DRÔLE
D’ÉPOQUE
Par
André NAHUM
Les Russes de Crimée |
Comme
prévu, à une immense majorité, réelle ou truquée, la Crimée a voté son
rattachement à la Russie et Poutine s’est empressé de l’accepter. Dans son
discours d’hier, il a insisté, sur le caractère parfaitement démocratique et
légal à son point de vue, de cette opération. Dans sa logique imperturbable, il
rappelle aux Occidentaux que le principe sacro-saint de la non-modification des
frontières a été foulé aux pieds quand ils ont créé un Kosovo indépendant au
détriment des Serbes après une action militaire d’une extrême violence alors
que dans le cas de la Crimée, tout s’est passé jusqu’à présent en douceur.
Conflit
ouvert
Krouchtchev |
Cette
province que Khrouchtchev lui avait attribuée on ne sait pourquoi en 1954,
ayant été perdue pour l’Ukraine, il reste à savoir si le maitre du Kremlin va
s’arrêter là ou s’il va recommencer le même scénario pour acquérir de nouveaux
territoires à l’ouest de ce pays, là où les russophones sont majoritaires.
Poutine
est un pragmatique. S’il rêve de rétablir son influence sur les pays qui firent
partie de la Grande Russie puis de l’Union soviétique, s’il veut redonner leur
fierté à ses compatriotes, il ne souhaite probablement pas un conflit ouvert,
ni une guerre économique avec les Occidentaux. Est et Ouest ont toutes les
raisons de trouver un accord et l’on peut penser que malgré les menaces des États-Unis
et de l’Union européenne, nous allons vers la négociation. Il ne doit pas en
être autrement.
Les
nouveaux dirigeants de l’Ukraine poussent les occidentaux à l’action, alors que
la sagesse et leur intérêt propre leur commanderaient plutôt de négocier au
lieu de mobiliser leurs réservistes pour une opération militaire illusoire qui
leur serait d’ailleurs fatale, si elle survenait, vu le déséquilibre des forces
en présence. En choisissant l’Occident, ils savaient qu’ils poussaient les
Russes à la riposte et qu’il y aurait un prix à payer.
Plutôt
que d’agiter la menace de sanctions réellement dissuasives et pénalisantes qui
seraient aussi douloureuses pour nous que pour les Russes alors que notre
économie est encore vacillante, nos gouvernants feraient mieux de calmer le
jeu, refreiner les ardeurs de nos nouveaux alliés ukrainiens et leur faire accepter
le sécession de la Crimée, aussi douloureuse soit-elle, comme les Serbes ont
accepté naguère, la perte, de notre fait, d’une province qui leur était chère. Nos
dirigeants devraient comprendre que la Russie est redevenue une grande
puissance avec laquelle il faut compter et non la prendre de haut comme ils le
font actuellement. Avec son alliance de fait avec l’Iran et la Syrie, elle
s’appuie sur un axe chiite farouchement anti-occidental et se rapproche de l’Égypte
que Barak Obama a commis l’erreur et l’imprudence de lâcher.
Élections
locales
Mais, je
m’aperçois qu’en raison de l’actualité internationale, des différentes affaires
judiciaires qui ont défrayé la chronique dans notre pays avec leurs zones
d’ombre et leurs mystères, avec l’incroyable disparition de l’avion malaisien,
perdu sans laisser de traces, avec la pollution, nous avons presque oublié que
nous allions voter dimanche prochain pour choisir nos maires et nos conseillers
municipaux.
Des
élections, très importantes pour notre vie quotidienne, au cours desquelles les
préoccupations locales guideront les électeurs plus que leurs préférences
nationales, mais dimanche à 20 heures tous les regards seront braqués sur les
écrans télé pour scruter le score du Front National, bénéficiaire programmé de
nos difficultés actuelles et du profond malaise de la classe politique,
majorité et opposition confondues.
Drôle d’époque !
"...une immense majorité réelle ou truquée..."
RépondreSupprimerIl faudrait tout de même nous expliquer comment un référendum qui a vu un taux de participation de 81%, avec un résultat de 95,5% des voix en faveur du rattachemment de la Crimée à la Russie, aurait pu être "truqué" ?
Cordialement.