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dimanche 3 novembre 2013

HOLLANDE PERSONA NON GRATA : UNE FAUTE



HOLLANDE PERSONA NON GRATA : UNE FAUTE

Par Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps


Interview de Yuli Edelstein à Naplouse

Le président de la Knesset, Yuli Edelstein, a pris une décision grave en déclarant persona non grata le président de la République française, François Hollande. Il s’agit non seulement d’une faute politique, avec risque de conséquences, mais d’une faute de courtoisie. Il a certes les pouvoirs de le faire mais sa décision strictement politique ne se justifie pas.
Il n'y avait aucune obligation à inviter le président français surtout si l'on a des griefs à son encontre. Mais dès que l'invitation est lancée, tous les corps constitués de l'Etat doivent le recevoir avec les honneurs dus à son rang. Il en va de l'image d'Israël. 





Idylle française




François Hollande a décidé d’honorer de sa visite l’État d’Israël sans aucune arrière-pensée électorale. C’est sa première visite mais le changement de programme risque d’entacher de manière durable les relations israélo-françaises. On ne se comporte pas avec un chef d'État comme on se comporte avec un député.
Il faut se souvenir que l’idylle avec la France a duré douze ans, de 1956 à 1967, avec des gouvernements socialistes qui ont permis à Israël de se doter d’une armée invincible, d’une aviation efficace et d’une centrale nucléaire qui garantit sa dissuasion. Au nom de ce passé commun qui peut être attesté par un témoin encore vivant, Shimon Pérès, Israël doit toujours se souvenir de cette période exceptionnelle et faire preuve d’indulgence même si la politique du Quai d’Orsay peut être sujette à critiques. 
Capitaine Dreyfus

Yuli Edelstein est trop jeune pour se souvenir de cette épopée. Il vivait dans un autre monde, dans un autre pays, dans un autre siècle et les souvenirs sont volatils. Il croit connaitre l’Histoire de France mais il n’en connait que ce que les Soviétiques lui ont enseigné. Il est mal placé pour rappeler le souvenir de l’Affaire Dreyfus à l’occasion d’une simple visite de protocole. C’est salir Dreyfus que de le mettre au même niveau qu’un président de la République ou qu’un président de la Knesset. On ne banalise pas son souvenir douloureux en le mêlant à des marchandages politiques. Dreyfus n’aurait pas voulu qu’on l’utilise pour justifier une décision incohérente. D'ailleurs, personne n’a rappelé son souvenir lorsque la France est venue au secours d’Israël durant les douze années où les États-Unis étaient absents.



Deux poids et deux mesures


Obama face à des étudiants


            Un haut personnage de l’État d’Israël applique sans scrupules le principe de deux poids et deux mesures car il n’a trouvé rien à redire lorsque le président Obama a refusé, lui-aussi, de se rendre devant la Knesset. Il avait préféré s’adresser plutôt à des étudiants, certainement plus réceptifs, qu’aux représentants de la nation. Le président américain a prononcé un discours le 21 mars 2013 à l’International Convention Center de Jérusalem devant des centaines d’étudiants israéliens mais ne s'est pas rendu à la Knesset. 

François Hollande, accompagné d’une délégation d’hommes d’affaires, importante pour les relations bilatérales,  avait prévu de visiter la Knesset et de rencontrer son président. Mais il avait choisi de faire son discours en dehors de l’hémicycle, comme Barack Obama l'a fait face à des universitaires. Mais ce qui a été accepté pour le président américain a été condamné pour le président français. Pourtant, recevoir le président français ne signifie pas qu’on approuve sa politique. En revanche, le traiter de persona non grata ne donne aucun espoir de lui imposer une autre politique favorable aux thèses israéliennes. Le discours de Nicolas Sarkozy à la Knesset n'avait pas eu les effets attendus puisqu'il avait prôné la division de Jérusalem devant les députés. 

Après la mise en cause du premier ministre grec pour son absence de kippa, il est déplacé d’avoir à systématiquement attaquer les amis d’Israël.

Yuli Edelstein, qui applique des principes à sens unique, a donc annulé toute la visite de François Hollande à la Knesset. Il refuse de le rencontrer. Il a par ailleurs décidé qu’aucun ambassadeur ni aucun officiel français ne serait dorénavant invité à la Knesset. Il croit manifester  une position de force mais il affiche au contraire un signe de faiblesse parce que sa jeunesse dénote un manque d’expérience politique et surtout un manque de courtoisie. Il aurait dû prendre langue avec son prédécesseur Réouven Rivlin qui lui aurait appris les impératifs de la diplomatie. S’il a des comptes à demander à la France et à son président, il devait le faire face à face, argument contre argument. Mais avec cette décision brutale irréfléchie, il ne rend pas service à Israël.

