ISRAËL SCRUTE L’ACTION DES GROUPES TERRORISTES AU SINAÏ
Par Jacques BENILLOUCHE
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Bus, qui transportait des soldats égyptiens, calciné à El-Arish, le 20 novembre 2013 |
L’Égypte a subi l’attaque la plus meurtrière
dans la péninsule du Sinaï depuis l’arrivée du nouveau régime. Cela pose à la
fois le problème de la présence des terroristes d’Al-Qaeda et des relations
avec le Hamas à Gaza. Le bilan est lourd puisque onze soldats égyptiens ont été
tués et 37 blessés dans un attentat à la voiture piégée près de la ville d'El-Arish
alors que les soldats voyageaient dans un convoi sur la route qui mène à Rafah.
Trois groupes de djihadistes, installés
au Sinaï, agissent de manière autonome tout en faisant allégeance à Al-Qaeda. Ils
appliquent la même idéologie faite d’actions violentes et sanguinaires. Ils se
distinguent peu les uns des autres mais gardent une volonté de brouiller les pistes et
d’accroitre leur efficacité.
Takfir
wal Hijra
Takfir wal-Hijra est le
nom populaire donné à un groupe islamiste radical Jama'at al- Muslimin, fondé en
1971 par Shukri Mustafa sur la base du rejet des pratiques égyptiennes
contemporaines et comme une émanation des Frères musulmans. Le groupe avait été
pratiquement éradiqué par les forces de sécurité égyptiennes à la suite de
l’assassinat de l’ancien ministre des Waqfs, Hussein Al-Zahabi. Shukri Mustafa
fut d’ailleurs pendu en 1977.
Le groupe, qui est revenu à une doctrine violente et
d’excommunication, s’est progressivement
reconstitué sous l’idéologie de Ben Laden et a revendiqué l’assaut en 2012 contre
le poste-frontière ayant causé la mort de 16 gardes-frontières égyptiens. Son
nouveau chef, Abdulfatah Hassan Hussein, considéré comme l'un des «plus
grands chefs terroristes» d’Égypte avait été arrêté le 1er
novembre au nord du Sinaï. Il a été arrêté avec 25 éléments takfiristes extrêmement
dangereux dans une opération militaire qui a permis la découverte et la
destruction de trois tunnels de contrebande.
Ansar
Beit Al-Maqdis
Ce groupe appelé
également Ansar Jérusalem (partisans de Jérusalem) s’est créé pendant
l'insurrection du Sinaï. Il a recruté des Bédouins, des Égyptiens et des mercenaires
de différentes nationalités. Le groupe est financé par Khairat Al-Chater, professeur
d'ingénierie, homme d'affaires, homme politique égyptien et premier adjoint du Guide
suprême des Frères musulmans. Sa candidature à l'élection présidentielle de
2012 avait été invalidée par le Conseil suprême des forces armées. Il
a été arrêté le 5 juillet 2013 par l'armée.
Ce groupe estimé à
2.000 personnes a bombardé plusieurs pipelines qui transportent le gaz de l'Égypte
vers Israël. Il a monté une attaque contre les troupes israéliennes en septembre
2012. Un de ses membres, ancien officier de l'armée, était responsable de la tentative
d'assassinat du général Mohamed Ibrahim Moustafa, ministre de l’intérieur, qui
a eu lieu en Septembre 2013.
Pipeline en feu au Sinaï |
Inconnu avant janvier 2011, le groupe n’avait aucune intention politique mais
cherchait à mener des opérations contre l’armée israélienne. Il est responsable
de l’attaque du 16 août contre Eilat et du lancement de missiles Grad depuis le
Sinaï qui ont tué huit Israéliens.
Ansar
Al-Djihad
Ansar al Djihad a été
formé le 20 décembre 2011 pour «accomplir le serment d’Oussama ben Laden,
leader d’Al-Qaeda». Ce groupe avait pour objectif annoncé «de faire de
notre mieux pour lutter contre le régime corrompu et ses acolytes parmi les
Juifs, les Américains et ceux qui les entourent». Il y a une difficulté à le distinguer du
groupe Ansar Jérusalem. Ses combattants font cependant allégeance au dirigeant
d’Al-Qaeda, Ayman Al-Zawahiri.
