TUNISIE : LE VIDE TROIS ANS APRÈS LA RÉVOLUTION
Par Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps
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Trois ans après la révolution, la Tunisie fait tout à
l’excès. Du parti unique du temps de Bourguiba et de Ben Ali, elle aligne à
présent pas moins de 21 partis qui se disputent le pouvoir sans tenir compte de
l’intérêt du pays qui sombre à nouveau vers une crise aiguë. En fait, habituée
à la dictature depuis son indépendance, la Tunisie n’est pas encore prête à une
véritable démocratie à l’occidentale.
Sous-prolétariat du bled
Manifestations en 2013 |
Le 24 décembre 2010, la révolte s’était propagée dans tout
le pays après avoir été déclenchée par la tentative de suicide par immolation
de Mohamed Bouazizi à Sidi Bouzid, dans le centre-ouest du pays. L'explosion de
colère avait pour motif de profondes inégalités et des disparités régionales de
développement qui nourrissaient un sentiment d'injustice et d'humiliation. Le
sous-prolétariat du bled, l’intérieur du pays, discriminé sur les plans
économique, social et politique, se sentait lésé. Au-delà de ces facteurs, il
faut ajouter un facteur générationnel : le sentiment d’étouffement qu'éprouvait
une jeunesse avide de retrouver une liberté d’être et d’avoir.
Le pays, pris en mains par les islamistes d’Ennahda, est
toujours sans gouvernement et sans Constitution. Les hommes politiques fuient
leurs responsabilités devant la tâche ardue qui les attend. Sans l’approbation
de l'opposition tunisienne mais avec le feu vert des islamistes au pouvoir, le
ministre sortant de l'Industrie, Mehdi Jomaâ, a été désigné au poste de premier
ministre avec pour mission de faire sortir le pays d'une profonde crise
politique.
Le flou le plus complet règne sur le calendrier politique de la désignation du nouveau gouvernement dont le rôle sera d’organiser des élections en 2014. Les Occidentaux ont pesé de tout leur poids dans le choix du nouveau premier ministre tunisien, désigné le 14 décembre pour succéder à l'islamiste Ali Larayedh, au terme de sept semaines de laborieuses tractations.
Dirigeants tunisiens |
Le flou le plus complet règne sur le calendrier politique de la désignation du nouveau gouvernement dont le rôle sera d’organiser des élections en 2014. Les Occidentaux ont pesé de tout leur poids dans le choix du nouveau premier ministre tunisien, désigné le 14 décembre pour succéder à l'islamiste Ali Larayedh, au terme de sept semaines de laborieuses tractations.
Choix a minima
Mais Mehdi Jomaâ est un choix a minima parce qu’aucun
autre nom n’a fait l’unanimité tant les appétits son féroces parmi les 21
partis. Le principal parti de l’opposition, Nidaa Tounès, a rejeté cette
candidature et appelé au boycott de l’élection car il veut un homme n’ayant ni
trempé dans l’ancien régime et ni occupé des fonctions ministérielles après la
révolution.
Devant une situation bloquée dont il est responsable, le leader Rached Ghannouchi du parti islamiste au pouvoir Ennahda n’a pas eu d’autre choix que d’accepter ce compromis bancal : « Nous avons accepté un gouvernement apolitique alors même que le gouvernement d’Ali Larayedh, premier ministre sortant, dispose de la majorité à l’Assemblée nationale constituante. Le but est de mener la Tunisie vers la démocratie». En fait il s’agit d’un vœu pieux car les Islamistes sont responsables de tous les blocages politiques devant leur volonté d’accaparer le pouvoir à tout prix.
Devant une situation bloquée dont il est responsable, le leader Rached Ghannouchi du parti islamiste au pouvoir Ennahda n’a pas eu d’autre choix que d’accepter ce compromis bancal : « Nous avons accepté un gouvernement apolitique alors même que le gouvernement d’Ali Larayedh, premier ministre sortant, dispose de la majorité à l’Assemblée nationale constituante. Le but est de mener la Tunisie vers la démocratie». En fait il s’agit d’un vœu pieux car les Islamistes sont responsables de tous les blocages politiques devant leur volonté d’accaparer le pouvoir à tout prix.
Les causes de la révolution sont encore présentes et
ont atteint le paroxysme du désespoir. Le chômage n’a pas été résorbé dans une
économie sans croissance et la misère s'est accrue. Mais les dirigeants tunisiens
persistent à vouloir faire du zèle pour masquer leur incompétence en utilisant
Israël comme alibi puisqu’ils ont interdit à un tennisman de jouer face à un
Israélien. Difficile de trouver plus pro-palestinien que la Tunisie.
