DJIHADISTES : QUAND
LA FRANCE S’ÉVEILLERA
Par Jacques
BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps
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Mohamed Merah avait été un
symptôme, Mehdi Nemmouche devient la confirmation d’une maladie irréversible
qui touche la France et l’Europe d’abord, mais surtout le monde libre. La
France ne peut pas se cacher derrière l’illusion d’une méconnaissance d’un
problème qui a été ressassé à longueur de mises en garde. Mais elle est
contrainte de se positionner de manière ambiguë car, en s’en prenant aux
djihadistes, elle fustige indirectement l’Arabie saoudite et le Qatar, de bons
clients qui soutiennent et financent les
entreprises françaises au moment même où la France à l’œil fixé sur l’horizon
de sa balance commerciale en pleine récession.
Problème
déjà traité
Imam Chalghoumi |
Le problème a été traité de longue date. En effet, l'imam Hassen Chalghoumi de Drancy, que nous avions rencontré à l’ambassade
de France en Israël, est de ceux qui, en fervents pourfendeurs de l'intégrisme
musulman, agitent inlassablement le chiffon rouge de l’islamisme radical.
D’origine tunisienne et installé en France en 1996, il sait de quoi il parle puisqu’il
a été formé en Syrie et au Pakistan dans le mouvement piétiste Tabligh, ce qui
lui a valu d’être au départ catalogué «fondamentaliste» par les
Renseignements Généraux français. Mais il a évolué après ses prises de position
iconoclastes et ses rapports cordiaux avec Israël et les Juifs, faisant le vide
autour de lui. Ainsi, pour les musulmans, il ne représente plus rien
aujourd’hui, sauf à être «le représentant du camp de la paix».
La France ne pouvait pas
ignorer ce qui se tramait sous ses yeux. L’imam avait réuni, dès le 8
février 2014 à Montreuil près de Paris, des responsables religieux pour aborder
avec eux le sujet des jeunes Européens qui partent faire le djihad à
l'étranger. Pour lui, il y avait urgence face à la multiplication des départs
vers la Syrie de jeunes issus de la communauté musulmane française. Il
considère que le phénomène se généralise et que la communauté, mais aussi le
gouvernement français, ont leur part de responsabilités car dans les mosquées
les jeunes sont soumis à un véritable «lavage de cerveau».
Des mosquées formatrices
Selon le ministère de
l'intérieur, ces jeunes seraient des centaines à avoir rejoint cette terre de
djihad qu'est devenue la Syrie. L’imam avait déjà confirmé que ces départs se faisaient
sur un coup de cœur, avec une facilité déconcertante, après une courte période «d'autoradicalisation».
Il est persuadé que les jeunes musulmans ne sont pas nés radicaux mais qu’ils
le sont devenus en Europe en raison d’une attitude bienveillante et indulgente, pour ne
pas dire complice, vis-à-vis des terroristes.
L’imam a mis en garde les
autorités françaises, peu regardantes sur les faits avérés dans les mosquées
financées par les États du Golfe. Ces lieux de culte sont devenus en fait des
foyers de prosélytisme islamiste et de radicalisation pour des jeunes égarés, perdus
et en quête d’idéal, qui entendent à longueur de prêches des discours de haine
contre les Juifs et Israël certes, mais aussi contre le monde libre. Les
mosquées sont devenues des lieux où la théorie est enseignée avec un passage
obligatoire par la pratique en Syrie.
Les mises en garde de février de
l’imam sont restées lettres mortes car l’Europe mise sur le multiculturalisme
plutôt que sur l’intégration. La France a préféré fermer les yeux pour
s’acheter le calme dans ses villes et échapper au terrorisme islamiste. Mais elle
constate à présent qu’après leur départ en Syrie, ces jeunes idéalistes sont
vite enrôlés par les intégristes violents de l’EIIL (État islamique d’Irak et du
Levant) qui leur imposent des tests sanglants pour leur «titularisation». Alors
ils s’adonnent à des massacres et à des actes d’horreur comme la décapitation
ou les crucifixions.
Miliciens EIIL |
Après ces travaux pratiques
sanglants, ces jeunes djihadistes retournent en Europe où, impunément, ils
deviennent des bombes à retardement chargés d’enseigner la haine du monde
libre. L’Europe observe avec passivité cette montée d’un islamisme radical
parce que s’en prendre à ces jeunes fous, risque d’entraîner le soulèvement de
tous les musulmans. Et pourtant tout est fait en pleine lumière puisque les
pays du Golfe déversent leurs dollars pour financer des centres d’études
islamiques en diabolisant Israël, seul point de consensus.
L’Europe dans l’erreur
Mais l’Europe persiste à
vouloir se voiler la face en attaquant les mauvaises cibles. Ainsi Catherine
Ashton, haut représentant de l'Union pour les affaires étrangères et la
politique de sécurité pour l'Union européenne, dont les sympathies anti
israéliennes sont notoires, est encore la seule qui pense que les djihadistes
de Syrie, et d’ailleurs, en veulent uniquement à Israël alors qu’ils
s’attaquent en fait à tout le monde libre.