Ses membres sont d’anciens djihadistes libérés par le ministère de l’Intérieur après avoir renoncé à la violence mais après leur sortie de prison, ils sont retournés à leur combat, formant ce groupuscule dans le Sinaï. Ils se seraient entraînés dans la bande de Gaza à l’utilisation de mortiers et de toutes sortes d’armes ainsi qu'au montage et au démontage d’explosifs.
Ses membres sont d’anciens djihadistes libérés par le ministère de l’Intérieur après avoir renoncé à la violence mais après leur sortie de prison, ils sont retournés à leur combat, formant ce groupuscule dans le Sinaï. Ils se seraient entraînés dans la bande de Gaza à l’utilisation de mortiers et de toutes sortes d’armes ainsi qu'au montage et au démontage d’explosifs.
Insurrection
islamiste
Israël craint que ces
trois groupes puissent susciter une insurrection islamiste qui prendrait son
essor depuis le Sinaï pour se répandre à travers toute l’Égypte. Des
combattants ont été repérés aux abords d’Ismaïlia, à l’ouest du Canal de Suez.
D’ailleurs ils seraient responsables de l’attentat à la voiture piégé en
octobre à proximité du bâtiment des services de renseignements militaires.
Les Égyptiens prennent
au sérieux le danger de ces réseaux terroristes et c’est pourquoi ils ont
procédé à l’arrestation de trois chefs influents : Adel Habbara, affilé à Al-Qaeda, Abou-Fayçal, le
fondateur du tribunal de la charia à Al-Arich, et Abdelfattah Salem, secrétaire
du mouvement «Takfir wal Hijra».
Les services de renseignements israéliens estiment que
22 organisations terroristes opèrent au Sinaï avec 15.000 membres. Certains de
ces groupes forment des cellules d’une dizaine de personnes, inconnues de la police
égyptienne mais déterminées à mourir pour la cause. Mais devant la pression de
l’armée, ces groupes terroristes se seraient installés dans des fermes sur la
route du Caire-Ismaïlia qu’ils transforment en dépôt d’armes et en base de
repli depuis le Sinaï.
Mohamed Dahlan |
L’Égypte est à la recherche de toutes les solutions
pour endiguer le mal du Sinaï. L’ancien homme fort de Gaza, Mohamed Dahlan,
vient d’être invité au Caire pour consultations. Les responsables du Fatah veulent profiter de
la situation économique critique à Gaza pour tenter de renverser le régime
islamiste. Nombreux sont ceux qui, avec Dahlan, proposent d’organiser, avec le
soutien égyptien, une brigade palestinienne à El-Arish pour marcher sur la
bande de Gaza.
Par ailleurs, après sa visite au Caire, le président
Mahmoud Abbas a été convaincu par les services égyptiens de renseignements,
chargés du dialogue inter palestinien,
qu’il n’avait aucun intérêt à une réconciliation avec le Hamas.
Effectivement le nouveau régime égyptien a pratiquement rompu avec le Hamas, à
la fois sur le plan politique et sur le plan économique. Al-Sissi maintient le blocage des tunnels qui
coûte tous les mois 230 millions de dollars à la bande de Gaza alors que son
taux de chômage frôle les 43%.
Paradoxe israélien
La position d’Israël semble paradoxale vis-à-vis des
islamistes. Face au blocus strict égyptien, il estime qu’il n’a aucun intérêt à
asphyxier une population qui risque alors de virer vers l’extrémisme. Alors il calme
le jeu et permet l’approvisionnement via le terminal de Kerem Shalom. Il a trouvé ce moyen pour
amadouer le Hamas, contraint de faire la police auprès des organisations
terroristes pour empêcher les tirs de missiles sur le sud. Ainsi Israël y
trouve son compte dans un calme, même précaire.