Inexpérience
Le choix d’un technocrate comme premier ministre est
la seule solution envisagée par la classe politique car, au ministère de l’industrie,
il s’était abstenu de prendre part aux querelles politiques. Il s’est adressé
aux investisseurs européens pour les encourager à investir en Tunisie afin de
rebâtir l’économie tunisienne en lambeaux mais il n’a pas eu le temps de
récolter les dividendes de sa politique.
En revanche il n’a pas l’étoffe d’un grand politique disposant d’expérience dans le domaine sécuritaire. Le pays est traversé par les groupes djihadistes qui déstabilisent le pays face à une armée ne disposant pas de moyens sérieux parce qu’elle a toujours été suspectée d’être un recours comme en Égypte. Son armement est dérisoire face à la puissance de feu des miliciens venus de Libye ou du Mali. Alors le nouveau gouvernement devra s’atteler à fixer les prochaines élections et à élaborer une nouvelle Constitution.
Opération militaire au Mont Chaambi |
En revanche il n’a pas l’étoffe d’un grand politique disposant d’expérience dans le domaine sécuritaire. Le pays est traversé par les groupes djihadistes qui déstabilisent le pays face à une armée ne disposant pas de moyens sérieux parce qu’elle a toujours été suspectée d’être un recours comme en Égypte. Son armement est dérisoire face à la puissance de feu des miliciens venus de Libye ou du Mali. Alors le nouveau gouvernement devra s’atteler à fixer les prochaines élections et à élaborer une nouvelle Constitution.
Djihadistes tunisiens |
Rachid Ghanouchi ne quittera pas le pouvoir pour
autant puisqu’il continuera à tout superviser depuis l’ANC (Assemblée nationale
constituante), l’autorité suprême, mais il donnera l’impression de laisser les
coudées franches au futur gouvernement. Cependant Mehdi Jomaâ recevra de son
prédécesseur Ali Laârayedh un héritage lourd de passif qui le bridera dans sa
mission. Des nominations partisanes ont été effectuées pour verrouiller les
postes clés de l’administration publique. Le nouveau premier ministre aurait
posé comme condition de sa nomination le droit de revenir sur certaines de ces
nominations; mais il est improbable d’Ennahda acceptera de bonne grâce car elles
influeront sur le processus électoral.
Mehdi Jomaâ devra dire aux Tunisiens la vérité sur la
situation critique de l’économie. C’est la seule condition pour recouvrer la
confiance des investisseurs étrangers afin de redynamiser l’économie pour enfin influer sur
le climat social. Il devra prendre des mesures strictes sécuritaires devant la
recrudescence du terrorisme qui cause des pertes humaines sérieuses.
Le laxisme qui a perduré depuis deux ans n’a pas permis de contrecarrer l’assaut des islamistes contre l’Ambassade des États-Unis tandis que le chef d’Ansar al-Charia, Abou Iyad, se pavane ouvertement en lançant ses discours de haine, en appelant au meurtre et tandis que les imams extrémistes ont investi la plupart des mosquées. Cette permissivité avait entrainé l’assassinat de deux opposants démocrates Chokri Belaïd et Mohammed Brahmi dont les auteurs n’ont toujours pas été arrêtés.
Abou Iyad |
Le laxisme qui a perduré depuis deux ans n’a pas permis de contrecarrer l’assaut des islamistes contre l’Ambassade des États-Unis tandis que le chef d’Ansar al-Charia, Abou Iyad, se pavane ouvertement en lançant ses discours de haine, en appelant au meurtre et tandis que les imams extrémistes ont investi la plupart des mosquées. Cette permissivité avait entrainé l’assassinat de deux opposants démocrates Chokri Belaïd et Mohammed Brahmi dont les auteurs n’ont toujours pas été arrêtés.
Belaïd et Brahmi |
Le nouveau premier ministre devra enfin s’ingérer dans
les affaires de la Magistrature puisque 80 juges ont été limogés par le
précédent ministre de la justice en entrainant des procès truqués et des malversations
non élucidées.
C’est dire si la tâche sera difficile pour le prochain
premier ministre tunisien. Mais il pourra toujours rendre Israël responsable de
ses échecs, fortement probables tant que le parti islamiste Ennahda détient les clefs du pouvoir en Tunisie.
le printemps arabe est domine par des religieux qui croient vraiment que leurs """frères """au pouvoir les protègeront de toute corruption et vols du régime on dit en hébreu ""heureux ceux qui y croient """
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