Elle avait déclaré lors d’un
discours prononcé à Bruxelles : «Quand nous pensons à ce qui s’est passé
aujourd’hui à Toulouse, quand nous nous souvenons de ce qui s’est passé en
Norvège il y a un an, quand nous savons ce qui se passe en Syrie, quand nous voyons
ce qui se passe à Gaza et dans différentes parties du monde, nous pensons aux
jeunes et aux enfants qui perdent leur vie.» Les Israéliens avaient été
alors scandalisés par l’amalgame entre djihadistes et Palestiniens et par la
mauvaise connaissance de Catherine Ashton du dossier israélo-palestinien.
Par ailleurs, l’UE déverse souvent
des fonds à des organisations impliquées dans le boycott anti-Israël et dans
les manifestations violentes qui «sapent les efforts de l'UE pour assurer la
paix dans le Moyen-Orient.» L’UE est l’autre source de financement après
le financement islamique. Elle feint de l’ignorer car on constate un manque
de diligence dans la prise de décision de la Commission européenne qui finance des
ONG radicales et qui veut ignorer l’usage des fonds. Elle participe de fait à l’incitation
à la haine contre les Juifs et Israël avec un débordement sur le monde libre.
L’Europe, et la France en particulier, se cachent derrière leurs bons
sentiments pour masquer leur vision éronée afin de n’avoir pas à agir.
Djihadistes ou Assad
Il est vrai que, de manière
tardive, les ministres européens de l’Intérieur se sont réunis en compagnie de leurs homologues américain,
marocain, tunisien, jordanien et turc, pour discuter de la lutte contre les
filières djihadistes qui poussent des Européens à aller combattre en Syrie. Il
était temps que l’Occident prenne conscience des risques à soutenir
indirectement les djihadistes. Après une longue période de passivité et de
tolérance à l’égard de ces nouveaux terroristes, la France s’inquiète enfin de
ces recruteurs pour le djihad en Syrie qui agissent au grand jour comme des organisateurs
de voyages touristiques.
Certes dans ce grand concert
de fausseté et de sournoiserie la France et le Quai d’Orsay en particulier semblent
bridés par leur proximité avec le Qatar et l’Arabie saoudite, engagés dans le
démantèlement du régime de Bachar al Assad donnant ainsi aux recruteurs une
liberté d’agir en toute impunité. La France doit intégrer le principe que l’islam
est le moteur de la radicalisation des jeunes candidats au djihad et elle doit
modifier le logiciel utilisé par son appareil sécuritaire. Mais la diplomatie française fait face à un
dilemme.
Assécher les filières djihadistes, qui œuvrent pour la création d’un État
islamique en Syrie, revient à consolider le régime syrien. Alors pour éradiquer
le danger djihadiste qui déborde en France et en Europe, la France pourrait
adopter la même attitude qu’Israël, une attitude neutre en Syrie consistant en
fait à maintenir au pouvoir un Bachar Al-Assad sanguinaire, mais oh combien efficace
contre l’islamisme radical.
On ne peut pas contrer un loup solitaire mais le gros de leur troupe est bien connu des services spécialisés et surveillé de près
RépondreSupprimerSi c'est un loup solitaire, pourquoi craindre quoi que ce soit en mettant autour de lui une armée de policiers en tenue de guerre et bien armés?
RépondreSupprimerSoliaires ces assassins?
Je n'y crois pas un seul instant, pas plus que les autorités.....
Karol
Cher monsieur Benillouche,
RépondreSupprimerLorsque vous écrivez : "Quand la France s'éveillera", de quelle France voulez-vous parler ?
Est-ce de celle du peuple français qui vient de voter à 25% pour le FN qui depuis plus de trente ans - et sous les injures - essaie contre vents et marées, d'attirer l'attention des citoyens sur le danger qui menace la société française qui a renoncé à l'assimilation des étrangers pour favoriser le multiculturalisme ?
Ou est-ce de la France de ses élites, tel monsieur Cazeneuve, ministre de l'Intérieur, qui déclarait il y a quelques jours seulement, à propos de la tuerie de Bruxelles : "Il n'y a pas de guerre de religion ou de civilisation. L'islam n'a rien à voir avec ces agissements" ?
Mais vous l'aurez constaté par vous-même, déjà Nemmouche a rejoint les dernières pages des journaux, quand il y figure encore. Quant au jeune employé de 24 ans du musée juif de Bruxelles qui vient de mourir à son tour, il n'a fait l'objet que d'une "brève" au même titre que la grève du métro de Sao-Paulo.
Très cordialement.
Que pourrait faire la France afin de faire en sorte que l'Arabie Sèoudite et le Quatar n'agissent plus en toute impunité , dans l'ėtat actuel des choses ?
RépondreSupprimerje suis surpris de l'attentisme de l'opinion Française sur ce problème.
RépondreSupprimerils ont le sentiment que cela ne concerne que les Juifs. ils ne voient pas le danger, ou semblent étranger à ces attentats.
hélas la communauté se retrouve "en première ligne" des cibles potentielles, mais le danger est bien plus grand.
les ennemis sont devenus Français, ils habitent nos quartiers, notre pays.
cela intéresse que les services de renseignements, qui eux par contre mesure très bien la dangerosité de ces comportements et actions terroristes. ils sont la véritable défense de la République.