Peu nombreux sont ceux
qui savent que le Bahreïn est un petit pays insulaire, situé près de la côte
ouest du golfe Persique au Moyen-Orient. Il est relié à l'Arabie saoudite par
la chaussée du roi Fahd et se situe à environ 200 kilomètres de l’Iran. L’île
est peuplée de 1,3 millions d’habitants dont la moitié est constituée
d’étrangers. Le Bahreïn est une monarchie dirigée par le roi Hamad ben Issa el-Khalifa.
Une révolution a bien
eu lieu en 2011 mais elle a été réduite au silence. Et depuis cet incident une
chape de plomb s’est abattue sur le pays. Mais de temps en temps, quelques
troubles sont révélés comme ceux du 3 mars 2014 qui ont fait trois morts parmi
les policiers à Daih. Une explosion a en effet eu lieu lors de heurts entre les
forces de sécurité et des émeutiers dans un village chiite près de Manama.
Répression
sanglante
Il ne s’agit pas des
premières manifestations mais elles ont été systématiquement étouffées après une
répression souvent sanglante dont l’écho parvient mal en Occident. Durant ces
manifestations de mars 2014, les manifestants réclamaient l’égalité des droits
et n’exigeaient pas un changement de régime. Certes il y a trois ans les Bahreïnis,
inspirés par les révolutions arabes, avaient organisé un mouvement de
protestation, «la coalition du 14 février 2011», pour obtenir des
réformes. Bien que le soulèvement ait été totalement pacifique, la
répression fut féroce car les autorités avaient tenu à étouffer dans l’œuf toute velléité
de contestation. La réussite des révolutions tunisienne et égyptienne avait joué
un rôle déterminant dans le déclenchement de la révolte.
Place de la Perle |
En 2011, la jeunesse avait
incité les manifestants à demander plus de liberté et de démocratie, un
meilleur respect des droits de l'homme, des avancées socio-économiques et la remise
en cause du régime monarchique. Les émeutiers étaient parvenus à occuper la symbolique
place de la Perle. La famille royale, sentant le danger, avait fait intervenir
l’armée, renforcée par des troupes saoudiennes et émiraties du Bouclier de la
Péninsule, la branche militaire du Conseil de coopération du Golfe, écrasant ainsi
définitivement l'opposition. Mais paradoxalement, alors que le facteur
confessionnel n’avait pas été soulevé par les émeutiers, la répression a été essentiellement
tournée contre les chiites avec un bilan de plus de 82 morts, dans le silence
des médias internationaux. Le paradoxe veut que le pays soit peuplé de 70% de
chiites alors que les dirigeants sont tous sunnites.
Refus du
dialogue
Épisodiquement les Bahreïnis
se révoltent et il est à noter que, durant ces quelques mois, 1.300 d’entre eux
ont été arrêtés, emprisonnés, torturés et privés de soins. Des milliers d’ouvriers et d’employés ont été
licenciés ou suspendus de leurs fonctions pour avoir manifesté. L’information
étant verrouillée, la communauté internationale n’a pas réagi contre
un pouvoir judiciaire et une police entièrement sous la coupe des dirigeants.
Les dernières informations mentionnent qu’une cinquantaine de militants et de
journalistes ont été condamnés à des peines maximales au titre de «criminels
et de fauteurs de troubles».
Khalil-al-marzouk |
Les autorités feignent
d’organiser le dialogue mais c’est uniquement pour la galerie puisque Khalil al-Marzouk, chef
de file de l’opposition et secrétaire général adjoint du mouvement d’opposition
al-Wefaq, a été arrêté. Les raisons de cette indulgence occidentale sont à
trouver dans l’importance stratégique du Bahreïn et dans sa richesse en pétrole.
Alors le pouvoir «casse» en toute liberté des chiites, alliés putatifs
des Iraniens. La probabilité d’un risque de coup d’État fomenté par l’Iran reste
élevée. Mais l’Occident veille car le Bahreïn alimente en pétrole les États-Unis
et la Grande Bretagne et héberge la cinquième flotte américaine.
Le royaume est par
ailleurs un allié de l’Arabie saoudite qui a envoyé les troupes du Conseil de
coopération du Golfe (CCG) pour organiser la répression. Le Bahreïn et l’Arabie
Saoudite ne perdent pas de vue qu’ils doivent être solidaires contre l’Iran
qu’ils accusent d’organiser les manifestations pour déstabiliser le Bahreïn en s’appuyant
sur les chiites. Le prince Salman bin Hamad al-Khalifa a ouvert un dialogue
national avec les dirigeants des cinq principaux partis d’opposition du royaume,
en janvier 2014, tout en réprimant simultanément les manifestations.
L’expérience de la révolution d’Égypte a poussé le Prince à choisir la manière
forte pour enrayer la révolution, dans le silence complice des Occidentaux qui ont
l’œil sur leurs approvisionnements pétroliers. Les trois policiers morts en ce
mois de mars 2014 représentent une simple péripétie sans conséquence qui risque
cependant d’être l’étincelle qui mettra le feu au Bahreïn. En tout cas l’Iran
ne laissera échapper aucune occasion pour installer un pouvoir chiite au
Bahreïn.
Il n'y a donc personne en Occident pour tenter d'imposer au nom de la démocratie, des valeurs morales, un "processus de paix" et un règlement de gouvernance alternative entre Chiites et Sunnites?
RépondreSupprimerObama me menace pas le Barhein "d'isolement" et l'UE ne boycotte pas leur petrole?
Curieux...
Il faut rappeler que l'Iran, alors sous la direction du chah, avait déja déclaré sa souveraineté sur le Bahreïn, prétention abandonnée en 1970. C'est en 1971 que le Bahreïn, alors sous la protection de la Grande Bretagne, déclare son indépendance et se retire des négociations qui ont créé les Emirats arabes unies.
RépondreSupprimerChacun (dans le Monde entier) accepte tout à fait que des "zones d'influence" existent pour chaque Etat majeur et soient respectées par leurs voisins.
RépondreSupprimerTout comme la Russie ne sera pas détrônée de la Crimée (ou de l'Ukraine ?), Israel ne le sera pas de la Palestine, même si un état de Palestine est créé.
Le Bahrein et autres états croupions voisins, taillés au fusain sur la "Carte", par les anglais et les américains, seront annexés et/ou disparaîtront par une de ces tempête de sable dont l'Histoire de la Région a le secret.