ses habitants palestiniens des citoyens de seconde zone. Ce gouvernement est
dans l’impasse.
Confédération
Je vous disais en commençant qu’un
président de droite succédait à un président de gauche ; j’ajoute que ce nouveau
président ne veut absolument pas d’un État palestinien indépendant. Il
souhaiterait semble-t-il une confédération, de Juifs et d’Arabes sur un
territoire unique, les uns et les autres élisant leur propre parlement. Ce
serait une nouvelle configuration pour un État binational mais pour Réouven
Rivlin, ses habitants qu’ils soient juifs ou arabes doivent avoir les mêmes
droits. Cela restera un rêve
irréalisable car les Palestiniens veulent leur propre État totalement
indépendant d’Israël.
Il
n’y a pas d’autre solution que la création d’un État palestinien aux côtés
d’Israël si l’on veut qu’Israël demeure un État juif et démocratique et pour
cela il faut sortir d’un statu quo mortifère. Mazel tov, monsieur le président.
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