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lundi 17 mars 2014

BAHREÏN : L’IRAN VEILLE SUR SA PROIE



BAHREÏN : L’IRAN VEILLE SUR SA PROIE

Par Jacques BENILLOUCHE

Une analyse pour
 



Peu nombreux sont ceux qui savent que le Bahreïn est un petit pays insulaire, situé près de la côte ouest du golfe Persique au Moyen-Orient. Il est relié à l'Arabie saoudite par la chaussée du roi Fahd et se situe à environ 200 kilomètres de l’Iran. L’île est peuplée de 1,3 millions d’habitants dont la moitié est constituée d’étrangers. Le Bahreïn est une monarchie dirigée par le roi Hamad ben Issa el-Khalifa.
Une révolution a bien eu lieu en 2011 mais elle a été réduite au silence. Et depuis cet incident une chape de plomb s’est abattue sur le pays. Mais de temps en temps, quelques troubles sont révélés comme ceux du 3 mars 2014 qui ont fait trois morts parmi les policiers à Daih. Une explosion a en effet eu lieu lors de heurts entre les forces de sécurité et des émeutiers dans un village chiite près de Manama.



Répression sanglante

Il ne s’agit pas des premières manifestations mais elles ont été systématiquement étouffées après une répression souvent sanglante dont l’écho parvient mal en Occident. Durant ces manifestations de mars 2014, les manifestants réclamaient l’égalité des droits et n’exigeaient pas un changement de régime. Certes il y a trois ans les Bahreïnis, inspirés par les révolutions arabes, avaient organisé un mouvement de protestation, «la coalition du 14 février 2011», pour obtenir des réformes. Bien que le soulèvement ait été totalement pacifique, la répression fut féroce car les autorités avaient tenu à étouffer dans l’œuf toute velléité de contestation. La réussite des révolutions tunisienne et égyptienne avait joué un rôle déterminant dans le déclenchement de la révolte.
Place de la Perle

En 2011, la jeunesse avait incité les manifestants à demander plus de liberté et de démocratie, un meilleur respect des droits de l'homme, des avancées socio-économiques et la remise en cause du régime monarchique. Les émeutiers étaient parvenus à occuper la symbolique place de la Perle. La famille royale, sentant le danger, avait fait intervenir l’armée, renforcée par des troupes saoudiennes et émiraties du Bouclier de la Péninsule, la branche militaire du Conseil de coopération du Golfe, écrasant ainsi définitivement l'opposition. Mais paradoxalement, alors que le facteur confessionnel n’avait pas été soulevé par les émeutiers, la répression a été essentiellement tournée contre les chiites avec un bilan de plus de 82 morts, dans le silence des médias internationaux. Le paradoxe veut que le pays soit peuplé de 70% de chiites alors que les dirigeants sont tous sunnites.

Refus du dialogue

Épisodiquement les Bahreïnis se révoltent et il est à noter que, durant ces quelques mois, 1.300 d’entre eux ont été arrêtés, emprisonnés, torturés et privés de soins.  Des milliers d’ouvriers et d’employés ont été licenciés ou suspendus de leurs fonctions pour avoir manifesté. L’information étant verrouillée, la communauté internationale n’a pas réagi contre un pouvoir judiciaire et une police entièrement sous la coupe des dirigeants. Les dernières informations mentionnent qu’une cinquantaine de militants et de journalistes ont été condamnés à des peines maximales au titre de «criminels et de fauteurs de troubles».
Khalil-al-marzouk

Les autorités feignent d’organiser le dialogue mais c’est uniquement pour la galerie puisque Khalil al-Marzouk, chef de file de l’opposition et secrétaire général adjoint du mouvement d’opposition al-Wefaq, a été arrêté. Les raisons de cette indulgence occidentale sont à trouver dans l’importance stratégique du Bahreïn et dans sa richesse en pétrole. Alors le pouvoir «casse» en toute liberté des chiites, alliés putatifs des Iraniens. La probabilité d’un risque de coup d’État fomenté par l’Iran reste élevée. Mais l’Occident veille car le Bahreïn alimente en pétrole les États-Unis et la Grande Bretagne et héberge la cinquième flotte américaine.

Le royaume est par ailleurs un allié de l’Arabie saoudite qui a envoyé les troupes du Conseil de coopération du Golfe (CCG) pour organiser la répression. Le Bahreïn et l’Arabie Saoudite ne perdent pas de vue qu’ils doivent être solidaires contre l’Iran qu’ils accusent d’organiser les manifestations pour déstabiliser le Bahreïn en s’appuyant sur les chiites. Le prince Salman bin Hamad al-Khalifa a ouvert un dialogue national avec les dirigeants des cinq principaux partis d’opposition du royaume, en janvier 2014, tout en réprimant simultanément les manifestations. L’expérience de la révolution d’Égypte a poussé le Prince à choisir la manière forte pour enrayer la révolution, dans le silence complice des Occidentaux qui ont l’œil sur leurs approvisionnements pétroliers. Les trois policiers morts en ce mois de mars 2014 représentent une simple péripétie sans conséquence qui risque cependant d’être l’étincelle qui mettra le feu au Bahreïn. En tout cas l’Iran ne laissera échapper aucune occasion pour installer un pouvoir chiite au Bahreïn.

3 commentaires:

  1. Il n'y a donc personne en Occident pour tenter d'imposer au nom de la démocratie, des valeurs morales, un "processus de paix" et un règlement de gouvernance alternative entre Chiites et Sunnites?
    Obama me menace pas le Barhein "d'isolement" et l'UE ne boycotte pas leur petrole?
    Curieux...

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  2. Il faut rappeler que l'Iran, alors sous la direction du chah, avait déja déclaré sa souveraineté sur le Bahreïn, prétention abandonnée en 1970. C'est en 1971 que le Bahreïn, alors sous la protection de la Grande Bretagne, déclare son indépendance et se retire des négociations qui ont créé les Emirats arabes unies.

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  3. Chacun (dans le Monde entier) accepte tout à fait que des "zones d'influence" existent pour chaque Etat majeur et soient respectées par leurs voisins.

    Tout comme la Russie ne sera pas détrônée de la Crimée (ou de l'Ukraine ?), Israel ne le sera pas de la Palestine, même si un état de Palestine est créé.

    Le Bahrein et autres états croupions voisins, taillés au fusain sur la "Carte", par les anglais et les américains, seront annexés et/ou disparaîtront par une de ces tempête de sable dont l'Histoire de la Région a le secret.

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