Knesset




Rompre l’isolement


Les trois plus hauts personnages de l'Etat


            En fait il s’avère que l’intelligence est du côté français puisque le président Hollande a compris qu’il n’aurait pas d’oreilles attentives du côté des amis de Naftali Bennett, d’Avigdor Lieberman et des nationalistes du Likoud. Il ne pouvait pas convaincre des convaincus. Il a donc préféré s’adresser à une partie des forces vives de la nation qui l’écouteront, peut-être, afin d'entendre la position française.

            Au moment où Israël passe par une période d’isolement devant la volte-face américaine dans le nucléaire iranien, les Israéliens ne peuvent pas se permettre de se couper d’un grand pays d’Europe, alors que de nombreux pays de l’Union Européenne se détournent d’Israël en votant des lois iniques. La France n’approuve certes pas totalement les décisions politiques israéliennes mais ce n’est pas une raison pour se brouiller avec un ami. Nul n’est capable de mesurer les limites des susceptibilités politiques. Même David ben Gourion a eu un comportement réaliste face au général de Gaulle qui avait imposé un embargo général, autrement plus nocif.
          La diplomatie s’apprend dans les écoles spécialisées mais Yuli Edelstein a fait ses seules études dans le goulag sibérien où il n’a appris que la pratique des relations de force.    

15 commentaires:

  1. Clair, net et précis !

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  2. Merci Jacques pour votre publication. Je suis d'accord avec vous que l'on doit tout faire pour éviter de se mettre toute la terre contre nous. Moi-même, je n'aime pas sa politique ni celle de l'Europe qui sacrifie son futur pour les nazis-islamistes.

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  3. Je ne suis absolument pas d'accord avec la vision de cet article.
    Depuis de nombreuses années et encore actuellement ( il n'y a qu'à regarder l'actualité: libération de terroristes, autre tentative de paix, Marmara et j'en passe....) l'Etat d'Israel fait concessions sur concessions. Nous passons alors aux yeux du monde pour des bourreaux, des envahisseurs qu'il faut boycotter et soumettre, car nous nous mettons dans un état de faiblesse.
    Et de toute manière quoi que nous fassions nous aurons toujours toute la terre ou une grande partie contre nous.
    Nous devons montrer notre détermination à être "Reconnu" et a Exister comme Etat Juif et "Souverain", Démocratique et Respectable.

    Myriam

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  4. Le Président Hollande qui choisit se s'adresser aux étudiants après le précédent(fâcheux)du Président Obama
    risque d'entériner un processus de visite des chefs d'état étranger.
    Marquer un coup d'arrêt a cette pratique peut être bénéfique pour l'avenir.
    Rien n'empêche le Pt Hollande de dire ses quatre vérités a nos représentants démocratiquement élus

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  5. Mais Monsieur Taieb toute la terre est déjà contre Israël.Donc qu'est-ce que ça change?
    Monsieur Benilouche,je ne partage votre point de vue. D'abord il est inutile de rappeler le passé du Président de la Knesseth.Ce n'est quand même pas de sa fautes si il a vécu sous la dictature communiste.C'est au contraire très méritant et louable de sa part d'être arrivé à l'un des plus hauts postes de l'Etat d'Israël.Ce rappel de son passé est pour le moins maladroit.
    Ensuite,oui le Président de la Knesseth a raison de décliner la visite d'un président en perte de vitesse sur le plan interne et sur le plan international.Mais la raison sous jacente réside dans le fait qu'un seule fois suffit: le refus d'Obama était une gifle à la représentation parlementaire, et ensuite confinait à une ingérence dans les affaires intérieures israéliennes. Quelle était donc la légitimité et la représentativité d'un public acquis à ce président.
    Dans la religion juive,on ne tend pas l'autre joue pour recevoir une deuxième humiliation.
    Bien à vous.

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  6. Ghislaine HALIMI-NOUCHI3 novembre 2013 à 13:13


    c est pas très fort çà...boycotter hollande...c est un fardeau sur la Knesset....

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  7. Autre chose.
    Pourquoi la France a-t-elle été en pointe au sujet de la directive européenne scélérate qui consistera à boycotter les entreprises et administrations israéliennes si elles sont directement ou indirectement en lien avec la Judée Samarie ?
    La France participe à cette politique qui consiste à demander à des israéliens une attestation sur l'honneur comme quoi ils sont bien en conformité avec les volontés politiques européennes,et constitue une atteinte à leur identité de citoyen libre.
    Ce qu'on leur demande c'est de se démarquer de leur pays.
    Quel citoyen accepterait-il cela?
    Alors oui je pense que refuser de recevoir Francois Hollande, c'est rappeler que les Juifs n'ont pas à obéir à une forme de diktat de l'Europe qui a une vision cyclopéenne du conflit.
    Bien à vous.
    Daniel

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  8. Jacques BENILLOUCHE3 novembre 2013 à 13:38

    Vos commentaires et vos propos sont respectables mais la question n’est pas de faire le procès de Hollande si justifié soit-il. Ils me paraissent hors sujet.

    La question est de savoir s’il était judicieux d’inviter François Hollande sauf à chercher à l’humilier ce qui n’est pas très malin, s’agissant d'un chef d’État.

