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dimanche 21 avril 2013

AHMADINEJAD N’A PLUS LA COTE EN IRAN




AHMADINEJAD N’A PLUS LA COTE EN IRAN

Par Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps


Et si Barack Obama avait raison en temporisant dans le problème du nucléaire iranien ? Il avait demandé aux israéliens de patienter jusqu’à l’élection présidentielle iranienne de 2013 qui se déroulera le 14 juin 2013.


Après deux mandats consécutifs, Mahmoud Ahmadinejad ne peut plus se représenter. Trois candidats sont actuellement sur les rangs. Dans les milieux conservateurs, Ali Larijani, président du Parlement, et Saïd Jalili, secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale, ont fait connaitre leur intention de se présenter. Le 11 avril 2013, Hassan Rohani, directeur du Centre pour la recherche stratégique et négociateur du programme nucléaire avec les occidentaux, est entré dans la course.






Proche conseiller

Ahmadinejad et son dauphin



Il est certain qu’Ahmadinejad n’a plus la cote non seulement auprès du Guide suprême Ali Khamenei, mais auprès de la population jusqu’à avoir du mal à imposer son proche conseiller Esfandiar Rahim-Mashaie pour le remplacer. Il n’arrive plus à masquer l’échec de ses deux mandats ; la désaffection des iraniens à son égard acte la mort de sa politique de fuite en avant au détriment d’un programme économique visant à améliorer le niveau de vie de son peuple. 
 Cliquer sur le triangle noir pour voir la vidéo présentant un stade vide


La preuve en a été donnée le 18 avril à l’occasion d’un meeting au stade Azadi de Téhéran. Sur les 100.000 personnes qu’il escomptait, seule une moitié s’est dérangée dans un stade donnant une impression de vide comme l’attestent les photos et les vidéos pirates. Pourtant il n’avait pas ménagé les moyens publics en organisant des transports de bus jusqu’à 1.000 kms à la ronde. Devant cet échec éloquent, son conseiller a boudé la réunion et a préféré s’éclipser plutôt que de subir au grand jour une déconvenue qui atteste  qu’Ahmadinejad n’avait plus la popularité des premiers beaux jours.

S’il s’était fait connaitre auprès de l’occident par ses propos bellicistes et sa volonté de doter l’Iran de l’arme nucléaire, il ne peut en revanche cacher la situation dramatique de son économie. Les organisations locales n’hésitent plus à fustiger cet échec tandis que la première chaine de télévision a lancé une attaque en règle contre la falsification du bilan économique de l’ère Ahmadinejad.



Économie en berne


Massoud Nili à la télévision


En effet, le 14 avril, l’économiste Massoud Nili, réputé sur le plan international et professeur à l’université Sharif de Téhéran, a mis en doute les chiffres économiques publiés par le gouvernement qui prétend avoir créé 600.000 emplois par an depuis son arrivée au pouvoir en 2005 alors que le chiffre certifié est de 14.000.  Il prévoit d’ailleurs que «le pays serait confronté à une vague de chômeurs diplômés dans les prochaines années». En soutien à Massoud Nili, la Banque Centrale iranienne a publié un rapport qui contredit les chiffres du président ; en particulier la croissance ne serait que de 5,8% au lieu des 10% annoncés.

Ahmadinejad persiste à nier l’influence des sanctions imposées par l’occident sur la situation économique du pays. Il appuie son raisonnement sur les progrès nucléaires réalisés  représentant cependant un gouffre économique après tous les aléas techniques.

Il a entrainé dans sa chute son dauphin qui semble avoir choisi la mauvaise carte. Le Conseil des gardiens de la révolution n’acceptera certainement pas de valider la candidature du bras droit d’Ahmadinejad sous le prétexte de prises de position considérées comme peu orthodoxes. Ainsi donc sa tentative d’échange de postes à la manière Poutine-Medvedev tombe à l’eau. Le meeting dans le stade Azadi, préparé par un déploiement d’affiches dans tout le pays devait être l’occasion de dévoiler le nom de son candidat. Il n’a pas réussi à atteindre ses espérances et la réunion a été une péripétie stérile de plus. Il est vrai que le public a été dissuadé d’assister par Ahmadi-Moghaddam, chef de la police iranienne, qui s'était opposé en vain à la tenue du meeting.
Chef de la police


Ahmadinejad a tout raté dans cette opération séduction. Le 12 avril, à l’occasion d’un voyage officiel dans la province de Semnan, il avait suscité les critiques acerbes de ses opposants qui n’avaient pas accepté qu’il offre en public un drapeau iranien à son conseiller et dauphin Esfandiar Rahim-Mashaie. Les conservateurs, qui y avaient vu une volonté de mépris à l’égard du clergé, ont interprété ce geste comme un moyen de leur forcer la main pour le choix du candidat. 
Ahmadinejad et son dauphin Esfandiar Rahim-Mashaie



Le secours de l’Afrique



Mais il compte sur sa tournée africaine pour redorer son blason. Sa visite au Benin et au Ghana entre dans le cadre de la signature de «différents protocoles d’accord dans les domaines de l’énergie, du commerce, de la culture, du tourisme et de la santé». Mais il en est autrement pour celle du Niger car ce pays est le quatrième producteur mondial d’uranium. Cette étape donne ainsi la certitude qu’Ahmadinejad maintient son cap pour le développement de son activité nucléaire et dissimule un volet militaire sous couvert d’activités nucléaires civiles. 
Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), l’uranium du Niger, pays sans débouché maritime, est exporté via des ports béninois essentiellement vers la France, et peut-être vers l'Iran. Le ministre nigérien des Affaires étrangères s’était rendu en visite à Téhéran en février afin de discuter avec l’Iran de ses besoins d’uranium pour développer son programme nucléaire alors qu’il est sous le coup d’une série de sanctions économiques des occidentaux. Il y a quelques jours, les États-Unis s’étaient montrés «très inquiets» de l’inauguration de deux mines et d’un complexe de production d’uranium en Iran alors que les discussions sur le programme nucléaire de Téhéran sont dans l’impasse.

Or, sachant que le salut ne viendra pas de l’occident, Ahmadinejad a décidé de se tourner vers les pays africains, ceux en particulier qui veulent s’affranchir de la tutelle occidentale. Mais il a noyé dans des aspects économiques le véritable but de son voyage au Niger qui illustre bien sa volonté de doter l’Iran de l’arme nucléaire. 
Il pourrait certes être remplacé en juin 2013 par un président plus pragmatique recherchant l’amélioration des conditions de vie de son peuple plutôt que le gaspillage des fonds dans une entreprise de mort hypothéquant l’avenir du pays mais, il n’est pas certain qu’un nouveau président décidera d’un virage dans la politique nucléaire car l’Iran a beaucoup investi dans ses usines nucléaires..

C'est pourquoi Israël ne croit pas beaucoup aux prévisions optimistes de Barack Obama qui mise sur une évolution politique en Iran. Cependant, les américains espèrent au moins un changement de dialectique après le départ d'Ahmadinejad.

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