NETANYAHOU À LA CROISÉE DES CHEMINS
Par Gérard AKOUN
Judaïques FM
Benyamin Netanyahou est toujours à la recherche de
sa grande coalition, que j’avais qualifiée la semaine dernière de coalition des
contraires, tant il semble difficile de marier entre eux les laïcs de Lapid,
les nationalistes religieux de Bennett avec les ultraorthodoxes. Il sera sans
doute obligé à la fin de la semaine de demander au président de l’État, de
bénéficier du délai supplémentaire de deux semaines auquel il a droit
légalement, pour essayer de former un gouvernement.
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Gouvernement
resserré
Pour le moment chacun campe sur ses positions, le
pacte Bennett-Lapid, jamais l’un sans l’autre, tient toujours malgré les efforts
du premier ministre pour le rompre. Lapid a d’ailleurs introduit une nouvelle
condition qui rend plus difficile encore la conclusion d’un accord: le parti de
Tzipi Livni ne devra détenir qu’un seul
ministère au sein du futur gouvernement, alors que Netanyahou s’était engagé
sur deux. Une exigence d’autant plus compréhensible que ce parti n’a eu que six
élus et que, dans son programme électoral, Lapid voulait un gouvernement
resserré sur les taches essentielles. Il désirait ainsi mettre fin aux
nominations de sous-ministres ou de ministres sans portefeuille accordées en
guise de gratification, aux partis pour leur participation à une coalition. Ils
étaient le plus souvent sans affectations précises, mais bénéficiaient, aux
frais du contribuable, de tous les avantages financiers et matériels liés à
leur fonction.
Israël ne peut se permettre
de rester sans gouvernement trop longtemps, les difficultés s’accumulent. Je
cite celles qui me semblent les plus importantes, les prisonniers palestiniens
et l’agitation en Cisjordanie, l’Iran qui semble accélérer son programme
nucléaire en produisant du plutonium, les rapports avec l’Union Européenne, la
déstabilisation de la région liée aux révoltes arabes. Certaines décisions ne
peuvent être prises, par une équipe chargée de gérer les affaires courantes
avec en perspective pour certaines, l’arrivée dans trois semaines de Barack
Obama dans la région.
Les palestiniens : les
heurts ne cessent d’augmenter en Cisjordanie, les violences se multiplient à la
suite de la grève de la faim de quatre prisonniers palestiniens. La mort d’un
cinquième, même s’il se confirme qu’elle est naturelle, entretient un climat
d’insécurité qui laisse planer le risque d’une troisième intifada.
L’amélioration de la situation économique dans les territoires palestiniens ne
pouvait se substituer à une solution politique ou en retarder l’avènement comme
le supposait le premier ministre. La revendication nationale palestinienne
demeure et réapparaît encore plus fortement, quand les illusions sur les
bienfaits d’un progrès économique, censés apporter le calme se dissipent.
Iran-Europe
L’Iran : la ligne rouge
fixée par Netanyahou serait bientôt atteinte s’il se confirme que l’Iran
fabrique du plutonium. De nouvelles discussions ont lieu, depuis hier, entre le
groupe des cinq plus un et l’Iran pour obtenir des concessions de Téhéran sur
son programme nucléaire en échange d’une réduction des sanctions onusiennes qui
le frappent. Il y peu de chances pour que l’Iran entende raison alors qu’il a
pu constater le peu d’efficacité des sanctions sur la Corée du Nord et le
chantage auquel peut se livrer un pays qui dispose d’un armement atomique.
L’Iran cèdera d’autant moins qu’il risque de perdre son allié syrien et par
voie de conséquence son emprise sur le Liban.
L’Europe : L’Union
européenne se braque de plus en plus contre la politique israélienne à
Jérusalem Est et dans les territoires palestiniens. Les chefs de mission de
l’Union Européenne à Jérusalem-Est et à Ramallah dans leur rapport annuel
qualifient «la colonisation à Jérusalem-Est de plus grande menace pour une
solution à deux États» et ils préconisent des sanctions financières contre
Israël. Certes les israéliens ne vont pas trembler devant ces menaces mais
elles sont tout de même un signe supplémentaire de la désaffection
internationale grandissante à l’égard de leur État.
Benyamin Netanyahou ne peut
agiter longtemps la menace de nouvelles élections, pour essayer de faire plier
ses adversaires-futurs partenaires. Il
sait que les israéliens n’en veulent pas et que dans l’éventualité où elles auraient lieu, Lapid et Bennett,
selon les sondages amélioreraient encore leur score. Deux solutions s’offrent à
lui :
L’une, une coalition Likoud
Beteinou, ultraorthodoxes auxquels se rallieraient des transfuges issus
d’autres partis pour atteindre la majorité nécessaire.
L’autre, qui répondrait mieux
aux souhaits des israéliens, 51% contre
35% pour la première solution, souhaitent selon la chaîne de télévision 10, une
coalition qui comprendrait Livni, Lapid, et Bennett mais sans les ultra
orthodoxes.
Benyamin Netanyahou se
trouve à la croisée des chemins, Sharon disait de lui qu’il était incapable de
résister aux pressions. Devant lesquelles cèdera-t-il ?
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