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  9. Hollande n'est pas Obama. Hollande a les yeux rivés vers la grosse fraction de musulmans ( 84 % ? ) qui ont voté pour lui aux dernières présidentielles. Un socialiste qui n'a rien a voir avec les socialistes des années 48-58. Facile pour lui de montrer de la fermeté à moindre frais. Israël n'étant pas le Qatar

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  10. Monsieur Benillouche.
    Merci pour dialogue respectueux.

    Le débat n'est pas hors sujet,tout au contraire.Ce n'est pas à l'homme que la décision du Président de la Knesseth s'adresse,mais au représentant d'un pays qui dérive de plus en plus vers une politique pro-arabe( réception de députés du Hezbollah par Laurent Fabius lequel vient de déclarer que "le conflit israélo-palestinien est la mère de toutes les batailles",aide financière démesurée de la France aux déficits abyssaux au profit des palestiniens, et qui se tait devant les vraies affectations de ces sommes,sans parler des usages "pas très diplomatiques de certains fonctionnaires français en poste en Israël....)
    Pour ce qui est de l'humiliation, elle ne vient pas du gouvernement israélien,mais du Parlement qui est souverain,et qui n'est pas la "structure invitante".
    Bien à vous.
    Daniel.

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  11. Dr Claude SALAMA3 novembre 2013 à 18:55

    Bonsoir. J 'ai lu votre texte et les commentaires, dont certains de qualite, mais parfois anonymes pour une raison qui m'echappe.
    Ma reaction est claire. Vous avez totalement raison. La politique de l'etat est definie par le pouvoir executif. C'est a dire par le gouvernement. C'est donc au gouvernement de s'indigner et de definir sa reaction et l'etendue de sa reaction, compte tenu de tous les parametres geo-politiques. La Knesset , le Parlement, n'appartient pas au president de la Knesset. Il n'a pas a decider de lui-meme, sans d'ailleurs au moins consulter son propre parlement, l'etendue de la reaction officielle de l'Etat d'Israel. De plus, nous nous devons de constatet et saluer le fait qur les affaires interieures de la France avec sa population musulmane n'empechent pas son president de faire une visite officielle en Israel. Enfin n'oublions pas qu'Obama nous est de plus en plus hostile et que la France a un droit de veto au Conseil de Securite. Alors Mr Edelstein devrait effectivement reflechir un peu plus avant d'insulter un hote d'Israel.

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  12. Jacques BENILLOUCHE3 novembre 2013 à 18:59

    @Salama

    Des lecteurs m'adressent leurs commentaires en me demandant de ne pas communiquer leur nom car ils occupent une fonction importante quand il ne s'agit pas de hauts fonctionnaires.

    Je respecte leur volonté mais leur identité m'est connue.

    Certains commentaires sont "censurés" parce que leurs auteurs ne s'identifient pas ce qui constitue un manque de courage surtout lorsqu'il s'agit de commentaires mettant en cause un chroniqueur.

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  13. Dr Salama
    Je répondrais sur un point de droit que vous avez "seulement" évoqué,mais dont l'interprétation que vous faites est-désolé de vous contredire- erronée.
    Le principe de la totale séparation des pouvoirs.Concept qui a été conçu, développé,et enrichi par les intellectuels français (dont je crois Montesquieu avec l'Esprit des Lois).Et il est,et reste un principe dans toute démocratie.
    Et si il doit y avoir une certaine cohérence entre les pouvoirs judicaires,executifs et legislatifs (que d'ailleurs on peut l'observer dans l'alignement géographique de la Knesseth,et de la Cour Suprême), il y a tout de même séparation de ces mêmes pouvoirs. La Cour Suprême le démontre de plus en plus souvent ( on parle même de gouvernement des Juges).
    Pour revenir à notre sujet,la Knesseth se voyant bafouée,réagit donc en toute indépendance.
    Bien à vous.
    Daniel ( je souhaite rester anonyme).

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  14. Pourquoi Hollande refuse-t-il de prononcer un discours à la Knesset ? Celui qui est invité doit-i choisir de quelle manière il doit prendre ses distances avec ses hôtes?
    Ce n'est pas une faute que de bouder sa visite calculée au plus juste pour conserver les grâces des Palestiniens et humilier juste ce qu'il faut les Israéliens qui sont les représentants de " tous les péchés d' Israël".
    André MAMOU

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  15. Finalement, cher monsieur Benillouche, Hollande étant censé représenter le peuple français, l'important ne sera-t-il pas la réaction des Français face à ce que vous appelez "l'humiliation" subie par leur président ?
    Etant donnée la pétaudière dans laquelle les Français se trouvent plongés après dix-huit mois de la politique de leur président par défaut et de sa clique, je ne pense pas qu'ils puissent en vouloir beaucoup au président de la Knesset de l'avoir déclaré "persona non grata", eux qui commencent à sérieusement ruer dans les brancards aux cris de "Hollande démission !"

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