Général Sami Turgeman |
D’ailleurs le général israélien commandant la région
sud, Sami Turgeman, abonde publiquement dans ce sens : «Ce que nous
voulons, c'est le calme et la sécurité dans la bande de Gaza. Le Hamas,
actuellement au pouvoir souverain sur le territoire, a les moyens et le
savoir-faire. Je ne vois pas d'alternative au contrôle exercé par le
Hamas.» Israël n’a donc aucun intérêt à favoriser l’effondrement du Hamas et il ouvre
ses frontières sachant que le Fatah n’est
pas encore en position de prendre la relève face à des djihadistes déterminés qui,
en plus, contestent la mainmise de l’Égypte sur le Sinaï. Il veut se prémunir
contre un embrasement général de la région avec tous les risques inhérents à
l’existence des groupuscules terroristes.
Tank égyptien au Sinaï |
L’Égypte favorise de son côté ce qui peut s’assimiler
à une collaboration masquée entre Israël et les islamistes de Gaza car le calme régnant dans
la bande lui laissera les mains libres
pour éradiquer le danger du Sinaï. C’est pourquoi Israël, contrairement aux
accords de Camp David, a accepté l’entrée d’avions et d’hélicoptères de combat
au Sinaï pour consolider l’armée régulière égyptienne. Il lui transmet toutes
les informations sécuritaires et satellitaires qu’il détient. La progression des terroristes vers la région
du canal de Suez met en danger la sécurité de l’Égypte et par conséquence,
celle d’Israël.
Outre les infos nouvelles sur les insurgés du Sinaï, cet article m'apprend l'existence du général Sami Torjman. Wiki ajoute que le général est né à Marrakech en 1964. Ses nom et prénom sont parfaitement arabo-musulmans. Torjman (ou Turgeman) signifie en arabe interprète. Le patronyme est répandu chez nous parmi les juifs aussi bien que les musulmans. Turgeman est-il le Maghrébin le plus élevé dans l'ordre militaire israélien? J'ai repéré un Irakien, un Iranien au rang de chef d'Etat Major, mais pas de nord-africains. Inutile d'ajouter que la prouesse de cette carrière nous va droit au coeur. Elle atteste qu'elle est bien malveillante la calomnie selon laquelle nous serions tous rien que des sauvages et des crétins.
RépondreSupprimerLes nord-africains peuvent se prévaloir de nombreuses réussites dans l’armée et dans le monde des affaires. C’est à l’armée que les discriminations se sont faites le moins sentir car seule comptait la compétence des armes.
RépondreSupprimerIls commencent à présent à émerger alors qu’ils étaient discrets jusqu’alors. Ainsi, un tunisien, aujourd’hui à la retraite, est arrivé au poste de n° 2 du Mossad. Son nom est interdit à la publication mais la plupart le connaissent car son père avait la plus grande chocolaterie de Tunisie.
Je connais par ailleurs au moins deux généraux nord-africains.
Certains ont changé leur nom pour le « désarabiser » ou pour éviter d’être l’objet de discrimination car il faut l’avouer qu’elle existait en Israël.
Il existe donc des nord-africains "cachés".
D’ailleurs une petite anecdote qui date de quelques semaines. Je patientais dans les couloirs de la télé avant l’enregistrement d’une émission avec Dany Ayalon, ancien ambassadeur aux États-Unis, ancien vice-ministre des affaires étrangères qui s’était distingué par une réception controversée de l’ambassadeur de Turquie.
Je cherchais un mot en hébreu et j’ai demandé à mon entourage la traduction. C’est lui qui me l’a donnée. Étonné de ses connaissances en français, il m’a avoué qu’il était né à Oran de parents qui ont immigré en 1962 et qui s’appelaient Sellam. Lui, avait préféré changer de nom pour ne pas nuire à la promotion de sa carrière. D'ailleurs Wiki ne mentionne pas ce détail.
Je trouve qu'il faut cesser de parler des Nord africains ou autres.Quand un israélien immigré en Israël,pour moi,il veut accompagner et partager le destin de ce peuple.Peu importe son origine.Que cet homme ou cette femme soit originaire d'Afrique du Nord,ça peut faire plaisir aux personnes originaires du Maghreb,mais surtout la carrière et la vie de cette homme dépend de son courage et sa persévérance à vouloir s'intégrer dans ce pays.
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