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lundi 23 décembre 2013

TUNISIE : LE VIDE TROIS ANS APRÈS LA RÉVOLUTION



TUNISIE : LE VIDE TROIS ANS APRÈS LA RÉVOLUTION

Par Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps


 
Mehdi Jomaâ nouveau premier ministre
Trois ans après la révolution, la Tunisie fait tout à l’excès. Du parti unique du temps de Bourguiba et de Ben Ali, elle aligne à présent pas moins de 21 partis qui se disputent le pouvoir sans tenir compte de l’intérêt du pays qui sombre à nouveau vers une crise aiguë. En fait, habituée à la dictature depuis son indépendance, la Tunisie n’est pas encore prête à une véritable démocratie à l’occidentale.





Sous-prolétariat du bled


Manifestations en 2013


Le 24 décembre 2010, la révolte s’était propagée dans tout le pays après avoir été déclenchée par la tentative de suicide par immolation de Mohamed Bouazizi à Sidi Bouzid, dans le centre-ouest du pays. L'explosion de colère avait pour motif de profondes inégalités et des disparités régionales de développement qui nourrissaient un sentiment d'injustice et d'humiliation. Le sous-prolétariat du bled, l’intérieur du pays, discriminé sur les plans économique, social et politique, se sentait lésé. Au-delà de ces facteurs, il faut ajouter un facteur générationnel : le sentiment d’étouffement qu'éprouvait une jeunesse avide de retrouver une liberté d’être et d’avoir.

Le pays, pris en mains par les islamistes d’Ennahda, est toujours sans gouvernement et sans Constitution. Les hommes politiques fuient leurs responsabilités devant la tâche ardue qui les attend. Sans l’approbation de l'opposi­tion tunisienne mais avec le feu vert des islamistes au pouvoir, le ministre sortant de l'In­dustrie, Mehdi Jomaâ, a été désigné au poste de premier ministre avec pour mission de faire sortir le pays d'une pro­fonde crise politique. 
Dirigeants tunisiens

Le flou le plus complet règne sur le calendrier politique de la désignation du nouveau gouvernement dont le rôle sera d’organiser des élections en 2014. Les Occidentaux ont pesé de tout leur poids dans le choix du nouveau premier ministre tunisien, désigné le 14 décembre pour succéder à l'islamiste Ali Larayedh, au terme de sept semaines de laborieuses tractations.



Choix a minima



Mais Mehdi Jomaâ est un choix a minima parce qu’aucun autre nom n’a fait l’unanimité tant les appétits son féroces parmi les 21 partis. Le principal parti de l’opposition, Nidaa Tounès, a rejeté cette candidature et appelé au boycott de l’élection car il veut un homme n’ayant ni trempé dans l’ancien régime et ni occupé des fonctions ministérielles après la révolution. 
Devant une situation bloquée dont il est responsable, le leader Rached Ghannouchi du parti islamiste au pouvoir Ennahda n’a pas eu d’autre choix que d’accepter ce compromis bancal : « Nous avons accepté un gouverne­ment apolitique alors même que le gouvernement d’Ali Larayedh, pre­mier ministre sortant, dispose de la majorité à l’Assemblée nationale consti­tuante. Le but est de mener la Tunisie vers la démocratie». En fait il s’agit d’un vœu pieux car les Islamistes sont responsables de tous les blocages politiques devant leur volonté d’accaparer le pouvoir à tout prix. 

Les causes de la révolution sont encore présentes et ont atteint le paroxysme du désespoir. Le chômage n’a pas été résorbé dans une économie sans croissance et la misère s'est accrue. Mais les dirigeants tunisiens persistent à vouloir faire du zèle pour masquer leur incompétence en utilisant Israël comme alibi puisqu’ils ont interdit à un tennisman de jouer face à un Israélien. Difficile de trouver plus pro-palestinien que la Tunisie.



Inexpérience


Le choix d’un technocrate comme premier ministre est la seule solution envisagée par la classe politique car, au ministère de l’industrie, il s’était abstenu de prendre part aux querelles politiques. Il s’est adressé aux investisseurs européens pour les encourager à investir en Tunisie afin de rebâtir l’économie tunisienne en lambeaux mais il n’a pas eu le temps de récolter les dividendes de sa politique. 
Opération militaire au Mont Chaambi

En revanche il n’a pas l’étoffe d’un grand politique disposant d’expérience dans le domaine sécuritaire. Le pays est traversé par les groupes djihadistes qui déstabilisent le pays face à une armée ne disposant pas de moyens sérieux parce qu’elle a toujours été suspectée d’être un recours comme en Égypte. Son armement est dérisoire face à la puissance de feu des miliciens venus de Libye ou du Mali. Alors le nouveau gouvernement devra s’atteler à fixer les prochaines élections et à élaborer une nouvelle Constitution. 
Djihadistes tunisiens

Rachid Ghanouchi ne quittera pas le pouvoir pour autant puisqu’il continuera à tout superviser depuis l’ANC (Assemblée nationale constituante), l’autorité suprême, mais il donnera l’impression de laisser les coudées franches au futur gouvernement. Cependant Mehdi Jomaâ recevra de son prédécesseur Ali Laârayedh un héritage lourd de passif qui le bridera dans sa mission. Des nominations partisanes ont été effectuées pour verrouiller les postes clés de l’administration publique. Le nouveau premier ministre aurait posé comme condition de sa nomination le droit de revenir sur certaines de ces nominations; mais il est improbable d’Ennahda acceptera de bonne grâce car elles influeront sur le processus électoral.

Mehdi Jomaâ devra dire aux Tunisiens la vérité sur la situation critique de l’économie. C’est la seule condition pour recouvrer la confiance des investisseurs étrangers afin de  redynamiser l’économie pour enfin influer sur le climat social. Il devra prendre des mesures strictes sécuritaires devant la recrudescence du terrorisme qui cause des pertes humaines sérieuses. 
 
Abou Iyad

Le laxisme qui a perduré depuis deux ans n’a pas permis de contrecarrer l’assaut des islamistes contre l’Ambassade des États-Unis tandis que le chef d’Ansar al-Charia, Abou Iyad, se pavane ouvertement en lançant ses discours de haine, en appelant au meurtre et tandis que les imams extrémistes ont investi la plupart des mosquées. Cette permissivité avait entrainé l’assassinat de deux opposants démocrates Chokri Belaïd et Mohammed Brahmi dont les auteurs n’ont toujours pas été arrêtés.
Belaïd et Brahmi

Le nouveau premier ministre devra enfin s’ingérer dans les affaires de la Magistrature puisque 80 juges ont été limogés par le précédent ministre de la justice en entrainant des procès truqués et des malversations non élucidées.

C’est dire si la tâche sera difficile pour le prochain premier ministre tunisien. Mais il pourra toujours rendre Israël responsable de ses échecs, fortement probables tant que le parti islamiste Ennahda détient les clefs du pouvoir en Tunisie.

  

1 commentaire:

  1. Myriam DANAN-HAYON23 décembre 2013 à 11:19

    le printemps arabe est domine par des religieux qui croient vraiment que leurs """frères """au pouvoir les protègeront de toute corruption et vols du régime on dit en hébreu ""heureux ceux qui y croient """

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